1-4 CHAPITRE 1. RAPPELS DE MÉCANIQUE STATISTIQUE
En anticipant sur la suite, la théorie simple du champ moléculaire (Curie-Weiss) ou du champ moyen prédit
pour ces exposants les valeurs
a=0, b=1/2 , g=1, d=3 (1.1.7)
1.1.4 Corrélations et fluctuations au point critique, longueur de corrélation et exposants
associés
La seconde caractéristique très importante d’une transition continue est qu’il existe dans le système des
fluctuations thermodynamiques très importantes en amplitude et sur de grandes échelles spatiale et tempo-
relle. L’existence de singularités dans les quantités thermodynamique est en fait la conséquence de ces fluctua-
tions critiques.
Corrélations : Pour mesurer ces fluctuations il faut consider les corrélations entre quantités thermodyna-
miques locales du système. On définit donc l’aimantation locale m(x)au point xcomme la moyenne spaciale
de l’aimantation sur un petit domaine autour de x, domaine très petit devant la taille de l’échantillon, mais qui
est bien sûr plus grand que la distance interatomique. L’aimantation globale par unité de volume Mest bien
sûr donnée par la valeur moyenne de la moyenne spaciale de m(x)
M=1
VhZdx m(x)i=hmi(1.1.8)
où hidésigne la moyenne sur les fluctuations thermique (voir plus loin les rappels de mécanique statistique).
L’aimantation locale fluctue localement autour de sa valeur moyenne. On considère l’écart entre met sa
valeur moyenne
Dm(x)=m(x)M=m(x)hm(x)i
et la fonction de corrélation spatiale de Dmen deux points différents
G(x,y)=hDm(x)Dm(y)i=hm(x)m(y)ihm(x)ihm(y)i(1.1.9)
notée dans la suite «fonction de corrélation connexe» 1à deux points. G(x,x)mesure l’amplitude des fluc-
tuations de mautour de sa valeur moyenne au point x(variance). G(x,y)mesure les corrélations entre les
fluctuations de maux points xet y. En pratique dans des matériaux magnétiques cette fonction de corrélation
est accessible par des expériences de diffusion de neutrons ou de rayons X.
Longueur de corrélation : On observe de facon générale que cette fonction de corrélation décroit exponentiel-
lement à grande distance comme
G(xy)µexp(|xy]/x)quand |xy|!•(1.1.10)
où xest la longueur de corrélation pour les fluctuations d’aimantation (en pratique xdepend légèrement de
l’orientation du vecteur xypar rapport aux axes crystallographiques, mais cette anisotropie s’avère négli-
geable au voisinage du point critique, pour des raisons que l’on verra plus loin). La longueur de corrélation
définit la distance sur laquelle les fluctuations des aimantations locales sont corrélées. Dans la phase parama-
gnétique où l’aimantation moyenne est nulle, mais où il peut exister localement des petits domaines d’aiman-
tation positive et négative, xest également la taille typique de ces domaines microscopiques.
FIGURE 1.5 – Configurations typiques des domaines d’aimantation pour le modèle d’Ising en D=2 (voir plus
loin) dans la phase paramagnétique loin du point critique (a) et au voisinage du point critique (b).
Loin du point critique la mongueur de corrélation xest petiteet (typiquement de l’ordre de la portée des
forces d’échange entre moments magnétiques, quelques mailles de réseau tout au plus). Ce qui est intéressant
est que près du point critique la longueur de corrélation devient très grande et quelle devient infinie au point
critique. Cette divergence reflète la présence des fluctuations critiques.
1. La dénomination connexe est utilisée par les physiciens parce que dans une représentation diagrammatique - voir plus loin - seuls
les diagrammes connexes contribuent à G(x,y), tandis que des diagrammes non-connexes contribuent à la fonction de corrélation simple
hm(x)m(y)i. En probabilité et en statistique les fonctions connexes correspondent simplement aux cumulants de la variable aléatoire m(x).
c
François David, 2014 Notes de cours – 11 février 2014