Aveclecourant induit, lamagnétoscopie s`offre de nouvelles

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S
olutions
A
côté du contrôle ultrasonore,
de la radiographie ou de
l’émission acoustique,la
magnétoscopie fait rarement
parler d’elle… Lors du congrès de la Cofrend
( Confédération Française pour les Essais Non Destructifs )
qui s’est tenu à Beaune en mai dernier,elle
était au programme de trois conférences,
contre une vingtaine consacrée aux seules
techniques ultrasonores.La thode,pour-
tant,rite que l’on sy attarde.Par rapport
aux ultrasons ou aux courants de Foucault,
quiassurent uncontrôle ponctuel,elle fait
en effet partie des techniques dites “glo-
bales,permettant d’inspecter l’ensemble
d’une pièce en une seule opération. Autre
avantage,lamagnéto-
scopie permet de mettre
en évidenceaussibien
les défauts bouchants
(àla surface de lapièce)
que sous-jacents (jus-
quà une profondeur de
l’ordre du millimètre,
voire plusieurs milli-
tres dans le meilleur
des cas).
La thode,quifigure
au rang des plus
anciennes dans le
domaine du contrôle
non destructif,est lar-
gement éprouvée.On
l’utilisecouramment dans les industries auto-
mobiles,aéronautiques ou ferroviaires pour
contrôler des pièces en fer,en fonte,des aciers
fors,des soudures,des tôles,des tubes...
bref,toutes sortes de pièces de géométrie
simple ou complexe,pourvu que le maté-
riau qui les constitue soit de natureferro-
magnétique. Son principe repose sur le com-
portement de ces matériaux lorsqu’ils sont
soumis à unchamp magnétique. Pour le
comprendre,il suffit de se souvenir de nos
travaux pratiques de physique où l’on dépo-
sait de lalimaille de fer sur une pièceaiman-
tée.Les grains de limaille s’orientaient,com-
me l’aiguille d’une boussole,dans ladirection
du champ magné-
tique.Toute distor-
sion des lignes de
champ trahissait
une irrégularité de
la surface...
De lamême
manière,lamagné-
toscopie consisteà
soumettre une piè-
ceferromagné-
tique* à un flux
magnétique inten-
se. Lorsqu’il traver-
se lapièce,le flux
suit le chemin le
plus simple.S’il
parvient à un obs-
tacle dû àlaprésence d’un défaut,il préfère
le contourner plutôt que le traverser.Lorsque
le champ appliqué est faible,celane pose
aucun problème :les lignes de champ se
répartissent de part et d’autre du défaut à
l’intérieur de lapièce. Mais si l’on applique
unchamp suffisamment élevé pour atteindre
la saturation magnétique,les lignes proches
de la surface ne trouvent plus assez de place
pour circuler àl’intérieur du matériau.La
voie laplus simple consistealors à sortir de
lapièce. Cefaisant,elles créent unchamp
magnétique,appelé “champ de fuite”,au
droit du défaut.Il suffit ensuite d’appliquer
sur lapièce un produit révélateur (constitué
Un nouveau procédé de contrôle magnétoscopique,veloppé par la soctéSrem Technologies,ouvre la voie àdes appli-
cations qu’il nétait pas possible denvisager aveclathode traditionnelle. Cette technique, basée sur lagénération d’un
courant induit dans lapièceà tester,permet de contrôler tout type de pièce ferromagnétique, y compris les pièces de forge
ou les pièces de grande longueur et de faible section… Petite revue de détail d’une méthode qui offre une nouvelle alter-
nativeàlatection de défauts longitudinaux bouchants.
L’essentiel
>
Un nouveau procédé de
contrôle magnétosco-
pique,veloppé par Srem
Technologies,permet de
s’affranchir des inconvé-
nients de lathode dai-
mantation traditionnelle
>
Il réduit les risques darc
électrique et ouvre la voie
àde nouvelles applications
>
Il est sormais possible de
tecter les défauts des
pièces de forge,et de
contrôler les pièces
longues de faible section
CONTRÔLE NON DESTRUCTIF
Avecle courant induit,
lamagnétoscopie soffre
de nouvelles applications
Cette machine,veloppée par SremTechnologies,met en œuvre un nouveau procédé de contrôle magné-
toscopique.La thode permet de détecter les défauts de tout type de pièce ferromagnétique (y compris
les pièces de forge) et de réduire le risque d'arcélectrique présent dans la technique traditionnelle.
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d’une poudreferromagnétique) pour le
mettre en évidence.
La réussite du contrôle dépend de l’orienta-
tion du champ magnétiqueappliquéàlapiè-
ce. En effet,les défauts sont d’autant mieux
tectés qu’ils sont orientés dans une direc-
tion perpendiculaireaux lignes de champ
(ou parallèle aux lignes de courant). Pour
saffranchir de cette limitation,on réalise
habituellement uncontrôle suivant deux
directions de champ orthogonales.
On distingue pour celadeux types de tech-
niques,suivant que l’on souhaite réaliser une
aimantation longitudinale (dans le sens de
lalongueur de lapièce) ou transversale (dans
le sens de salargeur). Laimantation longi-
tudinale est généralement obtenueàpartir
d’unaimant,d’un électro-aimant ou d’un
solénoïde.Ceux-ci induisent un flux magné-
tique qui permet de mettre en évidence les
défauts transversaux.
Pour réaliser une aimantation transversale,
en revanche,on fait directement circuler un
courant électrique de forte intensitéàl’in-
térieur de lapièce. Lecourant génèrealors
unchamp magnétiquecirculaire qui permet
de détecter les défauts longitudinaux.
Cette méthode présente uncertain nombre
de limitations.Sur unbancmagnétoscopique
standard,lapièceà contrôler est en effet reliée
au générateur de courant par de “grandes
longueurs de câbles (jusquà six ou sept
tres). Il y adonc une importantechute
de tension entre le dispositif d’alimentation
et lapièce (précisons que l’on aiciaffaireà
des courants de plusieurs kA). Pour la com-
penser,on utilise une tension d’alimentation
largement surieureà celle que l’on appli-
querait directement aux bornes de lapièce.
Si le contact entre les électrodes et lapièce
est de mauvaise qualité,cette tension est pré-
sente “en bout de ligne”. Il y adonc un
risque non négligeable de provoquer des arcs
électriques,et d’endommager àlafois lapiè-
ce (au niveau des contacts électriques) et
l’installation. De plus,contrairement àl’ai-
mantation longitudinale,où lapièce peut
défiler devant l’aimant ou l’électro-aimant
durant le procédé de magnétisation,lapièce
contrôlée par aimantation transversale doit
rester solidaire du dispositif d’alimentation.
Réduire les risques darcélectrique
Pour supprimer les inconvénients liés aux
câblages,on peut utiliser des techniques d’ai-
mantation transversale par courant induit.
Le passage du courant à travers unconduc-
teur,que l’on introduit au cœur de lapièce
à contrôler,provoque l’apparition d’un flux
magnétiqueàl’intérieur de lapièce. Ce flux,
d’orientation transversale,permet de mettre
en évidence les défauts longitudinaux.La
techniqueafait ses preuves,mais son champ
d’applications reste limitéaux pièces creuses
formant d’elles-mêmes uncircuit électrique
(telles que des pièces de forme circulaire ou
cylindrique).
Un nouveau procédé de contrôle magnéto-
scopique,veloppé et breveté par la socté
françaiseSremTechnologies ,permet de pallier l’en-
semble de ces limitations.Son principe est lui
aussibasé sur une aimantation transversale
par courant induit.Uncircuit inducteur,for-
mé d’une ou de plusieurs spires conductrices,
est parcouru par uncourant alternatif.Celui-
cifait naître un flux magnétique,et donc une
circulation de courant,dans le circuit induit.
La particularité,c’est que le circuit induit est
icicomposé de lapièceà contrôler et d’un
câble de retour,permettant d’assurer la circu-
lation du courant dans lapièce.
Ce montage présente de multiples avantages.
Contrairement àlathode d’induction pré-
cédente,le champ d’applications n’est plus
limitéàdes pièces creuses.Il s’étend à toute
pièce de forme simple ou complexe,du
moment qu’elle est de natureferromagné-
tique. De plus,le circuit induit forme un
ensemble autonome et mobile,ce quifacilite
H
PceferromagnétiqueLignesde champ
Champ de fuite
Traceur magnétique
Défaut
Matériaunon saturé
Matériauàsaturation
Mise en évidence du défaut par
un traceur magnétique
Principe de lamagnétoscopie
Les défauts présents àla surface des pièces (ici,un repli de forge) provoquent une déviation du flux magnétique et l'apparition d'unchamp de
fuite.Pour les mettre en évidence,il suffit d'appliquer un révélateur constitué de particules ferromagnétiques et d'un substrat sensible aux UV...
Ici,lamagnéto-
scopie met en évi-
dence un défaut de
tapure thermique.
le contrôle de pièces en défilement.Enasso-
ciant ce procédé à une technique d’aimantation
longitudinale traditionnelle (par aimant ou
électro-aimant),on peut tecter laprésence de
défauts d’orientation quelconque.
Enfin,le montage permet de réduireforte-
ment le risque d’arcélectrique. Ce résultat
est la combinaison de deux facteurs :la ten-
sion àla sortie du générateur est plus faible
(il n’y apas de câblage,doncpas de chute
de tension à compenser) et la vitesse d’éta-
blissement du courant est plus lente (elle est
beaucoup plus faible dans le cas d’uncourant
induit quavec un passage de courant direct).
Pour s’en convaincre,il suffit d’observer les
schémas électriques équivalents des deux
montages.Sur unbancde magnétoscopie
classique” fonctionnant par passage direct
du courant,l’impédance de sortie du géné-
rateur est de l’ordre de 0,5mΩ .L’inductan-
ceLc et la résistanceRc des câbles sont par
contrebeaucoup plus élevées (typiquement
de l’ordre de 4,6µHet 1,8mΩ ).
Dans le cas d’une aimantation par circuit
induit,en revanche,il n’y apas de câblage
et doncpas de valeurs Rc et Lc àprendre en
compte. Les valeurs d’inductanceLiet de
résistanceRidu circuit induit entrent en jeu,
mais celles-ci sont nettement plus faibles
(typiquement 0,3µHpour Liet 0,05mΩ
pour Ri ) que les inductances et les résistances
du circuit précédent:
Li<Lc
Ri << Rc
L’impédance globale est doncnettement plus
faible que pour le montage avec un passage
direct de courant.Par conséquent,la tension
présenteaux bornes de lapièce en cas de
mauvais contact se trouve minimisée.Et il
en est de même de lapuissance dissipée
dans la zone de contact en cas d’arcélec-
trique(P=U2/R,avec une résistanceR
constante dueau mauvais contact avecles
électrodes).
Pour ce qui est du temps d’établissement
du courant,il dépend du rapport L/R.
Compte tenu des valeurs respectives de L
et Rdans les deux cas de figure,on obser-
ve que la vitesse d’établissement du cou-
rant dans lapièce est jusquà trois fois plus
faible quecelle d’une aimantation tradi-
tionnelle par câbles (et l’on peut la rédui-
re encore en “jouantsur la résistanceRi ).
De nouvelles applications en
champ tournant
La thode mise en œuvre par Srem Tech-
nologiesouvre la voie àdes applications
qu’il n’était pas possible d’envisager avec
les techniques traditionnelles,notamment
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Générateur
Induit
LiRi
LgLe
RgRe
Pce
Pce
Câbles
Schémaélectrique équivalent d’un passage de courant direct
Schémaélectrique équivalent d’un passage de courant induit
Comparaison desdeux montagesPrincipe de lathode
Pceàtester
CircuitInducteur 2
CircuitInducteur 1
Câble de retour
Alimentation
Srem Technologies,en bref
La soctéSrem Technologies , créée en 1952,est l’un
des plus anciens fabricants français de machines
sciales pour le contrôle non destructif. Scialisée
dans les techniques de magnétoscopie et de ressua-
ge,elle peut aussi intégrer dautres technologies de
contrôle (telles que les courants de Foucault ou les
ultrasons) sur des installations polyvalentes.
La socté réalise des études de faisabilité (àlaide de
thodes de simulation nurique),définit des
solutions personnalisées dans la création et lamesu-
re de champ magnétique,et propose une activité de
services (avecdes prestations de contrôle et de
saimantation). Elle dispose pour celadimportants
moyens techniques:générateurs de champ magné-
tique, bobinages sciaux, bancs de mesure, analy-
seurs de champ,etc.
La soctéappartient au groupe Sofranel.Elle
emploie une trentaine de personnes à La Fche (72),
et réalise unchiffre daffaires de 2,5millions deuros.
MLZ
Le pupitreassocàlamachine de
SremTechnologies permet de régler les
différents paratres de l'aimantation
(ladirection du champ,sapuissance,la
position du chariot,etc.).
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dans le domaine de lamagnétoscopie
sans contact par champ tournant.
La thode permet,comme son nom
l’indique,de créer unchamp magné-
tique de direction variable dans le temps,
sans qu’il n’y ait de contact entre la sur-
faceà contrôler et le système magnéti-
sant.Pour cela, on utilise généralement
une chambrecomposée de deux ou trois
bobines créant des champs orthogonaux
entre eux,et proportionnels àl’intensité
du courant qui les traverse. Enalimen-
tant ces bobines avecdes courants alter-
natifs déphasés,on obtient un vecteur de
magnétisation résultant tournant.
La technique est efficace,mais elle pré-
sente deux inconvénients majeurs.Si l’on
sait que lanature tournante du champ
permettrade détecter tout type de défaut,
on peut également être sûr quà un instant
donné,le champ seraperpendiculaireà
la surface de lapièce. A cet instant,il crée
un flux sortant et provoque l’apparition
d’un pôle magnétique,qui se manifeste
par unbruit de fond important.Dans ces
conditions,latection de défauts de peti-
te taille (tels que les défauts de repli sur
les pièces de forge) devient très difficile.
Dautre part,comme toute magnétisation
en circuit ouvert,lamagnétoscopie par
champ tournant génère unchamp déma-
gnétisant qui s’opposeàlapénétration du
flux magnétique suivant laplus petite
dimension de lapièce. Pour certaines pièces
de grande longueur et de petite section,il
peut ainsi être nécessaire d’utiliser un
champ magnétisant de 25à 30kA/m pour
obtenir en réalité unchamp de 3 kA/m
sur lapièce. Cettecontrainte nécessite le
plus souvent d’utiliser de puissants bobi-
nages et de brider lapièce.
Lutilisation d’uncircuit induit composé
de lapièce et du câble de retour permet de
pallier ces inconvénients.Elle permet en
effet d’obtenir une aimantation transver-
sale de lapièce en créant un flux tournant
en circuit fermé (àl’intérieur de lapiè-
ce). Laimantation ne crée pas de pôle
magnétiqueàla surface de lapièce,ce qui
diminue le bruit de fond et améliore la
tection de défauts de petite taille.
De même,il n’y aplus de champ déma-
gnétisant suivant laplus petite dimen-
sion de lapièce. Oncontrôle alors plus
efficacement des pièces longues et de
faibles sections sans qu’il soit cessai-
re de les brider.
Reste un phénomène physiquebien
connu dont on ne pourrajamais saf-
franchir:l’effet de peau,qui veut que
seul unchamp magnétiquecontinu
puisse pénétrer dans toute laprofon-
deur de lamatre. Lechamp induit,et
donc alternatif,utilisé dans lathode
de SremTechnologies ,ne se limite doncquà
la surface de lapièce,autrement dit à
latection de défauts bouchants.
Stéphane Graveleau
Srem Technologies
*Un matériau est dit ferromagnétique s’il présente
un moment magnétique spontané (autrement dit
même en l’absence de champ magnétique). C’est le
cas par exemple du fer,de lafonte,du cobalt,du
nickel,des aciers mous,fors,etc.En revanche,
les aciers à12% de mangase17% de chro-
me,ainsi que l’aluminium,le cuivre,le titane,ou
le plomb, ne sont pas ferromagnétiques.
En reliant lamachine à unconvoyeur,il est possible de réaliser uncontrôle magnétoscopique de pièces en défilement.
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