Efficacité et tolérance du Febuxostat chez 73 patients gouteux avec
Insuffisance chronique stade 4 et 5 : résultats d’une étude rétrospective
multicentrique
P-A Juge1, M-E Truchetet2, S Ottaviani3, 4, C Vigneau5, C Loustau2 D Cornec6, T
Pascart7, E Cornec-Legall8, M Forien9, F Bailly10, T Schaeverbeke2, A Saraux6, P
Dieudé3, 4, R-M Flipo7, G Jean-Baptiste9, P Richette1, 4, F Lioté1, 4 T, Ba rd in 1, 4, G
Chalès11 ,H-K Ea1, 4
Introduction
L’allopurinol est le traitement hypouricémiant de première ligne mais la posologie
maximale autorisée chez les patients avec une insuffisance rénale chronique stade 4
ou 5 (IRC 4/5) ne permet généralement pas d’atteindre l’uricémie cible (< 6,0 mg/dL).
Le Febuxostat est un inhibiteur de la xanthine oxydase non purinique avec un
métabolisme hépatique prédominant qui peut être utilisé sans ajustement de dose
chez les patients gouteux avec IRC. Son efficacité et sa tolérance chez les patients
avec IRC n’ont été rapportées que dans une seule étude et il n’existe aucune donnée
chez les patients transplantés (1).
Méthodes
Dans cette étude rétrospective, multicentrique, les patients gouteux avec un débit de
filtration glomérulaire (DFG) ≤ 30 mL/min/1.73 m2 (formule MDRD) à l’initiation du
Febuxostat et avec un suivi d’au moins 3 mois ont été inclus. Les données collectées
(données démographiques, comorbidités, maladie rénale, histoire de la goutte et ses
traitements, les médicaments hyperuricémiants, les données biologiques et les effets
secondaires) ont été approuvées par l’ensemble des centres. Les variables
analysées étaient : l’uricémie à l’initiation du Febuxostat et la dernière uricémie
disponible ; les variations du DFG ; le pourcentage de patients ayant atteints
l’uricémie cible < 6.0 mg/dL et 5.0 mg/dL ; le nombre de crises sous traitement
hypouricémiant et l’ensemble des effets secondaires avec une attention spécifique
aux événements cardiovasculaires.
Résultats
Soixante-treize patients goutteux (âge moyen 70,2 ± 11,8, 61 hommes) provenant de
10 services de rhumatologie française ont été inclus. Trente et un patients (42,5%)
présentaient une IRC vasculaire et 18 patients (24,7%) étaient transplantés. La
goutte évoluait depuis en moyenne 6 ans. Trente deux patients (43,5%) avaient des
tophus et 28 (38,4%) une arthropathie goutteuse. Une insuffisance cardiaque était
présente chez 13 patients (17,8%). Soixante-douze patients étaient hypertendus, 22
(30,1%) diabétiques, 48 (64,8%) dyslipidémiques et 28 (38,4%) un antécédent
d’évènement cardio-vasculaires (AVC ou infarctus du myocarde). L’uricémie et le
DFG moyens à l’initiation du Febuxostat étaient, respectivement, de 98,6 ± 28,5 mg/L
et 21,6 ± 6,2 mL/min (6-30 mL/min). La dose initiale de Febuxostat était de 80 mg/j
pour 47 patients (68,1%), 80 mg tous les 2 jours pour 17 patients (24,6%) et 120 mg/j
pour 5 patients (7,3%). Lors de la dernière visite (suivi moyen de 69 semaines (12-
260)), l’uricémie moyenne était 50,6 ± 23,2 mg/L ; 49 patients (65,1%) atteignait
l’uricémie cible < 6,0 mg/dL et 43 (58,9%) avaient une uricémie < 5 mg/dL. Une
amélioration du DFG (définie par une amélioration d’au moins 10 % du DFG initial)
était observée chez 18 patients (24,7%) avec une augmentation moyenne du DFG de
+ 7,1 mL/min. Le DFG était inchangé chez 24 patients (32,9%). Une aggravation du