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L’HISTOIRE
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BIOMÉTRIE
LE CORPS IDENTITÉ
L'anthropométrie, c'est la biométrie d'hier. Différents courants de pensée qui ten-
taient de valider scientifiquement la vieille croyance selon laquelle "le visage est le
miroir de l'âme" se fondaient sur l'anthropométrie pour juger les hommes selon
leur morphologie.
En revanche, la police scientifique inventée vers 1880 par Alphonse Bertillon - res-
ponsable de l'identité judiciaire en France - s'appuyait sur une anthropométrie
strictement quantitative : elle servait à répertorier des suspects interpellés à l'aide
du relevé métrique de leurs caractères anatomiques, non à les juger selon leur
physique.
Mesurer pour juger
En 1775, le pasteur suisse, Jean-Gaspard Lavater, rédige un essai sur la physio-
gnomonie. Il propose d'identifier le caractère d'un individu à partir de l'observa-
tion de la mobilité de son visage.
Quelques années plus tard, le médecin allemand, François-Joseph Gall, s'oppose
à Lavater. Ce n'est plus le visage qu'il faut observer mais le crâne qu'il faut tâter
pour déterminer la personnalité d'un individu. En effet, ce crâne serait, selon lui,
modelé par la forme du cerveau en fonction de la personnalité. La fameuse
“bosse des maths” est née. C'est la phrénologie.
Dans la même lignée, le médecin italien, Cesare Lombroso, propose en 1885 sa
théorie du criminel-né. Selon lui, le crime est le fait d'individus constitutionnelle-
ment voués à cela, que l'on peut repérer par des stigmates physiques ou mor-
phologiques dont il suffit d'établir l'inventaire. Dès lors, des millions d'observa-
tions chiffrées seront recueillies sur les criminels dans toute l'Europe.
Par exemple, le poids du cerveau des honnêtes gens oscillerait de 1475 à 1550g
,
alors que chez les criminels, il serait de 1455g. Contre exemple consternant pour
les scientifiques : le cerveau de Léon Gambetta ne pèse que 1160g.
De telles théories ne sont pas si loin de nous. Elles ont conduit à des dérives
racistes comme le nazisme.
Plus récemment, en 1965, la généticienne écossaise Patricia Jacobs annonçait
la découverte d'un "chromosome surnuméraire Y" plus présent chez les crimi-
nels et les déficients mentaux. Cette théorie non fondée scientifiquement a été
abandonnée en 1975.
L'anthropométrie