Annales Médico-Psychologiques 166 (2008) 398–402 FORMATION CONTINUE L’apport de la psychologie et des neurosciences cognitives dans l’exploration des substrats anatomiques et fonctionnels impliqués dans le syndrome de Gilles de la Tourette The contribution of psychology and cognitive neuroscience to the exploration of anatomical and functional substrata implicated in the Gilles de la Tourette’s syndrome M. Mermillod a,*, C. Auxiette a, P. Chambres a, M. Dubois b, P. Derost c, F. Galland d,e, F. Durif c,e, I. Jalenques d,e a LAPSCO (CNRS UMR 6024), université Blaise-Pascal, 34, avenue Carnot, 63037 Clermont-Ferrand cedex, France Laboratoire cognition et développement, université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, Belgique c Service de neurologie A, CHU de Clermont-Ferrand, B.P. 69, 63003 Clermont-Ferrand cedex 1, France d Pôle de psychiatrie, service de psychiatrie de l’adulte A et psychologie médicale, CHU de Clermont-Ferrand, B.P. 69, 63003 Clermont-Ferrand cedex 1, France e Équipe d’accueil EA 3845, faculté de médecine, université de Clermont-1, 28, place Henri-Dunant, B.P. 38, 63001 Clermont–Ferrand cedex 1, France b Disponible sur Internet le 3 juin 2008 Résumé L’objectif de cet article est de proposer quelques pistes d’explorations des bases neurales impliquées dans le syndrome de Gilles de la Tourette. Les progrès actuels dans le domaine de la psychologie cognitive et des neurosciences cognitives permettent d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherches fondamentales et appliquées. Sur le plan fondamental, le syndrome de Gilles de la Tourette permet l’élaboration d’un modèle théorique unique d’exploration des processus d’intégration des informations sensorimotrices, limbiques et associatives des ganglions de la base. Sur le plan clinique, la compréhension de ce modèle devrait permettre en retour la mise en place de nouvelles techniques de remédiations psychiatriques, neurochirurgicales et psychothérapeutiques. ß 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract Different lines of research are currently being explored in order to determine the neural basis involved in Gilles de la Tourette’s syndrome. Current results in the field of cognitive psychology and cognitive neuroscience permit a better understanding of the neurobiological and cognitive underpinnings of this pathology. At a fundamental level, Gilles de la Tourette’s syndrome actually constitutes a unique theoretical model of sensory–motor, limbic and associative integration * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Mermillod). 0003-4487/$ see front matter ß 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.amp.2008.04.003 M. Mermillod et al. / Annales Médico-Psychologiques 166 (2008) 398–402 399 in the basal ganglia. At a clinical level, a better understanding of the functional architecture of the basal ganglia should permit better psychiatric, neurosurgery and psychotherapy healthcare. ß 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Ganglions de la base ; Neurosciences cognitives ; Psychologie cognitive ; Sciences cognitives ; Syndrome de Gilles de la Tourette Keywords: Basal ganglia; Cognitive neuroscience; Cognitive psychology; Cognitive science; Gilles de la Tourette’s syndrome Le syndrome de Gilles de la Tourette (SGT) est une pathologie neuropsychiatrique à la physiopathologie mal connue, une origine multifactorielle génétique, environnementale et neurobiologique étant aujourd’hui admise [28]. L’expression clinique de la maladie est variable et hétérogène, avec une association de troubles moteurs, psychiatriques et comportementaux [24]. Les manifestations motrices consistent en des tics, soit moteurs (mouvements anormaux involontaires brefs et intermittents), soit vocaux (émissions vocales incontrôlées). Elles peuvent être simples (mouvements simples, blépharospasmes, cris, bruits de gorge) ou bien plus complexes (copro- et échophénomènes moteurs et vocaux : copropraxie, échopraxie, coprolalie, écholalie, palilalie). Les données de neuro-imagerie obtenues chez l’homme par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) indiquent que le cortex et le système des ganglions de la base sont les deux principaux systèmes impliqués dans cette pathologie [21]. Le système des ganglions de la base, aujourd’hui connu pour traiter différents types d’informations motrices, cognitives et émotionnelles [6], comprend une boucle principale qui reçoit ses afférences de l’ensemble du cortex cérébral et projette, par l’intermédiaire de deux structures inhibitrices disposées en série – le striatum et le globus pallidus – vers le thalamus moteur et le cortex frontal. Selon l’origine topographique de l’entrée corticale, trois zones fonctionnelles ont été individualisées : une zone sensorimotrice provenant du cortex central, une zone associative provenant du cortex préfrontal et une zone limbique provenant des cortex orbitofrontal et cingulaire antérieur. Ces territoires traitent des informations sensorimotrices, cognitives et émotionnelles/motivationnelles respectivement. 1. BASES ANATOMOFONCTIONNELLES ET PHYSIOPATHOLOGIQUES Deux hypothèses physiopathologiques prédominent actuellement. D’une part, l’hypothèse d’une hyperdopaminergie sous-corticale trouve des arguments dans l’efficacité thérapeutique (même relative) sur les tics, les substances administrées bloquant les récepteurs dopaminergiques [8,29]. D’autre part, l’imagerie cérébrale a mis en évidence l’implication du cortex et des ganglions de la base dans le SGT [21]. Les ganglions de la base regroupent les noyaux gris centraux que sont le striatum (noyau caudé et putamen), le pallidum (externe et interne-GPi), la substance noire (reticulata compacta, SNr) et le noyau sous-thalamique. Ils reçoivent à travers trois circuits principaux des informations des territoires sensorimoteur, limbique et associatif du cortex cérébral. Un dysfonctionnement au niveau des ganglions de la base, en interaction avec les structures corticales motrices et cognitives associées, expliquerait la diversité des symptômes du SGT. Albin et Mink [2] soutiennent l’hypothèse d’une défaillance des mécanismes de sélection des programmes moteurs au niveau des ganglions de la base. En conditions physiologiques, quand un mouvement désiré a débuté, un mécanisme favoriserait ce programme moteur en freinant au niveau du GPi et de la SNr les programmes non désirés, concurrents potentiels. Dans le SGT, certains programmes moteurs non désirés ne seraient plus inhibés, d’où les tics et comportements répétitifs. En fait, des neurones striataux seraient anormalement actifs, entraînant une augmentation de l’inhibition GABAergique exercée par le striatum sur les voies de sortie, les neurones du GPi et de la SNr, dont l’influence inhibitrice sur le thalamus diminuerait, permettant l’apparition des tics. 2. LE SYNDROME DE GILLES DE LA TOURETTE ET LA RECONNAISSANCE D’EXPRESSIONS FACIALES ÉMOTIONNELLES (EFE) Le déséquilibre du système dopaminergique dans le SGT, probablement lié à une hyperdopaminergie sous-corticale, pourrait aussi avoir pour conséquence un déficit spécifique dans la reconnaissance de certaines expressions émotionnelles [10–12,14–17,20,23,25]. Ces conséquences fonctionnelles au niveau du contrôle de l’humeur et dans le contrôle émotionnel pourraient avoir pour base la partie ventrale des noyaux gris centraux en relation avec le cortex frontal et l’amygdale [13]. Ces liens pourraient impliquer aussi le noyau accumbens qui peut être considéré comme la partie ventrale du noyau caudé. Il existe également des relations entre les autres parties ventrales des noyaux gris centraux (putamen, pallidum, noyau sousthalamique) et l’amygdale [13]. Parallèlement à ces données neurophysiologiques, différents travaux en psychologie montrent des déficits dans la reconnaissance de certaines expressions faciales émotionnelles [27] par des patients souffrant du SGT. Plus particulièrement, Sprengelmeyer et al. [27] ont montré que le déficit de reconnaissance faciale émotionnelle semblerait focalisé sur les expressions de dégoût pour des patients souffrant du SGT avec comorbidité psychiatrique (TOC). Ce déficit dans la reconnaissance de l’EFE de dégoût ne semble pas lié à un déficit de reconnaissance sémantique du dégoût. Dès lors, ce déficit pourrait concerner des circuits neuronaux impliqués dans le traitement moteur et émotionnel. Ces travaux suggèrent que les troubles moteurs et verbaux des patients atteints du SGT avec TOC pourraient être liés à une altération d’une ou de 400 M. Mermillod et al. / Annales Médico-Psychologiques 166 (2008) 398–402 plusieurs composantes du système limbique. Ces auteurs n’ont néanmoins pas pu mettre en évidence, chez les patients souffrant du SGT sans TOC, de déficit de reconnaissance d’expressions faciales émotionnelles. Des travaux complémentaires pourraient néanmoins permettre de mettre en évidence une éventuelle altération spécifique dans la reconnaissance de certaines fréquences spatiales constituant les EFE, au regard de données récentes provenant des neurosciences cognitives [30]. 3. LES TRAVAUX ACTUELS EN NEUROSCIENCES COGNITIVES ET EN PSYCHOLOGIE Les travaux actuels en neurosciences cognitives ont montré la complexité des circuits neuronaux impliqués dans la reconnaissance et la catégorisation de stimuli visuels complexes, telles que les expressions faciales émotionnelles [5]. Les structures impliquées concernent des zones de projection corticales (cortex temporal antérieur, gyrus occipital inférieur, gyrus fusiforme), mais aussi différentes structures souscorticales liées au système limbique, même si les travaux de neuroanatomie fonctionnelle actuels ne permettent pas encore de déterminer leurs rôles exacts dans l’ensemble des réseaux neuronaux impliqués. Parallèlement, des travaux de neuropsychologie montrent que des lésions de l’amygdale, du cortex pariétal et du cortex ventral entraînent un déficit de reconnaissance des EFE [1]. Les ganglions de la base et l’insula seraient impliqués dans la reconnaissance du dégoût [26] et le putamen dans la reconnaissance de la joie [22]. Enfin, les travaux de Ledoux [13], de Breiter et al. [3] et de Morris et al. [19] montrent une implication prépondérante de l’amygdale dans le traitement sensoriel et cognitif de l’information de peur. L’amygdale serait ainsi une composante importante du système impliquant l’acquisition, le stockage et l’expression de la peur. Néanmoins, Yang et al. [31] ont montré une activation bilatérale de l’amygdale aux expressions faciales de joie, tristesse, colère et peur par rapport à l’expression neutre, dépassant ainsi la simple réponse de l’amygdale aux stimuli de peur. La réponse de l’amygdale semblerait ainsi impliquée dans la modulation du niveau de vigilance de l’organisme en réaction à un stimulus émotionnel. Le modèle de Ledoux [13] montre chez le rat l’existence d’une voie sous-corticale basse fréquence vers le système limbique dans le traitement d’informations émotionnelles. Cette voie basse fréquence serait rapide et grossière, à la différence de voies corticales hautes fréquences, qui contiennent tous les détails du signal auditif ou visuel, mais qui véhiculeraient cette information de façon beaucoup plus lente vers les zones de projections corticales. Notons enfin que les travaux sur le blindsight, c’est-à-dire la perception non consciente par des patients hémianopsiques (patients ayant une lésion unilatérale du cortex visuel primaire) du contenu émotionnel de visages présentés dans leur hémichamp aveugle [5], ont tenté de déterminer les bases neuroanatomiques à l’origine de cette perception. Ces travaux corroborent de façon indirecte l’hypothèse avancée par Ledoux [13] de l’existence d’une voie sous-corticale directe entre le système visuel primaire (plus précisément, les corps genouillés latéraux au niveau du thalamus) et le système limbique (l’amygdale et les structures limbiques associées). Cette voie sous-corticale directe court-circuiterait le cortex visuel primaire (V1), mais aussi les voies corticales dorsales et ventrales (plus particulièrement, le gyrus occipital inférieur et le gyrus fusiforme). L’objectif de ces projections directes du système perceptif vers l’amygdale serait une mise en éveil rapide du système cognitif, par les différentes structures émotionnelles sous-corticales composant le système limbique, en présence d’un stimulus dangereux dans l’environnement. Cette interprétation est corroborée par des données en potentiels évoqués montrant qu’une activation semblant provenir de l’amygdale se produit 120 ms après la présentation d’un stimulus de peur, alors que la réponse au niveau du cortex ventral n’apparaît que 170 ms après la présentation du stimulus [7]. Corroborant ces travaux, une étude de neuro-imagerie (IRMf, [30]) suggère une fois de plus la possibilité chez l’homme d’une voie sous-corticale directe entre le système visuel primaire et l’amygdale, comme proposé dans le modèle de Ledoux [13]. Ces travaux ont montré l’existence d’une réponse hémodynamique au niveau du colliculus supérieur et de l’amygdale via le pulvinar, lors de la présentation d’images de visages filtrées en basses fréquences spatiales et présentant une expression de peur par rapport à une expression neutre. Ces résultats suggèrent donc que la transmission du signal lié aux expressions faciales de peur pourrait court-circuiter le cortex visuel primaire en empruntant une voie sous-corticale véhiculant très rapidement l’information de basses fréquences spatiales (Fig. 1). Ces travaux montrent également qu’à l’inverse, les images de visages filtrées en hautes fréquences spatiales activent peu ou pas l’amygdale, et le signal issu de ces visages semble emprunter la voie ventrale (V1, puis occipitotemporal). Le système visuel primaire humain réalise, en effet, une décomposition de l’information en termes de fréquences spatiales de la rétine au cortex strié (ou V1) via les corps genouillés latéraux où se démarquent notamment les voies magnocellulaires et les voies parvocellulaires [9]. Les propriétés de ces deux voies montrent des caractéristiques spatiotemporelles asymétriques du traitement visuel. Les voies magnocellulaires sont achromatiques, passe-bas au niveau des fréquences spatiales, mais passe-haut au niveau des fréquences Fig. 1. Exemple de visage non filtré (image de gauche), filtré en basses fréquences spatiales (image du centre) et filtré en hautes fréquences spatiales (image de droite). M. Mermillod et al. / Annales Médico-Psychologiques 166 (2008) 398–402 temporelles (voies myélinisées). À l’inverse, les voies parvocellulaires, non myélinisées, véhiculent plus lentement l’intégralité du spectre fréquentiel. Par ailleurs, l’intégration de l’information visuelle serait dirigée par un biais coarse-to-fine lors de la reconnaissance de scènes naturelles [4], mais aussi d’EFE [18]. Autrement dit, l’information plus rapide issue des basses fréquences spatiales (voie magnocellulaire) fournirait un aperçu global de la structure de l’image et permettrait une première catégorisation perceptive qu’affineraient les informations locales issues des hautes fréquences spatiales dont l’extraction est plus tardive (voies parvocellulaires). Dans cette perspective, les travaux de Vuilleumier et al. [30] permettent de supposer un couplage « propriétés du signal/circuiterie » aux fonctionnalités cognitives différentes : un couplage « BF – voie magnocellulaire » ayant pour objet la catégorisation émotionnelle des visages, versus un couplage « HF – voie parvocellulaire » ayant pour objet l’identification des visages. 4. CONCLUSION Les recherches menées actuellement ont pour objectif la différenciation des structures limbiques, associatives et sensorimotrices composant les ganglions de la base. Dans cette perspective, le SGT offre un modèle théorique unique dans la mesure où il s’agit d’une pathologie impliquant ces trois composantes fonctionnelles constituant les ganglions de la base. L’étude de la reconnaissance d’EFE dans ce domaine est un outil particulièrement efficace pour ce type de recherches, car il permet l’exploration de déficits perceptifs, émotionnels ou cognitifs chez les patients victimes du SGT. Ainsi, nous testons actuellement plusieurs hypothèses concernant un déficit spécifique du canal HF (impliquant principalement des zones corticales) en comparaison avec le canal BF (qui pourrait avoir des relations privilégiées avec les structures sous-corticales) dans le SGT. Néanmoins, l’objectif de cet article est de montrer que les véritables progrès seront réalisés par l’intégration de données issues de la psychiatrie, de la psychologie cognitive et des neurosciences cognitives dans une réelle dimension pluridisciplinaire. Par ailleurs, l’utilisation récente de la stimulation cérébrale profonde ouvre de nouvelles perspectives de recherches innovantes dans ce cadre. L’activation ou l’inhibition de différents substrats neuroanatomiques liés aux ganglions de la base devrait, en effet, permettre d’observer, dans un cadre expérimental, les conséquences de ces interventions au niveau comportemental et physiopathologique. Dans le cadre de la psychologie cognitive, la reconnaissance d’EFE devrait permettre de déterminer avec précision, en fonction de la zone stimulée ou inhibée, la fonction cognitive, émotionnelle ou sensorimotrice modifiée par l’électrostimulation. Quel en sera le bénéfice pour les patients ? L’objectif prioritaire actuel est de comprendre comment et pourquoi les composantes limbiques, associatives et sensorimotrices sont ainsi intriquées au sein des ganglions de la base, en interaction avec des zones d’afférences et d’efférences corticales spécifiques. La compréhension de la circuiterie neurofonctionnelle impliquée dans le SGT, ainsi que des altérations à l’origine du syndrome permettront tout d’abord un meilleur ciblage 401 médicamenteux. La compréhension du modèle permettra, en effet, de déterminer quel médicament sera le plus efficace en fonction de chaque altération spécifique. Les applications sont encore plus évidentes sur le plan neurochirurgical, puisqu’il sera possible d’utiliser la stimulation cérébrale profonde sur des zones de ciblage qui seront de plus en plus précises et qui permettront surtout de différencier les composantes cognitives, sensorimotrices et émotionnelles, ainsi que les conséquences comportementales de l’électrostimulation pour les patients sur ces trois dimensions fonctionnelles. Enfin, la prise en charge et l’accompagnement psychothérapeutique seront aussi améliorés par la meilleure connaissance de l’origine du SGT. Remerciements Ce travail a été réalisé grâce à un financement de l’Agence nationale pour la recherche (Projet ANR no BLAN062_145908, Projet ANR-06-CORP-019) et un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) financé par le CHU de Clermont-Ferrand ainsi qu’aux moyens mis en œuvre par le CNRS (UMR 6024). RÉFÉRENCES [1] Adolphs R, Tranel D, Damasio H, Damasio A. Impaired recognition of emotion in facial expressions following bilateral damage to the human amygdala. Nature 1994;372:669–72. [2] Albin RL, Mink JW. Recent advances in Tourette syndrome research. Trends Neurosci 2006;29:175–82. [3] Breiter HC, Etcoff NL, Whalen PJ, Kennedy WA, Rauch SL, Buckner RL, et al. Response and habituation of the human amygdala during visual processing of facial expression. Neuron 1996;17:875–87. [4] Bullier J. Integrated model of visual processing. Brain Res Rev 2001;36:96–107. [5] de Gelder B, Vroomen J, Pourtois G, Weiskrantz L. 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