IAE de Paris (Université Paris 1
•
Panthéon - Sorbonne
) - GREGOR - 1997.08 - 3
Pourquoi et comment une relation de type coopératif est-elle mise en place et développée
entre les producteurs et les distributeurs de produits alimentaires et non alimentaires en France?
Pour répondre à cette question, nous présenterons, tout d’abord, les résultats d’une étude
qualitative sur la relation de type coopératif entre les distributeurs et leurs fournisseurs. Cette
étude qualitative est exploratoire et sera complétée ultérieurement par une étude quantitative.
Compte tenu de notre objectif, cette communication s’organise en plusieurs parties. Une pre-
mière partie procède rapidement à une
revue de la littérature,
qui replace la coopération dans
l’approche relationnelle. Ceci conduit à énoncer, dans une deuxième partie, deux
propositions
de recherche. Ensuite, la
méthodologie de recueil
des données est précisée dans une troisième
partie. Puis, dans une quatrième partie, les
principaux résultats
obtenus à partir d’une enquête
exploratoire sont discutés. Enfin, cet article se termine par l’identification des principales
limi-
tes et conclusions
de cette recherche.
2 La littérature sur l’approche relationnelle et la coopération
La notion d’échange est largement envisagée par le milieu académique comme l’objet cen-
tral à toute définition en marketing (Alderson, 1957, [1], 1969, [2]; Levy et Zaltman, 1975,
[62]; Bagozzi, 1975,[13]; Angelmar et Pinson, 1975, [8]; Ardnt, 1983, [10]; Hunt, 1983, [52],
1990, [53]; Perrien, Marticotte et Blanchard, 1996, [74]). L’aspect relationnel de l’échange et
ses implications sur les comportements d’échange sont devenus récemment des points impor-
tants dans la littérature marketing sur les canaux de distribution (Dwyer et Welsh, 1985, [32];
Dwyer et Oh, 1987,[31]; Crosby et Stephens, 1987, [25]; Heide et John, 1990,[50]; Anderson
et Weitz, 1992,[7]). Plusieurs auteurs examinent les variables importantes de la relation et leur
influence sur la complexité de l’échange (Bonoma, 1976, [16]; Stern et Reve, 1980, [83]; Fra-
zier, 1983a, [37]; Frazier et Summers, 1984,[40]; Dwyer, Schurr et Oh, 1987, [30]). Dans la
plupart de ces travaux, la dépendance et sa contrepartie, le pouvoir, le conflit et le contrôle
jouent un rôle central en raison de leur capacité à expliquer les comportements d’échanges et
leurs effets. Or, Buzzell et Ortmeyer (1990, [20]) montrent comment, avec un transfert de pou-
voir des producteurs vers les commerçants, le rapport de force génère énormément de méfiance
dans les canaux de distribution, aboutissant à des échanges difficiles. Il est alors important
d’examiner les comportements coopératifs dans l’échange. La coopération est considérée, dans
la littérature, comme un composant nécessaire des relations dans les canaux de distribution
(Brown, 1981,[18]; Skinner et al., 1992, [79]) et est importante pour permettre aux membres du
canal d’atteindre leurs objectifs et de satisfaire davantage les consommateurs finaux (Stern et
El-Ansary, 1992,[81]). En effet, la mise en oeuvre d’une approche relationnelle est une décision
orientée vers la réalisation de certains objectifs (Frazier, 1983a, [37]; MacAlister et ali.,
1986,[66]; Anderson et Narus, 1990, [4]; Buchanan, 1992, [19]) que l’on peut simplement dé-
finir comme la « finalité d’une action » (Locke, Latham et Erez, 1988, [64]). Bagozzi (1995,
[14]) suggère de suivre cette voie des objectifs pour expliquer le comportement relationnel des
acteurs, notamment de type coopératif. Ces objectifs sont variés et imprécis. L’intention de coo-
pérer est examinée parce qu’elle nécessite des actions concertées et engendre la réciprocité, la
solidarité, l’échange d’information et l’honnêteté (Macneil, 1978,[67]) qui sont essentiels pour
une relation d’échange (Andaleeb, 1995, p. 158, [3]). Plus simplement, la coopération est con-
sidérée comme un manque de conflit ou comme la résolution du conflit. Dans la typologie des
modes de résolution des conflits dans les canaux de distribution, la coopération apparaît comme
la solution la plus constructive du conflit (Palamoutain, 1955
1
; Angelmar et Waldman, 1975,
[9]; Thomas, 1976, [84]; Filser, 1989, p. 132, [34]). Elle se manifeste par une démarche qui vise
la recherche de solutions satisfaisantes pour toutes les parties. Elle est marquée par la volonté
d’aboutir à l’augmentation de l’efficacité globale du système.
1. Palamountain Joseph C., Jr, « Vertical Conflict », in :
The Politics of Distribution
, Harvard University Press,
Cambridge, Ma, 1955, pages 133-139; in : Filser Paris :[35],p.132, Vuibert, Collection Gestion.