OBSCAN Impacts - n°4

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Dossier Impacts, N°4, mars 2012
EVOLUTION DE LA TEMPERATURE
DES LACS ALPINS
BILAN 2010/2011
Nous observons depuis le début des années 80 un fort réchauffement des températures de l’air (voir
bilan climatique n°12) qui se transmet aux températures de l’eau des lacs alpins.
Afin de mieux comprendre ce phénomène, l’Observatoire suit des indicateurs de l’évolution des
températures des lacs via les mesures effectuées au centre du lac du Bourget, du lac Léman et du Lac
d’Aiguebelette par les agents au service de la base de données SOERE-INRA. Ces indicateurs
montrent que la température moyenne de l’eau mesurée sous la surface vers 2m de profondeur
dans les grands lacs alpins a augmenté depuis les années 70 de plus d’un degré, en relation avec
le réchauffement climatique.
LAC DU BOURGET
La température de surface a atteint 14.6°C en 2011, soit la valeur équivalente du record de 2003, après
une année 2010 très fraîche.
Fig.1 : Evolution de la température moyenne annuelle de l’eau du lac du Bourget mesurée à 2m de
profondeur entre 1984 et 2011
MDP73 ; Base de données SOERE-INRA de Thonon-les-Bains, Données CISALB-INRA, CALB
Ligne noire : tendance linéaire.
Sur le long terme, l’eau s’est réchauffée de plus de +1.1°C depuis 1984.
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Fig.2 : Evolution de la température moyenne annuelle de l’eau du lac du Bourget mesurée à 2m de
profondeur (trait bleu) comparée à celles de la température de l’air mesurée à Voglans (aéroport de
Chambéry-Aix, trait rouge), entre 1984 et 2011.
MDP73 ; Base de données SOERE-INRA de Thonon-les-Bains, Données CISALB-INRA, CALB ; Météo-France
Ligne noire : tendance linéaire.
La correspondance entre les températures de l’air et de l’eau est très bonne, ce qui démontre que le
réchauffement de l’air sur le long terme entraîne un réchauffement de l’eau des lacs.
Nous avons constaté que la durée des épisodes de fortes chaleurs impacte énormément la moyenne
annuelle de la température de l’eau, car les lacs stockent cette chaleur tant que l’air reste chaud, avec
un décalage d’un mois environ.
L’exemple en 2011 est frappant, voir fig. 3 : l’eau est restée « froide » en août à cause du mauvais
temps de juillet. La chaleur de l’air en août (qui fut le 5e mois d’août le plus chaud depuis 1950) s’est
alors répercutée en septembre au niveau de l’eau : c’est pourquoi les lacs ont été bien plus chauds en
automne 2011 qu’en automne 2006, malgré des températures moyennes de l’air légèrement
supérieures en 2006.
Evolutions saisonnières :
Comme pour l’air, c’est bien le printemps qui enregistre la plus forte croissance de la température de
l’eau du lac du Bourget, avec ici un gain de +2°C pour cette saison.
En 2011, trois saisons remarquables : le printemps (équivalent à celui de 2007) et l’automne les plus
chauds depuis 1984, et l’hiver 2010/2011 l’un des plus froids.
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Fig.3 : Evolution des températures moyennes saisonnières de l’eau du lac du Bourget mesurée à 2m de
profondeur entre 1984 et 2011.
MDP7 ; Base de données SOERE-INRA de Thonon-les-Bains, Données CISALB-INRA, CALB
Ligne noire : tendance linéaire.
Côté impacts, les hivers doux qui empêchent le retournement des masses d’eau des lacs et les longues
périodes de fortes chaleurs constituent les risques les plus importants pour la faune et la flore, comme
expliqué dans le livre blanc du climat en Savoie ou la note Impact n°1 de l’Observatoire.
LAC LEMAN
L’INRA mesure aussi les températures du Lac Léman à différentes profondeurs depuis les années 70.
Les tendances obtenues sont très proches de celle du lac du Bourget : une augmentation identique de la
température de l’eau depuis 1984 (+1.1°C) à 2.5m, et en remontant dans la série, de +1.2°C depuis
1981. Une autre série à 5m donne +1.6°C depuis 1970... Les augmentations saisonnières sont tout
aussi identiques, avec un très fort réchauffement au printemps.
Nous avons choisi de vous présenter la série mesurée à 2.5m depuis 1981 (profondeur de mesure
proche des autre lacs). L’année 2011 donne une moyenne de 13.3°C, ce qui n’en fait pas l’année la
plus chaude.
On constate quelques différences dans la répartition des moyennes annuelles les plus chaudes/froides
entre le lac Léman et le lac du Bourget : le lac Léman, d’origine glaciaire, très profond et très large,
alimenté par un fleuve puissant, ne réagit pas de la même manière aux variations de températures que
le lac du Bourget. Toutefois, les canicules estivales qui suivent des printemps chauds (2003, 2009…),
provoquent les mêmes effets.
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Fig.4 : Evolution de la température moyenne annuelle de l’eau du lac Léman mesurée à 2.5m de
profondeur entre 1981 et 2011
MDP73 ; Base de données SOERE-INRA de Thonon-les-Bains, Données INRA - CIPEL issues de la base de
données INRA CARRTEL de Thonon.
Ligne noire : tendance linéaire.
LAC D’AIGUEBELETTE
Fig.5 : Evolution de la température moyenne annuelle de l’eau du lac d’Aiguebelette
mesurée à 2m de profondeur entre 1989 et 2011
MDP73 ; Base de données SOERE-INRA de Thonon-les-Bains, Données CISALB-INRA, CALB
Ligne noire : tendance linéaire.
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L’année 2011 est la plus chaude dans le lac d’Aiguebelette depuis 1989, devant 2003, avec une
moyenne annuelle de 14.9°C. Bien que la série ne commence qu’en 1989 et n’intègre pas la brusque
montée des températures de la fin des années 80, la tendance au réchauffement sur la période est la
même que celle du lac du Bourget, et peut donc s’extrapoler sur le plus long terme.
COMPARAISON ENTRE LES LACS :
Afin de comparer les températures de ces lacs, nous avons calculé en fonction des données
disponibles, les températures moyennes de juillet et août d’un été très chaud (2009) et très froid
(1996), ainsi que la date et la valeur de la température la plus forte jamais mesurée.
Attention, les profondeurs de mesure ne sont pas identiques, et si cela n’entraîne qu’une différence
minime entre les résultats, il est possible de rajouter quelques dixièmes aux moyennes du lac Léman et
surtout du lac d’Annecy.
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