R. BOUVET, N. KERDILES, R.C. MAITROT, F. TOV AGLIARO, J. BAHUAUD, J. LACOMBE
En parachutisme, la traumatologie de l'appareil locomoteur
et des membres inférieurs est trés fréquente, mais aussi
l'axe vertébral, soumis à des contraintes en compression
axiale responsables de lésions spécifiques (1),
A travers l'étude d'une série de 39 patients opérés de
lésions rachidiennes survenues lors de la pratique du para-
chutisme militaire, nous allons en analyser les mécanismes
étiopathogéniques et en discuter les modalités préventives.
HISTORIQUE
Imiter l'oiseau à la manière d'Icare est un des plus beaux et
des plus vieux rêves de l'homme. On peut retrouver en
2000 ans avant Jésus Christ le saut de l'Empereur Shun
sautant d'une grange enflammée, tenant pour amortir sa
chute deux larges chapeaux de roseaux. De nombreuses
expériences plus ou moins malheureuses suivirent, mais il
faudra attendre le XVIIè siècle et la théorie mathématique
sur la chute des corps de Newton et les premières expé-
riences de parachutage d'animaux avec Sebastien en 1783.
L'histoire du parachutisme humain remonte en fait au 22
octobre 1797 et à André-Jacques Garnerin effectuant, sus-
pendu à la nacelle d'un ballon en osier à plus de 700 mètres
d'altitude, un saut aprés avoir sectionné le fille reliant au
ballon, qui permit ainsi à la corolle du parachute de se
déplier aprés avoir rompu la boule de soie le maintenant.
L'auteur de ce premier saut atteignit le sol suffisamment
lentement pour ne se fouler qu'un pied. Le début du XIXè
siècle verra la création d'un modèle sans armatures ni
nacelle, Paulus préconisant déjà à cette époque le pliage du
parachute avant le saut. Le parachutisme du XXè siècle a
beaucoup évolué, passant de la mission de sauvetage (appa-
rition du parachute à ouverture automatique (Berry-19l3) à
celle opérationnelle (parachute à ouverture commandée
(Lallemand-1918) puis sportive par la création de la
Fédération Française de Parachutisme (1951).
MATÉRIEL
39 observations ont été collationnées au Centre Médical des
Troupes Aéroportées de 1981 à 1995.
Il s'agit de patients masculins, militaires engagés, prati-
quant le parachutisme de manière professionnelle.
L'âge moyen est de 31 ans
Extrêmes entre 21 et 46 ans
L'activité parachutiste moyenne
Elle a été par patient:
- 118,82 sauts en ouverture automatique (S.O.A.);
- 494,69 sauts en ouverture commandée et retardée
(S.O.C.R);
- 96,46 sauts en charge.
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Etiopathogénie
(tableau] )
- 46% des lésions(19/39 cas) sont directement liées à un
accident aigu de parachutisme et surviennent en majorité
(15/19 cas) à l'atterrissage au décours d'un saut en ouverture
automatique (O.A) (9,]6), ou au décours d'un saut en ouver-
ture commandée (O.R) (4.] ]), mais aussi lors de choc à
l'ouverture (4/19 cas);
- 54% des lésions (20/39 cas) surviennent sur un mode
chronique où la responsabilité de l'activité parachutiste
n'est pas formellement démontrée.
Le niveau lésionnel retrouvait:
- 6 lésions cervicales;
- 33 lésions lombaires et lombo-sacrées.
La répartition lésionnelle s'établit en:
- 6 lésions discales cervicales (1C3C4/1 C4C512C5C6/
2C6C7);
- 31 lésions discales lombaires (8L4L5123L5S 1) (7);
- une fracture instable de L2 (]5) sans trouble neurologique;
- un spondylolisthésis L5S 1 de grade Il révélé lors du trau-
matisme initial
Remarque: Il est à noter que le sondylolisthésis (5) de L4/L5
ou de L5/S1, responsable fréquemment de lombalgie chro-
nique, ne constitue pas une inaptitude à la pratique du para-
chutisme lors de S.O.A.
Le délai moyen entre le début de la symptomatologie et la
date de l'intervention chirurgicale est de:
- 4,30 mois pour les lésions aigues
- 22,6 mois pour les lésions chroniques.
MÉTHODE
Les patients ont été traités dans 60% des cas par un neurochi-
rurgien et dans 40% des cas par un chirurgien orthopédique.
Le type d'interventions réalisées a consisté en
- 36 disectomies simples (8)
>5 au niveau du rachis cervical par voie antérieure
>31 au niveau du rachis lombaire et lombo-sacré par
micro incision postérieure
- 3 arthrodèses :
>un Cioward antérieur au niveau cervical (17)
>deux avec matériel d'ostéosynthèse par vis pédiculaire et
greffons osseux apposés en postéro-latéral (2.13).
RÉSULTATS
Les résultats ont été évalué par une étude clinique, radiolo-
gique et fonctionnelle.