Vivre avec la sclérose en plaques Au cours des dernières années, les recherches dans le domaine de la SEP ont donné un nouvel espoir aux personnes atteintes de sclérose en plaques. Bien qu'il n'existe pas encore de moyen de guérir la maladie, de nouveaux traitements peuvent modifier le cours de la maladie et de nouvelles façons de traiter les symptômes de la maladie apparaissent régulièrement. En espérant qu'un jour, un remède soit trouvé, il importe cependant que vous sachiez que des options s'offrent à vous. Il est essentiel de ne pas laisser la maladie contrôler votre vie. Vous continuez d'être la même personne que vous étiez avant de recevoir un diagnostic de SEP. L'un des premiers pas vers la prise de contrôle de votre maladie est de vous renseigner le plus possible. Votre clinique de SEP est un bon endroit où commencer, tout comme votre section locale de la Société de la sclérose en plaques. Vous pourrez aussi trouver de bonnes sources d'information sur l'Internet et à la bibliothèque. Ralentir la progression de la sclérose en plaques Il a été prouvé que les médicaments à action lente ralentissaient la progression de la SEP. Il y a deux classes de médicaments, les interférons et l'acétate de glatiramer. Pour de plus amples renseignements sur les interférons, consultez la section Les interférons et la SEP. Soulagement des symptômes de la SEP Une vaste gamme de techniques sont utilisées pour traiter les divers symptômes de la SEP, à la fois médicamenteuses et non médicamenteuses. Les symptômes peuvent varier grandement d'un patient à un autre; les symptômes les plus courants de la SEP et les traitements souvent utilisés sont décrits ci-dessous. La névrite optique La névrite optique commence habituellement avec de la douleur dans ou derrière l'œil, surtout avec le mouvement de l'œil, suivie de quelques jours de perte visuelle progressive. La vision des couleurs est touchée par la névrite optique et une cécité complète peut survenir. Les stéroïdes intraveineux, comme la méthylprednisolone, conjugués à un traitement avec stéroïdes oraux peuvent parfois accélérer la guérison. La fatigue La fatigue est le symptôme le plus courant de la SEP et la fatigue chronique et grave a souvent des effets profonds sur le fonctionnement et l'état général du patient touché. L'exercice modéré, les siestes pendant la journée et les douches tièdes peuvent aider à revigorer le patient atteint de fatigue. Le médicament antiviral amantadine a montré une efficacité dans le traitement de l'épuisement extrême qui accompagne fréquemment la SEP. La spasticité La spasticité touche habituellement les membres inférieurs et survient soit sous forme de raideur constante, soit de spasmes qui vont et viennent. Elle peut être très douloureuse. La physiothérapie combinée avec les médicaments antispasmodiques, comme le baclofène, peuvent être efficaces pour le traitement des patients atteints de spasticité. Le diazépam - soit seul ou en combinaison avec le baclofène - peut aider à contrôler la spasticité pendant la nuit. Les troubles urinaires Bon nombre de patients atteints de SEP se plaignent de miction impérieuse, de pollakiurie et d'incontinence. Les médicaments les plus utilisés pour traiter les troubles urinaires comprennent les anticholinergiques tels l'oxybutynine et la propanthéline. Dans le cas des patients qui retiennent un grand volume d'urine, il est parfois nécessaire d'insérer un cathéter dans l'urètre pour vider la vessie, parfois plusieurs fois par jour. La douleur Les personnes atteintes de SEP peuvent ressentir plusieurs formes de douleur. On peut traiter la douleur musculaire et les maux de dos au moyen d'analgésiques courants comme l'acide acétylsalicylique ou l'acétaminophène. La douleur aiguë, comme les douleurs en coup de poignard au visage (névralgie du trijumeau), à la tête, au dos ou aux extrémités, se traite habituellement bien avec des médicaments anticonvulsivants et parfois avec des corticostéroïdes. Par contre, la douleur chronique, les picotements et les sensations de brûlures demeurent plus difficiles à traiter. Certains antidépresseurs, tels l'amitriptyline, peuvent les soulager avec une efficacité variable. La dépression La dépression peut survenir chez les patients atteints de SEP et peut être très dangereuse si elle n'est pas traitée. Les traitements de la dépression peuvent inclure une combinaison de médicaments et de consultation. Il existe de nombreuses méthodes pour soulager les symptômes de la SEP. Pour de plus amples renseignements, consultez votre clinique de SEP ou votre professionnel de soins de santé. Vivre avec la SEP La digestion Les troubles du transit sont fréquemment rencontrés au cours de la SEP. Il s'agit principalement de constipation (et/ou retard d'évacuation), beaucoup plus rarement d'incontinence. Pour apporter des solutions à ce problème, il est important de comprendre le fonctionnement de l'intestin et les anomalies rencontrées dans la SEP. Ensuite, certains de nos conseils pratiques sont proposés pour améliorer le vécu de ce type de problème. Mécanisme de fonctionnement de l'intestin En l'absence de toute maladie intestinale, les aliments sont absorbés par le tube digestif pour nourrir l'organisme. Cette absorption se fait au niveau de l'intestin grêle (petit intestin).De son côté, le côlon (gros intestin) a pour mission de réabsorber l'eau et les sels minéraux et de stocker les résidus alimentaires (matières fécales) en attendant leur évacuation en dehors de l'organisme par le système anorectal.Ce système est composé de deux parties : le rectum ou « réservoir d'urgence » des matières fécales ; les sphincters de l'anus ou « robinet » autorisant ou interdisant l'évacuation. Avec une fréquence variant entre 3 fois par jour à 3 fois par semaine, le côlon déverse son contenu dans le rectum, celui-ci est alors brusquement dilaté et donne au sujet la sensation de besoin : à ce moment, la contraction volontaire de la paroi abdominale permet l'évacuation des matières fécales. Toutefois, si tout fonctionne normalement, l'évacuation peut être volontairement retardée jusqu'à ce que les conditions sociales soient réunies. Il est nécessaire de pouvoir contracter l'anus au moins 40 secondes pour être continent. Les lésions de la SEP provoquent : Une diminution, voire suppression de la sensation de besoin : le rectum se laisse alors distendre par les matières fécales qui s'y accumulent et créent un bouchon de selles dures appelé fécalome. Celui-ci entraîne une pullulation de microbes à l'intérieur du tube digestif, les selles accumulées vont devenir liquides et des accidents d'incontinence sous forme de diarrhées incontrôlables peuvent survenir. Des difficultés d'évacuation des selles alors que le besoin se fait sentir : ceci est dû à une difficulté à relâcher volontairement son anus, ce qui engendre une constipation. Les selles deviennent alors moins fréquentes et les évacuations difficiles et incomplètes. Cette diminution de fréquence des selles est à l'origine de certains désagréments à type de ballonnements et de douleurs abdominales.Un déficit du fonctionnement du sphincter anal. Le contenu du rectum ne peut être suffisamment longtemps retenu lorsque le besoin d'aller à la selle se fait ressentir. On parle alors d'incontinence par évacuation incontrôlée des matières fécales. Cette incontinence peut se limiter à des gaz, c'est le symptôme le plus fréquemment rencontré. Comment traiter les troubles du transit ? Combattre la constipation En cas de constipation, il faut faciliter le transit afin d'obtenir un rythme régulier de deux à trois selles par semaine. Des modifications du comportement alimentaire sont indispensables. Le régime alimentaire doit alors : - Eviter les éléments constipants, pauvres en résidus : chocolat, riz, pâtes. - S'enrichir en fibres : pain complet, céréales, légumes verts, fruits.Il n'est pas nécessaire d'augmenter notablement sa consommation d'eau. Sur les conseils de son médecin, on peut également avoir recours à des laxatifs non irritants qui ont pour action de lubrifier le bol alimentaire ou d'augmenter le volume de selles facilitant leur progression dans le tube digestif. Si ces mesures ne sont pas suffisamment efficaces, votre médecin peut juger nécessaire de recourir à des examens complémentaires et/ou de vous prescrire d'autres types de laxatifs. Enfin, il faut éviter toute automédication, certains médicaments peuvent en effet agir sur les fibres musculaires intestinales en diminuant leur contractibilité, ce qui ralentit, voire paralyse la progression du transit. Améliorer le déclenchement des selles S'il existe des troubles de l'évacuation des selles et que l'évacuation est incomplète ou impossible, il faut alors tenter d'évacuer les matières fécales de manière réflexe au doigt ou à l'aide d'un laxatif par voie rectale. Limiter l'incontinence Dans le cas d'une incontinence par manque de contrôle, on peut proposer une rééducation. Il faut savoir cependant que cette rééducation est en général assez longue et qu'elle ne donne pas des résultats spectaculaires mais elle permet d'améliorer partiellement la contraction anale.On peut également planifier l'évacuation des selles à l'aide d'un laxatif par voie rectale.En cas d'incontinence sur fécalome, c'est l'évacuation du fécalome par un lavement qui permettra de traiter cette incontinence. Les troubles urinaires Environ 80% des patients atteints de SEP souffrent ou souffriront de troubles urinaires en raison d'un mauvais fonctionnement de la vessie et/ou du muscle qui contrôle l'ouverture du canal urinaire (l'urètre). Ces problèmes assez perturbants sont de deux ordres : incapacité à retenir l'urine (incontinence) ou difficultés à vider la vessie (dysurie) même en cas de besoin ressenti. Pour la plupart, ces symptômes peuvent être contrôlés avec succès et les complications urinaires évitées. L'incontinence Les symptômes - Une forte et parfois douloureuse envie pressante d'uriner. - Des envies fréquentes d'uriner la nuit ou des accidents. Que faire ? - Signalez vos symptômes à votre médecin traitant. - Buvez suffisamment au cours de la journée (2 litres) et peu le soir. - Essayer d'uriner toutes les deux ou trois heures. Le fait de boire moins n'arrange rien, il ne fait qu'augmenter le risque d'infection urinaire. - Evitez de boire des boissons alcoolisées (particulièrement la bière), les boissons gazeuses à base de cola et le café qui stimulent la production d'urine. - Porter des vêtements faciles à ouvrir. - Pour éviter toute infection urinaire, veillez à vous laver les parties génitales externes avec une solution sans savon pour éviter le dessèchement et donc la prolifération des bactéries. Que peuvent faire les professionnels de santé ? Votre médecin traitant peut vous prescrire un traitement qui réduit l'hyperactivité du muscle de la vessie. D'autres mesures peuvent aussi être utiles pour pallier l'incontinence : - Certains gestes (éternuements, rires...) peuvent provoquer un relâchement de la vessie. Le kinésithérapeute peut vous montrer des exercices destinés à renforcer le muscle concerné (muscle pelvien). Des traitements peuvent également aider à ralentir l'action des muscles. Vous pouvez recevoir une rééducation spéciale auprès de votre médecin, qui vous apprendra comment retenir l'urine plus longtemps et contrôler ainsi vos envies d'uriner. Il existe aussi des produits spécifiques à utiliser en cas de perte involontaire d'urine, parmi lesquels des dessous spéciaux, des changes ainsi que des étuis péniens. Les infirmières, votre pharmacien ou votre médecin traitant vous donneront des informations pour les utiliser. La dysurie Les symptômes - Difficulté à déclencher la miction ou à vidanger votre vessie, entraînant des regorgements parfois douloureux. - Des fuites d'urine dues à la compression de la vessie, l'éternuement, le rire, la toux ou les changements de position. Que faire ? - Consulter son médecin traitant si les symptômes deviennent gênants. - Eviter de porter des vêtements trop serrés qui pourraient comprimer la vessie. Que peuvent faire les professionnels de santé ? Votre médecin traitant vous examinera afin de déceler toute infection urinaire et vous prescrira un traitement pour éradiquer cette dernière ou détendre les muscles qui contrôlent l'ouverture de l'urètre. Le sondage est une excellente solution pour éviter les inconvénients d'une vessie insuffisamment évacuée entraînant le risque, à long terme, d'infections et d'insuffisance rénale chronique. Cinq à six sondages par jour sont nécessaires en moyenne. Une vessie vidée régulièrement et complètement a peu tendance à s'infecter. Vous pouvez aussi apprendre avec votre partenaire la technique du sondage relativement rapidement avec l'aide d'un urologue ou d'une infirmière spécialisée. Parallèlement à cette technique, il est conseillé de boire 1,5 litres par jour abondamment pour maintenir une vidange suffisante. L'association des deux symptômes Il peut arriver qu'un patient présente les deux troubles, incontinence et dysurie en même temps. Le traitement consiste à diminuer l'hyperactivité de la vessie et à assurer une évacuation complète et régulière par sondages intermittents. La sexualité Même si le terme de sexualité a une signification différente selon les personnes, elle reste une partie importante de notre vie et de notre relation amoureuse. Or, dans certains cas, la SEP perturbe la relation du couple et ne permet plus de faire l'amour aussi souvent qu'avant. A cela plusieurs raisons possibles : les symptômes de la SEP affectant la sphère génitale, la fatigue fréquente au cours de la SEP mais aussi l'image de son propre corps modifiée par la maladie. Quels sont les symptômes ? • Chez la femme - Sécheresse vaginale. - Difficultés à atteindre l'orgasme car le vagin et le clitoris sont, soit moins sensibles qu'avant, soit trop sensibles (douloureux). • Chez l'homme - Difficultés à avoir ou à maintenir une érection. - Difficultés à atteindre l'orgasme : il ne survient pas ou survient mais difficilement, et ne procure plus autant de plaisir qu'avant. Quelques conseils pour retrouver une sexualité harmonieuse : - Si vous vous sentez fatigué(e) pour faire l'amour, choisissez un moment de la journée où vous avez davantage d'énergie. Vous pouvez aussi vous reposer auparavant. - Certaines positions ou encore l'utilisation d'oreillers peuvent vous aider si vos muscles sont trop contractés ou trop faibles. Pensez à varier les positions. - Dites à votre partenaire que votre peau est peu ou trop sensible et cherchez ensemble d'autres zones érogènes sur votre corps. - Si vous craignez l'incontinence pendant l'acte, essayer d'aller aux toilettes avant. - Si vous disposez d'une sonde urinaire (cathéter), il est préférable de demander conseil à votre médecin sur la façon de procéder en toute sécurité. - En cas de sécheresse vaginale, pensez aux lubrifiants. - Si vos jambes sont contractées, un bain chaud peut se révéler efficace. Sinon, votre médecin peut vous prescrire des médicaments pour décontracter les muscles à prendre avant de faire l'amour. - Un problème d'érection peut aussi être dû à la peur de l'échec. Si un jour il vous arrive de ne pas avoir d'érection, cela ne signifie pas que vous ne pourrez plus en avoir. La peur que cela se reproduise peut empêcher tout simplement l'érection. La grossesse Les jeunes femmes sont, dans les statistiques, plus touchées par la SEP que les hommes. C'est donc typiquement une maladie de la femme en âge de procréer. Le début de la SEP survenant habituellement en pleine période de projet de vie (entre 20 et 25 ans), les questions concernant la grossesse et la contraception se posent fréquemment. SEP et grossesse L'opinion des médecins sur la relation entre la SEP et la grossesse a beaucoup évolué au fil du temps. Avant les années 50, la grossesse était considérée comme ayant un impact défavorable sur l'évolution de la maladie, puis dans les dix années suivantes, cette opinion a été remise en cause. Les études scientifiques les plus récentes sont en effet tout à fait rassurantes sur la relation entre grossesse, fertilité et SEP. Y-a t-il un risque ? Aujourd'hui, il n'y a pas plus de raison de contreindiquer une grossesse chez une femme à cause de la SEP, la grossesse n'aggravant pas la SEP et la SEP ne comportant aucun risque particulier sur le déroulement de la grossesse et la santé de l'enfant à naître. Quelques questions fréquemment posées sur la SEP et le traitement hormonal Une femme atteinte de SEP peut-elle prendre la pilule ? Oui, la prise de contraceptifs oraux ne semble pas avoir d'influence sur le déclenchement de la SEP, sur la réactivation de poussées ni sur le degré de handicap. De plus, une méthode de contraception efficace (comme la pilule) doit être instaurée lors de la prise d'un traitement de fond de la SEP. Est-il possible de prendre un traitement substitutif hormonal de la ménopause ? Cette prescription ne paraît pas aggraver sur un plan neurologique les patientes atteintes de SEP. Néanmoins, comme chez toutes les femmes, il est essentiel de bien évaluer avec un spécialiste gynécologue le rapport entre les bénéfices attendus et les risques potentiels de ces traitements. Quelques questions fréquemment posées sur la SEP et la grossesse : La SEP diminue-t-elle la capacité d'un couple à concevoir un enfant ? Non, les couples dans lesquels l'un des partenaires est atteint de la maladie n'ont pas plus de difficultés à mettre en route une grossesse et à la mener à terme. Quelle est la meilleure période pour débuter une grossesse ? Celle-ci devrait être débutée préférentiellement lorsque la maladie est en période de rémission. Doit-on arrêter son traitement de fond de la maladie au cours de la grossesse ? Oui. C'est pourquoi, lorsque le couple a décidé de mettre en route une grossesse, il faut prévenir le neurologue qui arrêtera le traitement de fond de la maladie. Celui-ci sera repris après l'allaitement. Existe-t-il une augmentation du nombre de poussées pendant la grossesse ? Au contraire, pendant la grossesse, on observe une diminution spectaculaire du nombre de poussées surtout lors du troisième trimestre. Si une poussée, malgré tout, survient au cours de la grossesse, il est toujours possible de recevoir des corticoïdes si le neurologue le juge nécessaire. L'anesthésie péridurale est-elle contre-indiquée ? Non, elle est autorisée. Après une péridurale, les patientes n'ont pas plus de poussées que celles qui ont accouché sans péridurale et il ne semble pas que ce geste influe sur l'évolution du handicap. Y a-t-il un risque accru de malformation, de prématurité, ou de problèmes de santé à la naissance pour les enfants ? Non, toutes les études ont montré que les enfants nés de femmes souffrant de SEP ne présentaient pas plus de soucis de santé que les enfants nés de mères non malades. Une femme atteinte de SEP qui vient d'accoucher peut-elle allaiter son enfant ? Oui, l'allaitement n'aggrave pas la maladie aussi bien en terme de poussées qu'en terme de handicap. Faire face à la douleur La douleur est un symptôme fréquent au cours de la SEP. La majorité des études rapporte une fréquence entre 40 et 50% des cas. Celle-ci peut survenir très précocement, dès la première poussée et être de différentes origines. L'analyse du mécanisme de la douleur est un préalable indispensable pour proposer un traitement adapté. L'éventail des possibilités thérapeutiques est suffisamment large pour permettre de soulager les différents types de douleur. La douleur n'est pas toujours rattachée à la SEP et n'est donc pas toujours signalée au neurologue. Pourtant, il est très important de lui en faire part, même un simple mal de dos en lui expliquant exactement ce que vous ressentez et dans quelles circonstances, afin qu'il puisse en comprendre le mécanisme et vous proposer un traitement adapté qui vous permettra d'être soulagé. L'analyse du mécanisme de la douleur est un préalable indispensable pour instaurer un traitement adapté Au cours de la sclérose en plaques, on distingue trois grandes catégories de douleurs : - les douleurs neurogènes - les douleurs secondaires - les douleurs iatrogènes 1. Douleurs neurogènes : Elles sont une conséquence directe de la maladie, liées à l'atteinte du système nerveux central lui-même et peuvent se manifester seulement dans certaines circonstances et sont le plus souvent violentes. C'est la situation la plus fréquente. On parle de douleurs neurogènes paroxystiques. Elles peuvent également être permanentes et sont alors souvent moins intenses. On parle alors de douleurs neurogènes continues. 1.1 Les douleurs des poussées Vous pouvez ressentir une douleur violente dès que l'on vous touche. Le filtre de la douleur située dans la moelle épinière est coupé par l'inflammation. C'est ce qu'on appelle dans le jargon médical une allodynie. Elle accompagne souvent une poussée et cède à la corticothérapie instaurée pour traiter cette poussée. Vous pouvez ressentir une douleur évoquant une sciatique Elle débute en bas du dos (au niveau des vertèbres lombaires) et irradie la jambe pouvant également accompagner une poussée. Là encore, la douleur est liée à l'inflammation de la moelle et un traitement par corticoïdes permet de la soulager. Vous pouvez ressentir une douleur au niveau de l'œil Elle est déclenchée ou majorée par les mouvements du globe oculaire et accompagne les poussées qui se manifestent sous forme de névrite optique 1.2 Les douleurs neurogènes paroxystiques C'est une douleur intense qui donne une sensation de décharge électrique, qui s'apparente à une rage de dents. La consultation chez un dentiste ne permettra pas de mettre en évidence de carie ni d'autre anomalie. Cette douleur correspond à une névralgie. Elle est liée à une démyélisation de la racine du nerf. Son traitement repose sur certains antiépileptiques à faible dose (carbamazépine et phénytoïne) qui possèdent une indication spécifique dans ce cadre. Il peut aussi s'agir de contractures dans les membres comme si les jambes se raidissaient. Elles sont volontiers déclenchées par la marche. Parfois précédées de brûlures ou de fourmillements, elles ne durent que quelques secondes mais sont très violentes. Il s'agit de spasmes douloureux liés à des crises toniques. Le traitement repose, là encore, sur certains antiépileptiques et antidépresseurs. 1.3 Les douleurs neurogènes continues Elles touchent plutôt les membres inférieurs, en particulier les pieds et s'accompagnent de fourmillements, avec parfois des sensations de brûlures. Elles sont souvent difficiles à supporter car elles sont permanentes et peuvent parfois, sur ce fond continu, être exacerbées et entraîner des troubles de l'humeur et ainsi altérer la qualité de vie. Ces douleurs font appel à des traitements spécifiques (antidépresseurs) ayant prouvé leur efficacité dont les modalités d'administration vous seront expliquées en détail par votre médecin. 2. Douleurs secondaires : Elles sont une conséquence indirecte de la maladie. Elles ne sont pas liées à une atteinte du système nerveux central. Concrètement, une gêne à la marche peut entraîner une boiterie qui sera elle-même la cause d'un mal de dos, une raideur des muscles et des contractures Elles peuvent survenir au cours de la nuit et perturber le sommeil et est liée à l'atteinte des neurones qui permettent la commande volontaire des muscles. Ce type de douleur n'est donc pas lié à une atteinte du muscle mais à une atteinte du système nerveux central. Des troubles urinaires ou une constipation peuvent servir de déclencheurs, c'est-à-dire favoriser les contractures ou les raideurs. Votre médecin devra toujours rechercher l'existence éventuelle d'un tel facteur déclenchant des crises pour pouvoir agir dessus. Le soulagement de la douleur permettant une prise en charge globale de la spasticité nécessite l'intervention d'une équipe pluridisciplinaire. Les lombalgies sont aussi le plus souvent en rapport avec des difficultés à la marche et des troubles de l'équilibre, à l'origine de mauvaises positions. La kinésithérapie prend toute sa valeur avec une rééducation spécifique permettant de rétablir une bonne position pour marcher. Quant à la tendinite du fessier, elle relève du même mécanisme. Les tendinites du fessier sont fréquentes chez les personnes ayant une SEP avec une gêne à la marche. Là aussi, la kinésithérapie prend toute sa dimension. 3. Les douleurs iatrogènes Elles sont liées au traitement de fond de la sclérose en plaques qui provoque des effets secondaires parmi lesquels figure la douleur. Lorsque l'origine de la douleur est bien identifiée, il est possible de proposer un traitement adapté. Vous pouvez ressentir des douleurs musculaires appelées myalgies ou de maux de tête (céphalées). Il ne faut pas les négliger car elles peuvent inciter à interrompre le traitement alors qu'elles sont le plus souvent soulagées par des moyens simples tels que la prise d'un traitement antalgique (paracétamol). Enfin, les douleurs au site d'injection sont plus ou moins importantes selon le produit utilisé. Les anesthésiques locaux appliqués sur la peau, le changement des sites d'injection et le massage après l'injection permettent d'en diminuer l'intensité. La prise en charge Elle se fait et se fera de plus en plus à l'intérieur de réseaux permettant au neurologue de faire appel à toutes les spécialités impliquées, qu'il s'agisse de médecine physique, de kinésithérapie, d'ergothérapie ou de consultations anti-douleur pour ne citer que quelques unes d'entre elles. Une surveillance régulière permet par la suite d'évaluer le bénéfice de la prise en charge instaurée, d'adapter éventuellement les doses et de déceler les possibles effets désirables. Gérer sa fatigue La fatigue est l'un des problèmes les plus fréquents auxquels les personnes atteintes de SEP sont confrontées. Ainsi, plus de ¾ des patients affectés par la maladie s'en plaignent à leur médecin traitant. Véritable fléau, elle nécessite une investigation minutieuse afin de déterminer son origine et la traiter. Les différentes formes de fatigue au cours de la SEP Une fatigue normale C'est-à-dire éprouvée après un effort. La SEP peut entraîner une fatigue disproportionnée par rapport à l'activité exercée. Celle-ci peut être diminuée ou évitée en adaptant l'effort à la capacité physique ou par un bon sommeil récupérateur. Une fatigue psychologique ou déprime Souvent accompagnée d'une perte de l'appétit, d'une perturbation du sommeil ou d'un manque de confiance, elle peut être traitée par de simples conseils excepté s'il s'agit d'une vraie dépression. Dans ce cas, des traitements médicamenteux et une psychothérapie sont nécessaires. Une fatigue neuromusculaire Elle est la conséquence de l'altération de la conduction nerveuse des muscles. Le meilleur moyen de l'éviter est d'alterner les périodes d'activité avec celles de repos permettant de récupérer. La lassitude Sa cause est inconnue. Il semblerait qu'elle soit due à des désordres biochimiques du cerveau. Pour la traiter, des psychostimulants ont été proposés mais ils entraînent des effets indésirables notamment sur la qualité du sommeil. La fatigue et son impact Celle-ci peut être source de conflits et de malentendus vis-à-vis de la famille, des collègues de travail ou de l'entourage qui peut avoir du mal à comprendre un symptôme invisible difficilement mesurable. En plus de perturber la vie quotidienne des personnes atteintes de SEP, la fatigue peut aussi être source d'anxiété, d'autant qu'elle s'accompagne d'une aggravation parallèle des symptômes de la maladie. Prendre en charge sa fatigue est donc important et ne doit en aucun cas être négligé. La fatigue et sa prise en charge Devant toute fatigue inexpliquée ou persistante, n'oubliez pas d'en parler à votre médecin traitant. Peu de traitements se sont en fait révélés efficaces, même si quelques résultats positifs auprès d'un pourcentage de malades ont été obtenus par certains médicaments. Même si la fatigue est aujourd'hui difficile à expliquer et que les traitements sont avant tout symptomatiques, de grands principes et quelques petits conseils pratiques peuvent améliorer le quotidien, comme : - Trouver un nouveau rythme de vie, c'est-à-dire gérer les périodes d'activité et de repos en planifiant sa journée. - Alléger ou simplifier ses activités afin de préserver son énergie. - Accepter de se faire aider par son entourage, ses collègues, une assistante… - Modifier ses priorités. La dépression La dépression est une pathologie plus fréquemment présente en cas de maladie chronique et notamment en cas de maladie qui touche le système nerveux central, telle que la SEP. Les signes sont parfois trompeurs et peuvent à tort être attribués à la SEP. Il n'y a pas de honte à avoir une dépression. C'est une maladie comme les autres. La dépression est une maladie à part entière qui relève d'un traitement spécifique. Si vous avez une dépression, elle doit être traitée avant de pouvoir débuter un traitement par interféron. Si vous vous sentez dépressif alors que vous êtes déjà traité, parlez-en à votre neurologue qui pourra vous prescrire un traitement adapté si le diagnostic de dépression est confirmé. La dépression est une maladie à la fois physique et psychique. Se retrouver confronté au fait que l'on a une maladie chronique est une expérience traumatisante, source d'angoisse. Parmi les maladies chroniques, les affections neurologiques sont connues pour exposer plus que d'autres au risque de dépression. Une étude parue récemment dans une revue scientifique de grande renommée a permis d'évaluer qu'en cas de SEP, le risque de dépression est multipliée par deux. En revanche, le lien entre traitement par interféron et survenue d'un syndrome dépressif n'est à ce jour pas certain. SEP et dépression : deux maladies qui peuvent coexister à part entière L'annonce de la SEP, même si elle est difficile à accepter, ne suffit pas à elle seule pour être à l'origine d'un syndrome dépressif. Il existe souvent des facteurs de fragilité associés, comme par exemple, le fait d'avoir déjà fait un épisode dépressif ou l'existence dans la famille d'autres personnes ayant fait une dépression. En fait beaucoup de dépressions se révèlent bien après l'annonce du diagnostic de SEP. Celle-ci est alors un facteur de risque supplémentaire venant se surajouter à une vulnérabilité personnelle, familiale, génétique ou encore environnementale. Certains symptômes sont très évocateurs de dépression. Il s'agit notamment de la modification de l'humeur, de l'incapacité à prendre du plaisir, du désintérêt, de la démotivation ou encore d'un sentiment de dévalorisation, d'idées noires, voire d'idées suicidaires. Le danger est d'attribuer à tort ces signes à la SEP. Loin d'être banalisés, ces signes doivent alerter, surtout lorsque plusieurs d'entre eux sont associés. Le traitement de fond de la sclérose en plaques est primordial, mais celui de la dépression l'est également parce qu'il contribue à améliorer l'état du patient. Des symptômes parfois similaires pour deux maladies distinctes On appelle symptômes de recouvrement des symptômes qui peuvent être rattachés soit à la SEP, soit à la dépression. La difficulté pour le médecin est de trouver les particularités qui lui permettront d'attribuer ces signes à l'une des deux maladies. Parmi ces symptômes de recouvrement, trois d'entre eux méritent une attention particulière : • Fatigue La fatigue constitue le premier de ces symptômes. Il s'agit d'un cas particulièrement délicat du fait qu'il n'existe aucune caractéristique permettant de différencier la fatigue liée à la SEP de celle appartenant au syndrome dépressif. Quand elle est isolée, la fatigue sera cependant plus facilement attribuée à la SEP qu'à un syndrome dépressif. Si la fatigue est associée à d'autres signes, un traitement antidépresseur peut être instauré permettant d'évaluer si celui-ci permet de la faire diminuer. • Modification de caractères Les modifications de caractère constituent le deuxième de ces symptômes. La difficulté est alors de déterminer si ces modifications du caractère sont liées à un syndrome dépressif ou doivent plutôt être attribuées à l'atteinte du système nerveux en rapport avec la SEP ellemême. Une analyse de ces modifications peut aider à orienter le diagnostic. Dans le syndrome dépressif, les modifications de caractère se traduisent par un léger repli, un certain désintérêt, une anxiété et une irritabilité parfois explosive, notamment envers l'entourage. Dans la SEP, ces modifications de caractère ne s'accompagne pas de désintérêt majeur. Il n'y a pas non plus d'idées noires « réelles ». En revanche, on retrouve de grandes variabilités émotionnelles avec une certaine impulsivité. Par ailleurs, l'évolutivité de ces modifications est certainement un élément capital. Alors que dans le syndrome dépressif, ces modifications sont durables dans le temps, elles apparaissent beaucoup plus fluctuantes dans le cas de la SEP, traduisant surtout un défaut de régulation dans les émotions plus qu'un véritable trouble de l'humeur. L'ordre dans lequel apparaissent les signes est également important. A titre d'exemple, des modifications du caractère apparaissant après une poussée plaident bien sûr en faveur de la SEP comme étant à l'origine de ces modifications. • Ralentissement psychomoteur Le ralentissement psychomoteur constitue le troisième de ces symptômes. Ce cas peut-être le plus facile car le ralentissement psychomoteur de la dépression est assez caractéristique avec une lenteur des idées et la perception de l'allongement du temps associé à un sentiment d'ennui. Dans le cadre de la SEP, ce ralentissement s'exprime plutôt sous la forme d'une difficulté à se décider, à planifier son action, voire à mémoriser. Contrairement à d'autres troubles psychiques, la majorité des dépressions guérissent si elles sont bien traitées et suffisamment longtemps. Pour en sortir : Les moyens disponibles sont nombreux. Pour choisir le traitement le plus approprié, le médecin tient compte du patient, de l'intensité de ses signes et de leur durée. La meilleure compréhension de la dépression et les progrès récents dans son traitement permettent dans de nombreux cas une évolution favorable vers la guérison. La dépression n'est pas une faiblesse, ni une tare ni une faillite de la volonté. Peu à peu, les mentalités changent permettant de venir à bout de certaines représentations négatives de la maladie, encore parfois tenaces. Le psychiatre est certainement aussi l'un des acteurs de santé les plus à même de comprendre la souffrance engendrée par la dépression, et de compatir [de « cum patere » (latin)=souffrir avec] dans le bon sens du terme. Le psychiatre contribue à faire comprendre que les manifestations dépressives touchent le cœur du réacteur qui fournit l'énergie et qu'il est nécessaire d'instaurer une prise en charge adaptée lui permettant de la retrouver. L'instauration d'un traitement antidépresseur allié à une psychothérapie fait bien sûr partie de cette prise en charge. De nombreuses molécules sont actuellement disponibles parmi lesquelles les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ont certainement une place de choix.