Plantes sources
Tout d'abord, il faut disposer de plantes bien fournies en petites
branches pour permettre d'en tirer des boutures. Ensuite, les boutures
prennent plus facilement si elles ont issues d'une plante en période de
croissance plutôt qu'en période de fructification ou floraison. Enfin, un
régime alimentaire pauvre en azote donne des feuilles moins vertes
mais qui bouturent plus aisément. Vu la rapidité d'absorption de l'azote
(N), il suffit de l'éliminer de la ration de la plante à bouturer 2 à 3
semaines auparavant et de l'en re-gaver aussitôt après.
Pour disposer de branches bouturables régulièrement, le mieux est
d'entretenir ce que l'on appelle des "plantes sources". Une plante source
est maintenue en période de croissance toute l'année en jouant sur la
durée de l'éclairage, la température ou autre paramètre selon la plante.
L'important est de maintenir votre plante donneuse en état de
végétation et non de floraison ou fructification. On peut lui couper
régulièrement des branches pour les boutures et on doit même la
"rabattre" (réduire sa hauteur) dès qu'elle grandit trop. Chaque branche
coupée donne le départ à deux nouvelles branches. Cela forme une
sorte de bonsaï et force les branches du bas à s'étirer en hauteur en
poussant ce qui donne une matière idéale pour tirer des boutures.
Matériel:
1 cutter ou une lame de cutter désinfectée (alcool, flamme)
1 verre d'eau
1 petite bassine
des petits pots plastiques remplis d'un mélange terreux très léger, de
perlite, de substrat "Gardex" ou flocons de laine de roche hydrophile.
1 mini serre de L=40 x P=30 x H=20 cm
1 éclairage moyen (2 tubes fluorescents de 60 cm)
quelques gouttes de ph moins floraison (pH down)
des hormones de bouturage
un conteneur adapté pour le type d'hormone d'enracinement utilisé
(liquide, gel, poudre).
Milieu d'enracinement
Le milieu d'enracinement destiné aux boutures doit rester humide mais
pas détrempé.
On peut utiliser : laine de roche, vermiculite, substrat composé :
"Gardex", terre aérée - genre terre à cactées ou à orchidées - ou terreau
allégé avec du sable et des écorces broyées. Le but est de permettre à la
plantule d'absorber l'eau et l'air présents autour de la tige par capillarité
et porosité.
Trop d'eau ,surtout stagnante, augmente le risque de pourriture et la
bouture mettra plus de temps à fabriquer des racines. L'eau stagnante
est rapidement vidée de son oxygène par la plante et cela va bloquer la
génération de tissus racinaires neufs. Il faut éviter de laisser le bas des
conteneurs tremper dans l'eau d'arrosage. L'eau aérée au contraire
favorise la prise rapide des boutures.
Hormones de bouturage
Les hormones de bouturages sont des hormones de synthèse proches de
celles que produisent les plantes pour induire la création de racines
dans leurs tissus. La présence d'hormones sur une blessure ou une
partie de plante mise en condition de faire des racines aide à une
production plus rapide et plus énergique de ces racines. On gagne du
temps et on réussit plus de boutures en utilisant ces hormones.
On trouve dans le commerce plusieurs présentations d'hormones de
bouturage : en poudre ou en gel.
Le plus pratique est le gel car il adhère bien à la bouture et est simple à
manipuler.
Les poudres sont aussi efficaces mais moins pratiques à l'usage. Il faut
en laisser un film sur la bouture en évitant les blocs de poudre
compactée qui colmatent la coupe (qui aspire de l'eau) et les pores de la
tige. Le mieux est de souffler la base de la bouture avec la poudre ou de
l'enduire avec un pinceau fin - ou encore de tremper la bouture dans la
poudre et de tapoter pour éliminer la poudre en excès.
Humidité de l'air
Une ambiance tropicale, humidité autour de 100% est souvent
recommandée. A cet effet, l'achat d'une serre à semis d'amateur (30 x
50 cm) avec couvercle transparent. L'humidité est aussi un facteur de
pourrissement si l'air n'est pas renouvelé. Il faut donc laisser une
ventilation suffisante pour éviter les problèmes. On conserve les
boutures en milieu humide pour empêcher les feuilles de transpirer plus
d'eau que la tige coupée et sans racine n'en peut absorber.
Le plus simple est de laisser les boutures deux jours sous le couvercle
transparent de votre mini-serre, fermé avec juste la fenêtre d'aération
ouverte. Ensuite, le soulever progressivement les 4 jours suivant, en
l'ouvrant de plus en plus, puis enfin l'enlever complètement. Attention à
laisser au moins 30 cm de distance entre le sommet des boutures et vos
tubes fluorescent car elles sont extrêmement sensibles à la chaleur et
saisissent n'importe quelle occasion de flétrir.
Température
Essayez de maintenir la base des boutures à 23°C constants. Le
minimum étant autour de 19°, température à laquelle l'enracinement
traîne en longueur : on passe alors de 10 jours à plus de trois semaines
pour voir les racines pousser. Le maximum se trouve vers 26°. Dans
ces conditions, on risque de voir les boutures se dessécher, attraper des
maladies, ou bien pourrir si l'humidité reste forte.
Eclairage
Les boutures réclament une lumière modérée pour ne pas trop végéter
et consacrer leur énergie à fabriquer des racines. 2 tubes fluorescents de
60 cm suffisent pour une mini-serre de 40 x 30 cm. Les tubes doivent
être à 25 cm minimum de distance des boutures pour éviter le
flétrissement du à la chaleur dégagée (rayonnement infrarouge).
Ph et eau
Utiliser une eau de pH 5,8 pour la prise des boutures.Les boutures
aiment un environnement liquide de pH un peu acide. N'utilisez pas
d'engrais. Les sels contenus dans les engrais retiennent l'eau et en
contrarient l'absorption par les boutures.
Préparation de la plante
48 heures avant de prélever des boutures, vous pouvez préparer celles
ci sur la plante source et leur donner de meilleures chances de réussite.
Sélectionner les branches susceptibles de produire de belles boutures :
des noeuds espacés d'environ 3 à 6 cm, une texture plutôt tendre (du
vert, pas de bois, ce type de bouture réclame d'autres techniques) et une
longueur une fois sectionnée de 15 à 20 cm. Les branches du bas sont
plus faciles à bouturer car moins riches en azote mais toutes les parties
peuvent s'enraciner.
A chaque bouture sélectionnée, vous couperez toutes les feuilles à
partir du noeud le plus bas en laissant uniquement les deux plus hautes
(et plus jeunes). Pour couper les feuilles : tenir la feuille et couper sa
tige avec le cutter à 3 - 5 mm de la branche principale. Trop près et
vous pourriez provoquer une blessure. Avec des ciseaux ou un cutter,
réduire les deux feuilles restantes au quart de leur taille, ceci pour éviter
à la future bouture trop d'activité de photosynthèse et de transpiration et
la pousser à générer des racines.
Le fait d'avoir effectué les coupes 48 heures à l'avance permet à la
future bouture de cicatriser et de subir un moindre stress au moment du
prélèvement. Avec cette pratique, le risque d'intrusion d'air dans la tige
est limité à la coupe terminale car les autres coupes seront déjà
cicatrisées (voir chapitre suivant).
Coupe des boutures
Pour prélever un bouture, avec la lame de cutter, couper la tige en
biseau à 2 - 3 cm sous le noeud (débarrassé de ses feuilles) le plus bas.
Poser immédiatement (dans la seconde!) la bouture dans un verre
rempli d'eau à température ambiante (20°). La partie de la tige située
près de la coupure se vide de sa sève et une bulle d'air se forme à
l'intérieur quand elle reste exposée à l'air libre. Il faut éviter à tout prix
cet échange avec l'air car la tige va alors se nécroser et la bouture
pourrir.
Transport de boutures
Il peut arriver que, séduit par une plante découverte dans la nature ou
chez un ami vous décidiez de tenter d'en ramener quelques boutures
chez vous. C'est possible. Il suffit de se munir d'un sac en plastique, de
mettre un peu d'eau dedans ( 4 cuillers à soupe pour un sac de
supermarché) et de préparer les boutures sur la plante. Une fois les
boutures prêtes à être prélevées (nettoyées de leurs feuilles) les couper
plus longues que normalement: 25 à 30 cm et les mettre immédiatement
dans le sac plastique. Les ramener en leur ménageant de l'obscurité et
de la fraîcheur. Faire attention à la chaleur car elles s'étioleront
rapidement. Enfin les mettre à enraciner dès votre retour en recoupant
(sous l'eau !) une portion plus importante de la tige. Ce système est
valide si le transport est inférieur à 4 heures. Si vous devez les
transporter plus longtemps : un ou deux jours, vous pouvez les enrouler
dans du papier journal bien humidifié et conservé au frais. Vous pouvez
les conserver quelques jours dans leur sac ou le papier journal dans le
bac à légumes de votre réfrigérateur mais les chances de réussite seront
moindres.
Stage d'acclimatation
De 6 à 12 heures dans un verre d'eau dans le noir. Ni chaud ni froid :
20°. Cela va donner à vos boutures une idée des ennuis qui leur
arrivent. Les boutures vont commencer à organiser leur survie.
L'absence de lumière leur permet de se consacrer à la modification des
tissus de la tige - ceci pour mieux échanger avec le milieu en l'absence
de racines.
Préparation à l'enracinement
Un moment important que vous maîtriserez peu à peu. Une fois vos
boutures passées en acclimatation, il va falloir les installer dans le
substrat choisi pour le bouturage. Il faut d'abord les préparer pour
l'enracinement, puis les installer dans leur support d'enracinement.
Prenez un bac plastique (de cuisine) d'environ 30 x 20 cm avec des
bords hauts de 5 à 6 centimètres. Remplissez le à mi-hauteur d'eau dans
laquelle vous aurez mis quelques gouttes d'acide phosphorique pour
corriger le pH et arriver à Ph 5,8. Ne dépassez pas une valeur d'EC de
0,8.
Préparez aussi l'hormone de bouturage : préparez une soucoupe et un
pinceau fin si vous disposez de poudre. Si vous utilisez un gel de
bouturage, un conteneur haut et fin (tube de médicament, flûte à
champagne) vous permettra de laisser tremper vos boutures quelques
minutes avant de les planter. Etalez vos boutures sur un côté du bac et
préparez les une par une. Vous devez recouper 1,5 à 2 cm (ou plus si
nécessaire) du bas de la tige de la bouture avec une lame de cutter
(stérilisée à la flamme). Votre bouture prête pour l'enracinement
mesure alors entre 8 et 15 cm. Adaptez la hauteur des boutures à celle
de votre mini-serre de bouturage. Attention à travailler et couper la tige
IMMERGÉE. La moindre bulle d'air entrant dans la tige ferait pourrir
la bouture en quelques jours.
Couper si possible juste sous un noeud de végétation. C'est un endroit
plus actif que la tige et plus chargé d'hormones d'enracinement. Faire
quelques blessures superficielles sur l'écorce de ce noeud de végétation.
Cela crée quelques sites où l'activité hormonale est plus importante. En
effet, la plante va vouloir réparer les tissus lésés et tout en ajoutant des
cellules végétales, elle va générer des racines à cet endroit. N'entamez
pas le coeur de la tige: juste la peau extérieure (0,1 mm).
Posez votre bouture préparée sur le côté du bac sans sortir la tige de
l'eau et préparez en d'autres. Cela évite à l'air de pénétrer dans la tige.
Quand vous aurez plusieurs boutures prêtes, posez les dans l'hormone
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