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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 21 April 2017
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les choses. Les infections contractées au cours d'un séjour à l'hôpital sont appelée maladies nosocomiales.
Plus précisément, une maladie est considérée comme nosocomiale si elle est absente lors de l'admission
du patient et que celui-ci la développe au moins 48h après être entré dans l'établissement de santé (délai
allongé jusqu' à 1 an dans le cas d'infections sur une cicatrice chirurgicale ou suite à la pose d'une prothèse).
Diverses études scientifiques estiment qu'environ 5% des patients en court séjour à l'hôpital sont sujets à des
infections nosocomiales.
Mesurer la dose d'antibiotiques au chevet du patient
Nous ne sommes pas tous égaux face au risque d'infection à l'hôpital. En effet, comme souvent, ce sont les
plus faibles qui courent le plus grand risque : les patients en réanimation, les personnes immunodéprimées,
âgées ou encore exposées à un dispositif invasif comme lors d'une intubation par exemple.
Parmi les maladies nosocomiales, les infections pneumo-respiratoires sont les deuxièmes plus fréquentes
(15%) après les infections urinaires (30%). « Dans le cas de patients intubés et ventilés qui ont été admis
pour d'autres raisons médicales et qui ont contracté une pneumonie à l'hôpital, 40% meurent des suites
de l'infection nosocomiale », explique le Professeur Bernard Joris du Centre d'Ingénierie des Protéines
de l'Université de Liège. C'est précisément sur l'amélioration de la guérison de ces patients que ce dernier
s'est concentré en collaboration avec des chercheurs de l'UCL, de l'ULB et de l'UMons. « Nous avons
commencé à travailler ensemble grâce à un projet financé par la Région wallonne appelé MedATR », indique
Bernard Joris. « Les chercheurs de l'UCL, l'ULB et l'UMons avaient mis au point un biosenseur, basé sur
la technique de spectroscopie infrarouge, capable de détecter spécifiquement certaines biomolécules et
voulaient appliquer cette technique dans le domaine médical », poursuit-il. L'idée a alors germé de doser
les antibiotiques Bêta-lactames (de la famille de la pénicilline) dans le sang des patients ventilés et intubés
aux soins intensifs. « Pour développer un biosenseur capable de doser spécifiquement ces antibiotiques, ils
avaient besoin d'un partenaire ayant une expertise dans les protéines qui reconnaissent la pénicilline. C'est
ainsi que nous avons décidé de travailler ensemble», précise le chercheur.
Un projet européen pour tester une méthode innovante
L'hypothèse des chercheurs est la suivante : si on parvient à doser les antibiotiques au chevet des patients
aux soins intensifs et à adapter rapidement la dose en fonction de leur état physiologique, cela pourrait
permettre d'améliorer le taux et la vitesse de guérison de ces patients. En effet l'idéal serait d'atteindre une
dose curative d'antibiotiques tout au long du traitement du patient. Ce n'est pas le cas actuellement car
le volume de distribution des antibiotiques peut varier considérablement selon l'état du malade. Or si une
surdose d'antibiotiques assure de tuer la bactérie, elle peut aussi être toxique pour l'homme. « Cela peut
entraîner des complications neurologiques par exemple » poursuit le chercheur. « Et lorsque la dose n'est
pas suffisante, l'antibiotique ne vient pas à bout de la bactérie et cela favorise la résistance des bactéries à
ce médicament. Pour bien faire il faudrait que la concentration d'antibiotiques dans le sang du patient soit à
chaque instant en ligne avec la concentration curative », reprend Bernard Joris. L'objectif du projet MedATR
était donc de mettre au point une méthode de dosage des antibiotiques Bêta-lactames au chevet des patients
ventilés et intubés atteints d'une infection pneumo-respiratoire nosocomiale. Les résultats encourageants
de ce projet ont mené d'une part à un brevet mondial (et un accord de licence avec la société wallonne
WOW Technology) et d'autre part à la mise sur pied d'un projet européen FP7 coordonné par Bernard