nalyste, qui est par ailleurs agrégé de philosophie, et qui lui aussi est
tout autant reconnu.
Je marche dans une allée qui longe l’immense bâtiment du XIXesiècle
qui n’en finit pas de s’étirer. Batiment J, pavillon Morel, couloir H,
salle 240, 3eétage : tel est le lieu du rendez-vous hebdomadaire.
Dehors, il n’y a personne, pas un bruit, pas une âme qui vive, je ne
croise aucun humain, même à l’entrée de l’hôpital le baraquement
du gardien est vide. J’arrive enfin au pied du bâtiment J. Une petite
assemblée se tient là, un quart d’heure avant l’heure du rendez-vous.
On fume une dernière cigarette en discutant du dernier séminaire,
on s’observe en parlant poliment. Il y a des gens de tous âges, et de
plusieurs milieux professionnels. On se connaît un peu, on fréquente
les mêmes lieux, on lit les mêmes livres, on parle le même langage
avec le même sérieux. On est du même monde, du bon monde. En
tout cas, on est du bon côté du monde: celui qui n’appartient pas à
la folie. On vient voir les fous: on nous a dit qu’on « allait nous ensei-
gner », nous qui ne connaissons pas les fous. C’est à ça que ça sert les
« présentations cliniques », ça sert à « transmettre ». On nous a dit
que Lacan lui-même l’avait dit. Si c’est Lacan qui l’a dit… alors…
L’heure tourne, il est temps de monter à l’étage et de s’installer. Il faut
en effet arriver avant le patient, il faut installer les chaises. Ce n’est
pas grand-chose pourtant : il s’agit en fait de les agencer selon un
ordonnancement… qui va de soi. Il y a d’abord : les chaises pour
nous (les étudiants de tous les âges et de toutes les professions) puis,
deux chaises excentrées sur notre droite et qui nous font face (celle
des psy), et, enfin, en position centrale (bien en face de nous cette
fois-ci) une chaise isolée (celle du patient).
L’ordre d’arrivée est généralement le suivant: d’abord les étudiants,
qui installent la salle, puis les psychanalystes, et enfin le patient que
l’on fera entrer lorsque tout le monde sera prêt. Nous sommes ins-
tallés et nous attendons silencieusement. Au bout de quelques
minutes les psy arrivent. On nous présente succinctement le « cas »
qu’il va s’agir de « construire » ensemble, « si nous voulons bien ».
C’est Michaël aujourd’hui que l’on accueille. Le psychiatre-psycha-
nalyste nous délivre les « informations dont il dispose »:
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