Programme stratégique de recherche routière du Canada (C-SHRP) Tendances à la rugosité des chaussées expérimentales des sites LTPP du C-SHRP Décembre 1999 Bulletin technique no F18 Le Programme détude du rendement à long terme des chaussées au Canada (C-LTPP) a été mis en uvre en 1989. Dune durée de 15 ans, celui-ci sinscrit en complément du Programme LTPP des États-Unis (US-LTPP) * et vise à analyser certains facteurs dintérêt particulier pour le Canada. Le but global du C-LTPP est daccroître la durée de vie des chaussées grâce à lélaboration de méthodes rentables de réfection de ces dernières, méthodes fondées sur une observation systématique du rendement de chaussées en service. La décision de mettre laccent sur les méthodes de réfection (pose de revêtements superficiels de béton bitumineux sur des chaussées existantes de même matériau) témoigne de la tendance que lon observe présentement au Canada, tendance dans le contexte de laquelle les administrations routières privilégient la remise en état de linfrastructure routière existante plutôt que la construction de nouvelles chaussées. diverses combinaisons de matériaux de fondation et de revêtement surfaciel quon y trouve. Chaque site dessai est constitué de deux tronçons routiers expérimentaux adjacents ou plus, ce qui permet de comparer le rendement de différentes stratégies de réfection de chaussées soumises à des conditions environnementales et de circulation comparables. Ces stratégies sentendent de la pose de revêtements surfaciels dépaisseur variable, de la construction de chaussées de bitume vierge versus de bitume recyclé (CBR), du planage ou non des chaussées sousjacentes avant la pose dun nouveau revêtement surfaciel ainsi que de lutilisation de bitumes contenant des polymères ou dautres adjuvants destinés à améliorer le rendement des chaussées. Au total, 65 tronçons routiers expérimentaux sont exploités dans le cadre du C-LTPP. * Le Programme détude du rendement à long terme des chaussées des États-Unis (US-LTPP) prévoit la poursuite dessais sur le terrain dune ampleur sans précédent. Le programme se fonde sur la surveillance de 2 400 tronçons routiers expérimentaux présentant diverses structures de chaussée et soumis à différentes conditions environnementales et de charge. Amorcé en 1987 dans le cadre du Programme stratégique de recherche routière (SHRP) des États-Unis, le US-LTPP, dune durée de 20 ans, offre une occasion incomparable de faire évoluer la technologie des chaussées aux plans technique et économique. Le C -LTPP est véritablement un programme coopératif denvergure nationale. Il est fondé sur la surveillance de 24 sites dessai aménagés dans les dix provinces canadiennes. Ces sites ont été spécifiquement sélectionnés en raison de la vaste gamme des conditions environnementales et de circulation auxquelles ils sont exposés, mais aussi des Le Programme stratégique de recherche routière (Strategic Highway Research Program - SHRP) a été établi par le congrès des États-Unis en 1987. Doté dun budget de 150 millions de dollars et dune durée de conq ans, ce programme de recherche avait pour but daméliorer, dune part, le rendement et la durabilité des routes, et dautre part, la sécurité des automobilistes et des travailleurs de la voirie. En guise de suivi du SHRP et par le biais de la Intermodal Surface Transportation Efficiency Act de 1991, le congrès a par la suite institué des programmes visant à mettre en application les résultats des projets mis en ouevre dans le cadre du SHRP et à poursuivre les recherches sur le rendement à long terme des chaussées (RLTC). Pour sa part, le Programme stratégique de recherche routière du Canada (C-SHRP) a pour objectif de faire bénéficier le Canada du fruit des travaux exécutés dans ce contexte aux États-Unis. 1 Consignation dans la base de données C-LTPP des données sur la rugosité et les profils des tronçons routiers CONTEXTE La surveillance du rendement des chaussées aux sites dessai C-LTPP est assurée selon une fréquence annuelle ou semestrielle par les administrations routières qui parrainent le programme. Les données détaillées recueillies dans ce contexte sont de divers ordres : désordres surfaciels, rugosité, orniérage, rendement structural, conditions de circulation et climat. Ces renseignements sont consignés dans une base de données centrale que peuvent consulter les administrations routières, les experts-conseils, lindustrie et les chercheurs. En 1996-1997, une série de projets danalyse des données a été amorcée dans le but de cerner les tendances du rendement des chaussées, de pratiquer des études comparatives et des évaluations diagnostiques ainsi que de vérifier lintégrité de la base de donnée C-LTPP. Le rapport intitulé Roughness Trends at C-SHRP LTPP Sites [1] est le résultat du deuxième de ces projets danalyse des données et il visait à établir les tendances à la rugosité des chaussées aux sites dessai LTPP du CSHRP. Concrètement, ce projet avait non seulement pour but de cerner ces tendances aux plans national et provincial en général, mais encore de préciser celles-ci pour des sites dessai ou des tronçons routiers spécifiques. Le présent bulletin technique résume les conclusions de ce rapport. Pour recueillir à chaque tronçon expérimental les données sur les profils longitudinaux des bandes intérieure et extérieure de roulement, on utilise un profilomètre, cest-à-dire un traceur numérique de profil par incrément (DipstickMC). La base de données C-LTPP contient présentement deux tableaux de renseignements sur les profils longitudinaux. Le premier contient des données sur les profils surfaciels des bandes de roulement des chaussées, données réunies de façon continue en boucle fermée au moyen du Dipstick, à 300 mm despacement au sol. Le second tableau contient les indices de rugosité internationaux calculés pour chacune des bandes de roulement des différents tronçons routiers expérimentaux. Bien que ces données puissent témoigner de certains écarts, puisque chaque province fournit son propre Dipstick, un étalonnage approprié et des mesures en boucle fermée devraient contribuer à réduire au minimum cette variabilité. De plus, la rugosité est mesurée à chaque tronçon routier à lautomne, de sorte que les écarts attribuables aux conditions météorologiques devraient être minimes. Au début du projet de détermination des tendances à la rugosité aux sites C-LTPP, on disposait de données sur les profils longitudinaux couvrant une période de sept ans. Les IRI consignés dans la base de données C-LTPP sont calculés à linterne par le personnel du C-SHRP au moyen déquations et de relations mathématiques mises au point à la faveur dun projet expérimental international sur la rugosité des routes qui a été financé par la Banque mondiale. Pour fins de vérification, un sous-ensemble des valeurs des IRI a été remesuré au moyen du logiciel RoadRuf. Les valeurs des IRI calculées par le personnel du C-SHRP ainsi quau moyen de ce logiciel se sont avérées tout à fait comparables, à telle enseigne quil est permis daffirmer que les renseignements contenus dans la base de données C-LTPP sont parfaitement dignes de confiance [1]. Rugosité et facilité dentretien des chaussées La rugosité des routes constitue lun des aspects les plus importants de tout système de gestion des chaussées (SGC) car elle fournit un indicateur du rendement des chaussées des points de vue du confort au roulement, des coûts dexploitation des véhicules et de la sécurité routière. Lindice de rugosité international (IRI) est aujourdhui reconnu comme une mesure polyvalente de la rugosité des chaussées, indice qui peut être étroitement corrélé à la plupart des systèmes de mesure de ce paramètre des chaussées daprès les réactions des véhicules. Plus spécifiquement, lIRI sentend de la simulation du passage sur une section de route dont le profil a été mesuré dun véhicule standard à quatre points de contact avec la chaussée. La réaction de ce véhicule est ensuite exprimée en mètres par kilomètre ou en millimètres par mètre. Ainsi, un IRI de 0,0 m/km signifie que le profil de la chaussée est parfaitement plat ou lisse. Si théoriquement il ny a aucune limite à la rugosité, il demeure quun IRI supérieur à 8,0 m/km obligerait le conducteur dun véhicule à circuler à vitesse réduite sur la chaussée visée. TENDANCES À LA RUGOSITÉ Incidences de la pose de revêtements surfaciels Dans le but dévaluer jusquà quel point la réfection des chaussées expérimentales en avait atténuer la rugosité, les profils longitudinaux des chaussées visées ont été mesurés avant la pose dun nouveau revêtement surfaciel, en 1989-1990. La figure 1 indique les IRI moyens ainsi mesurés avant et après 2 la pose dun nouveau revêtement surfaciel, dans chaque province. Comme on peut le constater, la diminution des valeurs des IRI a varié de 0,43 m/km à 1,39 m/km. Les améliorations les plus importantes ont été observées aux tronçons expérimentaux dont les IRI étaient supérieurs à 2 m/km avant la pose du nouveau revêtement de surface. dévaluer de façon générale les écarts en la matière. Comme le montre le tableau 1, lIRI moyen mesuré immédiatement après la pose du nouveau revêtement surfaciel sétablissait à 1,190 m/km. Après sept ans, cette valeur était passée à 1,494 m/km. Le tableau 1 regroupe également les IRI par province. Comme on peut le voir, il semble bien que le climat influe de façon importante sur laugmentation des IRI. Tous les sites dessai du Québec et deux sites de lOntario sont situés dans des zones humides fortement exposées au gel. Tous les sites situés dans les Prairies (Alberta, Manitoba et Saskatchewan) se trouvent dans des zones sèches fortement exposées au gel. Les autres sites sont situés dans des zones humides faiblement exposées au gel. Tendances générales aux plans national et provincial Une analyse des indices de rugosité recueillis dans lensemble du pays a été exécutée dans le but 2.80 Incidences du climat 2.40 2.00 La majorité des tronçons expérimentaux du C-LTPP sont situés dans des zones humides qui ne sont que faiblement exposées au gel. Cest notamment le cas des tronçons construits en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à lÎledu-Prince-Édouard et à Terre-Neuve ainsi que de certains autres situés en Ontario. La figure 3 précise lévolution générale des tendances à la rugosité au sein des trois catégories de zone climatique (épaisseur du revêtement surfaciel, importance de IRI (m/km) IRI avant nouveau revêtement 1.60 IRI après nouveau revêtement 1.20 0.80 0.40 0.00 AB BC MB NB NF NS ON PE QC SK Figure 1 Amélioration de la rugosité des chaussées par la pose dun nouveau revêtement surfaciel Tableau 1 Augmentation de lIRI moyen à tous les sites dessai, par province IRI mesuré en 1989-1990 ∆ IRI IRI mesuré en 1997 Province Zone climatique1 S12 S33 Moyen S1 S3 Moyen Changement en sept ans Tous sites S.O. 1,00 1,32 1,190 1,14 1,62 1,494 0,30 AB III 1,148 1,281 1,220 1,240 1,386 1,344 0,12 BC I 0,880 1,219 1,056 1,17 1,229 1,25 0,19 MB III 1,092 1,347 1,246 1,020 1,575 1,313 0,06 NB I 1,187 1,389 1,270 1,442 1,729 1,652 0,38 NF I 0,930 1,531 1,231 1,121 1,544 1,349 0,11 NS I 1,367 1,666 1,554 1,350 1,996 1,877 0,34 ON I et II 0,827 1,045 0,978 1,590 2,637 2,112 1,14 PE I 1,108 1,203 1,158 1,330 1,735 1,546 0,39 QC II 1,109 1,254 1,181 1,183 1,420 1,333 0,15 SK III 0,882 1,127 1,002 0,964 1,184 1,162 0,16 Notes : 1. 2. 3. Les zones climatiques relèvent de trois catégories : la catégorie I, soit les zones humides faiblement exposées au gel,la catégorie II, soit les zones humides fortement exposées au gel et la catégorie III, soit les zones sèches fortementexposées au gel. Premier trimestre. Troisième trimestre. 3 Figure 2 Évolution de lIRI moyen avec le temps aux tronçons expérimentaux du C-LTPP, par province la circulation, type de fondation et composition du revêtement surfaciel combinés). Comme on peut le constater, laccentuation des tendances à la rugosité est relativement plus marquée dans les zones humides et faiblement exposées au gel. En revanche, dans les zones fortement exposées au gel surtout dans les zones sèches la progression des IRI est assez faible. On a également examiné dans ce contexte lincidence du climat en fonction de lépaisseur du revêtement surfaciel des chaussées. Ainsi, à lintérieur dune même zone climatique, il appert que les revêtements épais résistent mieux à la rugosité que les revêtements minces ou de moyenne épaisseur. 2,2 2 1990 1994 1997 1,8 IRI (m/km) 1,6 1,4 1,2 1 0,8 0,6 0,4 Zones humides, faible gel Zones humides, fort gel Zones sèches, fort gel Incidences de lépaisseur du revêtement surfaciel Figure 3 Tendances générales à la rugosité des les trois catégories de zone climatique La figure 4 propose une comparaison des incidences de lépaisseur du revêtement surfaciel sur la progression des indices de rugosité des tronçons expérimentaux exposés à des niveaux faible et élevé de circulation, quel que soit le type de matériau de fondation (matériau de calibre fin ou grossier) et ce, pour les trois catégories de zone climatique. Il apparaît évident que les revêtements surfaciels plus minces se détériorent bien davantage que ceux de moyenne et de forte épaisseur. Les revêtements surfaciels les moins épais (30 à 60 mm) et exposés à des niveaux faible et élevé de circulation ont enregistré après sept ans les IRI les plus élevés, soit environ 1,8 m/km. En revanche, au cours de la même période, les revêtements surfaciels les plus épais (100 à 185 mm) ont connu les IRI les plus faibles, soit environ 1,35 m/km. Ceci dit, lécart entre les IRI moyens des revêtements de moyenne et de forte épaisseur, après sept ans, nest que de 0,1 m/km. La poursuite des activités de surveillance en cette matière au fil des prochaines années devrait 4 La figure 7 précise les tendances à la rugosité des revêtements surfaciels de plus forte épaisseur (100 à 185 mm) dans les trois types de zone climatique et dans des conditions de circulation élevée. Quelle que soit la zone climatique visée, il est évident dans le cas de ces revêtements que les hausses des IRI sont assez faibles. 2.00 1990 1.80 1994 1997 IRI (m/km) 1.60 1.40 À lanalyse comparative des figures 5, 6 et 7, on peut déduire que lépaisseur du revêtement surfaciel influe de façon importante sur laccentuation des IRI dans les trois types de zone climatique. Ceci dit, les chaussées construites dans des zones exposées à un faible gel sont plus sujettes à une augmentation de lIRI que celles situées dans des zones exposées à un fort gel. On peut donc en conclure que plus une chaussée de béton bitumineux est épaisse (revêtement surfaciel ou épaisseur totale de la structure de la chaussée), plus lépaisseur devient un paramètre dominant par rapport aux autres facteurs influant sur la progression des IRI. Néanmoins, seule une analyse économique du cycle de vie des chaussées en question permettrait de déterminer lépaisseur optimale du revêtement surfaciel à appliquer dans des circonstances données. 1.20 1.00 0.80 30-60 mm 60-100 mm 100-185 mm Figure 4 Incidence générale de lépaisseur du revêtement surfaciel sur laccentuation de la rugosité des chaussées permettre détablir si cet écart est appelé ou non à saccentuer. Revêtements surfaciels minces (30 à 60 mm) La figure 5 propose une comparaison des taux daccentuation de la rugosité des chaussées à revêtement surfaciel mince et exposées à des conditions de circulation élevée, et ce dans les trois types de zone climatique. À lexamen de cette figure, il apparaît évident que les chaussées à revêtement surfaciel mince se détériorent plus rapidement dans les zones humides exposées à un faible gel. En revanche, lincidence de lépaisseur de revêtement surfaciel sur la rugosité est notablement moindre dans les zones sèches exposées à un fort gel. Dans les zones humides exposées à un fort gel, les indices de rugosité se situent en définitive à mi-chemin entre les résultats susmentionnés. En résumé, on peut dire que par comparaison avec toutes les autres combinaisons de facteurs, ce sont les revêtements surfaciels minces construits dans des zones humides exposées à un faible gel qui enregistrent le taux le plus élevé de détérioration. Incidences de la circulation À lheure actuelle, la matrice expérimentale du C-SHRP pour la conception des mélanges de béton bitumineux prévoit deux ordres de grandeur en ce qui concerne la circulation à laquelle sont exposés les tronçons expérimentaux. Ainsi donc, des conditions de faible circulation (FC) sentendent dun tronçon exposé à moins de 200 000 CEES (charge équivalente par essieu simple) par année. Au-delà de cette limite, on considère que les tronçons sont exposés à des conditions de circulation élevée (CE). Dans le but de déterminer si les conditions de circulation avaient eu une incidence directe sur les tendances à la rugosité des chaussées, seize scénarios différents daccentuation de la rugosité ont été analysés. À la lumière de lexamen ainsi effectué et des deux critères de circulation décrits précédemment, il ressort jusquà présent que les conditions de circulation nont aucune incidence importante sur les tendances à la rugosité des revêtements surfaciels appliqués dans les zones exposées à un fort gel, que ces zones soient humides ou sèches. Dans le cas des revêtements de chaussée Revêtements surfaciels de moyenne épaisseur (60 à 100 mm) Par comparaison avec les revêtements surfaciels minces, laugmentation moyenne des IRI des revêtements surfaciels de moyenne épaisseur (60 à 100 mm) sest avérée inférieure. La figure 6 illustre la progression des indices de rugosité de ces revêtements dans les trois catégories de zone climatique en question et dans des conditions de circulation élevée. On peut noter que les changements les plus marqués des IRI au cours de la période de sept ans pendant laquelle des données ont été recueillies visent les zones humides exposées à un faible gel. Laugmentation nette des IRI y a en effet été denviron 0,4 m/km. Dans les zones sèches ou humides exposées à un fort gel, une faible augmentation des IRI, soit environ 0,1 m/km, a été constatée au cours de ladite période de sept ans. 5 construits dans les zones humides et exposées à un faible gel, la même constatation simpose. Toutefois, il convient de souligner ici que ces constatations nexcluent pas la possibilité que le niveau de circulation a un tronçon donné puisse avoir un effet sur la détérioration de la chaussée. Disons simplement en définitive que les paramètres de circulation retenus pour les fins de létude nont pas permis de cerner avec certitude une quelconque incidence en cette matière. matériaux de calibre fin se détérioreront beaucoup plus rapidement que celles construites sur une fondation de matériaux de calibre grossier. En dautres mots, au cours dune même période de temps, la progression moyenne des IRI sera plus marquée dans le premier cas. Ce facteur a en outre une incidence importante lorsquon examine le rendement des revêtements surfaciels minces. La figure 8 montre que les tendances à la rugosité des revêtements surfaciels minces (30 à 60 mm) dans les zones humides exposées à un faible gel. Lincidence du type de fondation des matériaux de calibre fin y est assez évidente, peu importe les conditions de circulation. De fait, dans une zone climatique plus humide, où les cycles de gel-dégel sont plus nombreux et où le gel pénètre le sol plus profondément, on peut vraisemblablement sattendre à ce quun revêtement surfaciel mince construit sur une fondation de matériaux de calibre fin se détériore plus rapidement. En revanche, lincidence du type de fondation sur les tendances à la rugosité est beaucoup moindre ou très faible dans le cas des chaussées construites dans des zones sèches ou humides mais exposées à un fort gel. Dans le cas des revêtements surfaciels les plus épais, lincidence du type de fondation est réduite en raison de laccroissement de la résistance structurale des chaussées. Incidences de la composition des sols de fondation Les sols de fondation aux sites C-LTPP relèvent de deux catégories : les sols constitués de matériaux de calibre fin et ceux constitués de matériaux de calibre grossier. Les sols constitués de matériaux de calibre grossier sentendent des fondations de sable et de gravier tandis que les sols constitués de matériaux de calibre fin visent essentiellement les fondations limoneuses et argileuses. Il est depuis longtemps établi que la détérioration des chaussées est largement fonction du type de fondation sur laquelle elles reposent. En règle générale, les chaussées construites sur un sol constitué de 2,2 1990 2 1990 1990 1,8 IRI (m/km) 1,6 Incidences des matériaux constituants du revêtement surfaciel 1,4 1,2 1,0 À 10 des 65 tronçons routiers expérimentaux exploités dans le cadre du C-LTPP, on a construit une chaussée de bitume recyclé (CBR). Plus précisément, cest le revêtement de fond qui était constitué de bitume recyclé à ces 10 sites, revêtement sur lequel on a ensuite appliqué à chaud un mélange vierge de béton bitumineux (MBBC). De plus, deux tronçons du Québec ont été recouverts 0,8 0,6 0,4 Zone humides, faible gel Zone humides, fort gel Zone sèches, fort gel Figure 5 Tendances à la rugosité des revêtements surfaciels minces exposés à des conditions de circulation élevée 2,2 2,0 1990 1994 2,2 1997 2 1,8 1990 1994 1997 1,8 1,6 1,4 IRI (m/km) IRI (m/km) 1,6 1,2 1,0 1,4 1,2 1,0 0,8 0,8 0,6 0,6 0,4 Zones humides, faible gel Zones humides, fort gel 0,4 Zones sèches, fort gel Zones humides, faible gel Figure 6 Tendances à la rugosité des revêtements surfaciels de moyenne épaisseur exposés à des conditions de circulation élevée Zones humides, fort gel Zones sèches, fort gel Figure 7 Tendances à la rugosité des revêtements surfaciels épais exposés à des conditions de circulation élevée 6 Figure 8 Tendances à la rugosité des revêtements surfaciels minces construits dans des zones humides exposées à un faible gel de MBBC contenant des polymères, deux autres en Nouvelle-Écosse ont été recouverts de MBBC puis traités en surface au moyen de gravillons à coefficient élevé de friction et enfin, un tronçon en Ontario a été recouvert de MBBC contenant des adjuvants. Partant de lhypothèse que la composition des revêtements surfaciels pouvait influer sur laccentuation de la rugosité dune chaussée, des comparaisons des tendances en cette matière ont été faites entre des chaussées de composition différente exposées à des conditions climatiques comparables et ayant la même épaisseur. ans seulement est trop faible. Toutefois, les revêtements faits dun MBBC traités en surface au moyen de gravillons à coefficient élevé de friction (GCEF) semblent donner des résultats notables pour ce qui est de ralentir laccentuation de la rugosité des chaussées, comme en témoigne la figure 9. Ces premiers résultats justifient certainement que lon continue de surveiller étroitement les chaussées ici visées à lavenir afin de déterminer si les améliorations constatées se poursuivront. PRINCIPALES CONCLUSIONS Pour linstant, il est clair que les revêtements surfaciels constitués de bitume recyclé et que ceux faits dun MBBC vierge ont eu des rendements comparables. Il est en effet difficile de cerner une quelconque incidence de lajout de polymères dans les MBBC du fait que laugmentation nette des IRI des tronçons visés au cours dune période de sept Si la présente étude navait pas pour but délaborer des modèles de rendement à lappui de la conception des mélanges de béton bitumineux, les relations qui existent entre les principaux paramètres de conception des chaussées et la progression des indices de rugosité peuvent néanmoins se révéler utiles aux fins de la surveillance du rendement de modèles conceptuels de revêtement surfaciel plus complexes. Ceci dit, il demeure que la période de sept ans que couvrent les données ici visées et les extrapolations qui en ont été faites est trop courte pour avoir la certitude que les tendances ainsi cernées ne sont pas entachées derreurs. 3,20 2,80 1990 2,40 IRI (m/km) 2,00 1992 1,60 1994 1,20 Lépaisseur dun revêtement surfaciel et les conditions météorologiques auxquelles il est exposé représentent deux facteurs qui influent de façon importante sur laccentuation de la rugosité dune chaussée. Dans certaines circonstances, la composition des sols de fondation peut également influer de façon notable sur la progression de lindice de rugosité. En tout état de choses, il est néanmoins 0,80 1997 0,40 0,00 Tronçon 1 (46/126 mm (MBBC) Tronçon 2 (46/126 mm (MBBC + GCEF) Tronçon 3 (46/126 mm (MBBC + GCEF) Figure 9 Incidences de la composition des revêtements sur les tendances à la rugosité 7 permis davancer que laugmentation la plus rapide de la rugosité dune chaussée sobserve en présence des conditions suivantes : revêtement surfaciel mince, zone humide exposée à un faible gel, sol de fondation constitué de matériaux de calibre fin et chaussée exposée à une circulation élevée. Au contraire, on observe un ralentissement de la progression de la rugosité des chaussées dans les conditions suivantes : revêtement surfaciel épais, zone sèche exposée à un fort gel et sol de fondation constitué de matériaux de calibre grossier. RÉSUMÉ Le présent bulletin technique résume, pour leurs sept premières années de mise en service, les résultats dune analyse préliminaire des tendances à la rugosité des chaussées construites aux sites dessai C-LTPP. La plupart des tendances cernées dans ce contexte sont logiques et clairement définies. Dans dautres cas, aucune tendance nette na encore pu être cernée. On peut toutefois conclure pour linstant que les tronçons routiers expérimentaux qui ont donné les moins bons résultats au plan du ralentissement de la progression de la rugosité sont ceux qui comportaient un revêtement surfaciel mince, dont le sol de fondation était constitué de matériau de calibre fin, qui étaient exposés à un niveau élevé de circulation et qui étaient situés dans des zones humides exposées à un faible gel. Quoi quil en soit, il est évident quune surveillance continue de tous les sites ici visés simpose aux fins de recueillir des données supplémentaires et de pouvoir déterminer des tendances à plus long terme. Puisque la rugosité dune chaussée constitue bien souvent un facteur déterminant de la décision de procéder à sa réfection, il va donc de soi que la surveillance continue des sites C-LTPP favorisera lélaboration de modèles de rendement des chaussées qui permettront de mieux prédire la durée de vie utile de ces dernières et de mieux cerner lefficience de leur revêtement surfaciel de bitume, ce qui en définitive est le but fondamental que poursuit le Programme détude du rendement à long terme des chaussées du Canada. Dans la majorité des cas, limportance de la circulation sur une chaussée na pas influé de façon marquante sur la progression de lindice de rugosité. De manière à pouvoir mieux mesurer lincidence de la circulation sur laccentuation de la rugosité dune chaussée, il conviendrait dutiliser au moins trois niveaux de circulation (faible, moyen et élevé). En dautres mots, le fait de nutiliser que deux niveaux de circulation (moins de 200 000 CEES et 200 000 CEES et plus) ne fournit pas le degré de précision voulue pour mener une analyse valable de sensibilité dans le cadre du C-LTPP. De plus, la comparaison des niveaux conceptuels et des niveaux réels de circulation aux différents sites pourrait peutêtre permettre den arriver à des conclusions plus sûres quant à lincidence de la circulation sur la progression de la rugosité des chaussées. La composition du revêtement surfaciel (béton bitumineux contenant des polymères et béton bitumineux recyclé) de même que la méthode dapplication de ce dernier (planage et profondeur de planage) ne semblent pas avoir dincidence sur la progression de la rugosité des chaussées visées. Ceci dit, cette constatation sexplique peut-être par le fait que les comparaisons et les observations établies en cette matière étaient limitées. Le traitement dun revêtement surfaciel au moyen dun matériau à coefficient élevé de friction a en revanche semblé contribuer au ralentissement de la progression de la rugosité au cours des sept premières années. Préparation et distribution du présent bulletin technique : Programme stratégique de recherche routière du Canada (C-SHRP) 2323, boul. Saint-Laurent Ottawa (Ontario) K1G 4J8 Référence bibliographique [1] Haas, R., Li, N. et Tighe, S. Roughness Trends at C-SHRP LTPP Sites, Programme stratégique de recherche routière du Canada (C-SHRP), ISBN 1-55187-050-9, mars 1999. Tél. : (613) 736-1350 Téléc. : (613) 736-1395 www.tac-atc.ca/french/programs/chsrpf.htm ISBN 1-55187-053-3 8