Workshop Titre : Anthropologie chez soi, ethnologie du proche. Enjeux liés à la
recherche et l’application
Organisateurs
Dr Fatoumata Ouattara, anthropologue, IRD, Marseille
Prof Mamadou Diawara, anthropologue, Université Goethe de Francfort
Abstrait
Historiquement, l’ethnologie et l’anthropologie sont des disciplines pratiquées par des cher-
cheurs extérieurs aux sociétés étudiées. En outre, la colonisation a favorisé la construction
d’un discours du savoir anthropologique reposant sur l’idée du grand partage érigeant un
« nous » et les « autres » qui n’a certainement pas favorisé un débat explicite sur les modalités
de la recherche dans des contextes de proximité.
De ces qualifications anglophones (Indigenous anthropology, insider anthropology, anthro-
pology at home, native anthropology…) à ses dénominations françaises (ethnographie chez
soi, endo-ethnologie, ethnologie du présent…), l’expression générique « anthropologie chez
soi » renvoie à des rapports de proximité variés d’ethnologues et d’anthropologues à leurs
terrains d’enquête.
Paradoxalement, alors que les questions relatives à la pratique de l’anthropologie chez soi
structurent implicitement et explicitement les rapports de collaborations entre chercheurs du
Nord et du Sud, peu d’espaces d’échanges scientifiques y sont consacrés. Il s’avère donc
nécessaire de lever le voile sur cette discrétion sur les conditions méthodologiques et
épistémologiques de production du savoir. La rupture avec cette discrétion s’avère plus
pressante dans la mesure où de nos jours toute une génération d’anthropologues nationaux
combinent à la fois des formes de familiarité et d’étrangéité à leurs terrains.
Notons que la proximité s’inscrit sur des registres forts différents. Une proximité à géométrie
tellement variable (appartenance ethnique, nationale, sociale, statutaire…) que l’on peut aisé-
ment convenir que « le parcours de parcours, qui postule au départ qu’il y a du même chez
l’autre, aboutit à un constat que lui imposent ses nouveaux terrains (ceux de l’ethnologie à
domicile) : il y a de l’autre dans le même » (Augé). En pratique, le chercheur ne s’implique
pas dans l’ensemble d’une société, son implication, voire son « enclicage » relève de certains
réseaux sociaux et pas d’autres. Dans une perspective de réflexivité, la proximité du chercheur
à un réseau social de sa population d’enquête pose des enjeux méthodologiques tout au long
du processus de production de données.
Les expériences de familiarité due à l’appartenance à un groupe d’enquête ne concernent pas
que les chercheurs africains francophones. De l’Asie à l’Amérique latine en passant par
l’Europe, les expériences des chercheurs seront considérées aussi bien dans leur degré de
proximité (ethnie, nationalité, sexe, profession…) que dans leurs variétés géographiques.
Prendre le temps d’échanges consacrés à la pratique de l’anthropologie dans des conditions de
proximité amène à revenir sur des questions d’intersubjectivité. Cependant le défi ici consiste
à faire de cette dimension intersubjective une condition de la production des données et de la
construction du texte produit. Nous sommes donc au cœur d’une dynamique réflexive et
constructive.
Faire du terrain dans la proximité … une épistémologie pratique
L’enquête de terrain est la colonne vertébrale de l’anthropologie. Un des objectifs consistera à
orienter les échanges sur l’usage des outils en situation d’enquête de terrain dans des situa-
tions où la singularité du chercheur se pose dans sa proximité à ses interlocuteurs. Les enjeux
posés par l’usage des outils de l’enquête de terrain sont des clés épistémologiques que soulève