curriculum vitæ - Fondation Emile Chanoux

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CURRICULUM VITAE – Davide Gallo Lassere
Né le 27 mars 1985
Domicilié au 5, passage Courtois, 75011 Paris
[email protected]
0033 65 22 89 663
Docteur qualifié en philosophie et membre du laboratoire Sophiapol de l’Université Paris Ouest La
Défense.
Domaines de recherche et d’enseignement :
Philosophie sociale, politique et de l’histoire ; théories critiques, marxismes ; théorie sociale,
sociologie critique, épistémologie des sciences sociales ; théories du capitalisme et de la modernité ;
processus d’intégration de l’Union européenne ; expérimentations alter-économiques, mouvements
sociaux.
Cursus :
- 2012-2015 : Doctorat, Université Paris Ouest/Université de Turin, thèse sur « Argent et capitalisme.
De Marx aux monnaies du commun », mention « Très honorable, avec félicitations à l’unanimité du
jury » ;
- 2011 : Recherches indépendantes, publication d’articles et traductions ;
- 2008-2010 : Master I et II en Philosophie et Histoire des Idées, Université de Turin/Université
d’Heidelberg, mémoire de philosophie de l’histoire sur « Capitalisme et matériel humain.
L’interprétation de la modernité dans l’œuvre de Georg Simmel », mention 110/110 cum laude ;
- 2004-2008 : Licence en Philosophie, Université de Turin, mémoire de théorie critique sur « Adorno
et la dialectique : métacritique de l’identité et de la totalité », mention 110/110 ;
- 2004 : Baccalauréat scientifique bilingue italo-français, mention 78/100.
Bourses :
- 2016 : Titulaire d’une bourse de post-doctorat de l’Accademia Nazionale dei Lincei, Théories
économiques, Philosophies politiques, projet de recherche sur « Ruse de la raison intégratrice et
carences institutionnelles. Sur la crise monétaire et politique de l’Union européenne » ;
- 2015 : Titulaire d’une bourse de doctorat de l’Assessorat aux activités productives, énergie et
politiques du travail de la Région autonome Vallée d’Aoste, Université Paris Ouest/Université de
Turin ;
- 2014 : Titulaire d’une bourse de doctorat de la Fondation Einaudi, Etudes de politique et d’économie,
Université Paris Ouest/Université de Turin ;
- 2012-2013 : Titulaire d’une bourse de doctorat du Fond Social Européen, Insertion sociale et lutte
contre la pauvreté, Université Paris Ouest/Université de Turin.
Ouvrages :
- Publication de la première partie de la thèse auprès des éditions Presses Universitaires de Nanterre,
collection « Philosophie et sciences sociales ». Titre prévu : « Argent et transition. Marx, Simmel et
Keynes ». A rendre pour le 30 août 2016 ;
- Publication de la troisième partie de la thèse auprès des éditions La Découverte, collection
« L’horizon des possibles ». Titre prévu : « Les usages alternatifs de l’argent : revenu de base et
monnaies complémentaires ». A rendre pour le printemps 2017.
Articles :
- « Die Herausforderung der Moderne», dans Simmel Studies, à paraitre 2016.
- « Les usages engagés de l’argent », avec Martin Jochum, dans Terrains/Théories, 1/2015, n° 1, à la
page http://teth.revues.org/406 ;
- « A Cross-section of Europe », dans Stvar. Journal for Theoretical Practices, 1/2014, n° 6, pp. 210219 ;
- « Un bilan du Congrès Re-Thinking Marx de Berlin (20-22 mai 2011) », avec Diego Dametto, dans
ActuelMarx, 2/2012, n° 52, pp. 211-216 ;
-
«
Denaro,
felicità
ed
emancipazione
»,
janvier
2012,
à
la
page
http://www.alfabeta2.it/2012/01/19/denaro-felicita-ed-emancipazione/.
Chapitres d’ouvrages collectifs :
- « Pour une théorie des monnaies du commun », dans Penser l’émancipation (sous la direction de),
Les outils de la transition, La dispute, Paris, à paraitre 2016 ;
- « Des monnaies de puissances aux monnaies du commun », dans S. Haber (sous la direction de), Le
capitalisme des philosophes, Presses Universitaires de Nanterre, 2016, pp. 109-118 ;
- « L’ambiguità del denaro », dans E. Donaggio (a cura di), C’è ben altro, Mimesis, Milano 2014, pp.
31-45 ;
- « Bene comune e statuto della critica », dans D. Fusaro, L. Grecchi (a cura di), Bene comune, Petite
Plaisance, Pistoia, 2011, pp. 73-93.
Recensions :
- « L’éphémère miracle argentin », recension de H. Saiag, Monnaies locales et économie populaire
en Argentine, dans La vie des idées, à paraitre, 2016 ;
- « Il punto di vista precario », recension de Piccola enciclopedia precaria de C. Morini, P. Vigna, à
la page http://www.commonware.org/index.php/gallery/571-punto-di-vista-precario ;
- « La realtà del politicamente impossibile », recension de Effimera (a cura di), La crisi messa a
valore, dans Il manifesto du 19/03/102015 ;
- « Oltre la statistica della miseria e la miseria della statistica », recension de Le Capital au XXIème
siècle de T. Piketty dans L’indice dei libri del mese, 2015/1, p. 16 ;
- « Pour une théorie de la monnaie et de la finance. L’apport de Massimo Amato et Luca Fantacci »,
dans Terrains/Théories, 1/2015, n° 1, à la page http://teth.revues.org/441 ;
-
recension
de
A
proposito
di
Marx&Keynes,
de
P.
Dacrema,
à
la
page
http://quaderni.sanprecario.info/2014/06/a-proposito-di-marx-keynes-un-romanzo-economico-didavide-gallo-lassere/ ;
- « Dal neoliberalismo al comune », recension de La nouvelle raison du monde ; Marx, prénom: Karl ;
Commun de P. Dardot, C. Laval, dans L’indice dei libri del mese, 2014/4, p. 18 ;
- recension de La brutalité financière et de Le socialisme du capital, de C. Marazzi, dans Actuel/Marx,
n° 55, 01/2014 ;
- « La dirompenza del denaro », recension de L. Gallino, Finanzcapitalismo, dans La società degli
individui, n. 42, 2011/3, pp. 171-173 ;
- « Il (corto)circuito del capitale », recension de D. Harvey, The Enigma of Capital, dans L’indice dei
libri del mese, 2011/12, p. 16.
Entretiens :
- en collaboration de Carlotta Benvegnù et Simona de Simoni, « Speciale Francia. Geneaologie di
una frattura sociale », entretiens avec Stéphane Beaud, Alain Bertho, Said Bouamama, Rada Ivékovic
et Mathieu Rigouste, à la page http://effimera.org/speciale-francia-cinque-interviste-sul-presente-disimona-de-simoni-davide-gallo-lassere-carlotta/ (à paraitre sur Vacarme) ;
- « Le bras de fer avec l’Union Européenne. Mouvements sociaux et politique en Grèce », entretien
avec Alexis Cukier, à la page http://www.commonware.org/index.php/cartografia/555-le-bras-de-feravec-union-europeenne ;
- « Crisi finaziaria e capitalismo cognitivo », entretien avec Yann Moulier-Boutang, dans Il manifesto
du 09/12/2013 ;
- « Neoliberismo a-democratico », entretien avec Christian Laval, dans Alfabeta2, n. 19 2012/5, p.
25.
Traductions :
- La vie mise au travail. Nouvelles formes du capitalisme cognitif, avec Christophe Degoutin,
d’Andrea Fumagalli, Eterotopia France, Paris, 2015 ;
- Plus de vingt articles de l’italien au français et du français à l’italien de nombreux auteurs (Alain
Badiou, Stéphane Beaud, Alain Bertho, Pierre Bourdieu, Pierre Dardot, Enrico Donaggio, Carlo
Formenti, Rada Ivékovic, Bruno Karsenti, Razmig Keucheyan, Stéphane Haber, Christian Marazzi,
François Maspero, Christian Laval, Frédéric Lordon, Miguel Mellino, Emmanuel Renault, Joan Scott,
Mario Tronti, Philippe Van Parijs, Carlo Vercellone, Loïc Wacquant) dans différentes revues
scientifiques et blogs d’actualité.
Direction d’ouvrage :
- Les enjeux théoriques et politiques du revenu social garanti, avec Laurent Baronian, en cours
d’évaluation auprès des éditions Les petits matins.
Direction dossiers thématiques sur la revue Alfabeta2 :
- « Philosophie et sciences sociales en France », avec textes de Stéphane Haber, Bruno Karsenti,
Frédéric Lordon et Emmanuel Renault ;
- « L’écologie politique dans les sciences sociales », avec textes de Marino Badiale, Paul Guillibert,
Stéphane Haber et Andrea Inglese ;
- « Sur le revenu de base garanti », avec textes d’Andrea Fumagalli, Cristina Morini, Philippe Van
Parijs et Carlo Vercellone.
Direction collection :
- « A-présent » auprès des éditions Eterotopia France, avec Laurent Baronian et Paul Guillibert.
L’objectif de cette collection, qui débutera en printemps 2017, est de publier quatre à six
monographies par an, chacune de 300.000 signes maximum, qui portent sur des problématiques
théorico-politiques d’actualité. Chaque volume rassemblera trois approches ou points de vue
différents, afin d’offrir, à un public spécialisé ou non, une cartographie des principales contributions
théoriques du sujet en question. La formule projetée reste naturellement ouverte et s’adaptera aux
exigences propres aux thématiques traitées ou aux auteurs sollicités.
Les premiers ouvrages auxquels nous sommes en train de travailler concernent :
- Politiques migratoires et Union européenne, avec Sonja Buckel, Marcel van der Linden et Sandro
Mezzadra ;
- Les problématiques sécuritaires, avec Didier Bigo, George Rigakos et Jean-Claude Serfati ;
- Le débat sur commun(s)/bien(s) commun(s), avec Benjamin Coriat, Christian Laval et Carlo
Vercellone.
Enseignements :
- 2011-2015 : séances du cours de « Philosophie de l’histoire » (Licence, Master I et Master II) du
Professeur Enrico Donaggio de l’Université de Turin, en particulier sur Hegel, Marx, Nietzsche,
Adorno et Benjamin.
- 2004-2006 : cours de divulgation de « Théorie critique » (Lukacs, Bloch, Horkheimer, Adorno,
Benjamin, Marcuse et Fromm) à L’espace populaire d’Aoste, avec Jean-Claude Lévêque et Pierluigi
Vuillermin ;
Organisation colloques :
- « Le monete complementari : una panoramica europea », Bibliothèque régionale d’Aoste, 18
décembre 2015, avec la Fondation Emile Chanoux ;
- « Troisième colloque italo-français de théorie-critique », Université de Turin, 5-6 juin 2014, avec
Dario Consoli et Enrico Donaggio ;
- « Les enjeux théoriques et politiques du revenu garanti », Université Paris Ouest/Institut d’Hautes
Etudes d’Amérique latine, 10-11 avril 2014 avec Laurent Baronian.
Organisation journées d’études :
- « Autour de Ouvriers et capital », Université Paris Ouest, 11 juin 2016, avec Vincent Chanson et
Frédéric Monferrand.
Organisation séminaires :
- « L’actualité de l’accumulation primitive », ENS Paris/Université Paris Ouest, octobre 2014 - juin
2015, avec Laurent Baronian et Alexandre Féron.
Organisation présentations de livres :
- « La vie mise au travail » d’Andrea Fumagalli, Université Panthéon la Sorbonne, 10 avril 2015,
avec Patrick Cingolani et Carlo Vercellone ;
- « La nouvelle raison du monde » de Pierre Dardot et Christian Laval, Université de Bologne, 3-4
juin 2014, avec Federico Chicchi et Gigi Roggiero ;
- « La brutalité financière » et « Le socialisme du capital » de Christian Marazzi, Université Panthéon
la Sorbonne, 27 septembre 2013, avec Massimo Amato, Yann Moulier-Butang et Carlo Vercellone.
Communications :
- 21 octobre 2016, Université de Bologne, « Logiques de l’exploitation et formes contemporaines du
travail » ;
- 30 aout 2016, Université Aix-en-Provence, « Economie politique de la promesse et travail gratuit » ;
- 6 juillet 2016, Université Paris Diderot, « Généalogies du revenu social garanti » ;
- 16 juin 2016, Union culturelle Franco Antonicelli, « Mutualisme, coopérativisme et monnaies
complémentaires : de la modernité à aujourd’hui » ;
- 30 avril 2016, Université de la Vallée d’Aoste, « Monnaies complémentaires et monnaies
régionales » ;
- 26 mars 2016, ENS Lyon, « L’argent comme rapport social. Marx et la production de subjectivité » ;
- 15 février 2016, Université Paris Ouest, « L’utopie monétaire et ses limites », avec Laurent Baronian
et Martin Jochum ;
- 13 janvier 2016, Lycée Louis-le-Grand Paris, « Eléments pour une philosophie économique
critique » ;
- 18 décembre 2015, Bibliothèque régionale d’Aoste, « Expérimentations monétaires et renforcement
du tissu socioéconomique » ;
- 18 novembre 2015, Université Panthéon la Sorbonne, « Transformation sociale, monnaie,
commun » ;
- 29 octobre 2015, Université de Turin, « Soggettività e beni comuni » ;
- 11 décembre 2014, Université Pairs Ouest, « A propos de La nouvelle école capitaliste », avec
Frédéric Monferrand ;
- 20 février 2014, Université Pairs Ouest, « Pour une théorie des monnaies du commun » ;
- 29 septembre 2013, Université de Turin, « Tra critica immanente e possibilità concrete » ;
- 14 juin 2013, Université Saint Denis, « Entre monnaies de puissance et monnaies du commun » ;
- 30 janvier 2013, Université Paris Ouest, « Multidisciplinarité de la critique ou critique
multidisciplinaire » ;
- 24 octobre 2012, Université de Turin, « L’ambiguità del denaro » ;
- 10 décembre 2011, Université de Turin, « Denaro, felicità ed emancipazione ».
Autres activités et compétences :
- Membre du Conseil d’Administration de la Fondation Emile Chanoux, Institut d’Etudes fédéralistes
et régionalistes.
- Responsable du groupe de travail sur la monnaie complémentaire valdotaine, dont les activités
déboucheront entre décembre 2016 et février 2017 sur un dessin de loi régionale proposant
l’institution d’une monnaie complémentaire régionale.
- Rédacteur des blogs Commonware et Effimera et de la revue Alfabeta2.
- Collaborateur régulier des éditions Eterotopia France.
- Conseiller de traductions pour les éditions Feltrinelli et les éditions Mimesis.
- Italien et patois Franco-provençal : langues maternelles.
- Allemand, Anglais, Français : lu, écrit, parlé.
- Espagnol et Portugais : lu.
- Bonne maitrise de Microsoft Office™.
Présentation des activités en matière d’enseignement, de recherche, d’administration et autres
responsabilités collectives.
Ma candidature pour le poste n° 4310 de maître de conférences en philosophie, profil « Théories
critiques en philosophie moderne et contemporaine », s’appuie sur une expérience de recherche,
d’enseignement et de participation à des responsabilités et activités scientifiques depuis mon
inscription en cotutelle de thèse entre l’Université Paris Ouest La Défense (École Doctorale 139 /
Laboratoire Sophiapol) et l’Università degli Studi di Torino (Filosofia morale e teoretica). La thèse,
à forte empreinte interdisciplinaire et intitulée « Argent et capitalisme. De Marx aux monnaies du
commun », a été codirigée par M. Stéphane Haber et M. Enrico Donaggio et a reçu la mention de
« Très honorable, avec félicitations à l’unanimité du jury ». Pour la rédaction de la thèse j’ai pu
bénéficier d’une bourse biennale de la part du Fond Social Européen, entre 2012 et 2013, destinée à
des travaux portant sur « Insertion sociale et lutte contre la pauvreté » ; pendant l’année 2014 j’ai
obtenu une bourse de la Fondazione Einaudi, pour les « Etudes de politique et d’économie » ; tandis
que pour l’année 2015 c’est l’Assessorat aux activités productives, à l’énergie et aux politiques du
travail de la Région autonome Vallée d’Aoste qui a financé mes recherches. Puisque ces trois
différentes bourses m’empêchaient de jure de cumuler d’autres sources de revenu, je n’ai pas pu
assurer de cours dans des établissements français de manière régulière. Toutefois, j’ai pu dispenser
pendant deux ans, entre 2004 et 2006, des enseignements de théorie critique auprès du centre culturel
L’espace populaire d’Aoste (avec Jean-Claude Lévêque et Pierluigi Vuillermin), et j’ai pu assurer
plusieurs séances entre 2011 et 2015 du cours de « Philosophie de l’histoire » (Licence, Master I et
Master II) du Professeur Enrico Donaggio de l’Université de Turin, en approfondissant des auteurs
classiques de l’histoire de la pensée moderne et contemporaine, de Hegel à l’École de Francfort.
En lien avec mes travaux de recherche, durant ces quatre années d’inscription en doctorat et pendant
mon actuel post-doctorat auprès de l’Accademia Nazionale dei Lincei, j’ai organisé trois
présentations de livres, trois colloques, une journée d’études et un séminaire dans le cadre des
activités de mon laboratoire, et publié des textes, articles, chapitres d’ouvrages collectifs et
traductions dans des livres et revues, papier ou en ligne, en français, italien, anglais, allemand,
brésilien et serbe.
Je caractériserais mon parcours de la manière suivante. Pendant mes années d’Université, j’ai
longuement étudié les classiques de la pensée et de la théorie sociale (Marx, Nietzsche, les
« fondateurs » de la sociologie allemande et française, l’École de Francfort), en abordant la question
de la généalogie de la modernité sous plusieurs points de vue. Tout d’abord, à travers l’École de
Francfort – notamment l’œuvre d’Adorno, Horkheimer et Benjamin – je me suis intéressé à la
dialectique de la raison et à la critique des philosophies de l’histoire présentes dans la culture
allemande classique : déconstruction des conceptions stadiologiques et évolutionnistes de l’histoire,
critique des visions historicistes et téléologiques des affaires humains, crise de l’idée de progrès, etc.
Ensuite, à travers les soi-disant pères de la sociologie allemande (Weber, Simmel, Tönnies, Sombart),
je me suis focalisé sur les phases primitives du capitalisme et sur la transition des sociétés féodales,
soit en ce qui concerne les rapports socioéconomiques, soit pour ce qui est de l’univers symbolique
et culturel. Plus tard, à travers une lecture croisée du chapitre XXIV du livre I du Capital sur la dite
accumulation initiale et de la Généalogie de la morale de Nietzsche, je me suis concentré sur le
dressage des corps et des esprits humains afin d’explorer la problématique de la production de
subjectivités. C’est ainsi que je me suis de plus en plus approché des thèmes de la théorie du
capitalisme et de la transformation sociale, pour arriver enfin à dédier mes recherches à l’argent et
aux phénomènes monétaires. Si, dans un premier moment, l’École de Francfort (en particulier Adorno)
m’a fourni l’attirail conceptuel à même de conjuguer le legs théorique de Marx, de Nietzsche et de
Weber, je me suis ensuite consacré à l’œuvre de Simmel afin de mettre au point une théorie
généalogique de la modernité ciblée sur les transformations urbaines (l’avènement de la métropole)
et anthropologiques (la diffusion de l’individualisme) qui distinguent l’époque contemporaine. J’ai
donc commencé à étudier les phénomènes monétaires dans leur complexité de « faits sociaux totaux »,
l’argent et la monnaie jouant un rôle déterminant tant dans le développement de la différenciation
sociale que dans la propagation d’un imaginaire affranchi des valeurs traditionnelles.
Ce premier moment de mes activités de recherche trouve un point d’élaboration dans l’article « Die
Herausforderung der Moderne. Überleben angesichts der monetären Formalisierung der
Beziehungen », qui sortira dans le prochain numéro des Simmel Studies (comme peut l’attester son
directeur, M. Otthein Rammstedt : [email protected]) et dans les deux premiers
chapitres de ma thèse, respectivement intitulés La domination de l’argent. La critique de Karl Marx
et Ambiguïté et liberté négative. Pour une métacritique de Simmel. Ces deux chapitres seront repris
et réarticulés ensemble au troisième chapitre de la thèse – Dépasser l’économique en gouvernant la
monnaie. Keynes contre Keynes – pour la publication d’une monographie auprès des Presses
Universitaires de Nanterre, dans la collection du laboratoire Sophiapol « Philosophie et sciences
sociales » (le titre prévu est « Argent et transition. Marx, Simmel et Keynes » ; le livre est à rendre
pour le 30 août 2016, comme peuvent l’attester M. Stéphane Haber et M. Christian Laval). Ce premier
moment de mes activités de recherche a aussi donné lieu à l’organisation du « Troisième colloque
italo-français de théorie-critique », qui s’est tenu à l’Université de Turin, le 5-6 juin 2014, et à
l’organisation du séminaire sur « L’actualité de l’accumulation primitive », qui s’est tenu d’octobre
2014 à juin 2015 à l’ENS de Paris (où la question de la dite accumulation initiale n’a pas seulement
été abordée du point de vue de Marx, mais aussi à partir des débats contemporains déclenchés au sein
du féminisme, de l’écologie politique, des théories dé-coloniales et postcoloniales, des théories de la
financiarisation, etc.). Et il a enfin donné lieu à ma participation active en tant qu’intervenant lors de
plusieurs colloques, journées d’études et séminaires.
Avec le durcissement de la crise de 2008, j’ai progressivement intégré dans mes analyses la sociologie
économique et l’économie politique pour articuler une théorie de la phase actuelle du capitalisme.
L’œuvre de Keynes et la production théorique de la soi-disant « École de la régulation » m’ont alors
permis d’élaborer une conception philosophique de la singularité historique et sociogéographique
des différents capitalismes, tout en reconnaissant l’importance cruciale que l’accumulation incessante
d’argent revêt dans chaque société capitaliste. L’enjeu de fond de mes recherches, qui se cristallise
dans la thèse de doctorat, consiste ainsi dans la mise en lumière de la liaison entre monnaie,
transformation sociale et capitalisme. J’ai étudié ces différents rapports tant dans la transition des
sociétés féodales aux sociétés capitalistes, que dans les différents passages de phase d’un régime
d’accumulation et d’un mode de régulation à un autre tout au long de l’époque moderne et
contemporaine, et enfin, en relation à des formes d’organisation socioéconomique post-capitalistes.
Si, d’un côté, cela m’a amené à articuler un cadre théorique adapté à l’élaboration d’un diagnostic
critique de notre époque (mondialisation, financiarisation, processus d’intégration de l’Union
européenne), de l’autre je suis aussi venu à investir le champ des expérimentations alter-économiques
(associationnisme, coopérativisme, mutualisme, économie sociale et solidaire, économie du partage
etc.) afin de mettre en lumière les processus de subjectivation, la « projectualité » sociétale et les
potentialités sociopolitiques inhérentes aux usages alternatifs de l’argent. A cet égard, je consacre à
l’heure actuelle beaucoup d’attention au revenu social garanti et aux monnaies complémentaires
(locales, urbaines, numériques), c’est-à-dire à deux pratiques monétaires porteuses d’une pluralité
d’instances d’émancipation qui occupent une position de plus en plus centrale dans les débats et les
pratiques des mouvements sociaux et des citoyens (précarité des conditions de vie, nouvelles formes
du travail, crise de la représentation, etc.).
Ce deuxième moment de mes activités de recherche trouve un point d’élaboration dans la deuxième
et la troisième parties de la thèse – qui sera publiée par les éditions La Découverte dans la collection
« L’horizon des possibles » (le titre prévu est « Les usages alternatifs de l’argent : revenu de base et
monnaies complémentaires » ; le livre est à rendre pour le printemps 2017, comme peuvent l’attester
M. Laurent Jeanpierre et M. Christian Laval) –, dans la publication de nombreux articles et chapitres
d’ouvrages collectifs, dans l’organisation et la participation à plusieurs colloques, journées d’études
et séminaires et dans mon intense activité de traduction.
L’objectif principal de mes prochaines années de recherche consiste à approfondir davantage les
éléments de fond des activités conduites jusqu’à présent, qui pivotent notamment autour de trois axes :
l’histoire des théories critiques en philosophie sociale et politique, la critique du présent du
capitalisme, l’exploration de la pluralité d’expérimentations à l’œuvre partout dans le monde qui
tentent de se soustraire aux logiques de domination et aux formes de contraintes aujourd’hui
existantes.
Pour ce qui est du premier axe, je prolongerai l’étude des grands auteurs de la pensée critique
occidentale (Marx, Nietzsche, Freud, l’École de Francfort, mais aussi Simmel et, à beaucoup d’égards,
Keynes) sous l’angle des traditions qui ont certes joué un rôle dans ma formation (étant d’une manière
ou d’une autre présentes dans ma thèse), mais que je n’ai pas encore dûment intégrées dans ma
démarche : le féminisme, l’écologie politique, l’antiracisme et les théories de la dite Global History.
Cela me permettra de renforcer l’approche théorique nécessaire pour affronter les deux autres axes
de recherche et de l’ancrer dans l’histoire de la pensée sociale et philosophique.
En ce qui concerne le deuxième axe, il s’agit d’insister sur la dimension globale et irréductiblement
transnationale du présent du capitalisme, sur l’hétérogénéité de ses espaces, la multiplicité des figures
mises au travail et inclues de façon différentielle dans ses rapports de reproduction et sur la variété
des dispositifs de domination et des formes d’exploitation qui opèrent sur la scène actuelle. Cela
m’amènera à reprendre les analyses développées dans les chapitres qui composent la deuxième partie
de la thèse (le quatrième, Devenir monde de l’argent, devenir argent du monde. Trois aperçus sur la
financiarisation actuelle du capitalisme, le cinquième, Sur la financiarisation de la vie quotidienne.
Entre liberté sociopolitique et contrainte systémique, et le sixième, L’euro comme levier de
(dés)intégration. Sur la fausse dépolitisation de la monnaie unique) afin de réfléchir, d’un côté, autour
de l’articulation entre les singularités des régimes sociétaux d’aujourd’hui et, de l’autre, autour de la
crise permanente dans laquelle ils se coincent toujours plus.
Quant au troisième axe, au niveau mondial nous nous trouvons de plus en plus face à une multiplicité
de pratiques qui manifestent une portée utopique en mettant en avant les dimensions de la convivialité,
du don, de la sociabilité. Si dans la troisième partie de la thèse (Excursus économico-philosophique.
Jalons d’un discours sur la transition postcapitaliste, septième chapitre, L’éclatement de l’usine, ou
le revenu de base comme champ de bataille. Subjectivités, imaginaires et formes de vie, et huitième
chapitre, Productivité politique des pratiques alter-économiques. Les monnaies complémentaires
comme catalyseur) je me suis déjà focalisé sur la sphère – aussi différenciée que contradictoire et
ambiguë – de l’économie morale et plurielle (coopératives, mutuelles, associations, peer-to-peer, etc.)
et sur celle de l’économie populaire et informelle des sociétés du soi-disant Sud du monde (Inde,
Afrique, Amérique latine, etc.), je souhaiterais davantage creuser dans les années à venir les tentatives
de construction d’une temporalité et d’une spatialité plus ou moins autonomes promues à l’intérieur
du cosmos « alter-économique ». Les circuits de crédit mutuel, le revenu social garanti, les monnaies
complémentaires et les crypto-monnaies, l’économie du partage, les communs, etc. se révèlent des
outils capables de valoriser les besoins, désirs et aspirations subjectives, les liens extra-marchands, le
temps de non-travail, tout en mettant en place des formes d’auto-organisation horizontales riches de
potentialités inédites pour une réactivation de l’imaginaire social et pour la construction d’un modèle
social post-productiviste.
Ma candidature pour le poste n° 4310 de maître de conférences en philosophie, profil « Théories
critiques en philosophie moderne et contemporaine », s’appuie ainsi sur une expérience et un plein
engagement depuis plusieurs années dans l’enseignement et la recherche en philosophie et la diffusion
des résultats de la recherche dans les domaines de la philosophie et des sciences humaines et sociales.
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