COULEUR, TRAVAIL ET SOCIETE DU MOYEN AGE A NOS JOURS 5 NOVEMBRE 2004 - 31 JANVIER 2005 CENTRE DES ARCHIVES DU MONDE DU TRAVAIL, ROUBAIX ARCHIVES DEPARTEMENTALES DU NORD, LILLE Couleur, travail et société du Moyen Âge à nos jours 5 novembre 2004 - 31 janvier 2005 Centre des Archives du Monde du travail, Roubaix Archives départementales du Nord, Lille Lapis-lazuli, guède, indigo, cinabre, céruse, malachite, orpiment… la couleur invite au rêve. Dès le Moyen Âge, sa production utilise des techniques élaborées et anime des circuits commerciaux lointains. Une connivence ancienne unit le Nord à la couleur : de la culture des plantes tinctoriales aux ateliers de teinture, des enlumineurs et des aquarellistes aux imprimeurs, de la chimie des pigments et des colorants à la colorimétrie moderne… Retracer les relations entre la couleur, le travail et la société, ce n’est pas seulement s’aventurer dans les problèmes techniques, économiques et sociaux, c’est aussi découvrir les enjeux politiques cachés ou sonder les théories de la couleur et de l’univers. L’exposition qui présente plus de 300 documents, objets et œuvres exposés, ainsi que des documents d’archives originaux est construite autour de six couleurs : le jaune, le bleu, le noir, le blanc, le rouge et le vert. Chacune forme une promenade, qui s’attache particulièrement à un aspect de la couleur : - la production des images et la publicité pour le jaune la teinture et l’impression des étoffes pour le bleu l’habit de dignité et le vêtement de travail pour le noir les difficultés de production et les nuisances pour le blanc la sécurité et les luttes sociales pour le rouge le décor et l’entreprise pour le vert. Le jaune, couleur souvent rejetée, se trouve au contraire exaltée sous l’espèce de l’or et du doré qui jouent un rôle majeur dans l’enluminure médiévale, puis dans la reliure. Aristocratique au 18e siècle, la dorure se démocratise au 19e siècle et envahit les couvertures de livres, les illustrations ou la publicité, au point d’être rejetée à partir des années 1920, comme un symbole d’archaïsme. Le bleu est l’une des couleurs essentielles des teinturiers médiévaux, qui en ont assuré la promotion. Il est d’abord obtenu grâce à la production locale de guède, mais avec la conquête française, la guède est remplacée par l’indigo venu des colonies. A l’ère de l’industrie, le textile français reste fidèle aux colorants traditionnels, généralement d’origine naturelle. Néanmoins, le développement des teintureries entraîne la naissance d’une industrie chimique des produits de base comme l’acide sulfurique puis des colorants de synthèse. Leur approvisionnement en eaux industrielles et la pollution qui en découle deviennent un problème économique et urbain. Le noir assoit la dignité et la solennité du vêtement. Clercs, magistrats ou industriels… dramatisent ainsi la majesté de leur fonction. Le blanc, symbole de pureté et d’innocence, est la couleur de tous les paradoxes. Il est particulièrement difficile d’obtenir des étoffes blanches. Le blanchiment ne devient réellement efficace que grâce au chlore à la fin du 18e siècle. La production de céruse, une peinture blanche dont le Nord était le plus gros producteur, est réalisée à base de plomb. Elle pose des problèmes sanitaires considérables pour éviter le saturnisme. Réputée couleur hygiénique, le blanc est en fait l’une des plus dangereuses pour la santé humaine. Le rouge est à la fois la couleur qui signale, et la couleur du conflit. L’usine est souvent assimilée au mur de briques rouges, dont l’austérité est l’image d’une morale exigeante du travail, pour le patron comme pour le prolétaire. Repris par les syndicats et les partis ouvriers, le rouge témoigne aussi de l’âpreté des rapports sociaux à l’intérieur de l’entreprise au temps du premier capitalisme. Le rouge s’insinue aussi comme la couleur qui signale un danger : affiches, consignes, chaîne de production… Le vert, longtemps décrié, conquiert d’abord le décor intérieur de la maison, puis les façades des maisons. Au début du 20e siècle, certaines sociétés – le métro parisien ou les compagnies de tramway électrique - se l’approprient pour réconcilier la ville et l’industrie avec la nature. A partir des années 1950, le vert est recherché pour créer un climat d’apaisement et de sérénité dans l’entreprise. A travers la couleur, l’exposition évoque non seulement les techniques et les conditions de production, les circuits commerciaux et la publicité mais aussi les pratiques de la couleur. Enfin, elle fait revivre le monde des ouvriers et des patrons, des artisans et des commerçants de la couleur, et montre comment la couleur sublime aussi l’univers quotidien de la cité. A la croisée des questions économiques, sociales, politiques et culturelles, la couleur transcende les frontières intellectuelles, pour ouvrir les horizons de la création. L’exposition sera présentée sur deux sites : Au Centre des Archives du Monde du Travail (Roubaix), 3 couleurs sont développées : le blanc, le rouge, le vert. Aux Archives départementales du Nord (Lille), le jaune, le bleu et le noir. La visite de l’exposition peut se commencer indifféremment par Roubaix ou par Lille. Chaque site dispose de 250m2 de surface d’exposition. De nombreuses institutions culturelles, des entreprises prêtent des objets et des œuvres : Musée des Arts et Métiers, Centre national d’Art et de Culture Georges Pompidou, Musée des Beaux-Arts de Lille, Musée de l’Hospice Comtesse de Lille, Musée d’Histoire naturelle de Lille, Musée des Beaux-Arts d’Angers, Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix (la Piscine), entreprises Théolaur (Lille), 3C S.A.(Montreuil), peintures Leroux (Villiers-sur-Tholon)… Commissaire de l’exposition : Claude Fouret Président du Conseil scientifique : Michel Pastoureau