Juin 2009 | Volume 54 | Numéro 2
Femke Baeke, Conny Gysemans,
Chantal Mathieu
Femke Baeke est étudiante au sein du
Laboratory of Experimental Medicine and
Endocrinology (LEGENDO) de l’Université
catholique de Louvain, Belgique.
Conny Gysemans est boursière post-
doctorale au sein du Laboratory
of Experimental Medicine and
Endocrinology (LEGENDO) de l’Université
catholique de Louvain, Belgique.
Chantal Mathieu est professeur au sein du
Laboratory of Experimental Medicine and
Endocrinology (LEGENDO) de l’Université
catholique de Louvain, Belgique.
Références
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Pratique clinique 37
diabète de type 1 plus tôt et présentent une
évolution plus grave de la condition que
celles affichant des niveaux adéquats de
vitamine D. Ces résultats viennent confirmer
des données épidémiologiques ayant mis
en évidence une multiplication par trois du
diabète de type 1 en cas de carence en
vitamine D en début de vie.
En conséquence, des liens ont pu être établis
entre des zones géographiques (et l'exposi-
tion correspondante au soleil) et l'incidence
de diverses maladies autoimmunes. Au vu
de ces divers éléments, la prévention de la
carence en vitamine D, en particulier en
début de vie, est vivement recommandée.
La forme 1,25(OH)2D3 comme
thérapie possible ?
Il est possible que la forme active de la vita-
mine D puisse servir d'outil prophylactique
ou curatif. Des recherches sur des animaux
ont mis en évidence des effets préventifs
notables sur le développement du diabète
de type 1 chez des souris recevant un
traitement à dose élevée d'1,25(OH)2D3
tout au long de leur vie.5 La fréquence du
diabète chez ces souris a été réduite à
moins de 10 %, contre 60 à 70 % pour
les souris de contrôle.
L'utilisation de la forme 1,25(OH)2D3 à un
stade ultérieur, lorsque la destruction des
cellules bêta a déjà commencé, semble plus
compliquée. L'administration d'1,25(OH)
2
D
3
semble en effet insuffisante pour contrecarrer
l'attaque immunitaire continue dont font
l'objet les cellules bêta. La combinaison
d'1,25(OH)2D3 avec un suppresseur de
lymphocytes T s'est toutefois avérée être
une stratégie efficace, dans la mesure où
l'1,25(OH)2D3 travaille en synergie avec
les immunosuppresseurs existants, tels que
la cyclosporine A.6,7 La forme 1,25(OH)2D3
pourrait par conséquent être utilisée pour
réduire les effets secondaires indésirables
des immunosuppresseurs existants.
Il semble donc que la forme active de la
vitamine D puisse jouer un rôle potentiel-
lement intéressant dans la lutte contre le
diabète de type 1. L'administration systé-
mique de doses élevées d'1,25(OH)2D3
a par contre des conséquences négatives
sur le métabolisme des os et du calcium.
Pour remédier à ce problème, des analo-
gues d'1,25(OH)2D3 n'ayant pas d'effet
combiné sur les os et le système immuni-
taire sont en cours de développement.8 La
recherche d'un analogue sûr à 100 % –
alliant protection efficace des cellules bêta
et du système immunitaire et absence de
conséquences sur le métabolisme des os
et du calcium – se poursuit.
Conclusion
Des preuves irréfutables provenant de don-
nées épidémiologiques et in vitro et d'études
sur des animaux laissent entendre que la
vitamine D jouerait un rôle important dans
le développement du diabète de type 1 et
de type 2. La contribution de la vitamine D
à la prévention de ces conditions dans les
modèles animaux peut être en grande partie
expliquée par son rôle physiologique majeur
dans le fonctionnement normal des cellules
bêta et du système immunitaire.
Les chercheurs espèrent aujourd'hui que
ces recherches approfondies et le dévelop-
pement de nouveaux analogues structurels
déboucheront sur un outil thérapeutique
permettant d'exploiter ce système pro-
metteur. À l'heure actuelle, la principale
conclusion tirée par les médecins est que la
prévention de la carence en vitamine D est
très importante, non seulement pour l'état
du calcium et des os, mais également de
par le rôle de cette vitamine dans la pré-
vention du diabète de type 1 et de type 2.