Volcans équatoriens :
vers une meilleure gestion des risques
Institut de recherche pour le développement - 44, boulevard de Dunkerque, CS 90009
F-13572 Marseille Cedex 02 - France - www.ird.fr
Retrouvez les photos de l'IRD concernant cette che, libres de droit pour la presse,
sur www.ird.fr/indigo
Fiche n°321 - Juin 2009
L’Équateur abrite parmi les plus ma-
jestueux volcans de la planète. Sur
300 km de long, entre le Pacique
à l’ouest et l’Amazonie à l’est, deux
arêtes montagneuses hérissées de
cônes volcaniques pratiquement ac-
colés les uns aux autres prennent le pays
en écharpe du nord au sud. Au total,
55 volcans, qui atteignent jusqu’à près
de 6 000 m d’altitude et sont souvent
englacés. Ces colosses menacent
quelques 3 millions d’habitants de la
vallée interandine, enserrée entre les
deux cordillères.
Des volcans sous haute surveillance
An d’établir des scénarios d’éruption
et mettre en place les mesures pré-
ventives et d’intervention adéquates,
les chercheurs de l’IRD et leurs par-
tenaires équatoriens1 suivent de très
près les trois volcans entrés en érup-
tion depuis 10 ans : le Tungurahua et
le Pichincha, qui se sont réveillés en
1999, et le Reventador, soudainement
entré en éruption en 2002. Ils accor-
dent également une grande attention
à un quatrième volcan, le Cotopaxi,
qui montre des signes de réactivation
depuis 2001. Comme la plupart des
volcans englacés d’Équateur, la
moindre de ses éruptions peut pro-
voquer de gigantesques coulées de
boue, ou lahars, dévastatrices pour les
villes en contrebas. Avec ses 5 897 m
d’altitude, c’est par ailleurs le plus haut
volcan actif au monde.
Pour chacun de ces édices, les volca-
nologues surveillent la nature des
uides, gaz ou produits solides émis
an de déterminer le stade de l’érup-
tion et connaître le degré d’évolution
des magmas dans les réservoirs sous
le cône volcanique. En effet, les érup-
tions peuvent durer des mois, voire
des années. Celle du Tungurahua, par
exemple, dure depuis maintenant dix
ans. Or, la nature des produits émis
évolue en fonction de l’avancement de
l’éruption. Leur analyse permet alors
de connaître le fonctionnement du
volcan et d’aider à la prise de décision
en cas de crise.
Le réveil des titans
An de dénir et évaluer les aléas
volcaniques en vue de la protection
des populations, les scientiques ont
caractérisé les volcans considérés
comme actifs, c’est-à-dire entrés en
Tungurahua, Cotopaxi,
Pichincha, … en
Équateur, de part et
d’autre de la célèbre
« avenue des volcans »,
s’élèvent quelques
uns des plus fameux
géants de feu, aux noms
évocateurs. Dressés
à plus de 5 000 m
d’altitude, souvent
couverts de glaciers et
de neiges éternelles, ces
derniers surplombent la
vallée interandine, très
urbanisée, et menacent
de leurs accès de colère
les populations. Avec plus
d’une cinquantaine de
volcans, dont sept sont
entrés en éruption depuis
l’arrivée des Espagnols
au 16e siècle, le pays
rassemble une ts grande
variété déruptions.
An de terminer
l’aléa volcanique, les
enseignants-chercheurs de
l’IG-EPN1 et les chercheurs
de l’IRD ont entrepris
de caractériser les
dynamismes éruptifs des
volcans actifs aujourdhui,
et d’identier ceux qui,
aujourd’hui en sommeil,
sont susceptibles de se
réveiller après un long
repos. Pour cela, ils ont
étud la fréquence, la
puissance et le style2
des éruptions passées
et en cours. Mais que
faire en cas de veil des
colosses et de crise ? Les
scientiques ont établi
des scénarios déruption,
publ des cartes de
risques et mis en place
des sysmes permanents
d’observation et dalerte
débouchant sur les
mesures de prévention et
d’intervention nécessaires.
©IRD / Michel Monzier
L’activité du Tungurahua dure depuis maintenant dix ans,
ici en octobre 1999 et en novembre 2007
© IG-EPN/IRD:J. Bustillos
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Gaëlle Courcoux, coordinatrice
Délégation à l’information et à la communication
Tél. : +33 (0)4 91 99 94 90 - fax : +33 (0)4 91 99 92 28 - [email protected]
Pour en savoir plus
Fiche n°321 - Juin 2009
CONTACTS :
Jean-Luc LE PENNEC
et Pablo SAMANIEGO,
chercheurs à l’IRD
Laboratoire
Magmas & Volcans
(UMR IRD/Univ. Blaise Pascal/
CNRS)
Adresse :
Université Blaise Pascal
5, rue Kessler
63038 Clermont-Ferrand
Tél : 33 (0)4 73 34 67 53
RÉFÉRENCE :
Johnson J.-B., Samaniego
P., Hall M.-L., Le Pennec
J.-L., Eissen J.-P. Recent
and Active Volcanism in
the Ecuadorian Andes.
Journal of Volcanology and
Geothermal Research, special
issue, 2008
MOTS CLÉS :
Équateur, volcan, risque,
Andes
RELATIONS AVEC
LES MÉDIAS :
Vincent coronini
+33 (0)4 91 99 94 87
INDIGO,
PHOTOTHÈQUE DE L’IRD :
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+33 (0)4 91 99 94 81
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éruption depuis l’ère précolombienne,
soit depuis environ 1 000 ans. Ils ont
déterminé la fréquence et la puissance
ainsi que le style2 de leurs éruptions. En
effet, le risque varie en fonction de ce
dernier : les éruptions explosives, ac-
compagnées de nuées ardentes, sont
plus dangereuses que les effusives, à
coulées de lave.
Les chercheurs ont également identi-
é des dizaines d’autres volcans sus-
ceptibles de se réveiller. Pour cela, ils
ont étudié leur développement, daté
leurs périodes d’activité et déterminé
l’évolution de leurs magmas. Ils tentent
désormais de comprendre comment la
chimie de ces derniers, qui varie énor-
mément avec le temps mais aussi en
fonction de la localisation des volcans,
inuence le déclenchement et le fonc-
tionnement des éruptions.
Deux chaînes, deux types de volcans
Grâce aux nombreuses données récol-
tées, les volcans équatoriens ont été
classés selon leurs caractéristiques
morphologiques, la chimie de leurs
roches et leur style éruptif. Des diffé-
rences notables apparaissent entre les
édices des deux cordillères.
La chaîne occidentale, se situe
entre autres le Pichincha, constitue le
front volcanique face au Pacique. Les
éruptions y sont caractérisées par des
chutes de cendres qui couvrent 1 000
à plusieurs centaines de milliers de km2
et affectent donc considérablement les
populations alentour.
De l’autre côté de la vallée inter-
andine, l’activité au cours des 10 000
dernières années a été encore plus
intense. La cordillère orientale abrite de
larges stratovolcans, c’est-à-dire des
cônes construits par accumulation de
coulées de lave, de débris de roches
et de cendres, comme le Cotopaxi
ou le Tungurahua. Ces volcans, de
15 à 20 km de diamètre à leur base
et jusqu’à 3 à 4 km de haut, produi-
sent quant à eux périodiquement des
nuées ardentes pouvant parcourir des
distances allant jusqu’à 50 km, vers
les vallées. Ces éruptions sont accom-
pagnées de chutes de cendres et de
fragments de roches qui sont égale-
ment transportés vers la vallée inter-
andine et ses nombreuses grandes
villes par les vents dominants d’est.
La partie andine de l’Équateur vit
ainsi sous les feux de ses nombreux
volcans. Une conguration qua-
siment unique au monde, dans
laquelle le risque est accentué par
la croissance démographique et
l’urbanisation dans la vallée inter-
andine. Dénition de l’aléa, cartes de
menace, surveillance étroite … : les
travaux de l’IG-EPN et de l’IRD permet-
tent de mieux protéger les habitants en
cas de crise, comme ce fut le cas en
2006 lors de la dernière crise éruptive
du Tungurahua où, grâce à l’alerte
donnée par les scientiques, les popu-
lations menacées ont pu être évacuées
à temps.
Rédaction DIC – Gaëlle Courcoux
1. Institut de Géophysique de l’Ecole Poly-
technique Nationale (IG-EPN) à Quito.
2. Le style caractérise l’éruption : elle peut
être explosive et plus ou moins forte, ou
bien effusive, etc.
Le toit de l’église de Bilbao effondré sous le poids des cendres, conséquence de l’éruption du
Tungurahua en août 2006
©IRD / Yvan Repetto
©IRD / Yvan Repetto
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