Validité de l'identité thermodynamique lors de mouvements
collectifs
La problématique qui donne du souci aux élèves ingénieurs et aux étudiants est ce que devient la validité de
l'identité thermodynamique
dU = T dS - P dV + etc.
quand apparaissent des mouvements collectifs des constituants ultimes (atomes, électrons, molécules, ions,
etc) de la matière. Je pense notamment aux gaz dans les moteurs, les turbines et autres objets technologiques,
et aussi au cosmos.
Considérons un système quasi-isolé en équilibre thermodynamique. Son environnement lui impose des
contraintes constantes aux fluctuations de détail près. Son entropie a atteint sa valeur maximale :
dS = 0.
Comme les contraintes sont constantes, il apparaît ce qu'on appelle en mécanique des "intégrales premières",
qui sont de grandeurs constantes (entre parenthèses la mention "ce" signifie que l'addition se fait en
parcourant le n° des composants ultimes) :
l'énergie E = somme (ce) des (1/2) m v² + somme (ce) des u,
la quantité de mouvement Pi = somme (ce) des m vi (i est le n° de la coordonnée, 1, 2 ou 3),
le moment cinétique Mi= somme (ce) des [x^(m v)]i où x^(m v) est le produit vectoriel du vecteur x par le
vecteur m v.
Supposons que des mouvements collectifs apparaissent dans le système, ce qui nous oblige à le
découper mentalement en blocs compacts assez petits pour qu'on puisse les assimiler temporairement à des
solides en mouvement et notons n le numéro de ces blocs. A chaque vitesse vi est ajouté un incrément
collectif Vi (le même pour tous les composants ultimes du bloc) et alors chaque intégrale première devient
(entre parenthèses la mention "n" signifie que l'addition se fait en parcourant le n° des blocs)
E = somme (ce) des (1/2) m v² + somme (ce) des u + somme* (n) des (1/2) m Vn²,
Pi = somme (ce) des m vi + somme (n) des m Vin,
Mi= somme (ce) des [x^(m v)]i + somme (n) des [xn^(m Vn)]i.
Quand on prend la moyenne de ces grandeurs, du fait du désordre des mouvements des composants
élémentaires, les valeurs vi s'évanouissent et il reste
E = somme (ce) des (1/2) m v² + somme (ce) des u + somme (n) des (1/2) m Vn²,
Pi = somme (n) des m Vin,
Mi= somme (n) des [xn^(m Vn)]i.
Question : existe-t-il des situations du système dans laquelle on ait à la fois équilibre thermodynamique et
existence de mouvements collectifs ? Pour répondre, on utilise un des plus étonnants théorèmes de Lagrange
: celui des multiplicateurs inconnus.
Considérons la quantité (entre parenthèses la mention "i" signifie que l'addition se fait en parcourant le n° 1,
2 ou 3 des coordonnées)
f = S + somme (i) des Ai Pi + somme (i) des Bi Mi.
Ici, A, et les Bi sont des multiplicateurs à ajuster.
Attention : les blocs sont compacts, ce qui permet de négliger les énergies potentielles de contact entre eux et
d'écrire
E = somme (n) En.
L'entropie du système est toujours la somme des entropies des blocs :
S = somme (n) des Sn.
Pas de difficulté pour la quantité de mouvement et le moment cinétique collectifs :
Pi = somme (n) Pin,
Mi = somme (n) Min.
Dans chaque bloc, l'entropie par définition ne dépend que de la partie interne de l'énergie (pour chaque bloc
de n° n, En est l'énergie, Un est l'énergie interne, Pin est la coordonnée n° i, Sn est l'entropie et mn est la
masse) :