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2) Les patients âgés sont-ils capables d’être partenaires actifs dans leurs
soins ? Existe-t-il un ou (des) programme(s) éducatif(s) pertinent(s) et qui a
(ont) démontré leur efficacité chez les patients âgés ?
A l’origine, les programmes éducatifs développés spécifiquement en gériatrie se sont
adressés aux aidants des patients atteints de troubles cognitifs sans implication des
patients eux-mêmes. Les programmes éducatifs avec pour cible le patient lui-même
ont émergé après que l’on a pris conscience du désir des sujets âgés, d’une part que
l’on considère leurs priorités, d’autre part d’être actifs dans leurs soins.
Une revue récente a identifié trois essais d’intervention dont le but était d’augmenter
l’implication des sujets âgés en ville dans leurs soins. Ces trois études montrent que
l’implication des sujets âgés peut être majorée, mais malheureusement la qualité de
ces études n’est pas optimale : aucune n’a de suivi à long terme et surtout aucune
n’a cherché à en mesurer l’impact sur le statut de santé, le bien-être du patient ou la
morbi-mortalité 17.
Certains programmes éducatifs promouvant le rôle actif du patient dans ses soins,
intégrés dans une intervention multi-facette et centrés sur une maladie, ont montré
leur efficacité en terme de morbidité chez des sujets âgés 5. Malheureusement,
ce type de programme « centré sur la maladie » n’est pas adapté pour un sujet
polypathologique. En effet, en cas de maladies chroniques multiples, l’intégration
de plusieurs programmes « centrés sur une maladie » amène à une accumulation
inappropriée de « guidelines » d’où dérivent des prescriptions inappropriées et même
dangereuses, des messages éducatifs contradictoires et finalement une mauvaise
qualité de soin 18,19
Des programmes éducatifs seuls, combinés avec un suivi ou encore combinés à une
révision des traitements, ont été mis en place pour tenter d’améliorer l’observance
des sujets âgés. Néanmoins, les revues de la littérature sur ces programmes mettent
en évidence que les résultats de ces études ne sont pas suffisamment robustes
(échantillons trop petits, manque de données sur l’efficacité de l’intervention
à distance de son arrêt, mise en place de programmes éloignés de la pratique
habituelle…) et surtout l’impact clinique d’une amélioration de l’observance n’est que
très rarement évalué 20,21.
Enfin, un petit nombre d’interventions « centrées sur le patient » ont intégré une
éducation dont l’objectif était de promouvoir le sujet âgé actif dans son suivi. Elles ont
démontré une efficacité en termes de morbidité « objective », en pratique en termes
de réhospitalisations 22,23,24. Néanmoins le caractère unicentrique de ces études
et le fait que les patients aient été très sélectionnés empêchent d’envisager une
reproductibilité de ces interventions à plus large échelle. De plus, les programmes
éducatifs proposés ne permettaient pas l’intégration des préférences ou des valeurs
du patient dans la conception du plan de soin.