travail, d’éducation, de coercition, etc. Mais elle prend toujours une dimension politique. La
résistance a un caractère matériel et/ou immatériel. Elle se concrétise par des gestes ou des
paroles, ou par l’absence de gestes ou de paroles, par l’action comme l’inaction, par la
violence comme la non-violence. Elle se distingue du discours usuel et rompt avec
l’acceptation de la banalité du quotidien.
Il faut souligner également l’ambiguïté du concept, qui suppose une dialectique entre le
résistant et le pouvoir auquel il s’oppose, mais aussi entre le mouvement et la conservation :
en 1840, le Parti de la Résistance, conservateur, est créé pour s’opposer au parti du
mouvement. Bien que certains affirment que cette acception « réactionnaire » de la résistance
a disparu, le colloque pourra alors s’intéresser de manière critique aux conservatismes, aux
replis identitaires, aux refus de la modernité, et à ce qui les détermine, mais il devra également
se demander dans quelle mesure la mise en avant du passé, des traditions et des valeurs
ancestrales peut être présentée comme une forme progressiste et positive de résistance. Quel
impact une telle conception peut-elle avoir sur la notion même de modernité ? Il pourra aussi
être question des nouveaux systèmes de contrôle de la résistance. Comment les résistances
culturelles, perçues comme des entraves à la bonne gestion des territoires, suscitent-elles des
pratiques visant à les prévenir, les limiter ou les contourner ? Comment peut-on ainsi les
intégrer dans la conception de projets qu’elles combattent ?
La résistance peut aussi être perçue comme un engagement éthique fort face à des normes
jugées menaçantes. Il s’agit alors de comprendre pour quelles raisons certains groupes, sur
certains territoires, décident d’entrer en résistance : face à des évolutions du monde social
jugées problématiques, à l’évolution des modes de production, à des politiques
d’aménagement du territoire, à l’exclusion, face à la globalisation ou au contraire face à des
projets microcosmiques (effet NIMBY)… La problématique de l’autochtonie et des identités
locales méritera à ce titre d’être abordée, au même titre que le concept d’infrapolitique, dans
la mesure où il concerne les comportements populaires qui se distinguent des pratiques
politiques traditionnelles. Car une réflexion sur le rapport culture(s) – résistance(s) doit
prendre en compte le développement d’une conscience sociale : conscience de classe, de
groupe, de mouvance socialement marginalisée.
L’analyse des résistances culturelles se fera à l’échelle des territoires et des communautés. Il
s’agira à la fois de comprendre en quoi la notion de résistance influence les dynamiques
territoriales et de saisir les enjeux culturels des phénomènes de résistance.
Sur le temps long, les Cévennes offrent l’exemple d’un « territoire de résistance » incarné par
le mythe des Camisards : la Guerre des Cévennes opposa entre 1702 et 1704 les troupes
royales à une population majoritairement protestante, attachée à la liberté de conscience. Il
paraît donc légitime d’étudier comment se construisent et se transforment les images de
résistance des territoires. Quelle place tient la commémoration et quel rôle joue la mémoire
dans la qualification – requalification de ces territoires ? Dans l’actualité plus proche, la
question peut être posée autour d’exemples comme le Larzac, à Notre-Dame des Landes ou
dans le Chiapas. Présente dans les représentations, dans les livres ou dans les chansons, la
résistance peut devenir un label, voire un objet de marketing, ce qui pose la question de la
manipulation des sentiments – émotions, convictions et certitudes – sur lesquels se fonde la
notion de résistance.
Enfin la notion de « contre-culture » qui apparaît aux USA à la fin des années 1960 propose
un modèle de résistance culturelle qui a été diffusé et adopté dans différents contextes. Des