Le souffle et l’éclat
Les éditions de l’éclat vont avoir 30 ans en 2015. Le «bel
âge» selon Balzac... L’âge de raison ou le commence-
ment d’une seconde crise d’adolescence ? L’éclat, son
fonctionnement, ses humeurs, c’est d’abord un nombre très
limité de personnes, deux, trois parfois. Nous ne parlons pas
du très grand nombre d’auteurs, traducteurs, préfaciers, etc.
qui n’en sont pas la machinerie, mais l’œuvre. Nous parlons,
de manière prosaïque, des machinistes, de la coulisse, des
poulies et des cintres. De «nous». Les ‘éclats’. Et à force de
ranimer chaque jour les braises du poêle de ce que nous ima-
ginons comme un atelier et non comme un bureau coquet,
nous avons fini par délimiter les contours d’un monde d’édi-
tion, bien éloigné du ‘grand-monde’, et à nous adresser à lui
comme à un animal familier, indocile et têtu, respirant d’un
souffle profond et défiant les coups du sort.
L’éclat, comme toutes les planètes anciennes, repose sur un
socle, qui est son catalogue, et c’est vers lui que nous reve-
nons quand la tempête secoue la fragile armature de papier.
Maintenant la tempête numérique s’est levée, elle boule-
verse notre monde et c’est pourtant l’indécision qui la
conduit. Dans les innombrables combinaisons de 0 et de 1,
le trouble règne. Pourquoi un monde devrait-il en remplacer
un autre ? Encore le coup de la ‘nouveauté’? Encore le coup
du progrès ? Et après ? Le livre virtuel, puis plus de livres du
tout ? C’est un peu tout ça qui nous a incité.e.s à donner
une année (ou presque) de respiration à L’éclat, à laisser
souffler la bête pour ses 30 bougies. Revenir sur le travail
accompli, faire connaître notre fonds, car c’est lui, et lui seul,
qui plaide pour la pérennité du livre.
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