Enjeu national et mondial
Avec 5,5 millions de km2, le milieu marin polynésien constitue le second espace maritime du
Pacifique sud après celui de l’Australie. A lui seul, il représente la moitié du domaine maritime
français. La variété géomorphologique, climatique, des écosystèmes et des habitats marins
de Polynésie confère au pays un caractère unique au regard de la biodiversité. Son patrimoine
naturel, marin et terrestre, en fait un « hot spot » reconnu à l’échelle mondiale. Le milieu ma-
rin avec ses 12 800 km de récifs et lagons renferme une des plus grandes diversités géomor-
phologiques récifales des communautés d’outre-mer. La flore et la faune sous-marines sont
relativement bien représentées (plus de 800 espèces de crustacés, 170 espèces de coraux,
11 espèces de dauphin, 4 espèces de baleine et au moins 425 espèces d’algues indigènes…). Le
nombre d’oiseaux de mer est aussi l’un des plus élevés parmi les régions tropicales. Toutefois,
le caractère insulaire confère aux espèces une aire de répartition réduite et des populations
de faible effectif, ce qui les rend plus vulnérables que les espèces continentales. La Polynésie
française est d’ailleurs la collectivité d’outre-mer qui comptabilise le plus grand nombre d’es-
pèces animales et végétales éteintes ou menacées (UICN). Le nombre d’îles, leur dispersion,
l’accès souvent difficile rendent compliquées le travail scientifique, mais aussi les actions de
gestion et de conservation. Aussi, le bilan actuel sur la biodiversité et les espèces endémiques
demeure encore incomplet. Preuve en est : la dernière mission scientifique réalisée à Rapa, en
2002, a permis d’augmenter de 80% le nombre d’espèces de mollusques connues jusque là. Ce
qui démontre l’importance et le renforcement nécessaire de la connaissance scientifique.
Protection du milieu marin de Polynésie
Bien que la Polynésie ne soit pas directement par-
tie de la Convention sur la diversité biologique, elle
participe activement à la protection et à la conser-
vation des espèces endémiques, vulnérables ou me-
nacées. Elle a notamment mené des actions exem-
plaires comme la création d’un sanctuaire pour les
mammifères marins en 2003 et soutient le mémo-
randum d’entente pour la protection des cétacés.
Des mesures particulières ont également vu le jour
en faveur des tortues marines et plus récemment
des requins. Cette dernière initiative constitue une
démarche pionnière et novatrice sur le plan inter-
national, la protection des requins étant effective en Polynésie française depuis mars 2006.
Les lagons et récifs de Polynésie font l’objet d’un bon suivi, avec pas moins de 8 réseaux ré-
guliers de surveillance. Dans l’ensemble, les récifs et lagons de la région sont en bon état à
l’exception de ceux des îles hautes fortement peuplées. Les variations sont étroitement liées
aux évènements climatiques et aux impacts humains (cyclones, élévation de la température
de l’eau, explosion d’Acanthaster planci - une étoile de mer-, démographie). Le récif de Moorea
est d’ailleurs l’un des mieux connus du monde. Certains sites bénéficient déjà d’une protec-
tion spécifique comme les atolls de Fakara, labellisés par l’UNESCO et devenus Réserve de
Biosphère. De la bonne santé des lagons et récifs dépend la bonne santé de l’ensemble de la
biodiversité marine de la région, mais aussi celle de tous ceux qui vivent des ressources ma-
rines. Une récente étude a d’ailleurs évalué l’importance économique d’un lagon beau et sain
comme celui de Moorea. Elle estime la valeur totale à 66 millions d’euros par an (tourisme,
potentiels en ressources…).
Crédit : M. Porcher
5/8