LUNDI DE LA SORBONNE 2016/2017 14 novembre 2016 Sociologie, sciences sociales, quels débouchés ? Volonté de faire un focus sur les études et débouchés de la sociologie et de définir les différents champs des sciences sociales : sociologie, mais aussi anthropologie, démographie, histoire, économie, psychologie, droit… Il existe une grande interdisciplinarité dans les différentes filières d’études avec des aspects multiples et des contenus divers. Il est donc difficile pour les lycéens de s’y retrouver sans parler du manque de visibilité sur l’insertion professionnelle. Les chiffres (CEREQ) disent que le taux d’insertion est identique à d’autres secteurs car le champ des SHS est très ouvert sur de multiples débouchés. Il existe donc une difficulté de lisibilité sur ces études qui mènent à de nombreux métiers. Laurent Willemez, professeur de sociologie, responsable de Master et de Laboratoire à l’UVSQ. Il n’y a plus de différence entre master pro et de recherche. Il existe 3 types de master en sociologie : - Des masters généralistes d’enquêtes et d’analyses de données formant à l’utilisation d’outils d’aide à la décision, de diagnostic… - Des masters liés à l’organisation de l’entreprise : sociologie du travail, gestion, RH, expertise syndicale - Des masters liés à l’action publique ou au travail social pour étudier et gérer les politiques urbaines, rurales, les établissements sociaux… Il n’y a pas de mentions dans les masters de sociologie. Ils offrent une formation très généraliste et l’apprentissage de méthodes de travail (analyse, enquête, écriture) utiles pour de nombreuses formations. Les étudiants réussissent bien à l’écrit des concours dans le domaine du travail social et ont plus de mal à l’oral car ils n’ont pas d’expérience de terrain. C’est aussi une bonne filière vers les métiers de l’éducation, les ressources humaines pour lesquelles il existe aussi des licences pro et des titres certifiés bien reconnus. L’université de Versailles St Quentin propose un Master unique pour l’université de Paris Saclay avec 3 parcours : - Politiques sociales territorialisées et développement social urbain (PST - DSU) - Sociologie quantitative et démographie (SQD) - Travail, expertise, organisation - conduite du changement (TEO-CDC) : enseignement de la sociologie du travail et de l’organisation pour être dans des fonctions de conduite du changement, de diagnostic, de formation, d’accompagnement des transformations des pratiques professionnels dans les entreprises. En sortant de ce master, les étudiants sont embauchés dans des grandes entreprises : Renault, Société Générale, PSA, SNCF, EDF… ou des cabinets de consultants qui ont des services de conduite du changement. Les étudiants viennent de licences AES et Sociologie. Laurence Simmat Durand, professeur de sociologie, démographie, responsable de la mention sciences sociales à Paris V Descartes : la faculté des Sciences humaines et sociales - Sorbonne propose des masters (M1 et M2) dans la mention Sciences sociales, ouvrant sur 7 spécialités (démographie, sociologie, anthropologie, ethnologie, étude de risque environnementaux ou sanitaires et sociaux …) en formation initiale, par apprentissage ou en formation continue. Au sein de cette faculté où il est proposé des sciences de l’éducation, sociales, et du langage, les doubles licences sont possibles. Les étudiants peuvent poursuivre en doctorat contractualisé avec des entreprises. La méthodologie, l’anglais et l’informatique font partie du tronc commun de ces masters, complétés par des unités d’enseignement spécifiques. Les cours sont regroupés sur 2 jours ou 2 jours et demi pour permettre aux étudiants de faire des stages (ce à quoi ils sont fortement incités) ou d’être en alternance. Deux des spécialités, « Ethnologie » et «expertise en population et développement » proposent un long séjour à l’étranger au 2ème semestre. L’entrée en M1 est contingenté mais les étudiants ayant validé la 1ère année accèdent au M2. Chaque spécialité a une capacité d’accueil de 15 à 20 places et 45 pour la spécialité « sociologie d’enquête ». Les spécialités « ingénierie d’enquête » et « chargé d’études en sociologie appliquée » sont les plus demandées. Le recrutement se fait à partir d’avril par voie électronique. L’origine des étudiants est très varié, ces masters accueillent beaucoup d’étrangers. Peu viennent de licence de sociologie. Les stages sont obligatoires. Il y a 5 laboratoires de recherche qui peuvent être des lieux de stage et un appui pour les étudiants. Le master sociologie d’enquête est très spécialisé sur une thématique qui donne une forme de spécialité pour le mémoire et le lieu de stage mais très transversal car il aborde la sociologie de la famille, de la santé, du travail. Une formation poussée autant pratique que théorique est donnée sur les méthodes d’enquête. Les étudiants doivent rédiger un mémoire en M1 et en M2,c’est un travail qui leur apprend la recherche et la rédaction. Le master chargé d’études en sociologie appliquée est un master labellisé, il donne la capacité d’aller sur le terrain, de concevoir et théoriser une recherche sur une thématique. L’insertion professionnelle après ce master est excellente, il existe des partenariats avec Médiamétrie et divers grosses entreprises de sondage. L’apprentissage est un tremplin vers l’emploi, il permet la socialisation au monde du travail. Jean François Léger, responsable de l’Institut de Démographie de Paris 1 : le master expert démographe donne des méthodes quantitatives (statistiques et informatiques) et étudie les champs disciplinaires des sciences sociales : description des populations, mesure de leurs évolutions, mouvements migratoires, natalité, fécondité, mortalité…Les contours de la discipline sont plus flous car il s’agit de caractériser les populations et leur évolution, ce qui recouvre plusieurs domaines. La formation est ouverte à toute personne souhaitant étudier la démographie à la suite d’Alfred Sauvy qui a été le 1er directeur de l’institut de démographie en 1945 et jusqu’en 1962. Le recrutement se fait après une licence pour une formation de 2 ans. On y apprend à exploiter des données avec des méthodes simples pour mobiliser les chiffres permettant de construire des résultats complexes. La pédagogie est adaptée au plus grand nombre en proposant une appréhension pragmatique et didactique du chiffre. En effet il s’agit de mettre les chiffres en cohérence pour reconstituer un puzzle. La formation évolue avec les moyens. Echantillonner, enquêter, construire un questionnaire, traiter informatiquement des bases de données, et les exploiter sont le socle de la culture générale en sociologie. Les étudiants doivent faire un stage ou rédiger un mémoire dès le M1. Les promotions de 20 à 25 étudiants, d’origine très diverse, ont des niveaux assez différents, d’où la nécessité d’une remise à niveau au 1er semestre. L’insertion professionnelle est bonne, beaucoup d’étudiants vont vers la fonction publique dans des observatoires, à l’INSEE. L’enseignement est concentré sur deux jours pour permettre aux étudiants des stages et l’alternance en M2. Ils sont très sollicités par les services ministériels et agences d’urbanisme. Il existe un site internet géré par des anciens étudiants dont la vocation est de constituer et d’animer un réseau permettant de faciliter l’insertion et l’évolution professionnelles ainsi que les échanges entre les démographes : http://demo.pro.free.fr/wordpress Marie Molinier : témoignage. Après un bac S, une licence de sociologie et un master en Chargé d’Études en Sociologie appliquée à Paris 5, a obtenu un stage à l’INSERM puis travaille pour l’Atelier Parisien d’Urbanisme qui est l’agence d’urbanisme de Paris et du Grand Paris. Cette agence réalise des études démographiques, pour l’offre de structure pour la petite enfance, la gestion des cimetières… et est aussi un support pour les architectes et les urbanistes qui ont besoin de chiffres. MM est également chargé de TD à Paris 1. Ces études sont un bon compromis entre la sociologie et les maths. May Balabane - Parent du Chatelet, vice présidente de l’APSE (association des professionnels de la sociologie d’entreprise) et chercheur en sciences de la terre à Paris 6 et à l’ INRA dont la mission de réfléchir à la stratégie sur des trajectoires scientifiques et professionnelles individuelles ou collectives pour comprendre les processus à travers les grilles sociologiques. L’APSE est un espace de rencontres réunissant des sociologues universitaires et des sociologues de l’entreprise, elle crée des partenariats avec l’enseignement supérieur, les associations et la recherche. Elle rassemble des usagers de la sociologie dans le milieu professionnel. www.apse-asso.fr Tristan Maarrawi : témoignage. Après un bac ES, une licence de philosophie et de sociologie puis un Master pro chargé d’études sociologiques, conseils, enquêtes, évaluation à Paris 4, TM s’est lancé dans la création d’une agence d’études sociologiques : http://n-clique.fr Son intérêt pour la sociologie est monté au fur et à mesure des études en M1 en découvrant la pratique de la sociologie et en M2 en découvrant la pratique professionnelle de cette discipline. Le contexte était favorable pour lui d’un point de vue financier, d’une ambition partagée avec un autre étudiant auquel il s’est associé et rencontré en L1. Le plaisir de travailler pour soi a aussi été un moteur. La société répond à des appels d’offre, des études commanditées, développe des projets de recherche indépendant, crée des outils et des applications liés aux sciences sociologiques. Il est nécessaire de développer des compétences non apprises pendant ses études comme la gestion et la comptabilité, la communication et le marketing, et d’apprendre des autres entrepreneurs comme de toutes les personnes rencontrées. TM est aussi chargé de TD en L1 pour l’accompagnement au développement personnel qui va au-delà de la préparation à l’insertion professionnelle. La sociologie professionnelle doit se développer en dehors de la légitimité académique.