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Traitements anticancéreux mieux ciblés
Grâce au financement FNRS-Télévie, deux projets sont
développés à Namur par le Laboratoire de chimie biologique structurale (CBS) et le Département de pharmacie, en collaboration avec des équipes d’autres
universités belges. Ils contribuent à la mise au point
de nouveaux traitements contre le cancer, et ont déjà
abouti à des résultats très encourageants.
L
e Laboratoire CBS est spécialisé dans l’étude des propriétés de molécules bioorganiques qui présentent
un intérêt pharmacologique. Ces
recherches sont essentielles dans
la mise au point de traitements
adaptés et inoffensifs. Aux côtés
de leurs collègues pharmaciens,
les chimistes namurois mettent
cette expertise au service de deux
projets de recherche consacrés à la
lutte contre le cancer.
La chimie structurale,
atout thérapeutique
Si elles sont efficaces contre la
plupart des cancers, les techniques
de radiothérapie et de chimiothérapie ont les nombreux effets
secondaires indésirables qu’on leur
connaît. Aujourd’hui s’ouvrent de
nouvelles voies prometteuses, dans
lesquelles les chimistes viennent
prêter main-forte aux médecins et
aux biologistes.
Les chimistes ont en effet leur
rôle à jouer dans l’amélioration de la
chimiothérapie : ils peuvent la rendre mieux ciblée. Ils travaillent sur
INNOVATION
CHIMIE MÉDICINALE
la structure des agents chimiques
pour affiner l’effet des médicaments
injectés au patient. Le résultat est
que les médicaments ne s’attaquent qu’aux cellules cancéreuses,
ce qui évite les dégâts causés par
une chimiothérapie classique trop
peu spécifique.
« Dans le fonctionnement normal du corps, la mort cellulaire est
programmée et nécessaire. Une cellule qui ne meurt pas dérègle tout,
et c’est le cas des cellules cancéreuses. Si elles font partie de notre
patrimoine génétique comme toutes les autres, elles expriment cette
masse d’informations différemment,
en particulier parce qu’elles refusent l’information ‘mort cellulaire’.
Le principe d’une chimiothérapie
ciblée est de décoincer cette information » explique le professeur
Johan Wouters, directeur du Laboratoire CBS. « Dans la cellule, il y a
des enzymes, qui sont de petites
usines qui facilitent les processus
ou en bloquent d’autres (respiration,
reproduction, etc.). Notre objectif
est de créer des molécules capables
d’empêcher les enzymes de bloquer
l’information ‘mort cellulaire’ dans
les cellules cancéreuses ».
Des traitements de cancers basés sur les
approches que nous étudions pourraient être
opérationnels d’ici moins d’une dizaine d’années
Les jeunes chercheurs namurois qui, grâce au Télévie, œuvrent à la mise au point de traitements anti-cancéreux efficaces et
ciblés : (de gauche à droite) Irving Boittiaux, Hélène Riquier, Bertrand De Meulder, et (en coulisses) Laurence Moineaux.
Immunothérapie
L’immunothérapie fait également naître beaucoup d’espoir. Il
s’agit d’injecter au patient, chez
qui on a décelé des signes de cancer, un vaccin curatif, qui va aider
le corps à lutter contre la maladie.
Cette approche immunitaire ne
fonctionne malheureusement que
chez une minorité de patients. En
effet, chez la plupart, les cellules
cancéreuses réussissent à ne pas se
faire reconnaître par le vaccin, donc
échappent au rejet immunitaire.
C’est là que les chimistes viennent
en renfort : « nous concevons des
agents chimiques dont la structure permet d’interagir avec les
enzymes des cellules cancéreuses
afin de bloquer le mécanisme qui
rend ces dernières insensibles au
vaccin. Il faut bien entendu que ces
agents n’agissent que sur les cellules cancéreuses, et donc définir des
structures moléculaires spécifiques,
afin d’éviter tout effet secondaire »
précise le professeur namurois.
Résultats prometteurs
Ces deux projets « Télévie » ont
déjà obtenu des résultats très positifs : pour celui concernant l’immunothérapie (FUNDP, UCL et ULg),
des molécules ont déjà été synthétisées et réussi les premiers tests
biologiques. Le projet concernant la
chimiothérapie ciblée (FUNDP, UCL,
ULg, ULB et FUSAGx) a déjà abouti
à la synthèse d’une série de molécules qui ont montré leur efficacité
lors des tests biologiques et sur animaux. La validation sur patients est
en cours. « Des traitements de cancers basés sur les approches que
nous étudions pourraient être opérationnels d’ici moins d’une dizaine
d’années » espère Johan Wouters.
E.D.
Plus d’infos :
[email protected]
Merci les bénévoles !
Grâce aux activités qu’elle a organisées sur le campus (défi lasagnes, opérations parking, récolte de dons, récital de piano de Nicolas Franco,
match d’impro, pièce de théâtre et vente de produits) et surtout à l’engagement de tous les bénévoles, l’Université de Namur a remis cette
année un chèque de 21 713 € à l’opération Télévie.
Nouveaux projets contre le cancer
Deux nouveaux projets sont sur les rails à l’Université de Namur, grâce au financement
du FNRS-Télévie. L’un, mené par Bertrand De Meulder, consiste à utiliser des outils bioinformatiques, sous la direction du professeur Éric Depiereux, pour découvrir de nouveaux
gènes impliqués dans le développement tumoral. Ces gènes subiront ensuite une validation
expérimentale en Unité de recherche en biologie cellulaire, sous la direction de la professeure Carine Michiels, afin d’étudier comment ces gènes régulent un mécanisme qui aide
les cellules cancéreuses à survivre : la réorientation du métabolisme. Le second, développé
par la chercheuse Hélène Riquier, vise à comprendre l’effet des différentes radiothérapies
sur le dialogue entre les cellules cancéreuses et les cellules qui irriguent les tumeurs et
qui donc les aident à se développer. Il s’agit de déterminer la nature de ces échanges afin
de comprendre pourquoi la radiothérapie ne réussit pas à les interrompre. Ce projet est
dirigé par Carine Michiels, en collaboration avec les professeurs Stéphane Lucas (FUNDP)
et Olivier Feron (UCL).
Infos : [email protected]
TRIMESTRIEL N°70 JUIN 2009
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