Impact de l`ataxie de Friedreich sur la fonction auditive: évaluation et

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Impact de
l’ataxie de Friedreich
sur la fonction auditive:
évaluation et suivi.
- recherche clinique & expérimentation animale -
Fabrice GIRAUDET
Laboratoire de Biophysique Sensorielle
Faculté de Médecine de Clermont Ferrand
Université d’Auvergne
étude réalisée avec le soutien de l’Association Française de l’Ataxie de Friedreich
avril 2006 - avril 2007
-1-
Fabrice GIRAUDET
Laboratoire de Biophysique Sensorielle
Faculté de Médecine de Clermont Ferrand
Université d’Auvergne
28, Place Henri Dunant
630001 Clermont Ferrand cedex 1
04.73.17.81.36 (81.30 secrétariat)
courriel : [email protected]
-2-
Remerciements :
Je tiens dans un premier temps à adresser mes plus profonds et plus sincères
remerciements à Mme Juliette Dieusaert, Présidente de l’AFAF, mon premier contact.
Dès nos premiers échanges téléphoniques, elle a été enthousiasmée par mon projet. Je
la remercie à nouveau de son attention (de longues minutes au téléphone !) et de son
soutien.
Ce travail n’aurait pas pu aboutir sans la participation étroite des malades. Que
ce manuscrit soit une marque de ma profonde gratitude et puisse apporter ma
contribution dans les avancées de la compréhension de la maladie et dans les stratégies
thérapeutiques.
Je tiens à remercier l’ensemble des membres de l’AFAF pour leur confiance et
leur soutien financier.
Bien entendu, ce travail n’aurait pas pu voir le jour sans cette étroite
collaboration
- avec d’une part l’équipe médicale de la Consultation de Génétique de la Pitié
Salpêtrière :
Dr Pascale Ribaï, Dr. Alexandra Durr, Dr. Perrine Charles, Céline Louapre
(interne), Céline Jauffret (Attachée de Recherche Clinique),
- et d’autre part l’équipe de recherche du Laboratoire du Pr M. Koeing au sein de
l’Institut de Génétique et de Biologie Moléculaire et Cellulaire (IGBMC) :
Dr Hélène Puccio et Dr Alain Martelli.
J’adresse également mes remerciements :
-
au Pr Paul Avan, directeur du Laboratoire de Biophysique Sensorielle, pour son
soutien, sa participation dans l’élaboration de ce projet,
-
au Pr Odile Boesplug Tanguy, Consultation de Génétique Clinique – CHU de
Clermont Fd, pour l’initiation de ce projet,
-
au Pr Thierry Mom, Service ORL – CHU de Clermont Fd,
- au Dr Thierry Gallopin, Maître de Conférence à l’Ecole Supérieure de Physique
et de Chimie de la ville de Paris, pour la mise à disposition, gracieusement, du
matériel d’acquisition.
- à Jean-Michel Decorey pour la mise au point du logiciel d’acquisition des
potentiels évoqués auditifs.
-3-
Sommaire :
1- Introduction : contexte médical et biologique ........................................................................................ 5
2- Objectif : ........................................................................................................................................................ 6
3- Matériel et méthodes :................................................................................................................................. 7
3.1- Etude clinique.......................................................................................................................................... 7
3.1.1- Tympanométrie................................................................................................................................ 7
3.1.2- Audiométrie tonale liminaire ....................................................................................................... 7
3.1.3- Audiométrie vocale dans le bruit ou test d’intelligibilité dans le bruit ............................. 8
3.1.4- Etude des otoémissions en produits de distorsion................................................................. 8
3.1.5- Les potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral (ou potentiels évoqués auditifs
précoces - PEAp) ....................................................................................................................................... 9
3.1.6- Matériel d’acquisition des produits de distorsion et des PEAp........................................... 9
3.2- Expérimentations animales................................................................................................................. 11
3.2.1- Etude des otoémissions en produits de distorsion................................................................ 11
3.2.2- Les potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral............................................................. 12
4- Résultats:....................................................................................................................................................... 13
4.1- Etude clinique........................................................................................................................................ 13
4.1.1- Tympanométrie : ........................................................................................................................... 13
4.1.2- Audiométrie tonale liminaire ..................................................................................................... 13
4.1.3- Audiométrie vocale dans le bruit ou test d’intelligibilité dans le bruit ........................... 18
4.1.4- Les potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral (ou potentiels évoqués.....................22
auditifs précoces - PEAp)......................................................................................................................22
4.2- Expérimentation animale....................................................................................................................27
5- Discussion ......................................................................................................................................................37
5.1- Etude clinique........................................................................................................................................37
5.2- Etude animale .......................................................................................................................................38
6- Perspectives..................................................................................................................................................39
6.1- Etude clinique........................................................................................................................................39
6.2- Expérimentation animale....................................................................................................................39
Bibliographie ...................................................................................................................................................... 41
Descriptif du projet de recherche...............................................................................................................43
Communications orales et affichées.............................................................................................................45
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1- Introduction : contexte médical et biologique
L’ataxie de Friedreich (AF) est une maladie héréditaire neurodégénérative de
transmission autosomique récessive affectant une personne sur 50 000. L’AF est la plus
fréquente des ataxies héréditaires.
Cette affection est associée à une mutation dans le gène FRDA (initialement
dénommé X25, 40kb, 7 exons) codant pour la protéine frataxine (210 acides aminés),
gène porté sur le bras long du chromosome 9 (Campuzano et al. 1996). La sévérité de
l’AF est liée à l’augmentation du nombre de répétition du trinucléotide GAA dans le
premier intron du gène de la frataxine (mutation ponctuelle) (Pandolfo, 1999 ; Delatycki,
2000). La réduction de la synthèse de frataxine semble être associée à une
accumulation anormale de fer au niveau mitochondrial et une production de radicaux
libres, le tout conduisant à un déficit de la chaîne respiratoire mitochondriale et à une
diminution de la capacité antioxydative (Wilson, 1997).
La symptomatologie clinique associe classiquement des troubles de la coordination
des mouvements, de l’articulation, à d’autres signes neurologiques (abolition des
réflexes, troubles de la sensibilité profondes, pieds creux et scoliose) ainsi qu’à une
cardiomyopathie hypertrophique et parfois un diabète. Cette ataxie débutant le plus
souvent dans l’enfance ou l’adolescence est progressive avec une perte d’autonomie
après dix ans d’évolution.
En plus des troubles neurologiques classiquement décrits dans l’AF, certains
patients se plaignent de gêne auditive, plus particulièrement dans le bruit. Ce type de
plainte semble associé au degré de sévérité de la maladie.
Ces atteintes auditives sont très peu décrites comme symptôme associé à l’AF.
L’examen de la littérature scientifique ne fait état que d’une seule étude spécifique
(récente) de l'audition chez deux patientes présentant une atteinte très marquée,
étude apportant malheureusement peu d’informations spécifiques en ce qui concerne la
nature et le degré des troubles auditifs (Lopez-Diaz-de-Leon E, 2003).
-5-
2- Objectif :
Cette étude présente deux orientations : une première orientation clinique
(auprès de malades volontaires) et une deuxième basée sur des expérimentations
animales (sur un modèle neurologique murin de l’AF).
L’objectif principal de ce travail de recherche est d’examiner les répercussions
de l’AF sur la fonction auditive et plus particulièrement d’évaluer les réponses de voies
nerveuses auditives de patients atteints de l’AF. Une approche identique sera également
envisagée sur un modèle animal de l’AF.
-6-
3- Matériel et méthodes :
3.1- Etude clinique
Cette étude a été réalisée, au sein de la Consultation de Génétique de l’hôpital de la
Pitié Salpêtrière, auprès de 40 patients volontaires (15 hommes, 25 femmes, âgés de 17
à 63 ans, moyenne d’âge 37,5 ans) après avoir recueilli leur consentement éclairé
(explication du but de cette étude et du déroulement du protocole, avec distribution
d’un fascicule explicatif, cf. annexe).
Les résultats des tests ne peuvent en aucune mesure être utilisés dans le cadre d’un
diagnostic médical. En effet, seuls des examens otologiques prescrits par un médecin et
réalisés dans un service ORL ou en cabinet médical avec une interprétation par un
médecin ont une valeur légale. Il s’agit donc bien de tests réalisés dans un but
scientifique et non d’examens médicaux.
Le diagnostic de l’AF est confirmé par biologie moléculaire (analyse de l’ADN) et
l’évaluation neurologique est réalisée à l’aide de l’échelle ICARS (International
Cooperative Ataxia Rating Scale).
3.1.1- Tympanométrie
Ce test permet d’explorer l’oreille moyenne directement et de façon objective. Il
permet d’étudier l’intégrité du système de transmission de l’oreille moyenne (évaluation
de la mobilité de la membrane tympanique, de la présence ou non de liquide séreux dans
l’oreille moyenne).
Pour cela une mesure de l'impédance de l'oreille moyenne et de ses modifications est
réalisée sous l'influence d'une hyperpression ou d'une dépression créée dans le conduit
auditif externe (test réalisé à l’aide d’un tympanomètre GSI 38 - Grason-Stadler Inc.).
Les courbes obtenues sont appelées des tympanogrammes. Il s’agit d’un test rapide,
objectif, fiable et non invasif.
3.1.2- Audiométrie tonale liminaire
L’audiométrie tonale liminaire a pour but de déterminer les seuils de perception
auditive d’une personne pour différents sons (sons purs) dont les fréquences sont
comprises entre 125 Hz et 8 000 Hz. Ce test permet d’étudier l’ensemble du système
auditif, depuis le conduit auditif externe jusqu’aux centres nerveux.
Pour cela des sons pulsés (non continus) sont présentés à l’aide d’un audiomètre (GSI
38 - Grason-Stadler Inc.) et d’un casque TDH 39 (écouteurs type casque de chaîne hifi)
et permettent de réaliser l’audiogramme.
-7-
Matériel et Méthodes
L’évaluation du degré de perte auditive (pour les deux oreilles) est établie par le
calcul de la perte moyenne en décibels des fréquences 500 Hz, 1000 Hz, 2000 Hz et
4000 Hz. Une perte moyenne inférieure à 20 dB correspond à une audition subnormale,
une perte moyenne comprise entre 20 et 40 dB décrit une surdité dite légère, entre 40
et 70 dB une surdité moyenne, entre 70 et 90 dB une surdité sévère, au dessus de
90 dB une surdité profonde.
3.1.3- Audiométrie vocale dans le bruit ou test d’intelligibilité dans le bruit
Ce test permet d’apprécier l’aptitude du sujet à la compréhension de la parole dans
le bruit et plus particulièrement dans une ambiance de « cocktail » (mimant une réunion
de famille, ou un brouhaha de plusieurs personnes parlant en même temps).
Pour cela une liste de 10 mots simples (listes de mots dissyllabiques type liste de
Fournier, cf. liste en annexe 01) est présentée en même temps qu’un « bruit de
cocktail ».
Cette présentation est réalisée au casque, simultanément dans les deux oreilles. La
dégradation de la compréhension des mots est étudiée en faisant varier l’intensité de
présentation du « bruit de cocktail » par rapport au signal que sont les mots (signal fixé
à 50 dB, « bruit de cocktail » présenté à 45 dB, 50 dB, 55 dB, 60 dB). Les différents
protocoles sont générés à l’aide du logiciel «Adobe- Audition» (version 1.5).
Le pourcentage de mots compris et répétés correctement est reporté sur un
graphique de résistance au bruit, et comparé avec les valeurs obtenues chez des sujets
normo-entendants.
3.1.4- Etude des otoémissions en produits de distorsion
La cochlée, organe périphérique de l’audition, est capable d’émettre des sons en
réponse ou non à une stimulation acoustique. Ces sons sont facilement enregistrables
dans le conduit auditif externe grâce à un microphone miniaturisé. La genèse de ces sons
provenant de la cochlée, appelés otoémissions acoustiques repose sur le fonctionnement
correct d’une certaine population de cellules de la cochlée : les cellules ciliées externes.
Les produits de distorsion sont des sons émis en réponse à une stimulation auditive
double (présentation simultanée de deux sons purs, de fréquence f1 et f2). L’étude de
ces otoémissions et plus particulièrement des produits de distorsion acoustiques est un
test d’exploration spécifique, objectif des cellules ciliées externes.
La technique d’enregistrement des produits de distorsion acoustiques (et plus
précisément le produit de distorsion 2f1-f2) est basée sur la mise en place dans le
conduit auditif externe d’une sonde miniature contenant un microphone (stimulation
acoustique, deux sons purs f1 et f2) et un microphone (pour enregistrer les
otoémissions). En variant les fréquences des sons stimulants (entre 1000 et 8000 Hz,
-8-
Matériel et Méthodes
avec le même rapport f1/f2 = 1.20, et la même intensité 70 ou 75dB) il est possible de
recueillir différents produits de distorsion et d’établir une courbe appelée DPgramme
(graphe des produits de distorsion en fonction de la fréquence de f2, analogie avec
l’audiogramme).
3.1.5- Les potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral (ou potentiels évoqués auditifs
précoces - PEAp)
Basé sur le principe de l’électro-encéphalographie, les potentiels évoqués auditifs
précoces (PEAp) fournissent des renseignements objectifs sur la fonction auditive
depuis la cochlée aux voies auditives (jusqu’au tronc cérébral). Ils permettent d’obtenir
une estimation du seuil auditif (pour les fréquences comprises entre 2 et 4 kHz), mais
également il s’agit d’un outil de détection des pathologies touchant les voies auditives
périphériques.
Pour cela des électrodes de surface cutanées (identiques à celles utilisées pour un
électrocardiogramme) sont collées sur le front et derrière les oreilles afin de recueillir
l’activité électrophysiologique du nerf auditif (qui est une activité de type électrique).
Les PEAp sont provoqués à l'aide d'écouteurs délivrant une stimulation acoustique :
un son bref de 80 dB (sous la forme d’un « clic »). Le signal acoustique va être traité par
le système auditif et va générer une réponse du nerf auditif. La réponse
électrophysiologique (moyenne de 1000 tracés) enregistrée dans les 10ms qui suivent la
stimulation acoustique est caractérisée par un tracé typique avec plusieurs ondes
numérotées I, II, III, IV et V. Ces différentes ondes sont attribuées à différentes
parties des voies auditives périphériques (noyaux spécifiques du tronc cérébral).
3.1.6- Matériel d’acquisition des produits de distorsion et des PEAp
Nous avons développé, au sein du Laboratoire de Biophysique Sensorielle, deux
logiciels spécifiques permettant l’acquisition des produits de distorsion acoustique et
des potentiels évoqués auditifs précoces. Le recueil et le stockage non moyenné de ces
données (à l’aide de racks portatifs, Tucker-Davis Tecnologies - Alachua - Floride)
permet une analyse ultérieure (sommation, moyennage, comparaison) plus détaillée que
les machines commerciales classiquement utilisées en routine clinique.
Par ailleurs, les sondes acoustiques (écouteurs et microphone miniaturisés, Etymotic
Research - Elk Grove Village – Illinois) sont protégées par un embout à usage unique, et
les électrodes adhésives cutanées (électrodes type ECG) utilisées pour le recueil des
PEAp sont également à usage unique.
-9-
%
%
Râteau
Donjon
Sergent
Crémier
Niveau
Refrain
Veston
Forban
Bûcher
Cachot
série 02
cocktail à
50dB
Bouchon
Souper
Rondin
Grumeau
Rebu
Glaçon
Réchaud
Coffret
Gamin
Clavier
%
série 04
cocktail à
55dB
Soucis
Tripeau
Balai
Vallon
saindoux
Brigand
Rouleau
Défis
Bambin
Secret
%
réponse
réponse
Rideau
Tampon
Boudin
Vacher
Débit
Marteau
Cadran
Requin
Goudron
Clocher
%
réponse
réponse
série 03
cocktail à
45dB
Parfum
Cachet
Ravin
Dragon
Lilas
Récit
Couvent
Gallon
Courrier
Crapaud
série 12
cocktail à
60dB
%
série 05
cocktail à
60dB
réponse
Poussin
Chevreau
Forfait
Mari
Bosquet
Garçon
Sifflet
Boîtier
Cabot
Taudis
série 11
cocktail à
55dB
réponse
Nougat
Devis
Baquet
Débris
Guichet
Bijou
Cahier
Goujon
Dessin
Coteau
série 10
cocktail à
50dB
réponse
réponse
série 09
cocktail à
45dB
Congé
Mouton
Roseau
Frelon
Lapin
Traité
Caillou
Radis
bâton
Ruban
%
%
Annexe 01
Listes mots dissyllabiques (type liste de Fournier) présentés simultanément avec un
« bruit de cocktail » d’intensité variable.
(présentation binaurale, les mots étant présentés à une intensité fixe de 50 dB et le
bruit de cocktail à 45 dB, 50 dB, 55 dB ou 60 dB).
- 10 -
Matériel et Méthodes
3.2- Expérimentations animales
L’équipe du Pr M. Koeing et du Dr H. Puccio (Institut de Génétique et de Biologie
Moléculaire et Cellulaire - IGBMC - Illkirsh) a récemment élaboré plusieurs modèles
murins neuraux knock-out conditionnés de l’ataxie de Friedreich.
La disponibilité de ce modèle nous a permis d’envisager des expérimentations
d’explorations fonctionnelles de la fonction auditive chez ces « souris malades » afin
d’évaluer leur statut auditif et plus particulièrement d’évaluer les réponses des voies
nerveuses auditives.
L’ensemble de cette étude a été réalisée au sein du laboratoire du Pr M. Koeing, à
IGBMC.
L’objectif de l’élaboration de ces modèles animaux est de reproduire une partie
des symptômes de l’AF et de comprendre les mécanismes physiopathologiques. Le
modèle neuronal élaboré par l’équipe Strasbourgeoise est un modèle avec une
inactivation restreinte (de façon stricte au système nerveux) du gène de la frataxine.
Cette inactivation est induite à 4 semaines après la naissance des souris. Ce modèle,
avec une atteinte spécifique du système nerveux, présente également une atteinte
progressive.
Nous avons évalué la fonction auditive de ces « souris malades » (souris mutantes
FRDA) et de souris dites sauvages (souris contrôles, souris de la même portée mais sans
inactivation du gène) à différents âges : 10, 20, 30 et 40 semaines. Au total, 61 souris
ont été testées (29 souris mutantes FRDA / 32 souris contrôles).
L’ensemble des tests fonctionnels est réalisé sous anesthésie générale avec un
mélange de kétamine et de valium (injection intra-péritonéale). Ce protocole
d’expérimentation animale a été soumis et accepté par le Comité Régional d’Ethique en
Matière d’Expérimentation Animale de Strasbourg (C.R.E.M.E.A.S).
Pour les investigations fonctionnelles animales nous avons utilisé le même matériel
d’enregistrement (équipement portatif, ordinateur et racks d’acquisition) que celui
utilisé dans le cadre de l’étude clinique, à l’exception des sondes acoustiques et des
électrodes d’enregistrement.
Les protocoles d’enregistrement des produits de distorsion et des PEAp chez l’animal
sont très proches de ceux utilisés chez l’homme, permettant ainsi une transposition des
résultats plus aisée.
3.2.1- Etude des otoémissions en produits de distorsion
Les produits de distorsion (et principalement le produit de distorsion 2f1-f2)
sont recueillis après présentation simultanée de deux sons purs de fréquence f1 et f2
(avec f2/f1= 1,2). Le DPgramme (graphe des produits de distorsion en fonction de la
fréquence de f2) est réalisé pour chaque oreille à différentes intensités (à 65/65 dB,
70/70 dB et 75/75 dB) avec la fréquence f2 variant de 4 000 à 20 000 Hz.
- 11 -
Matériel et Méthodes
3.2.2- Les potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral
Après avoir la mise en place d’électrodes aiguilles (derrière les oreilles et au niveau
du vertex), différentes stimulations (clic) d’intensités décroissantes (de 80 dB à 20 dB)
sont présentées afin d’évaluer le seuil de réponse cochléaire et nerveuse (similitude
avec l’audiogramme chez l’homme).
La deuxième partie de ce test est une étude de la conduction nerveuse en examinant
l’évolution des réponses nerveuses auditives suite à 4 présentations identiques de 80 dB
(reproductibilité des réponses).
- 12 -
4- Résultats:
4.1- Etude clinique
4.1.1- Tympanométrie :
L’ensemble des tympanogrammes réalisés chez les patients volontaires présente un
aspect typique de tympanogramme normal avec une forme dite en « toit de pagode »,
avec une amplitude de 4 à 10 unités relatives et se situe entre –200 et +200 daPa (cf.
exemples de tympanogrammes présentés dans la suite, paragraphe 4.1.4).
La tympanométrie permet d’évaluer l’existence d’un contenu liquidien dans la caisse
du tympan et ainsi de rapporter le possible déficit auditif à cette cause. Le caractère
normal des tympanogrammes permet d’écarter toute suspicion d’atteinte de l’oreille
moyenne (épanchement rétro tympanique).
4.1.2- Audiométrie tonale liminaire
L’audiogramme moyen de l’ensemble des 40 malades volontaires est représenté dans
la figure n°01. Les valeurs moyennes pour chaque fréquence sont indiquées dans le
tableau n°01.
L’étude des audiogrammes de chaque malade volontaire, avec détermination de leur
perte moyenne (moyenne des pertes à 500, 1 000, 2000, 4 000 Hz), a permis de les
répartir en trois classes. Sur la totalité des 40 malades volontaires, 26 malades
volontaires (soit 65%) présentaient une audition subnormale, 11 malades volontaires
(27,5%) présentaient une surdité dite « légère » (entre 20 et 40dB de perte moyenne)
et 3 malades volontaires (soit 7.5%) présentaient une surdité « moyenne » (entre 40 et
70dB de perte moyenne) (cf. figure n°02).
Selon cette répartition, l’audiogramme moyen de tous les sujets (n=40) est comparé
à celui des malades volontaires (n=26) présentant une audition subnormale et à celui des
malades volontaires (n=14) présentant une surdité légère et moyenne (cf. tableaux n°02
et 03 et figure n° 03).
Par rapport à leur âge et à leur perte moyenne, les malades volontaires
répartissent ainsi : ceux présentant une audition subnormale ont un âge moyen
35,4 ans (de 17 à 58 ans), ceux présentant une surdité légère ont un âge moyen
39,7 ans (de 27 à 63 ans), et ceux présentant une surdité moyenne ont un âge moyen
68ans (de 57 à 78 ans).
- 13 -
se
de
de
de
Résultats
Figure n°01
Audiogramme moyen (trait gris) de l’ensemble des malades volontaires
et audiogrammes individuels (trais fins, n=80)
- 14 -
Résultats
Figure n°02
Répartition sectorielle des malades atteints de l’AF selon leur statut auditif
(par rapport à l’ensemble des malades testés, n=40)
- 15 -
Résultats
fréquence
(Hz)
perte
moyenne
(dB)
250
500
1 000
2 000
4 000
8 000
25 ±19
15 ±13
15 ±11
18 ±12
24 ±13
26 ±13
Tableau n°01 : Valeur de l’audiogramme moyen de l’ensemble des malades
(obtenu à partir des audiogrammes des deux oreilles des 40 malades volontaires)
fréquence
(Hz)
perte
moyenne
(dB)
250
500
1 000
2 000
4 000
8 000
18 ±15
10 ±8
9 ±5
12 ±6
19 ±8
21 ±9
Tableau n°02 : Valeur de l’audiogramme moyen des malades avec une
audition subnormale
(obtenu à partir des audiogrammes des deux oreilles des 26 malades volontaires avec
une audition subnormale)
fréquence
(Hz)
perte
moyenne
(dB)
250
500
1 000
2 000
4 000
8 000
38 ±20
29 ±13
29 ±7
30 ±11
32 ±10
34 ±12
Tableau n°03 : Valeur de l’audiogramme moyen des malades avec une surdité
légère
(obtenu à partir des audiogrammes des deux oreilles des 11 malades volontaires avec une
surdité légère)
- 16 -
Résultats
Figure n°03
Comparaison entre l’audiogramme moyen de l’ensemble des malades (trait
noir) avec l’audiogramme selon la répartition audition subnormale (tirets) et
surdité légère (pointillés).
- 17 -
Résultats
4.1.3- Audiométrie vocale dans le bruit ou test d’intelligibilité dans le bruit
Le pourcentage de mots correctement répétés (sur la liste de 10 mots présentés)
par les malades volontaires en fonction de l’intensité du bruit de « cocktail » est
présenté dans la figure n°06. Le pourcentage de mots correctement répétés par des
volontaires normo-entendants (n=20) est également reporté sur la figure n°04.
Dans la figure n°05, le score des malades en fonction de leur répartition audition
subnormale versus surdité légère est comparé avec le score des sujets normoentendants.
Le tableau n°04 récapitule les scores de ce test d’intelligibilité dans le bruit des
malades volontaires avec ou sans distinction du point de vue de leur audition, et des
sujets normo-entendants.
- 18 -
Résultats
Figure n°04
Audiométrie vocale dans le bruit
(ou test d’intelligibilité dans le bruit)
comparaison des scores de l’ensemble des malades volontaires (n=40)
avec ceux de sujets normo-entendants (n=20)
- 19 -
Résultats
Figure n°05
Audiométrie vocale dans le bruit
(ou test d’intelligibilité dans le bruit)
comparaison des scores des malades volontaires avec une audition subnormale (n=26),
des malades avec une surdité légère (n=11),
avec ceux de sujets normo-entendants (n=20)
- 20 -
Résultats
Intensité du cocktail par rapport à la présentation de mots
(50dB)
45dB
50dB
55dB
60dB
sujets
normo-entendants
(n=20)
malades volontaires
(n=40)
malades volontaires
avec une audition
subnormale (n=26)
malades volontaires
avec une surdité
légère (n=11)
98%
90%
75%
28%
82%
76%
40%
5%
85%
80%
45%
8%
80%
73%
37%
3%
Tableau n°04 :
Scores au test d’intelligibilité dans le bruit des malades volontaires avec
ou sans distinction du point de vue de leur audition, et des sujets normoentendants.
- 21 -
Résultats
4.1.4- Les potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral (ou potentiels évoqués
auditifs précoces - PEAp)
L’étude de l’ensemble des PEAp recueillis auprès de 40 malades volontaires nous a
permis de décrire trois cas caractéristiques de statuts auditifs qui sont exposés cidessous avec l’ensemble du bilan audiométrique et électrophysologique.
-
cas n°01 (cf. figure n°06)
Il s’agit d’une jeune femme, âgée de 35 ans, qui ne présente aucune gêne auditive
particulière. Les tympanogrammes des deux oreilles ont un aspect normal (dit en « toit
de pagode »), ainsi que le DPgramme enregistré à deux niveaux d’intensité (70/70 dB et
75/75 dB).
L’audiométrie tonale est normale. L’ensemble de ces tests d’audiométrie classique
permet d’avancer que cette malade a une audition subnormale. Cette affirmation est
également appuyée par un aspect normal des tracés de PEAp (morphologie et latences
des ondes I, II, III et V normales).
Cependant, l’audiométrie vocale dans le bruit laisse apparaître une certaine
difficulté de compréhension des mots présentés avec un bruit de cocktail (d’intensité
croissante). Ceci est observé même à faible niveau de présentation du bruit de cocktail.
-
cas n°02 (cf. figure n°07)
L’étude du bilan audiométrique de cette malade (âgée de 41 ans) laisse apparaître
une audition subnormale à l’examen de la tympanométrie, des DPgrammes et de
l’audiométrie tonale. Aucune gêne auditive particulière n’est signalée.
Toutefois, l’examen de l’audiométrie vocale avec bruit de cocktail montre une faible
résistance de la compréhension des mots dans le bruit, avec des scores inférieurs à
ceux de la normalité.
L’enregistrement classique des PEAp (4 fois 1 000 acquisitions par oreille, illustré
dans la figure n°07 pour l’oreille gauche) ne permet pas d’identifier clairement les ondes
I, III et V. Ces tracés ont une morphologie atypique.
A l’aide d’une analyse plus fine de ces tracés ne moyennant seulement que 250
acquisitions (correspondant à un découpage en 4 des 1 000 acquisitions classiques), il est
possible de déterminer les ondes I, III et V sur le tracé des 250 premières
acquisitions, et au fur et à mesure des acquisitions (de 251 à 500, puis 501 à 750, et
enfin de 751 à 1000) le pointage des ondes devient difficile, avec une incertitude
grandissante. Il semble que l’onde V apparaisse de façon un peu plus tardive au cours de
l’enregistrement.
- 22 -
Résultats
-
cas n°03 (cf. figure n°08)
Le bilan audiométrique de ce malade âgé de 55 ans, ne présente aucune anomalie. Les
tympanogrammes ont un aspect normal (moins ample mais bien centré), l’enregistrement
des produits de distorsion montre de belles réponses, et l’audiogramme tonal liminaire
est subnormal et ne laisse apparaître qu’une légère perte sur les fréquences aigues
(8 kHz) au niveau de l’oreille droite.
L’audiométrie dans le bruit montre des scores légèrement inférieurs à la normalité.
Le malade a signalé une légère gêne auditive dans le cadre de repas familiaux par
exemple.
L’enregistrement des PEAp avec un protocole classique (4 fois 1 000 acquisitions par
oreille) conduit à des tracés très altérés, avec aucune reproductibilité. Aucune onde
caractéristique n’est identifiable.
Avec une analyse plus détaillée, il est possible après 250 acquisitions d’identifier les
ondes I, III et V. Les tracés suivants (compris entre la 251ème acquisitions et la 1000ème)
ont un aspect irrégulier, sans pointage possible des ondes I, III ou V.
- 23 -
figure n°06 : exemple n°01
bilan audiométrique et électrophysiologique
d’une malade atteinte de l’ataxie de Friedreich
(âgée de 35ans)
tympanogramme
(aspect normal)
DPgramme oreille droite
DPgramme oreille gauche
(aspect normal)
(aspect normal)
audiogramme tonale liminaire
audiogramme vocale avec
bruit de cocktail
(pertes moyennes oreille droite 20dB(O), oreille
gauche 22,5dB (X)
audition subnormale)
PEAp : 4 tracés de 1000 acquisitions
(oreille droite – clic de 80dB)
- 24 -
figure n°07 : exemple n°02
bilan audiométrique et électrophysiologique
d’une malade atteinte de l’ataxie de Friedreich
(âgée de 41ans)
tympanogramme
(aspect normal)
DPgramme oreille droite
DPgramme oreille gauche
(aspect normal)
(aspect normal)
audiogramme tonale liminaire
audiogramme vocale avec
bruit de cocktail
(pertes moyennes oreille droite 2 ,5dB (O), oreille
gauche 8,75dB (X)
audition subnormale)
décomposition du 1er tracé PEAp
PEAp : 4 tracés de 1000 acquisitions
(oreille droite – clic de 80dB)
- 25 -
figure n°08 : exemple n°03
bilan audiométrique et électrophysiologique
d’une malade atteint de l’ataxie de Friedreich
(âgée de 55ans)
tympanogramme
(aspect normal)
DPgramme oreille droite
DPgramme oreille gauche
(aspect normal)
(aspect normal)
audiogramme tonale liminaire
audiogramme vocale avec
bruit de cocktail
(pertes moyennes oreille droite 16,25dB, oreille
gauche 15dB
audition subnormale)
décomposition du 1er tracé PEAp
PEAp : 4 tracés de 1000 acquisitions
(oreille droite – clic de 80dB)
- 26 -
Résultats
4.2- Expérimentation animale
L’ensemble des résultats des expérimentations réalisées sur les souris mutantes
FRDA et sur les souris contrôles sont regroupés par âge sur les figures n°09 à 12.
Dans la partie en haut et à droite des figures n°09 à 12, sont présentés en
exemple les PEAp obtenus avec des clics décroissants de 80 à 20 dB (recherche de
seuil) et les DPgrammes (à 3 niveaux de stimulations : 65/65 dB, 70/70 dB et 75/75 dB)
d’une souris mutante FRDA (une pour chaque âge). En face de ces données (en haut à
gauche) sont présentés, également en exemple, les résultats (PEAp en seuil et
DPgrammes) d’une souris contrôle (de même âge que la souris mutante FRDA).
Ces données laissent apparaître l’évolution des tracés électrophysiologiques
obtenus avec des clics décroissants de 80 à 20 dB. Les ondes I à IV sont identifiables
aux fortes intensités (morphologie et latence normale), et au fur et à mesure de la
diminution de l’intensité de stimulation, les ondes I apparaissent plus tardivement et
l’ensemble des ondes tend à diminuer d’amplitude. Seule l’onde IV (assimilable à l’onde V
chez l’homme) est identifiable à de faibles intensités. Cette évolution des tracés est
typique, et le dernier tracé où l’onde IV est identifiable correspond au tracé seuil
(similitude avec l’audiogramme chez l’homme).
Les DPgrammes enregistrés à trois niveaux de stimulations (65/65 dB, 70/70 dB
et 75/75 dB) pour l’ensemble des souris (mutantes FRDA et contrôles) ont un aspect
normal.
Le graphique en bas de chaque figure n°O9 à 12 correspond, pour un âge donnée,
au PEAp moyen de l’ensemble des souris mutantes FRDA et de leur contrôles (obtenu
avec un clic de 80 dB). Les différentes ondes, de I à IV sont reportées.
A l’âge 10 semaines, aucune différence dans les latences d’apparition des ondes
n’est observée. A partir de l’âge 20 semaines (et pour les âges de 30 et 40 semaines),
nous constatons un décalage, un retard d’apparition des ondes II, III et IV chez les
souris mutantes FRDA, en comparaison avec les souris contrôles.
Sur le graphe de la figure n°13 sont reportés les tracés moyens des PEAp des
souris contrôles de 10, 20, 30 et 40 semaines. Ce graphe laisse apparaître une certaine
reproductibilité des tracés. Le détail des latences interpics de ces PEAp des souris
contrôles est indiqué dans le tableau n°O5. La valeur de la latence inter-pics I-IV est
indiquée avec des chiffres gras.
Sur le graphe de la figure n°14 sont également superposés les tracés moyens des
PEAp des souris FRDA pour chaque âge. Nous constatons un décalage de l’onde IV
progressif en comparaison avec le tracé moyen de souris mutantes FRDA de 10
semaines. Les valeurs des latences inter-pics sont retrouvées dans le tableau n°05 (la
valeur de la latence inter-pics I-IV est indiquée en chiffres gras).
- 27 -
Résultats
Dans le tableau n°05 est indiqué, pour chaque âge, la différence de latence I-IV
entre les souris mutantes FRDA et leur contrôles. A 10 semaines l’écart n’est que de
0,04 ms, à 20 semaines la latence I-IV mesurée chez les souris mutantes FRDA est plus
grande de 0,25 ms par rapport à leur contrôle, à 30 semaines elle est de 0,37 ms et à 40
semaines elle est de 0,41 ms. Ce retard croissant d’apparition de l’onde IV par rapport
au tracé contrôle est illustré pour chaque âge dans le graphe de la figure n°15.
- 28 -
souris contrôles n°39 oreille droite
souris mutante FRDA n°23 oreille droite
Potentiels Evoqués Auditifs (80 à 20dB)
Potentiels Evoqués Auditifs (80 à 20dB)
Otoémissions en produit de distorsion (DPgramme)
Otoémissions en produit de distorsion (DPgramme)
Courbes moyennes des Potentiels Evoqués Auditifs
souris contrôles (n=4) versus souris mutantes FRDA (n=4)
Figure n°09
Données électrophysiologiques et DPgrammes des souris mutantes FRDA et contrôles
âgées de 10 semaines
- 29 -
souris contrôles n°03 oreille gauche
souris mutante FRDA n°10 oreille droite
Potentiels Evoqués Auditifs (80 à 30dB)
Potentiels Evoqués Auditifs (80 à 30dB)
Otoémissions en produit de distorsion (DPgramme)
Otoémissions en produit de distorsion (DPgramme)
Courbes moyennes des Potentiels Evoqués Auditifs
souris contrôles (n=8) versus souris mutantes FRDA (n=7)
Figure n°10
Données électrophysiologiques et DPgrammes des souris mutantes FRDA et contrôles
âgées de 20 semaines
- 30 -
souris contrôles n°623 oreille droite
souris mutante FRDA n°626 oreille droite
Potentiels Evoqués Auditifs (80 à 30dB)
Potentiels Evoqués Auditifs (80 à 30dB)
Otoémissions en produit de distorsion (DPgramme)
Otoémissions en produit de distorsion (DPgramme)
Courbes moyennes des Potentiels Evoqués Auditifs
souris contrôles (n=13) versus souris mutantes FRDA (n=11)
Figure n°11
Données électrophysiologiques et DPgrammes des souris mutantes FRDA et contrôles
âgées de 30 semaines
- 31 -
souris contrôles n°447 oreille droite
souris mutante FRDA n°496 oreille droite
Potentiels Evoqués Auditifs (80 à 20dB)
Potentiels Evoqués Auditifs (80 à 20dB)
Otoémissions en produit de distorsion (DPgramme)
Otoémissions en produit de distorsion (DPgramme)
Courbes moyennes des Potentiels Evoqués Auditifs
souris contrôles (n=7) versus souris mutantes FRDA (n=7)
Figure n°12
Données électrophysiologiques et DPgrammes des souris mutantes FRDA et contrôles
âgées de 40 semaines
- 32 -
Figure n°13
PEAp moyens des souris contrôles âgées de 10, 20, 30 et 40 semaines
(10semaines n=4, 20semaines n=8, 30semaines n=13, 40semaines n= 7)
- 33 -
Figure n°14
PEAp moyens des souris mutantes FRDA âgées de 10, 20, 30 et 40 semaines
(10semaines n=4, 20semaines n=7, 30semaines n=11, 40semaines n= 7)
- 34 -
contrôles 10sem
I-II
I-III
I-IV
II-III
II-IV
III-IV
0,65536
1,2288
2,53952
0,57344
1,88416
1,31072
mutantes 10sem
I-II
I-III
I-IV
II-III
II-IV
III-IV
contrôles 20sem
I-II
I-III
I-IV
II-III
II-IV
III-IV
0,8192
1,51552
2,82624
0,69632
2,00704
1,31072
mutantes 20sem
I-II
I-III
I-IV
II-III
II-IV
III-IV
contrôles 30sem
I-II
I-III
I-IV
II-III
II-IV
III-IV
I-II
I-III
I-IV
II-III
II-IV
III-IV
0,8192
1,51552
2,78528
0,69632
1,96608
1,26976
contrôles 40sem
0,8192
1,55648
2,78528
0,73728
1,96608
1,2288
0,8192
1,26976
2,49856
0,45056
1,67936
1,2288
0,90112
1,80224
3,07201
0,90112
2,17089
1,26977
mutantes 30sem
I-II
I-III
I-IV
II-III
II-IV
III-IV
I-II
I-III
I-IV
II-III
II-IV
III-IV
0,98304
1,8432
3,15392
0,86016
2,17088
1,31072
mutantes 40sem
1,06496
1,96608
3,19488
0,90112
2,12992
1,2288
différence mutantes 10sem
vs contrôles 10sem
-0,04ms
différence mutantes 20sem
vs contrôles 20sem
0,25ms
différence mutantes 30sem
vs contrôles 30sem
0,37ms
différence mutantes 40sem
vs contrôles 40sem
0,41ms
Tableau n°05:
Latences inter-pics des souris contrôles et des souris mutantes FRDA,
selon leur âge.
- 35 -
Figure n°15
Représentation de la différence de latence inter-pics I-IV (en ms)
des souris mutantes FRDA (à différents âges)
avec la latence inter-pics I-IV des souris contrôles (de même âge)
- 36 -
5- Discussion
5.1- Etude clinique
Les enregistrements des otoémissions acoustiques en produits de distorsion
(DPgrammes) de l’ensemble des malades volontaires laissent apparaître un
fonctionnement de la micromécanique cochléaire strictement normal. Ceci indique que
l’ataxie de Friedreich ne semble pas affecter le fonctionnement des cellules ciliées
externes de la cochlée (organe périphérique de l’audition).
L’examen des bilans audiométriques (audiométrie tonale liminaire) montre que les
malades testés au cours de cette étude présentent une audition subnormale ou une
surdité légère.
En première intension, ces examens audiométriques classiquement utilisés en
routine clinique n’ont pas permis d’indiquer ou de confirmer que les malades atteints de
l’ataxie de Friedreich présentent un quelconque trouble auditif. En effet, certains
malades volontaires, avec une audiométrie subnormale, ont indiqué ressentir une
certaine gêne auditive et en particulier dans le bruit. Ces tests semblent donc
incompatibles avec la gêne décrite.
Avec un examen plus attentif des potentiels évoqués auditifs (PEAp), nous avons
pu discriminer trois catégories de réponses électrophysiologiques (des voies nerveuses
auditives) chez les malades volontaires atteints de l’AF.
En effet, certains malades volontaires avec une atteinte motrice peu sévère
présentent des tracés des PEAp strictement normaux (morphologie et latences
normales des ondes I, III et V). D’autres malades volontaires avec une atteinte motrice
plus marquée présentent des tracés de PEAp fluctuants (difficulté de pointage des
ondes) ou très rapidement dégradés (aucun pointage). Dans ces deux derniers cas, une
analyse plus fine des tracés des PEAp a permis d’illustrer cette désorganisation. Cette
dégradation des tracés des PEAp (décalage temporel de l’onde V jusqu’à disparition de
cette onde V) est particulière, comparable à une « fatigue » nerveuse.
Notre étude fait donc ressortir une correspondance entre d’une part la sévérité
de la maladie et d’autre part l’expression ou non de troubles de l’audition et des
anomalies de la conduction des voies nerveuses auditives.
Le profil de l’atteinte auditive rencontrée dans l’AF, avec dysfonctionnement des
neurones auditifs périphériques sans atteinte fonctionnelle de la cochlée, répond à la
définition de neuropathie auditive (mosaïque d'entités très récemment découverte –
Starr A, 1996). La neuropathie associée à l’ataxie de Friedreich apparaît comme très
particulière : elle s’aggrave avec le temps de stimulation acoustique, ce qui la définit
comme neuropathie par fatigabilité acoustique. Ceci est cohérent avec la
physiopathologie de l’AF qui implique des anomalies mitochondriales, et au vu de la
richesse en mitochondries des neurones auditifs.
- 37 -
Discussion
Par ailleurs, l’audiométrie vocale dans le bruit apparaît être un test simple et
pertinent dans la simulation de situations quotidiennes auditives. Ce test révèle et
illustre cette gêne auditive décrite par certains malades volontaires.
Les PEAp semblent être, de part leur rapidité de mise en œuvre (quelques
minutes) et leur caractère non invasif et objectif (pas de contribution active du
malade), un indice de choix permettant l’évaluation de troubles auditifs et indirectement
de troubles neurologiques (ainsi que le suivi évolutif). En effet, on sait grâce à l’étude
d’autres affections qu’un sujet sans gêne auditive évidente pourrait tout de même
présenter des altérations mineures, infracliniques, de ses tracés électrophysiologiques
(morphologies, latences et amplitudes des ondes).
5.2- Etude animale
Les expérimentations animales réalisées dans le laboratoire de Michel Koenig ont
montré que le modèle murin neurologique présentait également une atteinte particulière
des voies nerveuses auditives.
Dans un premier temps, chez les souris mutantes FRDA, aucun dysfonctionnement
de la physiologie des cellules ciliées externes n’a été constaté (présence de produits de
distorsion d’amplitude normale). L’étude avec recherche de seuil (d’apparition des ondes
IV) n’a révélé aucun trouble particulier de la fonction auditive chez ces souris mutantes
FRDA.
Dans un deuxième temps, l’étude de la reproductibilité des tracés des PEAp n’a
montré aucune altération de ces tracés (absence de fatigabilité neurale auditive)
(résultats non présentés dans ce rapport).
Cependant, en comparant les latences d’apparition des différentes ondes des
tracés obtenus chez les souris mutantes FRDA avec les latences observées chez les
souris contrôles, un décalage (plus marqué pour l’onde IV) apparaît. Ce retard
d’apparition des ondes est d’autant plus marqué que les souris mutantes sont âgées.
Ce modèle murin neurologique présente une atteinte des voies nerveuses
auditives, qui se traduit par un retard d’apparition des ondes des tracés des PEAp. Ces
atteintes auditives présentent une évolution avec l’âge des souris mutantes FRDA. Il
semble donc que ce modèle représente un bon modèle de l’ataxie de Friedreich avec une
atteinte des voies nerveuses auditives qui est, de plus, progressive. Il y a bien une
correspondance entre l’évolution de la maladie développée par la souris mutante FRDA et
l’expression des anomalies de la conduction des voies nerveuses auditives.
- 38 -
6- Perspectives
6.1- Etude clinique
Dans la description de notre projet de recherche, nous avions indiqué que
l’objectif de ce travail était de mettre au point un nouvel indice électrophysiologique de
suivi de l’évolution de l’ataxie de Friedreich.
Au cours de cette étude nous avons rencontré essentiellement des malades
présentant une atteinte motrice plus ou moins marquée, qui décrivaient ou non une gêne
auditive. Afin d’approfondir nos observations, nous examinerons des malades présentant
une atteinte motrice peu sévère (sans gêne auditive perçue). Nous évaluerons s’il existe
ou non de légères perturbations de la conduction des voies nerveuses auditives. Nous
étudierons également la résistance de leur compréhension de la parole dans le bruit,
test qui semble très discriminant et qui illustre ou non une certaine fatigue du nerf
auditif.
Dans notre soumission de projet, nous avions indiqué que nous tenterions de
comprendre pourquoi les PEAp tendent à disparaître chez certains malades atteints de
l’AF. Malheureusement l’analyse des données recueillies n’a pour l’instant pas permis de
démontrer s’il s’agissait d’une véritable disparition (épuisement total de l’activité
nerveuse auditive) ou s’il s’agissait une désynchronisation des voies nerveuses auditives.
La poursuite des investigations cliniques associées avec une adaptation du logiciel de
traitement permettra sans doute d’envisager de répondre à cette question.
Nos observations associées à l’élaboration d’un protocole et d’une analyse plus
fine des réponses électrophysiologiques des voies nerveuses auditives nous conduisent à
évaluer le retentissement de traitement médicamenteux sur la fonction auditive. Pour
cela, nous proposons de participer aux deux projets parisiens de recherche clinique :
évaluation d’un traitement d’idébénone « à haute dose » (Pitié Salpêtrière) et évaluation
de l’effet de l’administration de Pioglitazone (Hôpital Robert Debré).
6.2- Expérimentation animale
Au cours de cette étude, nous avons mis en évidence des troubles de la
conduction nerveuse des voies auditives. Dans la poursuite de ce travail, il est envisagé
de réaliser une étude histologique des voies nerveuses auditives et des noyaux du tronc
cérébral spécifiques. Ceci permettra d’évaluer s’il y a ou non des atteintes des neurones
auditifs, et d’examiner l’aspect morphologique des mitochondries des neurones auditifs.
Ce protocole d’étude par PEAp de la conduction nerveuse des voies auditives chez
les souris mutantes FRDA permettra d’examiner l’impact de certaines substances
pharmacologiques anti-oxydantes sur l’évolution des troubles auditifs, et indirectement
des troubles neurologiques.
- 39 -
Perspectives
Un protocole d’étude de la sensibilité cochléaire des souris mutantes FRDA vis à
vis de traumatismes acoustiques pourra également être envisagé. Dans la continuité de
ce travail, une évaluation de l’effet protecteur d’un traitement anti-oxydant contre ces
traumatismes acoustiques pourra être réalisé. En effet, une équipe italienne (Sergi et
al., 2006) a étudié chez le cobaye les effets protecteurs contre les traumatismes
acoustiques de deux traitements anti-oxydatifs : la vitamine E et l’idébénone. Leurs
résultats (discussion au congrès 43rd Inner Ear Biology, Montpellier 2006) laissent
apparaître que ces deux traitements anti-oxydatifs conduisent à une diminution des
pertes auditives induites par l’exposition acoustique traumatisante, ainsi qu’une
atténuation des pertes cellulaires (cellules ciliées externes) également induite par le
traumatisme acoustique.
Dans le cadre de la mise au point de nouveaux modèles murins neurologiques de
l’ataxie de Friedreich, et en accord avec l’équipe du Pr Koeing, nous souhaitons
également évaluer le statut auditif ainsi que les réponses des voies nerveuses auditives
de ces souris mutantes.
- 40 -
Bibliographie
- Campuzano V, Montermini L, Molto MD, Pianese L, Cossee M, Cavalcanti F, Monros E,
Rodius F, Duclos F, Monticelli A, Zara F, Canizares J, Koutnikova H, Bidichandani SI,
Gellera C, Brice A, Trouillas P, De Michele G, Filla A, De Frutos R, Palau F, Patel PI, Di
Donato S, Mandel JL, Cocozza S, Koenig M, Pandolfo M.
Friedreich's ataxia: autosomal recessive disease caused by an intronic GAA triplet
repeat expansion. Science. 1996 Mar 8;271(5254):1423-7.
- Delatycki MB, Williamson R, Forrest SM.
Friedreich ataxia: an overview.
J Med Genet. 2000 Jan;37(1):1-8.
- Lopez-Diaz-de-Leon E, Silva-Rojas A, Ysunza A, Amavisca R, Rivera R.
Auditory neuropathy in Friedreich ataxia. A report of two cases.
Int J Pediatr Otorhinolaryngol. 2003 Jun;67(6):641-8.
- Pandolfo M
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Arch Neurol. 1999 Oct;56(10):1201-8.
- Sergi B, Fetoni AR, Paludetti G, Ferraresi A, Navarra P, Mordente A, Troiani D.
Protective properties of idebenone in noise-induced hearing loss in the guinea pig.
Neuroreport. 2006 Jun 26;17(9):857-61.
- Starr A, Picton TW, Sininger Y, Hood LJ, Berlin CI.
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Brain. 1996 Jun;119 ( Pt 3):741-53.
- Warner JP, Barron LH, Goudie D, Kelly K, Dow D, Fitzpatrick DR, Brock DJ
A general method for the detection of large CAG repeat expansions by fluorescent PCR
J. Med. Genet., Dec 1996; 33: 1022 - 1026
- Wilson RB, Roof DM.
Respiratory deficiency due to loss of mitochondrial DNA in yeast lacking the frataxin
homologue.
Nat Genet. 1997 Aug;16(4):352-7.
- 41 -
Annexe : fascicule explicatif distribué aux malades volontaires
Projet de recherche
Impact de l’ataxie de Friedreich sur la fonction auditive:
évaluation et suivi.
Comment entend-on ? Comment marche notre système auditif ?
De façon très simplifiée, notre système auditif est constitué de l’oreille externe
(le pavillon de « l’oreille » et le conduit auditif externe), de l’oreille moyenne
(comprenant le tympan et la chaîne des trois petits osselets avec le marteau, l’enclume
et l’étrier ; cette oreille moyenne est en relation avec le fond de la gorge par des
conduits appelés les trompes d’Eustache) et enfin de l’oreille interne (avec l’organe de
l’audition qu’est la cochlée et l’organe de l’équilibre qu’est le vestibule).
Lorsqu’un son, un bruit, une mélodie, des paroles sont captés par notre pavillon, ils
sont conduits jusqu'à niveau du tympan. Sous l’action de ce son, le tympan est mis en
vibration et cette vibration est transmise à l’oreille interne (cochlée) par la chaîne des
osselets. C’est au niveau de la cochlée que le son est codé puis transmis par le nerf
auditif en un message interprétable par notre cerveau.
- 42 -
Descriptif du projet de recherche
En plus des troubles neurologiques typiques de l’ataxie de Friedreich, certains
patients se plaignent de gêne auditive, plus particulièrement dans le bruit. Ce type de
plainte semble associé au degré de sévérité de la maladie.
Ces atteintes auditives associées à l’ataxie ont fait l'objet de très peu d'études
approfondies, l’examen de la littérature scientifique ne mettant en évidence qu’une seule
étude récente spécifique de l'audition chez deux patientes présentant une atteinte très
marquée, étude apportant malheureusement peu d'informations spécifiques en ce qui
concerne la nature et le degré des troubles auditifs (Lopez-Diaz-de-Leon E, 2003).
Dans notre étude préliminaire (réalisée sur seulement 4 patients porteurs de
l’ataxie de Friedreich) nous avons constaté une dégradation des potentiels évoqués
auditifs (PEAp - témoins du fonctionnement des voies nerveuses auditives – cf.
explications des tests). Ces constatations ont été observées chez les patients porteurs
d’une atteinte neurologique très marquée et lors d’une stimulation acoustique prolongée.
Chez ces mêmes patients nous avons noté une nette amélioration de ces PEAp après une
courte période de repos auditif. Par ailleurs, concernant les patients n’exprimant pas de
gêne auditive et avec une atteinte motrice plus discrète, leurs PEAp étaient normaux
même après stimulation acoustique prolongée.
Ce travail semble faire ressortir une correspondance entre d’une part l’évolution
de l’ataxie et d’autre part l’expression ou non de troubles de l’audition et des anomalies
des voies nerveuses auditives (anomalies détectables à l’aide des PEAp).
Le profil de la surdité rencontré chez ces patients traduit une neuropathie
auditive (pathologie du nerf auditif) particulière qui s’aggrave avec le temps de la
stimulation acoustique et qui peut être définie comme une neuropathie auditive par
fatigabilité acoustique.
L’objectif principal de ce projet de recherche (construit autour de ces
observations préliminaires) est d’examiner plus systématiquement (chez des volontaires)
les répercussions de l’ataxie de Friedreich sur la fonction auditive afin de comprendre
leurs origines, mais peut-être aussi d'exploiter les mesures auditives (basées sur les
PEAp) comme marqueurs de l'évolution de l'ataxie.
Parallèlement, nous examinerons si le modèle animal neuronal de l’ataxie de
Friedreich de l’équipe du Pr. M. Koenig présente des atteintes auditives similaires.
Ce travail vise à mettre au point un nouvel outil clinique et de recherche (basé
sur les PEAp) de suivi de l’évolution de la pathologie et également d’évaluer l’impact de
certaines substances pharmacologiques sur l’évolution des troubles auditifs, et peutêtre indirectement des troubles neurologiques.
Fabrice GIRAUDET
Laboratoire de Biophysique Sensorielle
Faculté de Médecine de Clermont Ferrand
Université d’Auvergne
28, place Henri Dunant
63001 CLERMONT FERRAND cedex 1
- 43 -
04.73.17.81.36
04.73.17.81.30 (secrétariat)
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Les tests auditifs
Les principaux tests réalisés dans le cadre de ce projet de recherche sont des
tests d’exploration fonctionnelle objective, c’est-à-dire qu’ils permettent d’avoir des
informations du fonctionnement du système auditif sans participation du sujet (et donc
n’induisant pas de fatigue supplémentaire). Parmi les tests subjectifs, avec participation
du sujet, on peut citer l’audiogramme qui permet de déterminer les seuils auditifs (c’està-dire la plus petite intensité de sons perçue).
Ces tests sont rapides (quelques minutes), non invasifs et objectifs (pas de
contribution active du patient et pas de fatigue supplémentaire).
Les potentiels évoqués auditifs (PEAp)
Ce test permet d’examiner l’activité du nerf auditif. Pour cela des électrodes
(identiques à celles utilisées pour un électrocardiogramme) sont collées sur le front et
derrière les oreilles afin de recueillir l’activité du nerf auditif (qui est une activité de
type électrique). Un casque (écouteur placé sur l'oreille à tester, identique à un casque
de chaîne Hi-fi) délivre une stimulation acoustique. Le signal acoustique va être traité
par le système auditif et va générer une réponse du nerf auditif. Cette réponse du nerf
auditif est caractéristique, sous la forme d’un tracé avec plusieurs ondes.
(d’après le site : Promenade autour de la cochlée)
La durée de cet examen est d’environ 30-45minutes.
Les otoémissions acoustiques
Les otoémissions acoustiques sont des sons émis par la cochlée (oreille interne).
Ces otoémissions acoustiques peuvent être spontanées ou provoquées en réponse à une
stimulation acoustique. L’étude des otoémissions est un test d’exploration spécifique
d’un certain type de cellules de la cochlée: les cellules ciliées externes.
La technique d’enregistrement des otoémissions est basée sur la mise en place
dans le conduit auditif d’une sonde miniature contenant un microphone (stimulation
acoustique) et un microphone (pour enregistrer les otoémissions).
La durée de cet examen est d’environ 10-15minutes.
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Communications orales et affichées
- Giraudet F., Avan P., Tanguy O., Mom T.
Particular electrophysiological features of an auditory neuropathy of metabolic
origin, Friedreich's ataxia
Annual Collegium OtoRhinoLaryngologium Amicitiae Sacrum meeting – Seoul august 2007
- Giraudet F., Martelli A., Puccio H., Mom T., Avan P.
Ataxie de Friedreich et neuropathie auditive: étude clinique et animale
Journée de la Recherche- IFR Santé Auvergne – Clermont Ferrand –
novembre 2006
- Giraudet F., Martelli A., Puccio H., Mom T., Avan P.
Auditory neuropathy in a hereditary mitochondrial disease : Evaluation of
hearing function in Friedreich ataxia mouse transgenic model
43nd Workshop on Inner Ear Biology - Montpellier- septembre 2006
- Avan P., Giraudet F., Boesplug-Tanguy O., Mom T.
Variability of neural responses in cases of neural deafness (“auditory neurpathy”)
of metabolic origin
Annual Collegium OtoRhinoLaryngologium Amicitiae Sacrum meeting – Moscou –
august 2006
- Giraudet F., Avan P., Boesplug-Tanguy O., Mom T.
Friedreich‘s ataxia and neurosensorial deafness : Auditory neuropathy with
acoustic
fatigability
IXe International Congress of he European Society of Pediatric
Otorhinolaryngology – Paris – juin 2006
- Giraudet F., Avan P., Boesplug-Tanguy O., Gilain L., Mom T.
Patterns of auditory neuropathy in several cases of myopathy in children
IXe International Congress of he European Society of Pediatric Otorhinolaryngology –
Paris – juin 2006
- Giraudet F., Mom T., Avan P.,Gilain L., Boesplug-Tanguy O.
Maladie de Friedreich et Surdité Neuro-sensorielle : une neuropathie auditive
progressive.
112ème Congrès de la Société Française d'ORL et de Chirurgie de la face et du
cou – Paris – octobre 2005
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Impact de l’ataxie de Friedreich sur la fonction auditive:
évaluation et suivi.
- recherche clinique & expérimentation animale Fabrice GIRAUDET
En plus des troubles neurologiques typiques de l’ataxie de Friedreich,
certains patients se plaignent de gêne auditive, plus particulièrement dans le
bruit. Ce type de plainte semble associé au degré de sévérité de la maladie.
L’objectif de cette étude est d’examiner les répercussions de l’ataxie de
Friedreich sur la fonction auditive et plus particulièrement sur la conduction des
voies nerveuses auditives (à l’aide des potentiels évoqués auditifs - PEAp)
Nous avons montré, chez des malades volontaires, que l’atteinte auditive
rencontrée dans la maladie de Friedreich est la conséquence d’une atteinte des
voies auditives périphériques. Cette atteinte fonctionnelle n’affecte pas l’organe
périphérique de l’audition (la cochlée, ou oreille interne). Il s’agit donc, au sens
strict du terme, d’une neuropathie auditive. Cette neuropathie a la particularité
de s’aggraver avec le temps de stimulation acoustique, ce que l’on pourrait
appeler une fatigabilité acoustique.
Des résultats similaires ont été obtenus chez un modèle neurologique de
souris mutantes (développé par l’équipe du Pr Koeing).
Notre étude fait donc ressortir une correspondance entre d’une part la
sévérité de la maladie et d’autre part l’expression ou non de troubles de
l’audition et des anomalies de la conduction des voies nerveuses auditives.
Cette analyse de la conduction des voies nerveuses auditives pourrait être
utilisée comme un marqueur, un indice de suivi de l’évolution de la pathologie. Ceci
permettrait également d’examiner l’impact de certaines substances
pharmacologiques sur l’évolution des troubles auditifs, et indirectement des
troubles neurologiques.
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