
CHIMIE MÉDICINALE
Traitements anticancéreux mieux ciblés
Grâce au fi  nancement FNRS-Télévie, deux projets sont 
développés à Namur par le Laboratoire de chimie bio-
logique structurale (CBS) et le Département de phar-
macie, en collaboration avec des équipes d’autres 
universités belges. Ils contribuent à la mise au point 
de nouveaux traitements contre le cancer, et ont déjà 
abouti à des résultats très encourageants.
Nouveaux projets contre le cancer
Deux nouveaux projets sont sur les rails à l’Université de Namur, grâce au fi nancement 
du FNRS-Télévie. L’un, mené par Bertrand De Meulder, consiste à utiliser des outils bioin-
formatiques, sous la direction du professeur Éric Depiereux, pour découvrir de nouveaux 
gènes impliqués dans le développement tumoral. Ces gènes subiront ensuite une validation 
expérimentale en Unité de recherche en biologie cellulaire, sous la direction de la profes-
seure Carine Michiels, afi n d’étudier comment ces gènes régulent un mécanisme qui aide 
les cellules cancéreuses à survivre : la réorientation du métabolisme. Le second, développé 
par la chercheuse Hélène Riquier, vise à comprendre l’effet des différentes radiothérapies 
sur le dialogue entre les cellules cancéreuses et les cellules qui irriguent les tumeurs et 
qui donc les aident à se développer. Il s’agit de déterminer la nature de ces échanges afi n 
de comprendre pourquoi la radiothérapie ne réussit pas à les interrompre. Ce projet est 
dirigé par Carine Michiels, en collaboration avec les professeurs Stéphane Lucas (FUNDP) 
et Olivier Feron (UCL).
Les jeunes chercheurs namurois qui, grâce au Télévie, œuvrent à la mise au point de traitements anti-cancéreux effi caces et 
ciblés : (de gauche à droite) Irving Boittiaux, Hélène Riquier, Bertrand De Meulder, et (en coulisses) Laurence Moineaux.
Des traitements de cancers basés sur les 
approches que nous étudions pourraient être 
opérationnels d’ici moins d’une dizaine d’années
Merci les bénévoles !
Grâce aux activités qu’elle a organisées sur le campus (défi  lasagnes, opérations parking, récolte de dons, récital de piano de Nicolas Franco, 
match d’impro, pièce de théâtre et vente de produits) et surtout à l’engagement de tous les bénévoles, l’Université de Namur a remis cette 
année un chèque de 21 713 € à l’opération Télévie.
Le Laboratoire CBS est spé-
cialisé dans l’étude des pro-
priétés de molécules bioor-
ganiques qui présentent 
un intérêt pharmacologique. Ces 
recherches sont essentielles dans 
la mise au point de traitements 
adaptés et inoffensifs. Aux côtés 
de leurs collègues pharmaciens, 
les chimistes namurois mettent 
cette expertise au service de deux 
projets de recherche consacrés à la 
lutte contre le cancer.
La chimie structurale, 
atout thérapeutique
Si elles sont effi caces contre la 
plupart des cancers, les techniques 
de radiothérapie et de chimio-
thérapie ont les nombreux effets 
secondaires indésirables qu’on leur 
connaît. Aujourd’hui s’ouvrent de 
nouvelles voies prometteuses, dans 
lesquelles les chimistes viennent 
prêter main-forte aux médecins et 
aux biologistes.
Les chimistes ont en effet leur 
rôle à jouer dans l’amélioration de la 
chimiothérapie : ils peuvent la ren-
dre mieux ciblée. Ils travaillent sur 
la structure des agents chimiques 
pour affi ner l’effet des médicaments 
injectés au patient. Le résultat est 
que les médicaments ne s’atta-
quent qu’aux cellules cancéreuses, 
ce qui évite les dégâts causés par 
une chimiothérapie classique trop 
peu spécifi que.
« Dans le fonctionnement nor-
mal du corps, la mort cellulaire est 
programmée et nécessaire. Une cel-
lule qui ne meurt pas dérègle tout, 
et c’est le cas des cellules cancé-
reuses. Si elles font partie de notre 
patrimoine génétique comme tou-
tes les autres, elles expriment cette 
masse d’informations différemment, 
en particulier parce qu’elles refu-
sent l’information ‘mort cellulaire’. 
Le principe d’une chimiothérapie 
ciblée est de décoincer cette infor-
mation » explique le professeur 
Johan Wouters, directeur du Labo-
ratoire CBS. « Dans la cellule, il y a 
des enzymes, qui sont de petites 
usines qui facilitent les processus 
ou en bloquent d’autres (respiration, 
reproduction, etc.). Notre objectif 
est de créer des molécules capables 
d’empêcher les enzymes de bloquer 
l’information ‘mort cellulaire’ dans 
les cellules cancéreuses ».
Immunothérapie
L’immunothérapie fait égale-
ment naître beaucoup d’espoir. Il 
s’agit d’injecter au patient, chez 
qui on a décelé des signes de can-
cer, un vaccin curatif, qui va aider 
le corps à lutter contre la maladie. 
Cette approche immunitaire ne 
fonctionne malheureusement que 
chez une minorité de patients. En 
effet, chez la plupart, les cellules 
cancéreuses réussissent à ne pas se 
faire reconnaître par le vaccin, donc 
échappent au rejet immunitaire. 
C’est là que les chimistes viennent 
en renfort : « nous concevons des 
agents chimiques dont la struc-
ture permet d’interagir avec les 
enzymes des cellules cancéreuses 
afi n de bloquer le mécanisme qui 
rend ces dernières insensibles au 
vaccin. Il faut bien entendu que ces 
agents n’agissent que sur les cellu-
les cancéreuses, et donc défi nir des 
structures moléculaires spécifi ques, 
afi n d’éviter tout effet secondaire » 
précise le professeur namurois.
Résultats prometteurs
Ces deux projets « Télévie » ont 
déjà obtenu des résultats très posi-
tifs : pour celui concernant l’immu-
nothérapie (FUNDP, UCL et ULg), 
des molécules ont déjà été synthé-
tisées et réussi les premiers tests 
biologiques. Le projet concernant la 
chimiothérapie ciblée (FUNDP, UCL, 
ULg, ULB et FUSAGx) a déjà abouti 
à la synthèse d’une série de molé-
cules qui ont montré leur effi cacité 
lors des tests biologiques et sur ani-
maux. La validation sur patients est 
en cours. « Des traitements de can-
cers basés sur les approches que 
nous étudions pourraient être opé-
rationnels d’ici moins d’une dizaine 
d’années » espère Johan Wouters.
E.D.
Plus d’infos :
TRIMESTRIEL N°70 JUIN 2009 3
INNOVATION