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En plus de ses fonctions de stimulation cardiaque, le défi-
brillateur cardiaque implantable possède une fonction de
détection et de traitement des arythmies ventriculaires
graves. Il peut soit être implanté en prévention secon-
daire, c’est à-dire après la survenue d’un incident ryth-
mique grave (arrêt cardiaque réanimé ou arythmie ven-
triculaire maligne) ou encore après une syncope très
probablement causée par une arythmie ventriculaire
sévère, ceci toujours en l’absence de cause transitoire
réversible ou curable. En prévention primaire, le défibril-
lateur est proposé chez les patients présentant une
atteinte chronique marquée de la fonction ventriculaire
gauche suite à une cardiomyopathie ischémique ou non
ischémique. Il peut aussi être indiqué chez certains
patients présentant une affection familiale ou génétique
comme la cardiomyopathie hypertrophique primitive, la
dysplasie arythmogène du ventricule droit, le syndrome
du QT long ou le syndrome de Brugada. Chaque patient
présentant une maladie familiale ou génétique arythmo-
gène doit donc être évalué pour quantifier son risque
d’arythmie ventriculaire maligne et donc de mort subite
afin de décider si un défibrillateur cardiaque implantable
est indiqué en prévention primaire.
Le défibrillateur interne analyse constamment le rythme
cardiaque. En cas de survenue d’une arythmie ventricu-
laire maligne, il la détecte immédiatement, et si l’aryth-
mie n’est pas trop rapide, le défibrillateur peut l’inter-
rompre par un simple train de stimulations, train géné-
ralement non ressenti par le patient ; en cas d’échec de
plusieurs trains de stimulations ou en cas d’arythmie
d’emblée trop rapide, le défibrillateur charge son
condensateur et envoie un choc électrique dans le cœur
pour restaurer le rythme sinusal, c’est-à-dire normaliser
le rythme cardiaque.
Pour les implantations des pacemakers et des défibrilla-
teurs sur le site de Charleroi, il existe une excellente
collaboration entre les rythmologues et l’équipe de chi-
rurgie cardiaque (Dr M. Joris, Dr B. El Nakadi, Dr
I. Lardinois et Dr Y. De Bruyne), ce qui permet à tous les
patients de bénéficier rapidement de l’implantation de
leur prothèse. Sur le site de Montigny-le-Tilleul, c’est le
Dr M. Ceuterick qui réalise la plus grande partie des
implantations de pacemakers.
La resynchronisation cardiaque est, quant à elle, une pro-
cédure mise au point dans les années 2000, est indiquée
dans les cas d’insuffisance cardiaque gauche marquée
avec bloc de branche gauche.
La procédure, réalisée sous anesthésie locale, consiste à
poser un stimulateur ou un défibrillateur permettant de
connecter une sonde supplémentaire destinée à stimu-
ler le ventricule gauche (système triple chambre). Cette
3esonde va permettre de stimuler le ventricule gauche
de manière synchrone avec la stimulation du ventricule
droit. Outre l’amélioration de la fonction systolique, la
resynchronisation cardiaque améliore la fonction diasto-
lique (allongement du temps de remplissage du ventri-
cule gauche) et diminue souvent l’insuffisance mitrale.
Comme pour la pose du stimulateur classique, les
sondes sont introduites sous anesthésie locale via la
veine sous-clavière. La pose de la 3esonde est une tech-
nique un peu plus longue et délicate puisqu’elle nécessi-
te de faire progresser la sonde dans un réseau veineux
tortueux et fin à la surface du ventricule gauche via des
branches du sinus coronaire. Au cours de l’intervention,
le bon positionnement des sondes est vérifié par radio-
scopie et électrocardiogramme ; les paramètres de l’im-
plant sont ensuite programmés par un ordinateur appe-
lé programmateur, propre à chaque fabricant.
Les deux tiers des patients traités pour la technique de
resynchronisation cardiaque sont répondeurs, c’est-à-
dire que l’on constate une franche amélioration de la
fonction ventriculaire gauche avec amélioration clinique
pour le patient. Environ 10% des patients sont des
supers répondeurs, c’est-à-dire qu’ils bénéficient d’une
très importante amélioration grâce à la resynchronisa-
tion cardiaque. Cette indication concerne un cinquième
des défibrillateurs implantés par l’unité de rythmologie
du CHU de Charleroi et est en constante augmentation.
Les techniques ablatives
En cas de tachycardie paroxystique supraventriculaire
peu invalidante, la prescription éventuelle de médica-
ments type bêta-bloquants peut parfois être suffisante.
Pour les patients qui ne souhaitent pas de traitement
chronique (souvent à vie) ou pour ceux chez qui ce trai-
tement n’est pas efficace ou mal supporté, l'ablation
endocavitaire par radiofréquence du substrat arythmo-
gène, c’est-à-dire de la fibre électrique surnuméraire res-
ponsable des crises de tachycardies, est une procédure
couramment utilisée depuis le début des années 90. Elle
présente un taux de succès de l’ordre de 98% pour le
traitement curatif définitif des tachycardies paroxys-
tiques supraventriculaires.
Les cathéters sont introduits sous anesthésie locale dans
la veine fémorale, puis placés aux endroits stratégiques
du cœur. La position des cathéters est vérifiée en temps
réel par scopie et par l’analyse des signaux électriques
intracardiaques qui sont envoyés sur un écran d’ordina-
teur. La première phase de la procédure consiste en une
exploration électrophysiologique afin de localiser l’ano-
malie responsable des tachycardies. Quand l’anomalie
est localisée, un cathéter supplémentaire orientable
appelé sonde d'ablation est placé dans le cœur et son
extémité est positionnée contre l’anomalie à éliminer.
L’extrémité de cette sonde d’ablation est munie d'une
électrode de 4 mm qui est chauffée par un générateur
de radiofréquence. L’énergie délivrée permet de réaliser
une ablation sur un volume d’environ 20 à 30 mm.
Quelques secondes de radiofréquence sont souvent suf-
fisantes pour éliminer définitivement la fibre électrique
surnuméraire.
L’ablation par radiofréquence permet aussi de guérir
pratiquement tous les patients présentant un flutter
atrial typique (forme d’arythmie organisée en circuit
dans l’oreillette droite). Dans ce cas-ci, l’ablation est ana-
tomique suivie d’une validation électrique ; elle consiste
à ablater l’isthme musculaire entre la valve tricuspide et
la veine cave inférieure.. Le taux de succès de cette
procédure est proche de 100% virtuellement, sans
risque de complications significatives.
De développement plus récent et en constante évolu-
tion, la cure de la fibrillation atriale paroxystique repose
essentiellement sur l’isolation électrique des veines pul-
monaires.Les cathéters, également introduits dans la
veine fémorale, sont guidés jusqu'à l'oreillette droite. Le
cardiologue réalise ensuite avec une aiguille une ponc-
tion du septum inter-atrial, qui est ensuite traversé par
une gaine qui est positionnée dans l'oreillette gauche. Le
cathéter de contrôle circulaire (cathéter lasso) et le
cathéter d’ablation sont alors passés dans cette gaine
pour être placés dans les ostia des veines pulmonaires
gauches et droites successivement.
La cure proprement dite consiste à appliquer la radio-
fréquence tout autour des orifices des veines pulmo-
naires. Pour ce faire, le cardiologue utilise un cathéter
irrigué afin de refroidir le sang autour du tissu à ablater
et ainsi, d’une part augmenter le volume de la lésion
(lésions plus profondes nécessaires) et d’autre part,
minimiser le risque de coagulation pendant le chauffage.
Durant toute la procédure, le cardiologue s’appuie sur
un système de cartographie tridimensionnelle. Les
images sont obtenues par fusion des images d’un scan-
ner cardiaque réalisé précédemment avec celles enregis-
trées au cours de l’intervention d’ablation. Cette vision
tridimensionnelle facilite la navigation dans l’oreillette
gauche. La procédure est réalisée sous anesthésie géné-
rale et dure entre deux et quatre heures. Le suivi régu-
lier ultérieur du patient est important, idéalement après
1, 3 et 6 mois. Par la suite, un suivi bi-annuel suffit.
Il est également possible de traiter par ablation par
radiofréquence la fibrillation atriale persistante mais les
manœuvres d’ablation sont beaucoup plus complexes
qu’en cas de fibrillation atriale paroxystique. Comme
pour celle-ci, l’on réalise d’abord une isolation électrique
des veines pulmonaires mais ensuite, il faut créer plu-
sieurs lignes d’ablation dans l’oreillette gauche et sou-
vent également éliminer des foyers arythmogènes dans
l’oreillette gauche et parfois droite. La procédure est
donc bien plus longue et actuellement, les taux de suc-
cès à long terme sont un peu moins bons qu’en cas de
fibrillation atriale paroxystique.
Les techniques d’ablation de la fibrillation atriale sous
toutes ses formes sont en constante évolution, la durée
de procédure se réduit et les taux de succès s’amélio-
rent grâce à l’évolution des connaissances et grâce à
l’apport des nouveaux outils technologiques.
Dr I. Blankoff,
Dr M. Gujic
Chiffres 2012 (sites de Charleroi et
Montigny-le-Tilleul pour les pacemakers)
Implantations de stimulateurs cardiaques : 147
Implantations de défibrillateurs cardiaques : 61
Ablations : 105
Prévisions 2013 (sites de Charleroi et
Montigny-le-Tilleul pour les pacemakers)
Implantations de stimulateurs cardiaques : 140
Implantations de défibrillateurs cardiaques : 70
Ablations : 150
Info
Contact
Pour toute information dans le domaine
rythmologique, l’équipe peut être contactée via
le secrétariat auprès de Melle Isabelle LANOY
au 071/92 11 46.
Info
Dr MARKO GUJIC
Le Dr Marko Gujic a intégré l’équipe de rythmo-
logie du CHU en septembre 2012. Après son cur-
sus de médecine (ULB, 2000), il poursuit sa forma-
tion et ses recherches en cardiologie à l’Hôpital
Erasme dans le service du Pr van de Borne. C’est
au Royal Brompton Hospital de Londres, sous la
direction du Pr Sabine Ernst, qu’en 2011 et 2012, il
se spécialise durant un an et demi en électrophy-
siologie interventionnelle, ”une discipline hautement
technique et complexe qui permet aujourd’hui de gué-
rir, en une ou deux heures d’intervention, une patholo-
gie que certains patients endurent parfois depuis des
années.”