Dans le cas particulier de l'infarctus rénal, cette prise
en charge radiologique nous a permis de redresser le
diagnostic dans les trois cas que nous rapportons. La
facilité de réalisation et la rapidité d’exécution de cet
examen permettent de diminuer le retard diagnos-
tique, et de ce fait le temps maximal d’ischémie
chaude rénale. En effet, du fait de la symptomatolo-
gie non spécifique de l’infarctus rénal, le délai dia-
gnostic moyen est de 64,5 heures [11 ] .
La prise en charge thérapeutique de l'infarctus rénal,
compte tenu du faible nombre de cas diagnostiqués,
est encore mal définie. Ainsi, le traitement médical
dominé par les anticoagulants permet une préserva-
tion de la fonction rénale dans 80% des cas [12].
L'indication d'une embolectomie chirurgicale semble
réservée à des cas bien particuliers comme une
thrombose artérielle bilatérale ou l'existence d'un
rein unique. L'alternative d'une thrombolyse par
streptokinase a été proposé mais est encore anecdo-
tique [13]. Le risque de complication à distance d’un
infarctus rénal est dominé par l'hypertension artériel-
le, qui semble plus fréquente en cas d’infarctus rénal
segmentaire [6].
CONCLUSION
La TDM hélicoïdale sans injection prend une place de
plus en plus importante dans le diagnostic d'une
colique néphrétique. Sa normalité doit faire réaliser
dans le même temps une injection de produits de
contraste, susceptible de faire alors le diagnostic d'in-
farctus rénal, ce d'autant que le patient présente des
facteurs de risques cardiovasculaires ou thrombo-
emboliques. Cette prise en charge radiologique récente
devrait permettre à l'avenir de diagnostiquer un plus
grand nombre d'infarctus du parenchyme rénal, dont
l'existence était autrefois méconnue.
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Commentaire de Jacques Hubert, Service d’Urologie, CHU
de Nancy.
Si l’on se réfère à l’enquête réalisée lors du congrès de l’AFU
de 1999, les urologues français sont loin d’avoir adopté la TDM
hélicoïdale sans injection comme examen d’urgence dans la
colique néphrétique.
Outre sa rapidité et son innocuité, il comporte de nombreux
avantages parmi lesquels la possibilité :
-
d’une injection iodée pour affiner le diagnostic dans cer-
taines pathologies rénales comme la pyélonéphrite ou l’infarc-
tus rénal, et cet article est un exemple de son utilisation à bon
e s c i e n t ;
- de mettre en évidence des pathologies extra-rénales lorsque le
diagnostic n’est pas typique.
Cette injection iodée ne doit cependant pas être systématique
si l’on veut garder ses avantages à la TDM hélicoïdale.
Celle-ci doit donc être réalisé «à la carte» en fonction des
données cliniques et radiologiques initiales sans injection, ce
qui nécessite une information échangée entre urologues et
r a d i o l o g u e s .
Cet article reprend les notions de sémiologie tomodensitomé-
221
A. Vidart et coll., Progrès en Urologie (2001), 11, 217-222