
3
Le Quotidien des JFR • Samedi 18 octobre 2014
Journées Françaises de Radiologie
Diagnostique et interventionnelle
D Koff,
N Smolarski-Koff
•
Service radiologie – Hamilton Health Sciences et département de radiologie à McMaster University.
État de la radiologie au Canada
Introduction
Comme partout ailleurs, les 2500 radiologues
canadiens sont confrontés aux contraintes des
limites budgétaires et vivent au quotidien le
défi de faire plus avec moins pour servir la
population du deuxième plus grand pays du
monde.
Le contexte démographique
Le Canada est constitué de dix provinces et
trois territoires. L’essentiel des 34 millions de
Canadiens vivent sur une bande de 200 km
étendue d’est en ouest au nord de la fron-
tière avec les États-Unis. Les habitants des
Territoires (Nunavut, Northwest Territories et
Yukon) vivent souvent à plus de deux heures
de vol d’un centre hospitalier universitaire.
Comme dans tous les pays du G20, la géné-
ration des baby-boomers atteint l’âge de la
retraite et la population vieillit.
Le système de santé
Les Canadiens sont fiers de leur système de
santé qui offre une couverture universelle à
tous les citoyens et résidents.
Le régime de santé est financé par les impôts
fédéraux et provinciaux.
Le gouvernement fédéral est responsable
des grandes lignes de la politique de santé
incluant la prévention et l’évaluation des
nouvelles technologies, ainsi que des presta-
tions à certains groupes sociaux : premières
Nations, anciens combattants admissibles,
demandeurs du statut de réfugié, détenus
des pénitenciers fédéraux et militaires actifs
des Forces canadiennes et de la Gendarmerie
royale du Canada.
Les gouvernements provinciaux sont en
charge de la gestion pratique du budget
santé, avec un système de régionalisation
mieux adapté à la gestion des besoins locaux.
La santé représente une part importante du
budget provincial, atteignant par exemple
46% en Ontario, et le gouvernement fédéral
redistribue une partie de son budget santé aux
provinces et territoires.
En 2010, les dépenses de santé représen-
taient 11,4% du produit national brut (PNB).
Le montant annuel moyen dépensé pour
l’imagerie médicale est de 55,29 dollars par
habitant.
L’équipement
L’imagerie médicale au Canada est numérique
à près de 100%. Tous les hôpitaux ont accès à
un « Picture Archiving and Communication
System» ou système d'archivage et de transmis-
sion d'images (PACS) local ou partagé, et les
gouvernements fédéraux et provinciaux ont mis
en place des «Diagnostic Imaging repositories
(DI-r) », ou dépôts d’imagerie diagnostique,
connectés au dossier patient électronique.
Au 1er janvier 2012, il y avait 308 appareils
d’IRM et 510 appareils de TDM en fonction
au Canada. 79% des IRM et 95% des TDM
sont en milieu hospitalier, les autres dans des
cliniques privées.
En 2012, les Canadiens ont passé 4,4 millions
d’examens de tomodensitométrie (TDM), une
augmentation de 2,7% par rapport à l’année
précédente, et 1,7 million d’examens d’ima-
gerie par résonance magnétique (IRM), une
augmentation de 8,7% ; cela représente le
double du nombre d’examens effectués en
2003. En 2011-2012, il y a eu 62 668 examens
de tomographie par émission de positons
(TEP) et TEP / tomodensitométrie (TDM).
En 2011-2012, le taux d’examens TDM par
habitant était de 126 par 1 000 habitants, et 49 par
1 000 habitants pour l’IRM.
Les radiologues
Il y avait à peu près 2 300 radiologues en exer-
cice au Canada en 2010, soit 67 radiologues
par million d’habitants. Ils se répartissent
entre hôpitaux publics, académiques et
communautaires, et cabinets privés. Les radio-
logues doivent être titulaires d’une licence
dans la province dans laquelle ils résident et
dans la province où les actes sont effectués.
Des opérateurs privés peuvent posséder des
cliniques et employer des radiologues, mais il y
a fort peu d’attributions de nouvelles licences
et le marché est rigoureusement contrôlé par
les gouvernements provinciaux.
Les 16 programmes académiques canadiens
(trois en français, 13 en anglais) forment
89 radiologues par an, qui pour la plupart
complètent leur formation par un fellowship.
Le marché du travail est peu favorable actuel-
lement, avec nombre de jeunes diplômés ayant
des difficultés à trouver un emploi, ce qui peut
s’expliquer par l’abolition de la limite d’âge
pour le départ à la retraite.
Au Canada, 90% des radiologues travaillant
dans les secteurs public ou privé sont payés
à l’acte, et les 10% restants sont payés par
une combinaison de salaire, paiement à l’acte,
capitation et rémunération pour les gardes.
Les honoraires sont strictement réglementés
conformément à la Loi canadienne sur la
santé.
Alors que 50% de l’imagerie médicale est prati-
quée dans des cabinets privés, il n’existe qu’un
petit nombre de TDM et IRM privées ; 42 en
2007 pour tout le pays, l’essentiel en Colombie
Britannique, Alberta et Québec. Ces cliniques
facturent des honoraires non remboursés par
la Sécurité sociale mais certains gouverne-
ments provinciaux commencent à rembourser
les patients qui y ont recours, puisque ça allège
la pression sur le système public et réduit les
temps d’attente.
Défis et solutions
• La couverture radiologique d’un grand pays
par un petit nombre de radiologues est
facilitée par la numérisation quasi-totale
du parc radiologique et l’implantation du
Dossier Patient Électronique et des DI-rs
permettant le partage de la technologie et
la collaboration à distance.
• Les délais d’accès à l’imagerie constituent
une priorité pour les gouvernements pro-
vinciaux même s’ils limitent les attribu-
tions d’équipement lourd (le plus souvent
financées par des dons) car ils en financent
les frais de fonctionnement. La priorité est
donc mise sur l’optimisation des ressources
existantes. Dans cette optique, l’Associa-
tion canadienne des radiologistes (CAR) a
produit des recommandations dans son rap-
port Cibles concernant les temps d'attente
maximum pour l'imagerie médicale (IRM
et TDM), ayant pour objectif de réduire les
délais d’accès.
• La qualité des comptes rendus de radio-
logues a été mise en question à plusieurs
reprises lors des dernières années. Cela a
résulté en une série de contrôles très média-
tisés et la publication du rapport Cochrane
en Colombie-Britannique demandant la
mise en place d’un système de contrôle de
qualité par les pairs au niveau national.
• Certaines campagnes sur la pertinence ont
été lancées, telle que « Choisir avec soin »
qui vise à aider les médecins et les patients
à engager un dialogue au sujet des exa-
mens, des traitements et des procédures
qui ne sont pas nécessaires et qui n’ajoutent
aucune valeur aux soins car ils exposent les
patients à des préjudices potentiels. Les
examens, traitements et procédures inutiles
mettent une pression accrue sur les res-
sources de notre système de soins de santé,
et les gouvernements sont à l’écoute.
Conclusion
Les radiologues canadiens ont actuellement
les moyens d’assurer une bonne couverture
radiologique du pays grâce à la numérisation
de l’ensemble du parc radiologique, l’implan-
tation du Dossier Patient Électronique et de
dépôts d’imagerie diagnostique favorisant le
partage de la technologie et la collaboration
à distance. Ils pourront ainsi répondre à la
demande des autorités de santé provinciales
qui ont fait de la diminution des délais d’accès
à l’imagerie médicale et du contrôle de qualité
leur priorité. ■
Références
1. Gouvernement du Canada, Loi canadienne sur la Santé C-6. Consulté le
22 septembre 2014. Internet : http://laws.justice.gc.ca/PDF/Loi/C/C-6.pdf
2. Inforoute Santé du Canada (Inforoute), Programme d’investissement
Systèmes d'imagerie diagnostique. Consulté le 22 septembre
2014. Internet : https://www.infoway-inforoute.ca/index.
php/fr/programmes-services/programmes-dinvestissement/
systemes-dimagerie-diagnostique
3. Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), Les temps
d’attente au Canada – une comparaison par province – 2011. Consulté
le 22 septembre 2014. Internet : https://secure.cihi.ca/free_products/
Wait_times_tables_2011_fr.pdf
4. L’Association canadienne des radiologistes (CAR), Les cibles concernant
les temps d’attente maximum pour l’imagerie médicale (IRM et TDM).
Consulté le 22 septembre 2014. Internet : http://www.car.ca/uploads/
standards%20guidelines/CAR_Cibles_concernant_les_temps_d-
attente_maximum_IRM_et_TDM_2013_FR.pdf
5. Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), Les soins de santé au
Canada 2010. Consulté le 22 septembre 2014. Internet : https://secure.
cihi.ca/free_products/HCIC_2010_Web_f.pdf
6. L'Organisation de Coopération et de Développement Économiques
(OECD), Panoramas de la santé 2011 : Les indicateurs de l’OCDE.
Consulté le 22 septembre 2014. Internet : http://www.oecd.org/fr/els/
systemes-sante/49105873.pdf
Le Canada
à l'honneur