Jordanie et géologie
La géologie de la Jordanie est excessivement variée et
complexe. La position du pays à proximité de la faille
du Rift est une situation très favorable pour observer
toutes sortes de phénomènes. A cela s’ajoute la pré-
sence, à époque très reculée, d’une mer qui a laissé
des couches de dépôts. Entammées par l’érosion, ces
couches laissent apparaître au grand jour toutes sor-
tes de trésors. Le développement de la Jordanie doit
beaucoup à sa géologie, depuis les époques les plus
reculées jusqu’à nos jours.
La Jordanie peut être divisée en régions géologiques
bien distinctes.
1-La zone calcaire et silicieuse
La grande majorité du plateau transjordanien et du
désert qui s’étend en direction de l’est, principale-
ment au nord du pays, est en calcaire.
Cette couche calcaire s’est formée par des dépôts da-
tant essentiellement du Crétacé (-145 à -65 millions
d’années), alors que toute la région du Moyen-Orient
était recouverte d’une mer chaude, propice à une vie
marine foisonnante qui a laissé de nombreux fossi-
les.
Les couches de calcaire alternent avec des couches
silicieuses, beaucoup plus dures. Les couches plus
friables s’étant érodées plus facilement, on voit ap-
paraître des efeurements rocailleux dans des zones
par ailleurs cultivables, ainsi que des crêtes sur les
plateaux.
La combinaison du calcaire et d’un climat relative-
ment humide, comme il se produit dans les monta-
gnes du nord du pays, a provoqué des sols fertiles et
propices à une riche ore naturelle. C’est ainsi qu’on
trouve la meilleure terre dans les collines entre Am-
man et le nord, avec une végétation abondante, des
forêts, des praires et beaucoup de vergers.
Le calcaire sert de matière première à multiples usa-
ges. Actuellement, il fournit la pierre de construction
d’Amman, que l’on surnomme la « ville blanche ». Il
est également utilisé dans la composition du ciment.
Les couches de calcaires contiennent aussi du phos-
phate, qui constitue la principale exportation de la
Jordanie. En outre, ces couches renferment également
la plus importante nappe aquifère du pays, située à
1200m sous la ville d’Amman.
Dans les déserts, le silex et le chert forment par-dessus
le calcaire une couche de surface de roches brisées,
d’origine desert noir au sud de Kharaneh volcanique.
C’est la présence de ce silex en quantité abondante
qui a permis à l’homme préhistorique de développer
ses outils, ce qui a contribué à son établissement à
long terme dans notre région et le développement
d’une culture particulièrement avancée.
L’accumulation des couches géologiques est bien vi-
sible dans la faille du Wadi Mujib, qui, d’une pro-
fondeur de 800m, montre dans sa partie médiane
Jordanie et géologie
(texte ref http://www.jordanie-solidarite.org/58+la-geologie.html)
des couches de calcaire dure en alternance avec des
couches plus argileuses. Dans le fond de la faille et
près de la Mer Morte, on a une prédominance de grès,
alors qu’on trouve une couche de basalte dans sa par-
tie supérieure.
2-Le grès
Le grès se répartit sur les abords de la vallée du Rift,
ainsi qu’à Dana, à Pétra et dans le désert de Wadi
Rum.
Le grès s’est formé en général entre 590 et 408 mil-
lions d’années. On en rencontre trois type en Jorda-
nie, qui ont chacun produit des géologies bien dis-
tinctes :
Le grès dur et rouge, qui a formé des falaises
Le grès tendre, rose et blanc, qui a formé des pentes
douces.
Le grès blanc, qui a fomé des domes tels qu’on peut
voir à Dana, ou les mesas à Wadi Rum .
Le Wadi Dana, d’un dénivelé de 1700m, s’est formé
sur une ligne de pierre plus tendre qui a subi l’érosion
d’un cours d’eau probablement beaucoup plus impé-
tueux qu’il ne l’est aujourd’hui. Certaines couches
visibles dans le Wadi Dana se retrouvent dans le Wadi
Rum. Les mamelons blancs que l’on voit dans les en-
virons sont des dépôts qui ont été érodés par l’eau il
y a 500 à 400 millions d’années. Ils ne sont donc pas
récents comme on pourrait le penser. Ils contiennent
de nombreux fossiles.
A Wadi Rum, les mesas se sont formées sur des in-
tersections de failles qui ont divisé les grès en blocs
de forme Wadi Rum plus ou moins cubiques ou rec-
tangulaires. L’activité tectonique a poussé le grès en
surface, qui s’est craquelé. Avec le travail de l’éro-
sion, les failles sont d’abord devenues des gorges, qui
se sont élargies et sont devenues des vallées qui se
sont comblées de sable. Le sommet des mesas se si-
tuent à 800m au-dessus du niveau des plaines. Quand
une mesa est quasiment laminée par l’érosion, on
l’appelle une butte. La base des mesas est en granite,
alors que le sommet en grès souvent blanc.
Le Siq de Petra
Le Siq de Pétra s’est formé quand la force de l’eau a
exploité une ligne plus faible dans la roche. Le carac-
tère tendre de la pierre et la facilité à la creuser ont
incité les Nabatéens à s’y installer. L’érosion du grès
est telle qu’il pose actuellement un problème majeur
de préservation du site. Les milliers de visiteurs jour-
naliers contribuent à accentuer l’érosion.
Les couleurs très particulières des roches de Pétra, en-
tre le jaune, l’orange, le rouge, le gris, le brun, le bleu
et le mauve, ont été constituées par des dépôts succes-
sifs de fer et de manganèse drainés par l’inltration
de l’eau dans les roches des sous-sols à une grande
profondeur. On appelle ces phénomènes des « bandes
ou les anneaux de Liesegang ». Leur géometrie est
toujours celles de bandes ondulantes de couleur va-
riable et plus ou moins parallèles, s’organisant parfois
en anneaux emboités. Elles ont pour origine la préci-
pitation rythmée d’oxyde et d’hydroxides de fer et de
manganèse à partir d’une eau chimiquement saturée
en ces mêmes métaux et circulant par percolation au
sein de la roche elle-même, ou dans son substratum
(ici le socle panafricain).
Dans un premier temps, l’eau qui y circule dissout et
entraîne ces métaux; dans un second temps, et sous
l’effet de la migration de cette eau par capillarité à
travers les pores de la roche, les métaux vont se sé-
parer et se déposer individuellement sous forme de
composés insolubles à des distances différentes.
L’eau a circulé dans ces grès à maintes reprises de-
puis leur dépôt il y a 500 millions d’années, chaque
nouvelle arrivée d’eau ayant comme conséquence la
surimposition de ces gures.
3-Les formations rocheuses derrière Aqaba
Le plus ancien basement rocheux de Jordanie est vi-
sible derrière la ville d’Aqaba. Il date de 570 millions
d’années. Il s’agit de granite inltré de lons de ro-
che ignée d’origine volcanique qui se sont introduits
dans le granite quand cette roche résidait encore pro-
fondément sous la surface. La roche a été soumise à
une grande tension, ce qui a provoqué des ssures qui
se sont ultérieurement comblées de roche plus tendre
ou de la lave. Ces lons sont appelés sills, si l’inl-
tration se produit horizontalement entre des couches
de roches, ou dikes, si elles se produisent verticale-
ment pour combler des ssures. Elles apparaissent
sous forme de rayures ocres, vertes ou noires sur
les ancs des montagnes.
L’érosion du granite a provoqué un matériau alluvial
qui encombre le fond des wadis et les pentes des col-
lines plus basses. Une végétation de savane y trouve
alors des conditions favorables quand l’eau est en
sufsance.
4-Le désert de basalte
Le désert de basalte qui s’étend à l’est est le produit
de l’activité volcanique qui a commença il y a 25 mil-
lions d’années et qui s’est terminée il y a 1 million
d’années dans la région de l’actuel Djebel el-Druze
(Jabal Druze), au sud de la Syrie actuelle [massif
culminant à 1803m au Tell Qeni] Les ots de lave
émanant du volcan se sont écoulés surtout au nord,
dans le centre de la Syrie, mais également en une pro-
portion moindre en direction du sud.
Le Jabal Druze est un volcan large et relativement
plat. Il a donné lieu à une série de cônes volcaniques
qui s’étendent dans la direction du sud jusque dans le
désert saoudien. Plusieurs de ces cônes sont visibles
de la route allant de Mafraq à la frontière irakienne,
comme par exemple ceux d’Aritain. Certains cônes
sont exploités pour la lave devenue du gravier ap-
précié pour l’aménagement des jardins [il s’agit
certainement de pouzzolanes, comme celles ramas-
sées à Qasr Al Karaneh]. Les cônes les plus accessi-
bles sont sérieusement menacés de disparition.
Les bouchons volcaniques pourraient facilement être
pris pour des cônes. Mais leur formation est différen-
te : ils se sont formés quand de la lave a durci dans
l’orice du volcan, retenant prisonnier le magma en
fusion. Le bouchon apparaît sous forme de roches ba-
saltiques lorsque les parois du volcan qui l’entourent
s’érodent [dykes].
Le basalte est une pierre lourde [non bulleuse], noire,
riche en fer [pauvre en silice], directement issue d’un
magma qui s’est refroidi au contact de l’air ou de
l’eau. Sur certains blocs apparaissent des petits trous
laissés par les bulles de gaz [roche de type andésite,
comme celle utilisée pour le théâtre de Gadara par
exemple].
Les variations de températures typiques du désert
(très froid à très chaud) ont brisé la lave en blocs de
pierres [Cette explication est farfelue la lave ne pou-
vant être altérée par des températures aussi limitées.
Il s’agit en fait de téphras ou pyroclastes (scories vol-
caniques)] qui recouvrent maintenant le désert à perte
de vue.
Le désert de basalte contient également des grottes
volcaniques, sorte de bouches béantes qui se sont
formées lorsque la lave fut éjectée hors du sol sous
l’effet de pressions souterraines. Une fois la pression
liberée, la lave s’est retirée au fond des entrailles de
la terre, laissant des bouches béantes et tout un systè-
me de galeries souterraines parcourant le sous sol de
grandes surfaces désertiques. On peut voir certaines
de ces grottes à proximité de la route qui va de Ma-
fraq à la frontière irakienne. Certaines sont très pro-
fondes et leur exploration exige un matériel spécia-
lisé. Elles ont attiré bien sûr l’attention des hommes
aux époques les plus reculées et on trouve facilement
des restes de céramique à proximité. A époque plus
récente, les plus accessibles ont été utilisées comme
bergeries.
Le bassin d’Azraq est un exemple typique des nom-
breuses cuvettes endoréiques développées en zone
subaride et fréquentes en Jordanie (Al Jafar) et en Sy-
rie. Ces cuvettes ont attiré les hommes et conservent
par conséquent de nombreuses traces d’occupation
humaine très anciennes. Elles étaient essentiellement
allimentées par l’écoulement temporaires des wadis
autrefois plus importants qu’aujourd’hui et parfois,
comme dans le cas d’Azarq,de sources relativement
puissantes et régulières.
Le bassin d’Azraq est vaste de plus de 13 000 km2. Il
se situe sur la retombée orientale du plateau jordanien
et sur le anc méridionnal du Jabal Druze. Le fond
de la dépression se trouve à 500 m d’altitude. Les
précipitations brèves mais denses de la saison hiver-
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