La Télévision connectée et le droit
P u b l i c a t i o n s d u l i d 2 m s – L e s T a b l e s - r o n d e s n ° 1
diversité culturelle. Ce genre de modification réglementaire ne correspond pas à la
façon de penser du gouvernement, ni à celle des institutions communautaires qui ont
également appliqué des quotas aux services médias audiovisuels à la demande dans le
cadre de la directive SMA.
En définitive, le rapport contribue à nourrir la réflexion du gouvernement sur la question
de la télévision connectée mais relève bien de la seule responsabilité de ses auteurs.
Précisions sur la position du gouvernement
Il est important de se remémorer quelques uns des buts défendus par la loi du 30
septembre 1986 modifiée. Je vous en cite trois d'importance majeure:
- la protection du jeune public, notamment en regard des contenus à caractère
violent ou pornographique;
- le financement de la création audiovisuelle et artistique, quand de plus en plus
de contenus audiovisuels professionnels sont commercialisés par des sites basés
hors de France;
- la promotion et le maintien d'une certaine diversité culturelle avec notamment
les quotas de diffusion ainsi que la diffusion d'œuvres originales d'expression
française et d'œuvres européennes.
Le gouvernement est donc concerné par le sujet et cherche à réunir de l'information la
plus précise et documentée possible par le biais de rapports et de missions. Pour autant,
le gouvernement n'a pas à cette heure de position tranchée. En effet, celui-ci fait le
constat que les usages sont encore modestes rendant prématurée l'intervention du
régulateur sur un marché relativement imprévisible dans son développement.
D'une part, la consommation de télévision linéaire, c'est à dire en direct, est en hausse
sur les 13 dernières années. En effet, les mesures de médiamétrie de la durée d'écoute de
la télévision par individu de 4 ans est plus est passée de 3h07 en 1998 à 3h32 en 2010,
et même 3h47 en 2011 avec un changement de méthodologie puisque l'enregistrement
personnel est désormais comptabilisé.
D'autre part, le parc des équipements de téléviseurs nativement connectables est encore
faible puisque seulement un téléviseur sur cinq vendu en 2011 était un téléviseur
nativement connectable (soit environ 1,7 millions d'écrans); or sur ces 20% de
téléviseurs connectables, seulement un tiers ont été effectivement connectés, soit 60 000
postes environ, d'après des chiffres du SIMAVELEC (syndicat des industries de
matériels audiovisuels électroniques). Toutefois, la progression du parc devrait être
rapide puisque la totalité des téléviseurs vendus à horizon 2015 devraient être
connectables.
Enfin, la question de l'achat des droits sur les programmes demeure. Si par télévision
connectée on entend un accès immédiat et permanent à une offre légale de programmes,
alors on parle de vidéo à la demande; ce n'est pas nouveau et un cadre réglementaire est
déjà en place. En revanche, si par télévision connectée on entend la capacité à visionner
des vidéos générées par les utilisateurs sur le téléviseur familial, il semble alors peu
probable que les téléspectateurs substituent des consommations de programmes
premium (sports, séries, films) pour regarder plutôt des vidéos postées sur Youtube.