6
b r è ve s 2
Le VIH continue à se pli-
quer chez les personnes à
charge virale intecable
Des chercheurs ont étudié la
cinétique de la charge virale
plasmatique chez des pa-
tients sous multitraitement
antiviral dont certains pre-
naient cinq antiviraux simul-
tanément. Leur hypothèse
de départ était que la réplica-
tion du VIH persiste sous
forme de petites productions
locales que les médicaments
arrivent à contrôler mais pas
à supprimer. Après avoir -
r i fi é leur hypothèse en utili-
sant les mesures de charges
virales et en calculant les
taux de décroissance virale,
les scientifiques ont produit
des données qui suggèrent
qu’il est très difficile d’éradi-
quer le VIH en utilisant uni-
quement des antiviraux. Ils
vont même jusqu’à avancer
que l’utilité de la thérapie
antivirale pourrait être sur-
estimée. Ils pensent aussi
que l’utilisation de thérapies
immunostimulantes dont le
but est de faire sortir le VIH
de cellules infectées de façon
latente pourrait en fait pro-
voquer l’ infection de nou-
velles cellules par le VIH. Les
antiviraux actuels ne se-
raient pas assez efficaces
pour maîtriser complète-
ment ces irruptions virales
provoquées. Ils concluent
qu’une éradication du VIH
ne peut être envisagée qu’à
partir du moment l’on
disposera d’antiviraux plus
efficaces que les médica-
ments actuels.
(Nature Medicine -10/99 -
Vol.5, No.10, P. 1099;
Grossman, Zvi; Polis, Mi-
chael; Feinberg, Mark B; et
a l . )
I N F O T R A I T E M E N T S N ° 7 7 F E V R I E R 2 0 0 0
De légoïsme
de nos cellules
comme il était doux de
penser jusqu’alors que
notre corps était un
conglomérat de cellules
minutieusement pré-
programmées dans la finalité de fonc-
tionner selon une mécanique impla-
cable pour notre plus grand bien,
sautorégulant dans une merveilleuse
harmonie, chaque cellule travaillant
pour le bien de la collectivité. Une
merveilleuse alchimie orchestrée par
un Grand Maître de l’Univers Et
bien non ! Vous saviez-vous habités
par des milliards de cellules mons-
trueusement égoïstes, qui n’ont
quune seule idée en tête : manger
pour survivre !
P ro g r ammation ou
autodétermination ?
Jusqu’alors, dans le domaine de la -
ponse immune, il était de bon ton de
penser que nos cellules étaient pro-
grammées par des instructions né-
tiques, pour se battre d’un seul bloc
contre l’ennemi, pour le bientre de la
collectivi cellulaire, c’est-à-dire pour
nous. Il n’en serait rien. Selon Pierre
Sonigo, chaque cellule du système im-
munitaire chercherait avant tout son
propre profit, optimisée par la sélec-
tion naturelle pour satisfaire son
unique besoin : se nourrir pour sur-
vivre et se reproduire le plus efficace-
ment possible.
On peut ici se permettre une compa-
raison avec ce qui se passe en écologie
ou en économie. Il est vrai que dans
la plupart des cas, ce féroce appétit
nous est bien utile, puisque nos cel-
lules immunitaires se nourrissent
principalement de nos intrus (virus,
bacries…). Mais si la théorie de
leur programmation est duisante,
cette dernière resterait bien impar-
faite. Ne voit-on pas en effet certaines
cellules sattaquer parfois à des
proies non souhaitables, comme dans
les maladies auto-immunes par
exemple. Ou bien faillir à notre santé
en tolérant la persistance de certains
virus, comme le VIH. On suppose ha-
bituellement que la programmation
des cellules provient des gènes. De
même, le virus serait programmé par
ses gènes. Mais personne nest ca-
pable de comprendre le fonctionne-
ment des programmes génétiques en
question. Par exemple, pour le virus,
la séquence génétique complète est
connue depuis 1985, mais elle n’a
pas livré la clé du sida, qui reste encore
mystérieux en bien des aspects.
Une vision difre n t e
Est-il raisonnable pour un scientifiq u e
moderne de tout expliquer en faisant
appel à un programme dont le fonc-
tionnement est incompréhensible ?
Lidée dun programme très complexe
qui nous dépasse, fabriquant et expli-
quant tout, est gênante dans le cadre
de la science. Elle rappelle les points
de vue non scientifiques qui font appel
à l’existence d’une divinité possé-
dant exactement les mêmes pouvoirs
que le soi-disant programme géné-
tique : préexistante, surieure, im-
matérielle, expliquant toute chose.
La théorie de l’évolution évite la no-
tion de Créateur pour le monde des
plantes et des animaux formant les
écosystèmes, mais pas pour le
monde des cellules qui forment notre
organisme. Le programme tique
ne serait-il qu’un créateur divin dans
un costume informatique ?
Avec son collègue Jean-Jacques
Kupiec, Pierre Sonigo propose donc
pour notre système immunitaire une
nouvelle grille de lecture selon un
scma darwinien, inspirée de la no-
tion d’écosysme (J.-J. Kupiec et
P. Sonigo, la Liberbiologique, à pa-
raître aux éditions du Seuil2. Les cel-
lules de notre organisme acquièrent
dans cette conception le même statut
que les animaux et les plantes qui for-
ment un écosysme. La question qui
se pose alors est : “comment, en ne fai-
sant que manger, et en agissant de ma-
nre égoïste, les cellules font-elles des
choses aussi compliquées que nous
les savons faire ?”.
I M M U N O L O G I E
Un point de vue amusant sur limmunité
pour tenter dy compre n d re un peu quelque chose
donnez à manger à vos cellules
“ Lidée dun pro g r amme très complexe qui
nous dépasse, fabriquant et expliquant
tout, rappelant le contrôle dune divinité,
est gênante dans le cadre de la science
P i e r r e Sonigo dirige le labora t o i re de nétique des virus à l’hôpital Cochin à Pa r i s .
Il a fait partie de l’équipe qui a chiffré l’information tique du virus du sida. To u -
j o u r s à l’affût des nouveautés, nous avons appris qu’il avait élaboré une théorie origi -
nale en immunologie. En cona n c e, nous sommes ents dans son bure a u 1, attendant
un discours rationnel. Mais au bout de quelques minutes à peine, nous avons couvert
que son propos allait à l’encontre de bien des ies re ç u e s …
I N F O T R A I T E M E N T S N ° 7 7 F E V R I E R 2 0 0 0
7
En écologie, les animaux s’adaptent
aux ressources disponibles de façon
à optimiser leur survie. Cela suffit à
structurer des écosystèmes dune
grande richesse. Il en serait de même
pour les cellules, qui s’adaptent aux
proies disponibles, et ce faisant
construisent notre organisme. Les
proies de notre écosystème intérieur
sont multiples : aliments, cellules
mortes, bactéries, virus, etc. Ces
proies font l’objet d’une âpre compé-
tition entre prédateurs. Dans notre
système immunitaire, il y aurait deux
types de prédateurs. Les macrophages
non spécialisés, sorte de prédateurs
généralistes capables de phagocyter3
n’importe quelle proie. A côté, les pré-
dateurs spécialistes dont l’efficacité est
bien meilleure, mais pour une seule
sorte de proie. Attention, cette spé-
cialisation n’est intéressante que
lorsque la proie en question (microbe
ou virus) devient suffisamment abon-
dante. Il n’est pas avantageux de se
spécialiser pour une nourriture très
rare. Il vaut mieux alors rester un pré-
dateur néraliste.
Vaccination et
cellules gloutonnes
Pour illustrer cela, essayons de mon-
trer que l’on peut obtenir l’équivalent
dune exrience de vaccination à par-
tir d’éléments écologiques totale-
ment autonomes : ici des poissons et
des martins-pêcheurs dans une ri-
vière. Rappelons que la vaccination
consiste à protéger l’organisme en lui
injectant une substance ressemblant
le plus possible au micro-organisme
visé, sous une forme inoffensive.
Un problème de prolifération excessive
de poissons rouges dans une rivre
surgit, à la suite du bordement d’un
réservoir d’eau voisin les poissons
vivaient jusqu’alors sans créer de
souci. Ils se mettent à infester la rivre,
mangeant en grande quanti les algues
et les insectes qui la puriaient. La qua-
lide l’eau se met à en souffrir et par
là même cela affecte tous les animaux
qui y habitaient. La rivière est malade.
Il faut donc vacciner la rivière contre les
poissons rouges. (Le virus perturbe
notre écosystème comme le poisson
rouge dans la rivière).
Première solution : créer une sorte
d’antibiotique à poisson qui tuera les
poissons rouges en épargnant les
autres espèces. Problème : cela n’est
pas facile de trouver un médicament
toxique uniquement pour le poisson
que l’on veut éliminer.
Deuxième solution : vacciner la
rivière. On prélève des poissons
rouges qu’on produit en grande quan-
tité en élevage et qu’on anesthésie
pour qu’ils ne causent aucun dom-
mage. Ensuite, on les remet massive-
ment dans la rivre. Devant cette
abondance nouvelle, tous les martins-
pêcheurs des environs vont affluer
vers ce qui est leur nourriture de pré-
dilection. Aussi bien nourris, ils vont
se reproduire en masse. Leur présence
va protéger la rivière contre les infes-
tations de poissons. Ensuite, si les
poissons disparaissent, le nombre de
martins-pêcheurs, moins bien nour-
ris, va progressivement diminuer. Il
faudra donc réinjecter des poissons
tous les dix ans pour garder cet équi-
libre (cf. rappel de vaccin). On voit ici
que nous n’avons pas affaire à un
programme préexistant qui pousserait
les martins-pêcheurs à venir manger
ces poissons après les avoir identié s
comme dangereux pour l’écosystème.
Ils se mobilisent uniquement parce
qu’ils y trouvent leur nourriture de
choix et qu’ils la trouvent en quan-
tité. De la même façon, la vaccination
repose sur la multiplication de certains
lymphocytes en réponse à la pré-
sence de leur nourriture préférée : le
vaccin, ou l’agent infectieux corres-
pondant. La multiplication des lym-
phocytes protège l’organisme de la
proliration de leur proie.
Perturbations du
système immunitaire
Les concepts de soi et non-soi (anti-
gène) sont des concepts centraux en
immunologie. Pierre Sonigo en pro-
pose la définition suivante. L ’ é l é m e n t
du soi : ce qui est constitutif de l’orga-
nisme et in stal de fon stable depuis
l’embryogese. Ces éléments parti-
cipent à l’ensemble des échanges -
taboliques. L’élément du non-soi :
des éléments étrangers ou qui le sont
devenus et qui viennent perturber la
dynamique des seaux taboliques.
Des oiseaux, de l’herbe et des four-
mis. A nouveau, servons nous d’une
petite fable pour illustrer les pertur-
bations qui peuvent se présenter
dans un écosystème préalablement
harmonieux. L’écosystème proposé
est schématique et ne contient que
trois éments. Un tout petit oiseau fait
des crottes dans un désert ce qui per-
met la naissance d’une touffe d’herbe.
Cette herbe va nourrir des fourmis qui
vont à leur tour nourrir les petits oi-
seaux. Ces derniers vont alors déposer
plus de crottes sur le sol. Plus de
crottes, signifie plus d’herbe, donc
plus de fourmis, donc plus d’oiseaux.
L’ensemble va croître progressive-
ment jusqu’à donner une prairie. Les
crottes sont donc à l’origine d’un éco-
système parfaitement équilib entre
trois organes spécialisés et interdé-
p e n d a n t s: herbes, fourmis et oiseaux.
Cette merveilleuse harmonie règne
pendant des anes, durant lesquelles
aucun des ”organes ”ne se veloppe
au triment d’un autre. Ces éléments
établis qui se “dévorent en harmonie”,
constituent le soi de la prairie. Puis
arrive un gros cafard (c’est l’équiva-
lent d’une infection) qui se met à man-
ger les fourmis. Moins de fourmis,
donc moins d’oiseaux, donc moins
de crottes, donc moins d’herbe :
toute la prairie est malade.
b r è ve s 3
Les médecins évaluent mal
les symptômes dont peuvent
se plaindre les ropositifs
D’après une étude française
publiée en octobre 1999, les
médecins doivent améliorer
leur comtences dans la
reconnaissance des symp-
tômes chez leurs patients sé-
ropositifs. Le docteur Alain
Fontaine de l’Université de
Paris VII rapporte avec ses
collègues que les médecins
souvent ne diagnostiquent
pas les symptômes dont se
plaignent leurs patients.
D’après létude, la concor-
dance entre ce que rappor-
tent les patients et ce que
rapportent leurs médecins est
m é d i o c r e .
L’équipe du Dr Fontaine a
étudié 290 patients séroposi-
tifs choisis au hasard dans
plusieurs centres. Ils ont
comparé les témoignages des
patients et ceux de leurs -
decins sur 16 symptômes dif-
férents et ils ont aussi noté si
un traitement spécifique a été
prescrit ou pas.
D’une façon générale l’épui-
sement, l’anxiété, les pro-
blèmes cutanés, la fièvre ou
la perte de poids étaient
mieux reconnus que d’autres
symptômes. Souvent les mé-
decins portaient plus d’atten-
tion à des symptômes physi-
quement mesurables qu’à
des symptômes qu’on ne
peut pas directement mesu-
rer. Ceci indique que pour
des symptômes physiques,
les médecins font plus
c o n fiance à ce qu’ils peuvent
eux-mêmes évaluer qu’à ce
peuvent leur dire leurs pa-
tients. Le groupe du Dr Fon-
taine a aussi observé que les
médecins évaluent mal les
symptômes liés à des effets
secondaires des dica-
ments comme des nausées
ou des sécheresses de la
bouche, ainsi que des symp-
tômes qui sont traitables
comme des troubles du som-
meil ou la diarrhée. Les
symptômes étaient mieux re-
connus chez des patients plus
malades suggérant que les
médecins sont plus attentifs
une fois les patients arrivés à
un stade plus avanet plus
visible de l’infection à VIH.
Finalement, le Dr Fontaine et
ses collègues ont consta
que les patients en consulta-
tion externe bénéfic i e n t
d’une meilleure reconnais-
sance de leurs symptômes.
Ceci pourrait être à une
plus grande autonomie de ces
patients qui réclament avec
plus d’insistance une prise en
charge de leurs symptômes.
(Journal of Pain and Symp -
tom Management, 1999 ; 18 :
2 6 3 - 2 7 0 )
La vaccination repose sur la multiplica -
tion de certains lymphocytes en réponse à
la présence de leur nourriture préférée,
vaccin ou agent infectieux corre s p o n d a n t
1. Ce texte est issu d’une interview
réalisée avec Pierre Sonigo le 2 no-
vembre 1999
2. Un texte synthétique en anglais peut
être lu sur Internet à l’adresse :
h t t p : / / w w w . h e r a c l i t e a n . c o m / e s s a y s /
3. p h a g o c y t e r. capacité de certaines cel-
lules, essentiellement des globules
blancs, d’englober des particules
jusqu’à les absorber complétement.
8
Maladie et guérison. La maladie
s’étend au bénéfice des cafards qui
prolifèrent ainsi qu’une famille de gros
oiseaux aux ailes rouges, gros ama-
te u rs d e c a fa r d s . C es g r o s
oiseaux vont alors se multiplier et pro-
duire d’autres sécrétions qui vont atti-
rer d’autres types d’animaux préda-
teurs, ce qui perturbe totalement
l’écosystème antérieur. Ces gros oi-
seaux finissent par manger tous les ca-
fards. N’ayant plus rien à manger, ils
décideront de sen aller, après avoir
barrassé la prairie de cette infec-
tion de cafards. Larrivée de ce pre-
mier type de cafard correspond à une
infection aiguë, due à un microbe
suffisamment abondant pour attirer
des prédateurs capables de le vorer
jusqu’à disparition totale. Ainsi les
agents infectieux qui se multiplient ra-
pidement (le virus de la grippe par
exemple) entraînent une réponse im-
munitaire efficace qui provoque leur
disparition et donc notre guérison.
Dégradation de la prairie. P l u s
tard, arrive un tout petit cafard très
lent qui ne mange pas assez de four-
mis pour déséquilibrer la prairie. Se
reproduisant peu, il n’attire pas de
nouveaux prédateurs. Il s’installe
ainsi dans la prairie pour des années
sans pouvoir être éliminé, sa psence
n’aura alors des conséquences né-
fastes quà long terme. Nous nous
trouvons ici dans le cas de l’infection
chronique à VIH. Le virus n’est pas
assez “nourrissant”pour induire des
prédateurs qui créeraient sa propre
perte. Il est trop variable pour que les
prédateurs spécialisés dans sa capture
ne parviennent à l’éliminer.
Le virus s’installe alors lentement
mais sûrement, déséquilibrant pro-
gressivement notre écosystème. Il ne
se reproduit pas beaucoup par rap-
port à d’autres virus comme celui de
la grippe : sa faiblesse fait sa force. La
présence chronique de l’intrus va pro-
voquer la suractivité de certaines
cellules, essentiellement les macro-
phages et lymphocytes B4, qui proli-
fèrent car elles sont capables de se
nourrir de lintrus. Par contre, le
reste de l’organisme sombre dans la
f a m i n e: les chaînes alimentaires ha-
bituellement établies entre cellules
sont détournées dans la fabrication du
virus et l’alimentation de ses préda-
teurs.
De la même façon, Pierre Sonigo
propose que, plutôt que d’appré-
hender l’arrivée du virus VIH dans
l’organisme comme une partie de
bras de fer entre deux programmes, il
faudrait se placer dans une logique
dadaptation, considérant le sida
comme un état de quilibre éco-
logique, lié au détournement de res-
sources de l’organisme pour la fabri-
cation du virus.
Les trithérapies :
v e r s une solution ?
Certains problèmes persistent actuel-
lement dans l’application des trithéra-
pies. Tout dabord il reste toujours,
même lorsqu’elles sont efficaces, une
multiplication siduelle du virus.
Lorsque l’on parle de charge virale
intectable, elle ne l’est que pour les
outils dont nous disposons actuelle-
ment. Ensuite, se pose toujours le pro-
blème de leur forte toxicité sur l’en-
semble de l’organisme.
La trithérapie laisse une réplication
très faible du virus. Cela diminue la
quantide virus-nourriture donnée
à nos cellules prédatrices c’est-à-dire
les cellules immunitaires chargées de
nous barrasser du virus. De ce fait,
cela freine leur multiplication et donc
le nombre de prédateurs potentiels
aptes à se mobiliser pour venir manger
le virus. Des études menées actuelle-
ment s’adaptent particulièrement bien
à cette nouvelle théorie.
Certains de ces travaux étudient l’op-
portunité de donner un vaccin aux
personnes séropositives. Cela revien-
drait à redonner à manger aux
globules blancs afin d’augmenter
leur population, en espérant qu’ils fi-
niront bien par venir à bout des der-
niers virus présents dans l’organisme.
Une deuxième solution viserait à
mettre en place une fenêtre thérapeu-
tique. Ceci permettrait la réplication
du virus, donc une augmentation des
cellules qui s’en nourrissent. Ensuite,
on redonnerait un traitement en es-
pérant quelles aient eu assez de
temps pour manger les virus restants
avant de voir leur population baisser
de nouveau. Mais si ces cellules sont
aussi gloutonnes que nos enzymes, ne
seraient-elles pas également de n e s
gourmettes ? Dans ce cas ne pourrait-
on pas tabler sur une augmentation
qualitative de leur nourriture, en ajou-
tant par exemple une protéine de
choix à notre antigène afin de le rendre
plus savoureux ?
C o n c l u s i o n
Pierre Sonigo nous propose un nou-
veau cadre théorique. Ce dernier,
même s’il na pas encore trouvé au-
jourd’hui d’applications concrètes,
ouvre les portes à une réflexion radi-
calement difrente sur le sysme im-
munitaire. Les globules blancs
nobéissent plus à de mystérieux si-
gnaux aussi nombreux que complexes
leur ordonnant de nous défendre. Ils
vivent libres et s’organisent pour sur-
vivre, selon les lois de l’évolution, en
sadaptant aux ressources dispo-
nibles. Le parallèle établi avec les fonc-
tionnements des écologies écono-
miques et biologiques nous permet
bien des projections intéressantes.
L’écologie cellulaire serait alors fon-
damentalement ultra-libérale. Il n’y a
plus de programme nétique centra-
lisé et totalitaire imposant sa loi à toute
la collectivicellulaire. Nos cellules
ne sont plus nos esclaves. Elles sont af-
franchies et vivent pour elles-mêmes.
Poussant encore un peu plus loin ce
type de comparaison, je m’interroge.
I N F O T R A I T E M E N T S N ° 7 7 F E V R I E R 2 0 0 0
b r è ve s 5
Troubles respiratoires et Zia-
gen : attention !
Les laboratoires GlaxoWell-
come et l’Agence Française
de Sécurité Sanitaire des Pro-
duits de Santé ont attiré l’at-
tention des praticiens et des
patients sur la réactualisa-
tion des cartes de mise en
garde de Ziagen®( a b a c a v i r )
en raison de troubles respira-
toires ayant entraîné des er-
reurs de diagnostic fatales.
Voici les nouvelles recom-
mandations que vous et
votre médecin devrez
connaître lors du maniement
de cette molécule.
Bien qu’exceptionnels, des
cas de décès ont été réperto-
riés, notamment aux Etats-
Unis, pour lesquels le dia-
gnostic initial avait été…un
syndrome grippal avec com-
plications respiratoires. Par
la suite, il a été fortement
suggéré que ces décès
étaient en fait dus à une hy-
persensibilité au Ziagen®,
qui avait pris la forme de
troubles pulmonaires
g r a v e s .
Que l’on se rassure, les réac-
tions d’hypersensibili au
Z i a g e n®ne concernent que
3% des patients sous traite-
ment dans le monde. Par
ailleurs, les troubles respira-
toires ne se retrouvent que
dans 20 % des cas d’hyper-
sensibilité. Néanmoins, des
symptômes respiratoires
étaient présents dans 80 %
des cas de décès liés au Zia-
g e n®(suite p. 9)
3 614
h i v i n f o
Depuis quatre ans, un ser-
vice minitel est à votre dispo-
s i t i o n .
Un decin spécialiste du
VIH répond à vos questions
concernant les traitements,
les infections opportunistes,
les nouveaux essais, les stra-
gies thérapeutiques
Le sida serait vu, selon Pierre Sonigo,
comme un état de déséquilibre écologique,
lié au détournement de re s s o u r ces de lor -
ganisme pour la fabrication du virus
4. macrophages et lymphocytes Bd e u x
cagories de globules blancs, les ma-
crophages sont des “attrape-tout”non
spécialis qui peuvent capturer des
agents infectieux par phagocytose ; les
lymphocytes B sont responsables de la
synthèse des anticorps.
1 / 3 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !