LA NON-COMMUNICATION ENTRE LA MÉDECINE GÉNÉRALE
ET LE SECTEUR DE SANTÉ MENTALE
contrés prescrivent des psycho-
tropes, et ceci dès la première
consultation, pour des symptômes
caractérisant un état dépressif. La
prescription d’hypnotiques, d’antidé-
presseurs ou d’anxiolytiques ne pose
pas de problème pour la majorité
d’entre eux. En revanche, les neuro-
leptiques sont peu prescrits, par peur
de leur maniement ; c’est pourtant le
traitement le plus adapté aux situa-
tions d’urgence, situations auxquelles
ils s’avouent régulièrement confron-
tés pour plus des 2/3 d’entre eux.
Lorsqu’ils prennent en charge eux-
mêmes la maladie mentale, les géné-
ralistes privilégient le dialogue, puis
les traitements médicamenteux, ou
encore d’autres techniques, englo-
bant la relaxation, la sophrologie...
Mais les médecins, pour la plupart,
doivent parfois confier certains de leurs
patients aux professionnels de santé
mentale. En effet, 21 médecins sur les
23 interrogés affirment avoir déjà orien-
té un patient souffrant de problèmes
psychiatriques ou psychologiques, que
ce soit un enfant, un adolescent, un
adulte ou une personne âgée. Plus des
deux tiers d’entre eux ont rencontré des
difficultés dans cette prise en charge.
En fait, cette orientation passe souvent
par un établissement hospitalier non
psychiatrique, car les médecins ne se
sentent pas soutenus par les profes-
sionnels du secteur psychiatrique.
Nombre d’entre eux ont dû intervenir
dans des situations qu’ils jugeaient dif-
ficiles. Or, lors de situations présentant
un caractère de danger pour le patient
lui-même, pour autrui ou pour l’ordre
public, un médecin sur deux déclare ne
pas obtenir l’aide qu’il attend des pro-
fessionnels. Par ailleurs, plus des deux
tiers d’entre eux affirment avoir, en
général, des difficultés à contacter ces
mêmes professionnels. Parallèlement,
seul un médecin sur trois dit avoir été
contacté par le milieu psychiatrique. Ils
ont en majorité l’impression que les
patients adressés ne leur sont pas ren-
voyés, et que les prises en charge se
font sans eux.
Discussion
Quelques limites sur cette enquête
peuvent être soulignées. Il est vrai
que l’effectif des médecins interrogés
est relativement faible et que le choix
des villes dont il est issu est arbitrai-
re ; cependant il reflète l’opinion de
tous les médecins de trois villes de
taille moyenne et petite.
Le questionnaire comporte de nom-
breuses questions ouvertes, donc dif-
ficiles à analyser et dépendant de la
personnalité des enquêteurs, qui, en
l’occurrence, étaient au nombre de 6,
ce qui peut paraître excessif pour
23 personnes interrogées. Cepen-
dant, le choix de ce type de questions
entraîne une plus grande richesse
dans les réponses et permet aussi
l’instauration d’un dialogue entre l’en-
quêteur et l’enquêté. Ce dialogue
nous a semblé intéressant, considéré
comme les premiers pas d’une future
collaboration.
Cependant, ces limites méthodolo-
giques ne doivent pas minimiser les
conclusions de l’étude ; bien qu’il y ait
peu de publications sur ce sujet, il
s’agit plutôt d’enquêtes locales réali-
sées dans le cadre de thèses ou de
mémoires, dont les conclusions rejoi-
gnent tout à fait celles de cette
enquête : l’amélioration de la commu-
nication entre les médecins généra-
listes et les équipes psychiatriques
est indispensable pour une meilleure
prise en charge des patients.
De cette étude émergent trois
constats majeurs : tout d’abord, la
conscience du généraliste de la gran-
de fréquence des troubles de santé
mentale dans sa clientèle ainsi que du
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