COMMUNIQUÉ DE PRESSE NATIONAL I PARIS I 25 MARS 2015
Attention ! Sous embargo jusqu’au 30 mars 2015, à 11h (heure française)
Les particules émises lors d’éruptions volcaniques majeures refroidissent l’atmosphère par un
effet « parasol », réfléchissant les rayons du soleil. Ces particules volcaniques ont un effet direct
assez bref, deux à trois ans, dans l’atmosphère. Pourtant, elles modifient pendant plus de 20 ans la
circulation océanique de l’Atlantique nord, qui relie courants de surface et courants profonds, et
module le climat européen. C’est ce que viennent de découvrir des chercheurs du CNRS, de l’IRD,
du CEA et de Météo‐France
en combinant, pour la première fois, des simulations climatiques, des
mesures océanographiques récentes et des informations issues d’archives naturelles du climat.
Ces résultats
sont publiés le 30 mars 2015 dans Nature Communications.
L’océan Atlantique est le siège de variations de la température de surface qui s'étendent sur plusieurs
décennies et qui influencent le climat de l’Europe. Cette variabilité lente est due à des modifications de la
circulation océanique, qui relie les courants de surface aux courants profonds, et qui transporte la chaleur
depuis les tropiques jusqu’aux mers de Norvège et du Groenland. Cependant, sa cause reste mal connue.
Afin d’en décrypter les mécanismes, les chercheurs ont tout d’abord utilisé des informations couvrant le
dernier millénaire et issues d’archives naturelles du climat. Ainsi, l’étude de la composition chimique de
l’eau des carottes de glace du Groenland permet d’y estimer les changements passés de température.
Ces données montrent le lien étroit entre la température de surface de l’océan Atlantique et la température
de l’air au-dessus du Groenland, et révèlent que la variabilité du climat dans cette région est un
phénomène périodique dont certains cycles, ou oscillations, durent environ vingt ans.
En utilisant des simulations numériques de plus de vingt modèles de climat différents, les chercheurs ont
également mis en évidence que des éruptions volcaniques majeures, comme celle de l’Agung, en
Indonésie en 1963, ou du Pinatubo, aux Philippines, en 1991, pouvaient modifier en profondeur la
circulation océanique de l’Atlantique nord. En effet, les grandes quantités de particules émises par ces
éruptions vers la haute atmosphère réfléchissent une partie du rayonnement solaire par un effet similaire à
celui d’un parasol, ce qui entraîne un refroidissement du climat à la surface de la Terre. Ce
refroidissement, qui ne dure que deux à trois ans, provoque alors une réorganisation de la circulation
océanique dans l’océan Atlantique nord. Quinze ans environ après le début de l‘éruption, cette circulation
Du laboratoire Environnements et paléo environnements océaniques et continentaux (CNRS/Université de Bordeaux), du Centre
national de recherches météorologiques - groupe d’étude de l’atmosphère météorologique (CNRS/Météo France), du Laboratoire
d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (CNRS/UPMC/MNHN/IRD) et du Laboratoire des
sciences du climat et de l’environnement (CNRS/CEA/UVSQ) appartenant tous deux à l’Institut Pierre Simon Laplace.
Ce projet a été financé par l’Agence Nationale de la Recherche via le projet « Groenland vert » du programme Changements
Environnementaux Planétaires et Société (2011-2015).
Les éruptions volcaniques influencent durablement
le climat dans l’Atlantique nord