le climat dans le monde 2001 – 2010

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LE CLIMAT DANS LE MONDE
2001 – 2010
UNE DéCENNIE D’EXTRÊMES CLIMATIQUES
RAPPORT DE SYNTHèSE
OMM-N° 1119
OMM-N° 1119
© Organisation météorologique mondiale, 2013
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LE CLIMAT DANS LE MONDE
2001–2010
UNE DéCENNIE D’EXTRÊMES CLIMATIQUES
RAPPORT DE SYNTHèSE
Avant-propos
La première décennie du XXIe siècle a été la
plus chaude jamais observée depuis la mise en
place des systèmes modernes de relevés vers
1850. Les précipitations ont été supérieures à
la normale, notamment en 2010, où tous les
records précédents ont été battus. Cette décennie a également été marquée par l’intensité des
phénomènes climatiques et météorologiques
extrêmes, comme la vague de chaleur qui a
frappé l’Europe en 2003, les inondations de 2010
au Pakistan, l’ouragan Katrina aux États-Unis
d’Amérique, le cyclone Nargis au Myanmar et les
longues sécheresses qui ont sévi dans le bassin
de l’Amazone, en Australie et en Afrique de l’Est.
Nombre de ces phénomènes et tendances peuvent s’expliquer par la variabilité naturelle du
système climatique, mais l’augmentation des
concentrations de gaz à effet de serre dans
l’atmosphère a également des répercussions sur
le climat. De nos jours, l’un des principaux défis
auquel sont confrontés les chercheurs consiste
à déterminer les rôles respectifs de la variabilité du climat et des changements climatiques
d’origine anthropique.
L’Organisation météorologique mondiale (OMM)
s’enorgueillit du rôle prééminent qu’elle joue
dans les initiatives entreprises à l’échelle internationale pour mieux comprendre le climat.
Directement ou en collaboration avec d’autres
organismes, l’Organisation parraine des programmes de recherche et d’observation de premier plan, notamment la Veille de l’atmosphère
globale, le Programme mondial de recherche
sur le climat et le Système mondial d’observation du climat, ainsi que le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat.
En outre, l’OMM publie tous les ans la Déclaration
sur l’état du climat mondial, grâce à son réseau
de surveillance du système climatique, initiative
de collaboration internationale qui facilite la
collecte de données auprès des grands centres
mondiaux de surveillance et de recherche dans
le domaine du climat. Associées aux informations climatologiques recueillies dans le cadre
d’une enquête menée auprès des Services
météorologiques et hydrologiques nationaux
du monde entier, ces données ont également
été utilisées pour élaborer le présent rapport
sur le climat dans le monde pour la décennie
2001–2010.
Cette perspective sur dix ans nous permet d’évaluer les tendances et d’anticiper l’avenir. Elle
peut également étayer les mesures qui seront
prises pour mettre au point des services climatologiques opérationnels capables de fournir
des informations et des prévisions utiles aux
décideurs dans les domaines notamment de
l’agriculture, de la santé, de la prévention des
catastrophes et des ressources en eau. Ces
mesures sont coordonnées par l’intermédiaire
du Cadre mondial pour les services climatologiques, dont l’OMM est le fer de lance.
Pour en savoir plus sur les phénomènes extrêmes qui ont marqué la décennie 2001–2010, et
prendre notamment connaissance des résultats
détaillés de l’enquête effectuée par l’OMM dans
les pays, nous vous encourageons vivement à
lire la version complète du rapport technique
(OMM-N° 1103), qui peut être consultée sur le
site Web de l’OMM.
(M. Jarraud)
Secrétaire général
1. Variabilité du climat et changements
climatiques
Le climat fluctue au fil des saisons, des décennies
et des siècles en réponse à des variables naturelles et anthropiques. La variabilité naturelle du
climat à différentes échelles de temps est liée
aux cycles de l’orbite terrestre, au rayonnement
solaire incident, à la composition chimique de
l’atmosphère, à la circulation océanique, à la
biosphère et à bien d’autres facteurs.
Les changements climatiques sont des changements à long terme de l’état moyen du climat, qui peuvent aussi être liés à des facteurs
naturels. Les changements rapides qui se sont
produits depuis le milieu du siècle dernier sont
toutefois dus en grande partie aux émissions
anthropiques de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. D’autres conséquences de l’activité
humaine influent également sur le système climatique, notamment l’émission de polluants et
autres aérosols et la modification de la surface
terrestre notamment à cause de l’urbanisation
et la déforestation.
La variabilité naturelle à court terme du climat
peut souvent être liée à des configurations
récurrentes de la pression atmosphérique et de
la circulation océanique. Les épisodes El Niño
et La Niña, par exemple, sont la conséquence
de changements rapides de la température
de surface du Pacifique équatorial. Ils ont une
influence sur les régimes météorologiques du
monde entier du fait des interactions à grande
échelle et du transfert de chaleur entre l’océan
et l’atmosphère. D’autres phénomènes ont une
incidence sur le climat en renforçant ou en affaiblissant les flux d’air à haute altitude désignés
sous le nom de courants-jets.
La décennie 2001–2010 n’a pas connu d’épisode
El Niño de grande ampleur, associé en général
Tableau 1. Rapport de
mélange du dioxyde de
carbone, du méthane
et du protoxyde d’azote
en 2010 et valeurs
décennales pour
1991–2000 et 2001–2010
2
avec un réchauffement du climat mondial (comme ce fut le cas par exemple en 1998, année
qui battait alors tous les records de chaleur).
La Niña et des conditions neutres ont dominé
la période considérée jusqu’au milieu de l’année 2006. Après un bref passage d’El Niño, on
a observé un retour de La Niña fin 2007, qui a
ramené des températures plus fraîches, suivi
d’un court épisode El Niño en juin 2009 avant
un épisode La Niña de forte intensité à partir
du milieu de l’année 2010. La variabilité à court
terme du climat qui en a résulté a peut être
masqué certains des effets des changements
climatiques à long terme.
L’oscillation arctique et l’oscillation nordatlantique, étroitement liées, ont souvent
une incidence sur l’hiver boréal. Depuis les
années 90, ces deux oscillations sont restées
essentiellement en phase positive, ce qui se
traduit par des hivers plus doux et plus humides
en Europe centrale et septentrionale et dans
l’est des États-Unis d’Amérique, des hivers
plus secs dans la région méditerranéenne et un
temps froid et sec dans le nord du Canada et
au Groenland. En hiver 2009/10, les oscillations
sont passées à des phases extrêmement négatives, synonymes de températures hivernales
basses en Europe centrale et septentrionale.
Contrairement à ces oscillations naturelles, les
changements climatiques d’origines anthropiques ne vont que dans une seule direction.
Cela tient au fait que les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone, de méthane,
de protoxyde d’azote et autres gaz à effet de
serre augmentent régulièrement en raison des
activités humaines. Selon le Bulletin de l’OMM
sur les gaz à effet de serre, la concentration
atmosphérique moyennée à l’échelle du globe
du dioxyde de carbone a atteint 389 ppm1 en
______
1
ppm = parties par million; ppb = parties par milliard
2010
Augmentation par rapport à
l’époque pré-industrielle
1991–2000
2001–2010
389 ppm
39 %
361,5 ppm
380 ppm
Méthane
1 808 ppb
158 %
1 758 ppb
1 790 ppb
Protoxyde d’azote
323,2 ppb
20 %
312,2 ppb
319,7 ppb
Dioxyde de carbone
2010 (soit une augmentation de 39 % par rapport
à l’époque pré-industrielle); celle du méthane,
1 808,0 ppb1 (158 %) et celle du protoxyde d’azote,
323,2 ppb (20 %). Ces changements dans la
composition de l’atmosphère entraînent une
augmentation de la température moyenne à
l’échelle du globe qui, à son tour, exerce une
influence non négligeable sur le cycle de l’eau
et provoque d’autres changements au niveau
du temps et du climat.
Les émissions de chlorofluorocarbones et
autres substances chimiques liées aux activités humaines ont également eu des répercussions sur l’atmosphère en endommageant la
couche d’ozone stratosphérique qui filtre les
rayons ultraviolets nocifs. Heureusement, l’élimination progressive au titre du Protocole de
Montréal des substances qui appauvrissent la
couche d’ozone devrait permettre à celle-ci de
se reformer d’ici quelques décennies. Le trou
dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique aurait une influence sur le mode annulaire
austral et par conséquent sur le climat régional.
______
1
ppm = parties par million; ppb = parties par milliard
De même les émissions de gaz réactifs (comme
les oxydes d’azote et le dioxyde de soufre) et
d’aérosols (comme la poussière et le carbone
noir) ont aussi des répercussions sur le climat:
ils augmentent par exemple l’incidence des
vagues de chaleur sur la santé.
2. La décennie la plus chaude
La décennie 2001–2010 est la plus chaude qui
ait été constatée depuis que les paramètres
météorologiques ont commencé à être mesurés de façon systématique en 1850 environ. La
température moyenne de l’air au-dessus de la
surface terrestre pour cette période est estimée
à 14,47 °C ± 0,1 °C, soit un écart de +0,47 °C ±
0,1 °C par rapport à la normale calculée pour
la période 1961–1990 (14,0 °C) et de +0,21 °C ±
0,1 °C par rapport à la moyenne de la période
1991–2000. Enfin, cette valeur est supérieure de
0,88 °C à la moyenne calculée pour la première
décennie du XXe siècle (1901–1910).
La température à l’échelle du globe a accusé
une nette augmentation entre 1971 et 2010.
Anomalie de la température (ºC)
échelle géographique
Globe
Hémisphère
Nord
Hémisphère
Sud
2001–2010 (A)
Terres émergées
+0,79 ºC
Océans
+0,35 ºC
Terres émergées –
océans
+0,47 ºC
Terres émergées
+0,90 ºC
Océans
+0,41 ºC
Terres émergées –
océans
+0,60 ºC
Terres émergées
+0,48 ºC
Océans
+0,29 ºC
Terres émergées –
océans
+0,33 ºC
Année
la plus chaude/
la moins chaude
de la période
2001–2010 (B)
Décennie
la plus chaude/
la plus froide
qui ait été observée
(C)
2007 (+0,95 ºC)
2001–2010 (+0,79 ºC)
2001 et 2004 (+0,68 ºC)
1881–1890 (–0,51 ºC)
2003 (+0,40 ºC)
2001–2010 (+0,35 ºC)
2008 (+0,26 ºC)
1901–1910 (–0,45 ºC)
2010 (+0,54 ºC)
2001–2010 (+0,47 ºC)
2008 (+0,35 ºC)
1901–1910 (–0,45 ºC)
2007 (+1,13 ºC)
2001–2010 (+0,90 ºC)
2004 (+0,76 ºC)
1881–1890 (–0,52 ºC)
2005 (+0,47 ºC)
2001–2010 (+0,41 ºC)
2008 (+0,33 ºC)
1901–1910 (–0,39 ºC)
2010 (+0,69 ºC)
2001–2010 (+0,60 ºC)
2008 (+0,53 ºC)
1901–1910 (–0,38 ºC)
2005 (+0,67 ºC)
2001–2010 (+0,48 ºC)
2001 (+0,34 ºC)
1901–1910 (–0,53 ºC)
2002 (+0,34 ºC)
2001–2010 (+0,29 ºC)
2008 (+0,20 ºC)
1901–1910 (–0,51º C)
2009 (+0,38 ºC)
2001–2010 (+0,33 ºC)
2008 (+0,24 ºC)
1901–1910 (–0,51 ºC)
Tableau 2. Anomalies
de la température en
surface par rapport à la
période 1961–1990: pour
l’ensemble du globe,
l’hémisphère Nord et
l’hémisphère Sud entre
2001 et 2010 (A); valeurs
annuelles extrêmes
entre 2001 et 2010 (B);
et valeurs décennales
extrêmes entre 1881
et 2010 (C) (Source:
Service météorologique
du Royaume-Uni
et Administration
américaine pour les
océans et l’atmosphère
(NOAA) (États-Unis
d’Amérique) pour les
analyses à l’ échelle
mondiale; Centre
national de données
climatologiques (NCDC)
de la NOAA pour
l’ hémisphère Nord et
l’ hémisphère Sud)
3
Celle-ci a été, en moyenne estimative, de
0,17 °C par décennie durant cette période,
contre seulement 0,062 °C par décennie sur la
période 1880–1910. En outre, l’augmentation
de 0,21 °C entre la température moyenne de
la décennie 1991–2000 et celle de la décennie
2001–2010 est plus marquée que celle qui a été
constatée entre les décennies 1981–1990 et
1991–2000 (+0,14 °C) et même entre deux décennies successives quelles qu’elles soient depuis
le début des relevés instrumentaux.
Neuf des années de la décennie 2001–2010
comptent parmi les dix plus chaudes jamais
enregistrées, le record étant détenu par 2010,
qui présente une anomalie positive de la température moyenne de 0,54 °C par rapport à la
normale de référence (14,0 °C), suivie de près
par 2005. La moins chaude est 2008 – anomalie
positive estimée à 0,38 °C – qui n’en demeure
pas moins la plus chaude des années à Niña
jamais constatée.
4
Considérées séparément, la plupart des régions
du monde ont connu elles aussi des températures
supérieures à la normale pendant la décennie en
question, surtout en 2010, année où les records
ont été battus de plus de 1 °C par endroits. Au
niveau des pays, une large majorité de ceux qui
ont répondu à un questionnaire de l’OMM ont
indiqué qu’ils avaient connu la décennie la plus
chaude de leur histoire. Dans beaucoup de pays
et de régions de grande taille, la température
moyenne de la décennie 2001–2010 a accusé une
anomalie positive supérieure à 1 °C par rapport
à la normale calculée pour la période 1961–1990.
L’Europe, y compris le Groenland, a connu des
températures supérieures à la normale entre 2001
et 2009, 2007 détenant le titre de l’année la plus
chaude sur une grande partie de cette région
du monde. La valeur médiane des anomalies de
14,500
Température à la surface du globe (°C)
Figure 1. Moyenne
décennale des
températures à la
surface du globe (terres
émergées et océans
confondus) (°C) obtenue
à partir de trois jeux de
données distincts tenus
à jour respectivement
par le Centre Hadley du
Service météorologique
national et la Section
de recherche sur le
climat de l’Université
d’East Anglia (HadCRU)
(Royaume-Uni), par
le Centre national de
données climatologiques
(NCDC) relevant de
la NOAA (États-Unis
d’Amérique) et par le
Godard Institute for
Space Studies (GISS)
relevant de
l’Administration
américaine pour
l’aéronautique et
l’espace (NASA). La
ligne horizontale
grise indique la valeur
moyenne pour la période
1961–1990 (14 °C).
La décennie 2001–2010 est par ailleurs la plus
chaude qui ait été enregistrée que l’on considère les températures relevées uniquement
à la surface des terres, ou celles relevées à la
surface des seuls océans. C’est en 2007 que la
moyenne des températures enregistrées à la
surface des terres a été la plus élevée, accusant
une anomalie de +0,95 °C par rapport à la normale de la période 1961–1990, et en 2003 que
la température moyenne a été la plus élevée
à la surface des océans, l’anomalie positive
atteignant 0,4 °C. Cela rejoint les conclusions
des spécialistes du changement climatique, qui
prévoient que le réchauffement sera plus lent à
la surface des océans qu’à la surface des terres,
car il est transféré pour une bonne part dans les
profondeurs marines ou éliminé par évaporation.
14,47
14,26
14,225
14,12
13,95
13,950
13,89
13,92
13,93
13,95
1951
1960
1961
1970
1971
1980
13,76
13,675
13,68
13,67
13,64
13,59
13,400
1881 1891 1901 1911
1890 1900 1910 1920
1921 1931
1930 1940
1941
1950
1981
1990
1991
2000
2001
2010
Figure 2. Anomalies de
la température annuelle
moyenne à la surface du
globe entre 1950 et 2010,
par rapport à la période
de référence 1961–1990.
Les années marquées par
un épisode La Niña sont
indiquées en bleu, celles
marquées par un épisode
El Niño sont indiquées
en rouge.
(Source: HadCRU, NOAANCDC et NASA-GISS)
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
–0,1
–0,2
–0,3
1950
1956
1962
1968
1974
température pour la décennie y est de +1,0 °C.
Par comparaison avec le reste du monde, c’est
au Groenland que l’anomalie de la moyenne
décennale des températures – +1,71 °C – est la
plus forte.
Dans une grande partie de l’Asie, les anomalies
de la température ont dépassé +1 °C dans le
courant de la décennie, notamment en Chine,
en République islamique d’Iran, en Mongolie
et en Fédération de Russie. Sur l’ensemble du
continent, la valeur médiane des anomalies
décennales de la température est de +0,84 °C.
1980
1986
1992
1998
2004
2010
La valeur médiane des anomalies décennales
de la température est devenue positive lors de
la décennie 1981–1990, atteignant +0,60 °C sur
la période 2001–2010.
L’Amérique du Nord et l’Amérique centrale, le
Canada et la partie continentale des États-Unis
d’Amérique, qui représentent de loin le territoire
le plus vaste de la région, ont enregistré globalement une anomalie de la température moyenne
supérieure à +0,5 °C. Le Canada a enregistré la
plus forte anomalie de la région (+1,3 °C), et la
décennie 2001–2010 est donc la plus chaude
qu’ait connue ce pays.
En Afrique, chacune des années de la décennie
a été caractérisée par des températures supérieures à la normale. Les anomalies les plus
fortes ont été relevées au nord de l’équateur.
Au sud de l’équateur, elles se situent dans une
fourchette comprise entre +0,5 et +1 °C en Afrique
du Sud, en Angola, au Botswana, à Madagascar,
en Namibie et au Zimbabwe. Pour l’ensemble
du continent, la valeur médiane des anomalies
décennales de la température est de +0,7 °C.
En Océanie, l’Australie, la Nouvelle-Calédonie,
la Nouvelle-Zélande, la Polynésie française et
Tonga ont signalé des anomalies positives de
la température pour les deux dernières décennies, la valeur médiane s’établissant à +0,34 °C
pour la décennie 2001–2010. En Australie, pays
le plus vaste de la région, ladite décennie est la
plus chaude qu’ait connue ce pays, l’anomalie
de la température atteignant +0,48 °C.
C’est le Brésil, pays le plus vaste de l’Amérique
du Sud, qui a enregistré la plus forte anomalie de
tout le continent – +0,74 °C – en ce qui concerne
la température moyenne; la décennie 2001–2010
est donc la plus chaude que ce pays ait connue.
Comme le montrent les figures 1 et 2, la décennie 2001–2010 a vu se poursuivre la tendance
à la hausse des températures moyennes, en
dépit des multiples épisodes La Niña, qui ont
normalement pour effet de refroidir le climat,
5
Phénomènes extrêmes, vulnérabilité,
exposition aux risques et catastrophes
Il importe de surveiller les phénomènes
extrêmes et de les comprendre, car ils réduisent souvent vies et biens à néant, mais il est
possible de faire en sorte qu’ils ne se transforment pas en catastrophes de grande ampleur
en réduisant la vulnérabilité des populations
et leur exposition aux risques.
Les bases de données sur les catastrophes
sont particulièrement utiles pour cartographier l’évolution des phénomènes extrêmes et
leurs répercussions dans différentes régions,
mais elles ne prouvent pas que l’augmentation
des pertes observée résulte d’une hausse de
la fréquence et de l’intensité de ce type de
phénomènes. D’autres facteurs entrent en jeu,
comme le fait que les populations et les biens
sont de plus en plus exposés aux phénomènes
climatiques extrêmes et que nous sommes
mieux informés, du point de vue tant de la
qualité des informations que de leur quantité.
Il convient néanmoins de relever l’augmentation
exponentielle (plus de 2 000 %) du nombre de
victimes dues aux vagues de chaleur, en particulier lors des vagues de chaleur extrême sans
précédent qui ont frappé l’Europe au cours de
l’été 2003 et la Fédération de Russie au cours de
l’été 2010. En revanche, tempêtes et inondations
400 000
Figure 3.Incidence des
phénomènes extrêmes
au cours de la période
2001–2010 par rapport
à 1991–2000: nombre
total de victimes. Les
pourcentages qui
figurent au-dessus des
colonnes indiquent
l’évolution entre les
deux périodes.
(Source: base de
données EM-DAT du
Centre de recherche
sur l’ épidémiologie des
désastres (CRED))
6
ont fait moins de victimes pendant la décennie
2001–2010 que de 1991 à 2000. La baisse de
16 % et de 43 % observée respectivement
est due en grande partie à l’amélioration des
systèmes d’alerte précoce et des mesures de
prévention.
Le nombre de victimes a donc diminué alors
même que les populations sont toujours plus
exposées aux phénomènes extrêmes en raison
de la croissance démographique et du fait que
les zones vulnérables sont de plus en plus
peuplées. Selon le Bilan mondial 2011, entre
1970 et 2010, l’effectif moyen de la population exposée aux inondations chaque année a
augmenté de 114 % à l’échelle du globe, alors
que la population mondiale augmentait de
87 %, passant de 3,7 milliards à 6,9 milliards.
Le nombre de personnes exposées aux fortes
tempêtes a presque triplé dans les régions
sujettes aux cyclones, soit une hausse de
192 %.
Mais alors que le risque de décès et de blessure associé aux tempêtes et aux inondations a diminué, la vulnérabilité des biens a
augmenté, car l’expansion des ressources
socio-économiques et des infrastructures s’est
accompagnée d’une hausse du nombre de biens
exposés aux phénomènes météorologiques et
climatiques extrêmes et d’une augmentation
de leur valeur.
+20 %
Nombre de victimes entre 1991 et 2000
350 000
Nombre de victimes entre 2001 et 2010
300 000
250 000
–16 %
200 000
150 000
+2 300 %
–43 %
100 000
50 000
+189 %
0
Chaleur
Froid
–66 %
Sécheresse
Tempêtes
(de toute
nature)
Inondations
Total
et des autres phénomènes qui participent de la
variabilité interannuelle de ce dernier.
3. Extrêmes de froid et de chaleur
La température annuelle moyenne est certes un
indicateur climatique important, mais les températures observées peuvent varier beaucoup d’un
jour à l’autre et tout au long de l’année du fait de
la variabilité naturelle du climat. Par ailleurs, les
températures maximales des jours et des nuits
de plus forte canicule et les températures minimales des journées et des nuits froides ont sans
doute augmenté sous l’influence des activités
humaines. Il est par ailleurs assez probable que
le changement climatique anthropique ait accru
le risque de vagues de chaleur.
50 %
Selon les résultats d’une enquête menée par
l’OMM, la température maximale journalière la
plus élevée de la période 1961–2010 a été relevée
entre 2001 et 2010 dans 44 % des pays sondés
(soit 56 pays), entre 1991 et 2000 dans 24 % de
pays et pendant l’une des trois décennies précédentes dans les 32 % restants. À l’inverse, la
température minimale journalière la plus basse
de la période 1961–2010 a été relevée entre 2001
et 2010 dans 11 % (14 pays sur 127) des pays
sondés, entre 1961 et 1970 dans 32 % de pays
et pendant l’une des trois décennies intermédiaires dans quelque 20 % de pays à chaque
fois (figure 4).
Entre 2001 et 2010, un grand nombre de pays
et de régions ont été frappés à un moment ou
un autre par des vagues de chaleur (figure 5).
Température maximale la plus élevée
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
50 %
1961–1970 1971–1980 1981–1990 1991–2000 2001–2010
Température minimale la plus basse
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
50 %
1961–1970 1971–1980 1981–1990 1991–2000 2001–2010
Hauteur de pluie maximale sur 24 heures
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
1961–1970 1971–1980 1981–1990 1991–2000 2001–2010
Figure 4. Records
nationaux de
températures
journalières maximales
et minimales et de
précipitations totales sur
24 heures au cours des
cinq dernières décennies
(Source: enquête de
l’OMM)
7
Europe
Canada
Le centre du Canada a connu l’été le plus
chaud et le plus humide de son histoire
en 2005. L’année 2010 a été la plus
chaude qui ait été observée dans
le pays depuis le début des relevés
en 1948.
États-Unis d’Amérique
Une forte vague de chaleur a sévi en
juillet 2005 dans le sud-ouest des
États-Unis d'Amérique où de nombreux
records de température ont été battus.
Une autre vague de chaleur intense a
perduré tout le mois d’août 2007 dans le
sud et le centre des États-Unis; nombre
de records absolus de température ont
été atteints.
Une grande partie de l’Europe
a été touchée par plusieurs
vagues de chaleur intense
pendant l’été 2003.
Afrique du Nord
Exposée à la même situation atmosphérique
que l’Europe, l’Afrique du Nord a connu une
chaleur record en juillet et août 2003. Au Maroc,
de nouveaux records mensuels de température
ont été atteints à plusieurs endroits. C’est en
août que la chaleur a été la plus intense,
plusieurs villes enregistrant la température
maximale journalière la plus élevée jamais
mesurée. Ce fut le cas de Rabat (44,6 °C),
Kenitra (47,7 °C) et Tanger (43,5 °C).
Brésil
Afrique de l’Ouest
Il a fait extrêmement chaud en Afrique
de l’Ouest au cours de l’été boréal 2002.
Des températures exceptionnellement
élevées (jusqu’à 50,6 °C) ont été relevées
au Sahara en juin et juillet.
Des vagues de chaleur se sont abattues sur
le Brésil entre janvier et mars 2006: l’une des
plus hautes températures jamais enregistrées
dans le pays (44,6 °C) a été relevée le 31 janvier
à Bom Jesus.
Argentine
Une anomalie climatique extrême a frappé la région fin octobre/début
novembre 2009 lorsqu’une vague de chaleur exceptionnelle a touché
le nord et le centre du pays: des températures exceptionnellement élevées
(supérieures à 40 °C) ont été relevées en de nombreux endroits durant
plusieurs jours consécutifs. Des records absolus de températures maximales
ont été battus pendant la période considérée.
Deux d’entre elles ont été particulièrement
meurtrières en Inde, où elles ont fait chacune
plus d’un millier de victimes en 2002 et 2003.
Quant à la vague de chaleur qui s’est abattue
sur une grande partie de l’Europe durant l’été
2003, elle a causé la mort de plus de 66 000 personnes. Enfin, la vague de chaleur qui a frappé
la Fédération de Russie en juillet/août 2010,
exceptionnelle par son intensité et sa durée, a
fait plus de 55 000 victimes. Il ressort de l’enquête menée par l’OMM que des températures
anormalement élevées et des records de chaleur ont été constatés d’une manière générale
un peu partout dans le monde.
Malgré la chaleur moyenne record qui a caractérisé la décennie, des vagues de froid ont
continué de frapper un grand nombre de pays,
8
Amérique du Sud
Le sud de l’Argentine et le Chili ont connu un
mois de février exceptionnellement chaud en 2008
en raison de blocages atmosphériques persistants.
Les températures journalières maximales ont oscillé
entre 35 °C et 40 °C, soit bien au-dessus de la
moyenne qui se situe entre 20 °C et 28 °C.
avec parfois des conséquences dramatiques.
Subissant l’influence de la phase négative
extrême de l’oscillation arctique et de l’oscillation nord-atlantique, l’hémisphère Nord
a connu des conditions hivernales extrêmes
de décembre 2009 à février 2010. La vague de
froid prolongée et les chutes de neige dont
elle s’est accompagnée a fait plus de 450 victimes en Europe. L’hiver 2009/10 a été aussi
extrêmement froid en Fédération de Russie,
en Amérique du Nord (surtout aux États-Unis)
et dans certaines parties de l’Asie. D’autres
vagues de froid se sont produites en Bolivie
en 2002, en Afrique australe en 2002 et 2007,
au Pérou en 2003, au Maroc et en Algérie en
2005, en Australie en 2005 et dans une grande
partie de l’Asie en 2007/08, notamment dans
le sud de la Chine en 2008.
Fédération de Russie
En raison d’une situation de blocage, la partie
occidentale de la Fédération de Russie a connu
un temps extrêmement chaud en juillet et
août 2010. Cela a favorisé le déclenchement
d’incendies de forêt catastrophiques dans la
région de Moscou. La température moyenne de
juillet a accusé un écart de 7,6 °C par rapport à
la normale à Moscou, où ce mois a été le plus
chaud – de plus de 2 °C – que cette ville ait
jamais connu. Moscou a enregistré un nouveau
record de chaleur le 29 juillet, avec 38,2 °C, et
pendant 33 jours consécutifs la température a
atteint ou dépassé 30 °C.
Chine et Japon
Août et septembre 2007 ont été extrêmement chauds au Japon;
un maximum absolu de 40,9 °C a été enregistré, constituant un
nouveau record national. En 2010, le Japon et la Chine ont connu
l’été le plus chaud de leur histoire.
Asie méridionale
Pakistan
En 2010, une vague de chaleur s’est
abattue sur le Pakistan avant la mousson:
à Mohenjo Daro le thermomètre à atteint
53,5 °C le 26 mai, soit un record pour le pays
et la température la plus élevée qui ait été
relevée en Asie depuis 1942, voire depuis
plus longtemps.
Des vagues de chaleur extrême se sont abattues sur
l’Inde en 2002, 2003 et 2005. Une chaleur extrême,
avec des températures maximales atteignant 45 à 50 °C,
a également sévi au Pakistan et au Bangladesh, faisant
des centaines de victimes.
Australie
Plusieurs vagues de chaleur ont frappé l’Australie
pendant la décennie considérée, s’accompagnant
de feux de brousse et de températures records.
Au cours de l’été 2009, l’État de Victoria a enregistré
un record de chaleur absolu – 48,8 °C – à Hopetoun,
soit la température la plus élevée jamais mesurée à
une latitude aussi méridionale.
4. Précipitations, inondations et sécheresses
On observe dans toutes les régions du monde
une variabilité naturelle interannuelle pour ce
qui est des précipitations, des inondations et
des sécheresses. Plus l’air est chaud, plus il peut
contenir de vapeur d’eau, et il est donc probable
que le changement climatique ait une incidence
sur la fréquence et l’intensité des épisodes de
précipitations extrêmes. La hausse des températures a aussi pour effet d’accélérer le cycle
hydrologique, ce qui devrait favoriser à la fois
des précipitations plus abondantes et une évaporation accrue. Comme le révèle l’enquête menée
par l’OMM, les records nationaux de cumul de
précipitations sur 24 heures ont été enregistrés
pour la majorité d’entre eux durant les deux dernières décennies (1991–2010) (figure 4).
Les précipitations continentales annuelles,
moyennées sur la décennie 2001–2010, sont
supérieures à la normale calculée pour la période
1961–1990. Ladite décennie est la plus arrosée qui
ait été constatée depuis 1901, à l’exception des
années 50 (figure 6). En outre, 2010 est l’année
la plus pluvieuse jamais enregistrée à l’échelle
du globe; les records précédents remontant à
2000 et 1956. Comme le second semestre de
2010, ces années coïncidaient avec un épisode
La Niña de forte intensité.
Figure 5. Vagues de
chaleur et températures
exceptionnellement
élevées qui ont marqué
la période 2001–2010.
(Source: NOAA-NCDC)
Les précipitations ont été supérieures à la normale un peu partout dans le monde (figure 7).
L’est des États-Unis d’Amérique, le nord et l’est
du Canada et de nombreuses régions d’Europe
et d’Asie centrale ont connu des précipitations
particulièrement abondantes. Une pluviosité
9
20
15
Anomalie des précipitations (mm)
Figure 6. Anomalie
décennale des
précipitations à l’échelle
du globe (en mm) par
rapport à la normale
OMM pour la période
1961–1990
(Source: NOAA-NCDC)
10
5
0
–5
–10
–15
–20
1901
1910
1911
1920
1921
1930
1931
1940
1941
1950
1951
1960
1961
1970
1971
1980
1981
1990
1991
2000
2001
2010
90N
60N
30N
Figure 7. Anomalies
décennales de
précipitations (2001–
2010) sur les zones
continentales résultant
de l’analyse aux points
de grille (maille de
1 degré) de données
pluviométriques (écarts
normalisés, exprimés
en mm/mois, par
rapport à la période de
référence 1951–2000)
(Source: Centre mondial
de climatologie des
précipitations, Service
météorologique
allemand)
10
EQ
30S
60S
90S
180
120W
60W
–350
–250
0
–150
–50
60E
50
150
120E
250
350
180
supérieure à la normale a été aussi constatée dans
le nord et le sud du Brésil, en Uruguay, dans le
nord et l’est de l’Argentine, en Afrique australe,
en Indonésie et dans le nord de l’Australie. Les précipitations ont été inférieures à la normale dans
l’ouest des États-Unis d’Amérique et notamment
en Alaska, dans le sud-ouest du Canada, dans
le centre de l’Amérique du Sud, dans la plupart
des régions d’Europe occidentale et méridionale
et d’Asie méridionale, en Afrique centrale ainsi
que dans l’est et le sud-est de l’Australie.
D’après les données dont dispose l’OMM, les
inondations représentent le phénomène extrême
le plus fréquemment observé tout au long de
la décennie. L’Europe orientale a été particulièrement touchée en 2001 et 2005, l’Inde en
2005, l’Afrique en 2008, l’Asie (en particulier le
Pakistan où 20 millions de personnes ont été
sinistrées et 2 000 ont trouvé la mort) en 2010
et l’Australie également en 2010. En outre, crues
éclair et glissements de terrain ont été signalés
en grand nombre par d’autres pays.
Les sécheresses touchent plus de personnes
que n’importe quelle autre catastrophe naturelle vu qu’elles surviennent à grande échelle et
qu’elles ont un caractère persistant. Toutes les
régions du monde ont été touchées entre 2001
et 2010. Des sécheresses persistantes et particulièrement dévastatrices ont frappé l’Australie
(notamment en 2002), l’Afrique de l’Est (en 2004
et 2005, entraînant des pertes en vies humaines
et des pénuries alimentaires à grande échelle)
et le bassin de l’Amazone (en 2010).
5. Violentes tempêtes
D’après le Centre national de données climatologiques (NCDC) de l’Administration américaine
pour les océans et l’atmosphère (NOAA), la
décennie 2001–2010 est celle où l’activité cyclonique dans le bassin de l’Atlantique Nord a été la
plus marquée depuis 1855. La moyenne annuelle
de tempêtes baptisées s’établit à 15 pour cette
décennie, contre 12 pour la période 1981–2010.
C’est en 2005 que la saison cyclonique a été la
plus active jamais observée: on a dénombré
27 tempêtes baptisées, dont 15 ont atteint la
force d’un ouragan et sept celle d’un ouragan
majeur (catégorie 3 ou plus). Katrina, ouragan
le plus dévastateur de la décennie classé dans
la catégorie 5, s’est abattu en août sur le sud
des États-Unis d’Amérique.
Dans d’autres régions, l’activité cyclonique se
situait généralement dans la moyenne ou en
deçà de la moyenne. Dans le bassin du Pacifique
Nord-Est, un total de 139 tempêtes baptisées a
été observé durant la décennie, dont 65 classées dans la catégorie des ouragans, soit une
activité cyclonique légèrement inférieure à la
moyenne. La majorité de ces systèmes dépressionnaires n’ont pas atteint les côtes et n’ont
donc pas fait de gros dégâts. L’activité cyclonique
a été légèrement inférieure à la moyenne dans
le bassin du Pacifique Nord-Ouest également
(230 tempêtes au total), où le cyclone le plus
destructeur, Durian, a frappé les Philippines
en 2006, touchant 1,5 million de personnes et
faisant plus d’un millier de victimes.
C’est dans le nord de l’océan Indien qu’a pris
naissance le cyclone tropical le plus meurtrier
de la décennie, Nargis, qui s’est abattu sur le
Myanmar en 2008, au début du mois de mai.
Plus de 138 000 personnes ont été tuées ou
portées disparues lors du passage du cyclone,
qui a fait 8 millions de sinistrés et détruit des
milliers de foyers.
Les tempêtes extratropicales peuvent se muer
elles aussi en catastrophes naturelles dévastatrices, surtout aux moyennes latitudes. Trois
grandes tempêtes de ce type ont durement
frappé l’Europe: Kyrill, qui a balayé plusieurs
régions d’Europe centrale en 2007, Klaus, qui a
touché l’Europe méridionale en 2009 et Xynthia,
qui a frappé le nord-ouest de l’Europe en
2010. Ces tempêtes ont causé la mort de près
de 100 personnes et provoqué des dommages
estimés à plusieurs milliards de dollars. Selon
les analyses ef fectuées par la compagnie
d’assurance Munich Re, les tempêtes hivernales qui ont balayé les États-Unis d’Amérique
et le Canada en 2007 et 2008 font partie des
dix tempêtes les plus coûteuses survenues
depuis 1980 si l’on considère le montant des
pertes assurées.
6. Fonte des glaces et hausse du niveau
des océans
La chaleur record de la décennie 2001–2010 s’est
accompagnée de la fonte accélérée des calottes
11
Ouragan Bertha
Ouragan Katrina
(juillet 2008)
(août 2005)
Tempête tropicale
Allison
Vents maximums de 205 km/h
Cyclone tropical le plus persistant
qui ait été observé un mois de juillet
dans le bassin de l’Atlantique.
Vents maximums de 280 km/h
Ouragan le plus meurtrier
qui ait frappé les États-Unis
d’Amérique depuis 1928.
(juin 2001)
Vents maximums de 95 km/h
Tempête tropicale la plus
meurtrière et la plus coûteuse
qui ait frappé les États-Unis
d’Amérique.
Ouragan Juan
(septembre 2003)
Vents maximums de 170 km/h
Ouragan le plus terrible de
l’histoire récente qui ait frappé
Halifax, en Nouvelle-Écosse.
Ouragan Rick
Tempête tropicale Fay
(octobre 2009)
(août 2008)
Vents maximums de 270 km/h
Deuxième ouragan le plus
intense, après Linda en 1997,
qu’ait connu le bassin.
Vents maximums de 110 km/h
Première tempête de l’histoire qui
ait frappé la Floride (ou tout autre
État) à quatre reprises.
Ouragan Kenna
(octobre 2002)
Vents maximums de 270 km/h
Ouragan le plus puissant qui ait frappé
la côte Pacifique du Mexique depuis
l’ouragan Madeline en 1976; Kenna se
classe au troisième rang des ouragans
les plus puissants jamais observés.
Ouragan Lili
(septembre/octobre
2002)
Ouragan Wilma
Ouragan Sergio
(octobre 2005)
(novembre 2006)
Vents maximums de 175 km/h
Cyclone tropical le plus
persistant qui ait été observé
un mois de novembre dans
le bassin.
Tempête tropicale
Alma
Vents maximums de 295 km/h
Ouragan le plus puissant qui
ait jamais été observé dans le
bassin de l’Atlantique.
Ouragan Michelle
(octobre/novembre 2001)
(mai 2008)
Vents maximums de 100 km/h
C’est la première fois depuis le début des
relevés qu’une tempête tropicale ou un
ouragan qui a pris naissance dans le
bassin du Pacifique Nord-Est atteint la
côte Pacifique de l’Amérique centrale.
Vents maximums de 220 km/h
Ouragan le plus puissant
qui ait frappé Cuba depuis
l’ouragan Fox en octobre 1952.
Activité cyclonique –
Vents maximums
Vents maximums de 230 km/h
Premier ouragan qui ait touché
terre aux États-Unis d’Amérique
depuis l’ouragan Irene en 1999.
Ouragan Ivan
(septembre 2004)
Vents maximums de 270 km/h
Tempête la plus puissante qui ait
touché les Caraïbes depuis dix ans.
Ouragan Catarina
(mars 2004)
Vents maximums de 155 km/h
Premier ouragan qui ait pris naissance
dans l’Atlantique Sud depuis le début
des observations par satellite
géostationnaire en 1966.
63−118 km/h
119−153 km/h
154−177 km/h
178−209 km/h
210−249 km/h
> 249 km/h
glaciaires, des glaciers, de la banquise et du
pergélisol. Signe du réchauffement du climat,
la fonte de la neige et de la glace se répercute
sur l’approvisionnement en eau, les voies de
transport, les infrastructures, les écosystèmes
marins et bien d’autres choses encore.
On est assez bien renseigné sur l’état de la
banquise de l’Arctique au XXe siècle. Jusqu’aux
années 60, celle-ci couvrait une superficie
comprise entre 14 et 16 millions de km2 à la
fin de l’hiver et entre 7 et 9 millions de km2 à
la fin de l’été boréal. On assiste depuis lors à
un recul rapide de la banquise. Les cinq années
où l’étendue des glaces de mer a atteint en
12
septembre un minimum sans précédent sont
2005, 2007, 2008, 2009 et 2010. Le minimum
record de 4,28 millions de km2, soit 39 % de
moins que la normale, a été observé en 2007
(figure 9). Ce record a été battu en 2012. Le
volume de la banquise arctique diminue lui
aussi rapidement depuis 2005, atteignant
en 2010 un nouveau minimum record. Pendant ce temps, l’étendue de la banquise de
l’Antarctique a légèrement augmenté d’une
manière générale, pour des raisons que les
scientifiques continuent d’analyser.
Les deux inlandsis de la planète (nappes de
glace persistante recouvrant la terre ferme)
Typhon Rananim
(août 2004)
Cyclone Gonu
(juin 2007)
Vents maximums de 270 km/h
Cyclone tropical le plus
violent qui ait frappé Oman
depuis 1945.
Typhon Kompasu
Vents maximums de 165 km/h
Typhon le plus puissant qui ait
atteint la province de Zhejiang
en Chine depuis 1956.
(août/septembre 2010)
Vents maximums de 195 km/h
Typhon le plus puissant qui ait frappé Séoul,
République de Corée, depuis 15 ans.
Typhon Lekima
Ouragan/typhon Loke
Vents maximums de 130 km/h
A provoqué des pluies abondantes sur le
Viet Nam qui ont causé les pires inondations
depuis 45 ans.
Vents maximums de 260 km/h
Ouragan le plus puissant qui ait été
répertorié dans le centre du Pacifique.
(septembre/octobre 2007)
(août/septembre 2006)
Typhon Tokage
(octobre 2004)
Vents maximums de 230 km/h
Typhon le plus meurtrier qui
ait frappé le Japon depuis
1979.
Typhon Megi
Vents maximums soutenus de 230 km/h
Près de 1 200 morts aux Philippines
Vents maximums de 295 km/h
Cyclone tropical le plus puissant à l’échelle du
globe depuis 2005 et le plus intense qui se soit
formé dans le Pacifique Nord-Ouest depuis 1983.
(novembre 2006)
Cyclone Laila
(mai 2010)
Vents maximums de 120 km/h
Première fois depuis vingt ans
qu’une tempête frappe le
sud-est de l’Inde en mai.
Typhon Durian
Cyclone Nargis
(octobre 2010)
(avril/mai 2008)
Vents maximums de 215 km/h
Cyclone le plus dévastateur qu’ait connu
l’Asie depuis 1991 et pire catastrophe
naturelle qui ait frappé le Myanmar.
Cyclone Ului
(mars 2010)
Vents maximums de 260 km/h
Un des cyclones tropicaux qui a
connu l’intensification la plus
rapide jamais observée.
Cyclone Dina
(janvier 2002)
Vents maximums de 240 km/h
À l’origine d’un nouveau record de
précipitations sur 24 heures à Maurice
(745 mm).
Cyclone Gamède
(février/mars 2007)
Vents maximums de 195 km/h)
Un nouveau record mondial de précipitations a
été atteint à La Réunion: 3 929 mm en 3 jours.
more details on Australia
Cyclone Larry
(mars 2006)
Cyclone Ingrid
(mars 2005)
Vents maximums de 215 km/h
Cyclone le plus intense qui ait
frappé la côte du Queensland
depuis 1918.
Vents maximums de 250 km/h
Premier cyclone connu qui ait atteint
la catégorie 5 au large de trois États
australiens (Queensland, Territoire
du Nord et Australie-Occidentale).
sont ceux de l’Antarctique et du Groenland.
La perte de masse nette de ces deux calottes
polaires s’est accélérée, et sur la période 2001–
2010, 2007 et 2008 sont les années où cette
perte a été la plus importante. Si la tendance
se poursuit, la fonte des inlandsis sera le principal facteur de hausse du niveau de la mer
au XXI e siècle.
Les glaciers de la planète ont perdu plus de
masse entre 2001 et 2010 que durant n’importe
quelle autre décennie depuis qu’il existe des
relevés, et le manteau neigeux a fortement
reculé dans l’hémisphère Nord (figures 10 et
11). Les températures ne cessent d’augmenter
dans les régions recouvertes de pergélisol
(terres gelées), et la décennie 2001–2010 a été
marquée par une augmentation de l’épaisseur de la couche de dégel saisonnier dans de
nombreuses régions nordiques.
Figure 8. Cyclones
tropicaux qui ont marqué
la période 2001–2010.
(Source: NOAA-NCDC)
En raison de cette fonte généralisée de la neige
et de la glace (et de l’expansion thermique de
l’eau de mer), le niveau moyen de la mer a
continué d’augmenter entre 2001 et 2010 au
rythme de quelque 3 mm par an, soit environ le
double de celui qui a été constaté au XXe siècle
(1,6 mm par an). Moyenné sur la décennie, le
niveau de la mer accusait une hausse d’environ
20 cm par rapport aux années 1880.
13
Figure 9. Étendue de la
banquise en septembre
2007; la ligne magenta
délimite l’étendue
médiane calculée pour
la période 1979–2000
(à gauche). Étendue de
la banquise de l’Arctique
à la fin de la saison de
fonte pour la période
2007–2010 (à droite)
(Source: Centre national
de données sur la neige
et la glace, États-Unis
d’Amérique)
Étendue de la banquise (millions de km2)
12
10
8
6
2010
2009
2008
2007
Moyenne pour la période 1979–2000
Écarts types: ±2
4
2
Figure 10. Bilan de masse
spécifique cumulé de
glaciers (moyenne)
depuis 1945/1946
(Source: Service mondial
de surveillance des
glaciers)
Bilan de masse spécifique cumulé – moyenne
(équivalent en eau – mm)
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
2000
2010
15 000
10 000
5 000
0
–5 000
Moyenne calculée pour 10 chaînes de montagnes
Moyenne calculée pour 37 glaciers
Moyenne calculée pour tous les glaciers
–10 000
–15 000
1945
1950
1955
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2005
Figure 11. Anomalie
de l’étendue de la
couverture neigeuse
dans l’hémisphère Nord
en juin (1970–2010)
(Source des données:
Global Snow Laboratory
de l’Université Rutgers,
États-Unis d’Amérique)
Note: Il n’existe pas de
données semblables pour
l’hémisphère Sud car les
superficies susceptibles
d’être recouvertes d’une
couche de neige saisonnière
(en dehors de l’Antarctique)
sont très faibles.
14
Anomalie de l’étendue de la couverture
neigeuse (millions de km2)
6
4
2
0
–2
–4
–6
1970
1974
1978
1982
1986
1990
1994
1998
2002
2006
2010
7. Conclusion
Il est essentiel, pour le bien-être des populations
et le développement durable, de comprendre le
climat de la planète et l’évolution de la température, des précipitations et des phénomènes
extrêmes. Comme le confirme le rapport Le
climat dans le monde (2001–2010), les climatologues sont désormais en mesure d’établir une
corrélation entre certaines oscillations naturelles
et les tendances climatiques saisonnières. Ils
comprennent également les mécanismes qui
interviennent dans la hausse des températures
moyennes mondiales causée par les émissions
de gaz à effet de serre d’origine anthropique.
Même s’ils ne s’estiment pas encore fondés
à imputer aux changements climatiques des
phénomènes extrêmes isolés, les climatologues
arrivent de plus en plus souvent à la conclusion
que sans les changements climatiques, de nombreux phénomènes récents auraient pris une
autre tournure, voire ne se seraient pas produits.
Ainsi, la hausse généralisée des températures
a sans doute nettement augmenté la probabilité d’une vague de chaleur telle que celle qui a
frappé l’Europe en 2003.
Aucune tendance nette ne s’est dégagée à
l’échelle mondiale en ce qui concerne les cyclones tropicaux et extratropicaux. Il convient de
constituer des ensembles de données exhaustifs
si l’on veut pouvoir effectuer des analyses fiables
de l’évolution de la fréquence et de l’intensité
de ces phénomènes.
Pour faire la part entre la variabilité naturelle du
climat et les changements climatiques d’origine
anthropique, il faudra également constituer des
ensembles de données plus complets portant
sur de plus longues périodes. Or pour détecter
une évolution des températures, l’échelle de
temps la plus courte reste la décennie.
La période considérée doit être encore plus
longue si l’on veut pouvoir analyser l’évolution
des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes, dont la fréquence est faible,
par définition. La Commission de climatologie
de l’OMM étudie la possibilité d’appliquer de
nouvelles méthodes permettant de mieux caractériser, évaluer et surveiller ces phénomènes.
En outre, de nouveaux travaux de recherche
prometteurs visant à définir les causes des
phénomènes extrêmes isolés en fonction des
données d’observation et de modélisation
commencent à voir le jour.
La surveillance de la cryosphère dans une perspective à long terme s’impose désormais comme
une priorité absolue, tant pour la recherche sur
le climat que pour la compréhension des conséquences concrètes de la fonte généralisée de
la neige et de la glace. On ignore encore quelle
sera exactement l’évolution future de la fonte
des inlandsis. Grâce à une meilleure compréhension de la variabilité de la cryosphère, il
sera également possible d’améliorer la qualité des projections relatives à l’élévation du
niveau de la mer, ce qui permettra de rationaliser
l’aménagement des zones côtières.
À mesure que progressent l’observation, la
modélisation et la connaissance scientifique
du système climatique, les spécialistes seront
mieux à même de fournir aux décideurs des
informations toujours plus utiles, ce qui présentera un intérêt certain pour la coopération
internationale mise en œuvre au titre de la
Convention-cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques et du Cadre mondial pour les services climatologiques. L’OMM
maintient son appui à ces initiatives par l’intermédiaire de ses Membres, de ses programmes
et des rapports qu’elle publie régulièrement
grâce à son réseau de surveillance du système
climatique.
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Pour de plus amples informations, veuillez vous adresser à:
Organisation météorologique mondiale
7 bis, avenue de la Paix – Case postale 2300 – CH-1211 Genève 2 – Suisse
Bureau de la communication et des relations publiques
Courriel: [email protected]
www.wmo.int
JN 13658
Tél.: +41 (0) 22 730 83 14 – Fax: +41 (0) 22 730 80 27
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