Le noir assoit la dignité et la solennité du vêtement. Clercs, magistrats ou industriels…
dramatisent ainsi la majesté de leur fonction.
Le blanc, symbole de pureté et d’innocence, est la couleur de tous les paradoxes. Il est
particulièrement difficile d’obtenir des étoffes blanches. Le blanchiment ne devient réellement
efficace que grâce au chlore à la fin du 18e siècle. La production de céruse, une peinture
blanche dont le Nord était le plus gros producteur, est réalisée à base de plomb. Elle pose des
problèmes sanitaires considérables pour éviter le saturnisme. Réputée couleur hygiénique, le
blanc est en fait l’une des plus dangereuses pour la santé humaine.
Le rouge est à la fois la couleur qui signale, et la couleur du conflit. L’usine est souvent
assimilée au mur de briques rouges, dont l’austérité est l’image d’une morale exigeante du
travail, pour le patron comme pour le prolétaire. Repris par les syndicats et les partis ouvriers, le
rouge témoigne aussi de l’âpreté des rapports sociaux à l’intérieur de l’entreprise au temps du
premier capitalisme. Le rouge s’insinue aussi comme la couleur qui signale un danger : affiches,
consignes, chaîne de production…
Le vert, longtemps décrié, conquiert d’abord le décor intérieur de la maison, puis les façades
des maisons. Au début du 20e siècle, certaines sociétés – le métro parisien ou les compagnies
de tramway électrique - se l’approprient pour réconcilier la ville et l’industrie avec la nature. A
partir des années 1950, le vert est recherché pour créer un climat d’apaisement et de sérénité
dans l’entreprise.
A travers la couleur, l’exposition évoque non seulement les techniques et les conditions de
production, les circuits commerciaux et la publicité mais aussi les pratiques de la couleur. Enfin,
elle fait revivre le monde des ouvriers et des patrons, des artisans et des commerçants de la
couleur, et montre comment la couleur sublime aussi l’univers quotidien de la cité. A la croisée
des questions économiques, sociales, politiques et culturelles, la couleur transcende les
frontières intellectuelles, pour ouvrir les horizons de la création.
L’exposition sera présentée sur deux sites :
Au Centre des Archives du Monde du Travail (Roubaix), 3 couleurs sont développées : le
blanc, le rouge, le vert.
Aux Archives départementales du Nord (Lille), le jaune, le bleu et le noir.
La visite de l’exposition peut se commencer indifféremment par Roubaix ou par Lille. Chaque
site dispose de 250m2 de surface d’exposition.
De nombreuses institutions culturelles, des entreprises prêtent des objets et des œuvres :
Musée des Arts et Métiers, Centre national d’Art et de Culture Georges Pompidou, Musée des
Beaux-Arts de Lille, Musée de l’Hospice Comtesse de Lille, Musée d’Histoire naturelle de Lille,
Musée des Beaux-Arts d’Angers, Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix (la Piscine), entreprises
Théolaur (Lille), 3C S.A.(Montreuil), peintures Leroux (Villiers-sur-Tholon)…
Commissaire de l’exposition : Claude Fouret
Président du Conseil scientifique : Michel Pastoureau