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(celle-ci renvoie aux inégalités sociales et économiques qui se marquent différemment par
l’importance des problèmes sociaux). Ils développent une conception socio-politique proche
de l’Etat providence, qui tente de réaffirmer la cohésion sociale.
Hobbes et Rousseau pensent, à leur tour, que le développement d’une cohésion sociale passe
par un contrat (sans renvoyer à une conception divine). Nous pouvons cependant constater
qu’il y a une différence au niveau de leurs conceptions.
Hobbes s’intéresse de manière privilégiée à la morale et à la politique, auxquelles il veut
donner un véritable statut scientifique. Ainsi pour Hobbes « l’homme est un loup pour
l’homme ». Son modèle mécanique conduit ainsi à poser la nécessité de la toute-puissance du
souverain et celle d’un État conçu comme une machine parfaitement organisée. La société
n’est pas fondamentalement faite pour l’homme, donc les fondements ne peuvent être que de
nature égoïste. Se mettre en société veut dire : permettre à l’individu de sortir de sa vie courte,
monotone, etc… (donc une raison utilitariste et calculatrice). « La souveraineté en est l’âme
artificielle qui donne la vie et le mouvement au corps tout entier. »
Le prix à payer pour le développement de la société civile est l’Etat absolutiste. On voit
apparaître un fondement social où l’autorité reconnue est la volonté générale. (l’idée de l’Etat
et de la souveraineté). Hobbes s’efforce ainsi de montrer que, seule, l’omnipotence du
souverain, le caractère absolu de son pouvoir, rend possible l’accomplissement rationnel de sa
fonction, c’est-à-dire le maintien d’un ordre pacifique et sûr dans l’État.
Rousseau quant à lui, désire trouver une forme de société qui protège les individus ainsi que
leurs intérêts ; contre le pouvoir absolutiste (de la force commune). L’ordre social est basé sur
des conventions, c’est-à-dire que les lois prennent la suprématie sur la nature. Fonder le droit
politique, telle est l’ambition de Rousseau ; autrement dit, il décide d’établir des conditions de
possibilités d’une société – et par conséquent d’une autorité – légitime. Son problème
s’énonce de la façon suivante : trouver un type d’association qui assurerait à chaque individu
la sécurité – forme que revêt dans la vie sociale la notion particulière de bonheur, qui est le
mobile du passage de l’Etat de nature à l’Etat civilisé – tout en lui permettant de conserver sa
liberté,c’est-à-dire de ne pas trahir son essence. Rousseau rejette toute autorité reposant sur
les privilèges de nature ou sur le droit du plus fort. Pour lui, la seule autorité légitime naît
d’un accord réciproque entre les parties contractantes, d’une convention. Non seulement le
peuple est la source de la souveraineté, mais encore, il apparaît comme celui qui exerce cette
souveraineté. Deux phares ne cessent de guider sa quête et d’illuminer sa doctrine : liberté
d’une part, sécurité (« ordre social », « bonheur public ») de l’autre ; deux impératifs dont
l’existence simultanée n’est rendue possible que par l’introduction d’un concept clé : celui
d’égalité. La démocratie est là, tout entière.
Etant donné que l’homme est placé en état de guerre/violence, il faut un « contrat social »
pour assurer de l’ordre et donc protéger la société et les individus s’y trouvant. Chacun est
véritablement membre du corps politique (idée de la démocratie directe).
Une fois tout ceci constaté, nous pouvons voir que le don tout comme le contrat social
assurent la cohésion sociale. Les deux établissent également une hiérarchie sociale.
Cependant, le don est obligatoire tandis que le contrat social est volontaire (l’individu tisse
des liens sous forme d’un contrat). D’un point de vue anthropologique (Mauss), la société
contracte à travers les individus. Avec le don, il y a une guerre constante dans le sens où les
individus se battent à coups de don et contre-don. Prenons par exemple le potlatch qui est une
sorte de guerre de propriété. Le contrat permet justement d’éviter cet état de guerre. Enfin, le
contrat social est quelque chose de strictement juridique (de formel) bien que dépendant des
individus, tandis que le don possède au contraire un lien juridique et spirituel