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La goutte est l'arthropathie microcristalline
la plus fréquente. Sa prévalence est d'au moins 1' % dans les pays occidentaux, avec une forte
prédominance masculine (ratio allant de 7/1 à 9/1). Elle survient au cours de l'hyperuricémie prolongée, le
risque de crise augmentant avec l'importance et la durée de celle-ci. La crise est due à la précipitation ou
à la rupture de microcristaux d'urate de sodium dans une articulation, à l'origine d'une inflammation aiguë.
Dans la grande majorité des cas, la crise aiguë survient de façon brutale, en quelques heures, la nuit,
chez un homme d'une quarantaine d'années. La douleur, atroce, insomniante, siège classiquement à
l'articulation métatarsophalangienne du gros orteil, mais peut aussi intéresser une autre jointure (tarse,
cheville, genou, doigt, etc.). Elle s'accompagne de signes inflammatoires locaux majeurs (peau chaude,
luisante, rouge pivoine, tuméfaction, oedème), et souvent d'une fièvre. La guérison survient spontanément
en quelques jours après plusieurs attaques nocturnes.
Le diagnostic est habituellement facile...
Dans sa forme typique, l'aspect clinique suggère facilement le diagnostic. Linterrogatoire permet
d'identifier des facteurs déclenchants (tableau I).
Les facteurs déclenchants de la crise de goutte
Absorption importante d'alcool
Chirurgie
Maladie infectieuse
Traumatisme physique ou psychique
Ingestion excessive de purines
Exercice physique
Perte de poids rapide, jeûne
Certains médicaments
En cas de doute,
le diagnostic peut être confirmé par la ponction articulaire, quand celle-ci est possible, suivie de l'analyse
du liquide synovial. Celui-ci est inflammatoire, stérile, ce qui élimine une arthrite septique, et contient des
cristaux intraleucocytaires d'urate de sodium.
La radiographie est normale. L’ uricémie est également très souvent normale au cours de la crise.
Le principal diagnostic différentiel
qui est à écarter rapidement est une arthrite septique, mais d'autres affections peuvent simuler une goutte
(tableau II). Enfin, l'efficacité de la colchicine constitue un test diagnostique... mais pas toujours
La crise n'est pas la première
Plus de 60 % des patients présentent un nouvel épisode au cours de l'année suivant une première crise
de goutte.
Après dix ans d'évolution, la forme chronique s'installe. Il s'agit d'une arthropathie pseudoarthrosique qui a
un aspect radiologique assez caractéristique. A ce stade, il existe souvent des tophi d'aspect blanc ou
chamois, nacré, typiques de la goutte. Ces concrétions uratiques se développent dans les tissus et les
cartilages en un temps variable en fonction de la durée et de la sévérité de l'hyperuricémie. Les tophi
siègent préférentiellement au coude, au pavillon de l'oreille, aux pieds et aux mains.
Il existe d'autres manifestations de l'hyperuricémie
La précipitation de cristaux d'urate de sodium peut également être à l'origine d'une lithiase rénale ou, à
long terme, provoquer une néphropathie interstitielle et une insuffisance rénale.
La crise survient chez une femme
La grande majorité des crises de goutte de la femme apparait après la ménopause. Les symptômes
initiaux sont alors volontiers moins bruyants. La présentation peut notamment se résumer à l'existence de
tophi sur une arthrose digitale. Il existe souvent une hypertension artérielle associée, une insuffisance
rénale, une prise de diurétiques.