ESP1_63567 26/03/08 16:38 Page 1 ÉLÉMENTS À PRENDRE EN COMPTE POUR LE CHOIX D'UN ÉQUIPEMENT DE PROTECTION INDIVIDUELLE CONTRE LE BRUIT RENARD C.*, HUMEZ N.*, DIEBOLT R.**, DI VINCENZO D.*** *Audioprothésiste D.E., **Ingénieur Acousticien, ***D.U. Techniques Audioprothétiques Laboratoire d'Audiologie RENARD - 50 rue Nationale - 59000 LILLE Résumé Le choix d'un équipement de Protection Individuelle Contre le Bruit (PICB) est soumis à certaines contraintes liées notamment aux caractéristiques acoustiques du bruit, aux besoins d'écoute, aux conditions d'exposition et au niveau d'audition de la personne concernée. D'autres paramètres sont à considérer : le confort physique et auditif de la protection (résonance, effet d'occlusion) et les conditions d'hygiène liées au milieu professionnel. Une parfaite maîtrise de ces exigences garantira le respect des nouvelles normes de sécurité et le port effectif des PICB. Les différents équipements de Protection Individuelle Contre le Bruit (PICB) Il existe principalement 3 types de protecteurs individuels contre le bruit : Les casques (ou serre-têtes) Leur atténuation dépend essentiellement des matériaux dont sont constituées les coques. Les bouchons standards (jetables ou réutilisables) Leur atténuation dépend du matériau, de la forme, et du positionnement dans le conduit auditif. Les embouts sur mesure Leur atténuation dépend de leur forme, de leur matière et du filtre éventuel. La qualité de l'empreinte auriculaire joue un rôle essentiel. Protecteurs antibruit passifs et actifs Les PICB passifs ne contiennent aucun système électronique permettant un traitement actif du bruit. Leur atténuation n'est induite que par la forme, la structure, les matériaux et le positionnement dans l'oreille. Ces protecteurs peuvent être munis de filtres acoustiques, permettant d'adapter les niveaux d'atténuation aux besoins spécifiques d'écoute. Les PICB actifs sont, quant à eux, Bruit externe munis d'un dispositif électronique permettant une réduction automatique active des bruits Bruit atténué au-delà d'un certain niveau ( par exemple 80 dB). Les sons utiles (1) Microphone (parole, indicateurs sonores de (2) Circuit électronique (3) Haut parleur fonctionnement des machines) ne Principe des casques actifs sont pas «bloqués» et peuvent même être légèrement amplifiés pour des personnes présentant un déficit auditif, même léger. Certains protecteurs actifs utilisent également un système dit « en opposition de phase ». Les casques munis de ces dispositifs électroniques enregistrent, moyennant des micros, les bruits extérieurs. Ces bruits sont alors analysés et certaines ondes sonores sont renvoyées en opposition de phase (l'amplitude maximale de l'une coïncide avec l'amplitude minimale de l'autre et s'y superpose). L'intensité du bruit reçu au niveau de l'oreille est par conséquent réduite. des bouchons réutilisables dans certains milieux professionnels (par exemple en cas d'exposition à des solvants ou à des projections de peinture...). Dans le cas de protections standards réutilisables, un simple nettoyage à l'eau tiède est conseillé par les fabricants. Lors de la délivrance d'embouts antibruit sur mesure, un kit de nettoyage doit être fourni conjointement à une notice d'utilisation. Confort physique Quel que soit le type de PICB, le confort physique est nécessairement à prendre en compte pour l'obtention d'un port effectif pendant toute la durée de l'exposition. Dans le cas des casques antibruit, “la pression exercée par la majorité d'entre eux est suffisante pour interrompre l'arrivée du sang dans la zone de l'oreille. Après un certain temps, la plupart des individus commencent à sentir une gêne et ils ont tendance à retirer leurs casques pour de courtes périodes, voire pour le reste du temps d'exposition” (selon une étude de W. WILLIAMS du laboratoire National d'Acoustique Australien). Les travailleurs utilisant les casques antibruit se plaignent aussi très souvent de la chaleur et de la transpiration provoquées par le port de ces équipements. Il faut donc conseiller au porteur de retirer le casque pendant quelques minutes de temps à autre dans le calme. Pour ce qui est des bouchons standards, il faut que la forme s'adapte bien à la morphologie du conduit auditif externe. Le choix du bouchon est donc fondamental, une mauvaise mise en place pouvant compromettre grandement l'atténuation annoncée. Des problèmes d'otophonie ou de sensation d'occlusion rendent également le port de la protection antibruit aléatoire. Ces phénomènes résultent de la fermeture du conduit auditif externe et se produisent principalement lors d'une insertion inadaptée du PICB dans le conduit. Une insertion profonde est nécessaire pour réduire cet effet d’occlusion. L'intérêt d'un embout sur mesure est de respecter parfaitement la morphologie de chaque individu et d'éviter ces inconvénients. Les figures ci-dessous illustrent ce phénomène. Oreille ouverte Oreille occluse Les vibrations sortent du conduit auditif Les vibrations sont “enfermées” dans le conduit auditif Effet d’occlusion : Représentation de la propagation des vibrations dans le conduit auditif Insertion courte Insertion profonde Beaucoup de vibrations Peu de vibrations Eléments à prendre en compte lors du choix d'un PICB Atténuation suffisante et adaptée Il faut que le bruit auquel est soumis le travailleur soit suffisamment atténué pour que le niveau d'exposition avec la protection soit inférieur aux valeurs définies par la réglementation du 6 février 2003 (directive européenne 2003/10/CE). La durée d'exposition, les caractéristiques du bruit (intensité, fréquence) et les atténuations réelles des protecteurs pour chaque bande d'octave doivent être pris en compte lors du choix du PICB. Relation entre volume et effet d’occlusion - Berger E.H., 1983 Information et sensibilisation des personnels concernés Maintien des besoins d'écoute Le PICB doit maintenir (voire accroître dans le cas de personnes déficientes auditives) une perception auditive suffisante pour assurer une bonne fonction d'alerte (identification et localisation d'éléments sonores pertinents de l'environnement tels que la parole ou certains sons utiles). Pour ce qui est des malentendants appareillés, deux solutions se présentent : • soit retirer les appareils de correction auditive et porter une protection antibruit adaptée (idéalement un système actif) • soit maintenir le port des appareils de correction auditive, à condition que le réglage réalisé par l'audioprothésiste soit adapté à la déficience auditive, mais aussi aux conditions d'exposition. L'information des salariés concernés sur les risques liés au bruit dans le milieu professionnel est elle aussi une étape essentielle. Cette sensibilisation est d'ailleurs rendue obligatoire par la directive européenne du 6 février 2003 lorsque le niveau d'exposition quotidienne (LEX,8h) ou le niveau crête (Lpc) égalent ou dépassent les VAI (valeurs d'expositions inférieures). Lors de cette information, il faut expliquer de façon précise les risques encourus lors d'une exposition à des bruits nocifs. Le salarié doit être informé de la nécessité d'une adaptation au port du PICB qui, au début, risque d'être contraignant mais qui est indispensable au maintien de l'intégrité de ses facultés auditives. Les conseils d'hygiène doivent aussi être donnés. Conditions d'hygiène du lieu de travail L'hygiène sur le lieu de travail doit faire partie intégrante des critères de choix d'un PICB. Les bouchons standards à usage unique seront préférés à Le port permanent du protecteur individuel contre le bruit pendant toute la durée d'exposition au bruit est indispensable pour son efficacité. Retirer une protection une heure par jour suffit à faire baisser son efficacité de 70 % ! A RETENIR Références : C. RENARD (2007) Contraintes d'adaptation des équipements de protection individuelle contre le bruit. Dossier spécial « Noise at Work » Acoustique et Techniques N° 49. WILLIAMS W. (2007) Est-il raisonnable d’attendre d’individus qu’ils portent des casques de protection auditive pour des périodes prolongées ? Forum Noise at Work, Lille Grand Palais. Communication 184.