LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES INFLUENCENT
DURABLEMENT LE CLIMAT DANS L'ATLANTIQUE NORD
Les particules émises lors d'éruptions volcaniques majeures refroidissent l'atmosphère par
un effet "parasol", réfléchissant les rayons du soleil. Ces particules volcaniques ont un effet
direct assez bref, deux à trois ans, dans l'atmosphère. Pourtant, elles modifient pendant plus
de 20 ans la circulation océanique de l'Atlantique nord, qui relie courants de surface et
courants profonds, et module le climat européen.
C'est ce que viennent de découvrir des chercheurs du CNRS, de l'IRD, du CEA et de MétéoFrance* en combinant,
pour la première fois, des simulations climatiques, des mesures océanographiques récentes et des informations issues
d'archives naturelles du climat. Ces résultats** sont publiés le 30 mars 2015 dans .Nature Communications
L'océan Atlantique est le siège de variations de la température de surface qui s'étendent sur plusieurs décennies et qui
influencent le climat de l'Europe. Cette variabilité lente est due à des modifications de la circulation océanique, qui relie
les courants de surface aux courants profonds, et qui transporte la chaleur depuis les tropiques jusqu'aux mers de
Norvège et du Groenland. Cependant, sa cause reste mal connue.
Afin d'en décrypter les mécanismes, les chercheurs ont tout d'abord utilisé des informations couvrant le dernier
millénaire et issues d'archives naturelles du climat. Ainsi, l'étude de la composition chimique de l'eau des carottes de
glace du Groenland permet d'y estimer les changements passés de température. Ces données montrent le lien étroit
entre la température de surface de l'océan Atlantique et la température de l'air au-dessus du Groenland, et révèlent que la variabilité du climat dans
cette région est un phénomène périodique dont certains cycles, ou oscillations, durent environ vingt ans.
En utilisant des simulations numériques de plus de vingt modèles de climat différents, les chercheurs ont également mis en évidence que des
éruptions volcaniques majeures, comme celle de l'Agung, en Indonésie en 1963, ou du Pinatubo, aux Philippines, en 1991, pouvaient modifier en
profondeur la circulation océanique de l'Atlantique nord. En effet, les grandes quantités de particules émises par ces éruptions vers la haute
atmosphère réfléchissent une partie du rayonnement solaire par un effet similaire à celui d'un parasol, ce qui entraîne un refroidissement du climat à la
surface de la Terre. Ce refroidissement, qui ne dure que deux à trois ans, provoque alors une réorganisation de la circulation océanique dans l'océan
Atlantique nord. Quinze ans environ après le début de l'éruption, cette circulation s'accélère, puis ralentit au bout de vingt-cinq ans, et accélère à
nouveau trente-cinq ans après le début de l'éruption volcanique. Les éruptions volcaniques semblent ainsi fonctionner, sur la circulation océanique de
l'Atlantique nord, à la manière d'un "pace-maker" qui met en route une variabilité sur 20 ans.
Les scientifiques ont confirmé ces résultats en les comparant avec des observations de la salinité océanique, facteur déterminant pour la plongée des
eaux et donc de la circulation océanique. Ils ont décelé, dans les simulations numériques et dans ces observations océanographiques modernes, des
variations similaires au début des années 1970 et 1990 liées à l'éruption du volcan Agung. Grâce à des observations issues de carotte de glace
groenlandaise, à des observations effectuées sur des coquillages bivalves, âgés de plus de cinq cent ans et vivant au nord de l'Islande, et à une
simulation du climat du dernier millénaire, les chercheurs ont systématiquement identifié une accélération de la circulation océanique quinze ans après
cinq éruptions volcaniques ayant eu lieu il y a plusieurs centaines d'années.
Enfin, les chercheurs ont mis en évidence les interférences produites par les trois dernières éruptions volcaniques majeures, Agung en 1963, El
Chichon, au Mexique en 1982 et Pinatubo en 1991, expliquant pour la première fois la variabilité récente des courants de l'océan Atlantique nord. Ils
concluent qu'une éruption majeure dans un futur proche pourrait avoir une incidence pendant plusieurs décennies sur les courants de l'océan
Atlantique nord et donc sur la capacité de prévoir la variabilité du climat européen. Ils souhaitent désormais consolider ces résultats en multipliant les
sources de données, notamment en paléoclimatologie.
Informations complémentaires :
Notes
*Du laboratoire Environnements et paléo environnements océaniques et continentaux (CNRS/Université de Bordeaux), du Centre national de
recherches météorologiques - groupe d'étude de l'atmosphère météorologique (CNRS/Météo France), du Laboratoire d'océanographie et du climat :
expérimentations et approches numériques (CNRS/UPMC/MNHN/IRD) et du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement
appartenant tous deux à .(CNRS/CEA/UVSQ) l'Institut Pierre Simon Laplace
**Ce projet a été financé par l'Agence Nationale de la Recherche via le projet « Groenland vert » du programme Changements Environnementaux
Planétaires et Société (2011-2015).
Références
Bidecadal North Atlantic ocean circulation variability controlled by timing of volcanic eruptions. Didier Swingedouw,Pablo Ortega,Juliette Mignot,Eric
Guilyardi,Valérie MassonDelmotte,Paul G.Butler, Myriam Khodri and Roland Séférian. , le 30 mars 2015. DOI:Nature Communications
10.1038/ncomms7545.
Contacts
Chercheur CNRS - Didier Swingedouw - T. 05 40 00 89 04 [email protected]
Presse CNRS - Alexiane Agullo - T. 01 44 96 43 90 [email protected]
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Dernière mise à jour de cette page : 4 juin 2015
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