Les Monts du Lyonnais souffrent d`un manque de médecins

JEUDI 18 FÉVRIER 2016
Docteur, y a-t-il un manque
de médecins sur Chamousset
en Lyonnais ?
« Oui et cela a créé une tension impor-
tante au niveau du travail et des pa-
tients qui ne trouvent pas de méde-
cins. Sur notre secteur, il faudrait deux
ou trois médecins supplémentaires.
Mes journées n’étant pas extensibles,
il est difficile de prendre de nouveaux
patients. Je fais entre 12 et 13 heures
par jour entre consultations à mon ca-
binet et visites à domicile. Je ne peux
pas faire plus que plus. »
Comment voyez-vous
votre métier en ce moment ?
« Pour moi, et je parle en mon nom, la
conjoncture fait que la médecine libé-
rale est de moins en moins plaisante et
attractive et de plus en plus contrai-
gnante. Je suis submergé par les certifi-
cats en tous genres et je n’ai pas fait ce
métier, cette profession, pour cela. Si
l’on pouvait y remédier, j’aurai plus de
temps à consacrer aux patients. Heu-
reusement, j’ai la chance, pour cer-
tains actes administratifs, d’être se-
condé par mon épouse. »
Racontez-nous votre journée
de travail ?
« Elle débute en général vers huit heu-
res du matin pour se terminer entre
19 et 20 heures. Entre-temps, il y a eu
les consultations, la lecture et l’inter-
prétation des examens des patients et
puis les impondérables de temps en
temps. Ce qui fait, bien souvent, que le
repas de midi passe à l’as. Il y a aussi
une partie formation continue, puis
d’autres dossiers qui m’attendent à la
maison. Voilà, en résumé, une jour-
née. Et je pense quelques fois à pren-
dre des vacances et donc à trouver un
remplaçant qui, bien souvent, doit
avoir la même sensibilité et la même
approche médicale que moi, si possi-
ble. »
Que pensez-vous de l’actualité
du moment qu’est le tiers payant ?
« C’est une grosse bêtise. Pour les
gens, c’est toujours agréable de ne pas
payer, mais il faut se souvenir qu’il fau-
dra payer la consultation d’une façon
ou d’une autre. S’il y a une telle volon-
té de l’État à mettre en place ce systè-
me, c’est pour que l’on soit dépendant
de lui. Ce sera l’organisme payeur qui
décidera ce que l’on devra prescrire et
comment le faire. Nous serons plus
médecins mais commerciaux. On
voit bien que ceci n’est pas sérieux ni
acceptable. »
Recueilli par notre correspondant
local Jean-Michel Murat
« Cest souvent que le repas de midi passe à l’as »
Gilles Guyon, médecin généraliste
à Montrottier depuis 1989
Le docteur Guyon, déplore
le manque de médecins sur
le secteur. Photo Jean-Michel MURAT
Selon l’Agence régionale de santé
(ARS), une zone fragile est un
territoire où l’offre de soins doit
être consolidée du fait d’une démo-
graphie des professionnels de
santé défavorable ou en passe de le
devenir. L’agence définit aussi des
zones de vigilance, afin délargir
certaines des mesures incitatives à
d’autres territoires. Ces zones sont
privilégiées dans la mise en place
de structures de santé avec exerci-
ce regroupé : un mode dexercice
aujourd’hui largement plébiscité
par les professionnels de santé,
selon l’ARS, qui accompagne les
porteurs de projets qui s’engagent
sur cette voie. Le classement en
zone fragile ouvre droit, pour les
généralistes, à l’octroi d’aides
à l’équipement ou fiscales.
REPÈRES
Qu’est-ce qu’une zone
fragile ?
Zone fragile ou zone de vigilance,
peu importe pour le patient, du
moment qu’il peut se faire soigner.
Le fait est qu’il n’y a pas pléthore de
médecins généralistes dans le Cha-
mousset. Des communes n’ont
aucun cabinet et là où il y en a, les
carnets de rendez-vous sont pleins.
Le schéma régional d’organisation
des soins a d’ailleurs classé les com-
munes de Sainte-Foy-l’Argentière,
Saint-Laurent-de-Chamousset et
Haute-Rivoire dans la deuxième ca-
tégorie, c’est-à-dire des zones dont il
faut regarder de près l’évolution du
dossier.
Définir
un projet de santé
de territoire
Le constat n’a pas échappé aux élus :
l’ancien président de la Communau-
té de communes Chamousset en
Lyonnais (CCCL), Lucien Vial,
avait déjà anticipé une réflexion sur
le sujet. Une démarche poursuivie
par l’actuelle équipe emmenée par
Gérard Vulpas. « Nous avons réuni
les professionnels de santé du can-
ton et les élus au sein d’un comité de
pilotage pour réfléchir ensemble à
des solutions, explique Marie-Luce
Arnoux, vice-présidente déléguée
aux solidarités actives. Notre pre-
mière piste a été de nous équiper
d’un outil numérique partagé. »
Une étape, mais pas un aboutisse-
ment, qui a eu le mérite denclencher
une dynamique : « Il fallait réfléchir
à de nouvelles pratiques de soins,
définir un projet de santé de territoi-
re qui pourrait prendre la forme de la
création d’un pôle de santé. »
Une réflexion sur la création
d’un pôle de santé
Plus intéressant qu’une maison de
santé, le pôle permet une mutualisa-
tion des moyens sans pour autant
centraliser et donc sans perdre de la
proximité avec les patients.
« On en est là aujourd’hui, confirme
l’élue. On sonde les opinions de tous
les professionnels et on veut les faire
s’engager sur un projet de santé
commun. On avance doucement
mais on ne veut laisser personne sur
le bord du chemin. »
Une intention louable qui trouve un
écho auprès de Cyrille Cuny, phar-
macien à Montrottier et président
de l’association Caducée qui ras-
semble justement les professionnels
de santé du canton et de Bessenay.
« Les jeunes médecins, aujourd’hui,
veulent travailler en équipe ou au
moins en réseau, pour rompre l’iso-
lement. Le pôle de santé est une so-
lution, une base intéressante pour
montrer à ces jeunes qu’ils ne seront
pas seuls et qu’ils vont trouver un
tutorat bienveillant. »
D’après le pharmacien, il y aurait en
tout cas une volonté d’avancer en-
semble sur cette question. À Saint-
Laurent, le médecin, arrêté, a trouvé
une solution temporaire pour son
remplacement et un autre praticien
envisagerait d’ouvrir un cabinet sur
la commune. Pendant ce temps,
Haute-Rivoire (1 500 habitants) est
toujours sans solution.
Frédéric Guillon
CHAMOUSSET EN LYONNAIS SANTÉ
Les Monts du Lyonnais souffrent d’un
manque de médecins généralistes
« Allo, Docteur, je voudrais un rendez-
vous demain, svp… » Un geste sim-
ple, mais pas pour les habitants du
Chamousset, où le manque de géné-
ralistes se fait cruellement sentir.
Dans les Monts du Lyonnais, les communes n’ont aucun cabinet et là
où il y en a, les carnets de rendez-vous sont pleins. Photo DR
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