André ORLEAN Croyances et représentations collectives en économie

André ORLEAN
Croyances et représentations collectives en économie
Éléments de Curriculum vitae
Né le 23-05-1950, séparé, trois enfants. École Polytechnique, promotion 1971. Corps des Administrateurs de
l’INSEE. École Nationale de la Statistique et de l’Administration Économique (ENSAE), promotion 1976.
Doctorat troisième cycle, Université Paris I, sous la direction de J.L. Guglielmi (jury : M. Aglietta et J. Bouvier),
1980. Accède au corps des Directeurs de Recherche du CNRS, le 1er juillet 1987. Rejoint le Centre
d’Épistémologie Appliquée (CREA) de l’École Polytechnique. Directeur-Adjoint, responsable de l’équipe
« Approches cognitives du social » (1987-1991). Maître de conférences de l’École Polytechnique (1993-2005).
En 1993, est nommé au Conseil Scientifique de la Commission des Opérations de Bourse (COB). En 1994, entre
au Comité de Direction des Annales. Le 1er octobre 1999, rejoint le CEPREMAP. Co-responsable du DEA
« Économie des institutions » (EHESS, Paris X-Nanterre et X). Nommé Directeur de Recherche 1ère classe du
CNRS en juillet 2001. Membre nommé du Conseil Scientifique de l’EHESS (2001-2005). Président du Conseil
Scientifique de l’AC « Systèmes complexes en SHS » (2003-2004). Membre du Bureau Scientifique du GDR
« Économie et Sociologie » (CNRS). Membre du Conseil Scientifique de l’Autorité des Marchés Financiers
(AMF). Depuis le 1er janvier 2005, membre de l’UMR PSE (CNRS, EHESS, ENS, École des Ponts).
Sélection d’ouvrages :
- (avec M. Aglietta), La monnaie entre violence et confiance, Paris, Odile Jacob, 2002.
- Le pouvoir de la finance, Paris, Odile Jacob, 1999.
- (avec M. Aglietta), La violence de la monnaie, Paris, PUF, 1982 et 1984.
Sélection d’ouvrages dirigés :
- (avec D. Bourghelle, O. Brandouy et R. Gillet), Représentations collectives et croyances sur les marchés
financiers, Paris, Economica, coll. « Recherche en gestion », 2005, à paraître.
- (avec J. Lesourne et B. Walliser), Leçons de microéconomie évolutionniste, Paris, Odile Jacob, 2002.
- Analyse économique des conventions, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige », 2ème édition
revue et corrigée, 2004 [1ère édition 1994].
- (avec M. Aglietta) La monnaie souveraine, Paris, Odile Jacob, 1998.
Sélection d’articles
- « Hayek ou l’utopie individualiste d’une économie sans monnaie », Communications, 2005, à paraître.
- « What is a Collective Belief ? » in Bourgine P. et J.-P. Nadal (éds.), Cognitive Economics, Berlin, Heidelberg
et New York, Springer-Verlag, 2004, 199-212.
- « Réflexion sur les fondements institutionnels de l’objectivité marchande », Cahiers d’Économie Politique,
n°44, 2003, 181-196.
- « Le tournant cognitif en économie », Revue d’Économie Politique, vol.112, n°5, septembre-octobre 2002,
717-738.
- « La monnaie, opérateur de totalisation », Journal des Anthropologues, n°90-91, 2002, 331-352.
- « La monnaie contre la marchandise », L’Homme, n°162, avril-juin 2002, 27-48.
- « L’individu, le marché et l’opinion : réflexions sur le capitalisme financier », Esprit, novembre 2000, 51-75.
- (avec R. Boyer), « Comment émerge la coopération ? Quelques enseignements des jeux évolutionnistes », in B.
Reynaud (éd.), Les limites de la rationalité, tome 2, Paris, La Découverte, 1997, 19-44.
- (avec R. Boyer), « Stabilité de la coopération dans les jeux évolutionnistes stochastiques », Revue Économique,
vol.46, n°3, mai 1995, 797-806.
- « Bayesian Interactions and Collective Dynamics of Opinion: Herd Behavior and Mimetic Contagion »,
Journal of Economic Behavior and Organization, vol. 28, octobre 1995, 257-274.
- « Sur le rôle respectif de la confiance et de l’intérêt dans la constitution de l’ordre marchand », Revue du
MAUSS, n°4, second semestre 1994, 17-36.
- « Contagion des opinions et fonctionnement des marchés financiers », Revue Économique, vol.43, n°4, juillet
1992, 685-697.
- « How Do Conventions Evolve? », Journal of Evolutionary Economics, vol.2, 1992, 165-177.
- « La monnaie comme lien social : Etude de Philosophie de l'argent de G. Simmel », Genèses, n°8, juin 1992,
86-107.
- (avec R. Boyer), « Les transformations des conventions salariales entre théorie et histoire. D'Henry Ford au
fordisme », Revue Économique, vol.42, n°2, mars 1991, 233-272.
- « Pour une approche cognitive des conventions économiques », Revue Économique, vol.40, n°2, mars 1989,
241-272.
- « Mimétisme et anticipations rationnelles : une perspective keynésienne », Recherches Économiques de
Louvain, vol.52, n°1, mars 1986, 45-66.
Projet d’enseignement et de recherche
Le programme de cette direction d’études a pour objet de recherche les représentations collectives et le
rôle qu’elles jouent dans la construction de l’ordre marchand. Pour le dire schématiquement, il s’agit de faire
valoir une analyse qui, loin de considérer l’échange marchand comme un « lien extérieur » ne mettant que
superficiellement en contact les protagonistes, insiste sur la part importante de mise en commun et
d’interpénétration des consciences qu’il suppose pour être mené à bien. Ce projet d’enseignement et de
recherche s’articule en trois directions principales.
1. Croyances et opinions sur les marchés financiers
La première direction est consacrée à l’étude des marchés financiers, au premier rang desquels les
marchés d’actions. Ce domaine est important pour notre projet dans la mesure où les phénomènes de croyance et
d’influence y pèsent d’un grand poids. Il s’agit alors d’analyser les interactions cognitives entre investisseurs et
la manière dont elles conduisent à des représentations partagées, ce que nous nommerons des conventions
financières. Si nous lui avons déjà consacré de nombreux travaux, c’est là un domaine que notre projet
continuera à approfondir, à la fois théoriquement et empiriquement. Les questions qui retiendront notre attention
concernent plus précisément : l’objectivité des valeurs fondamentales, l’autoréférentialité de la spéculation, la
contagion des opinions, l’autovalidation des croyances et les conventions financières.
2. Economie cognitive
Cette deuxième direction insiste sur l’importance, pour notre projet, de participer aux recherches
formelles que développe l’économie cognitive. En effet, cette dernière, parce qu’elle se donne pour but la
compréhension des phénomènes cognitifs, individuels et collectifs, livre des outils mathématiques intéressants
pour qui cherche à rendre intelligibles la propagation des croyances comme l’émergence des représentations
conventionnelles, au-delà du seul domaine financier. Deux axes seront privilégiés. D’une part, à partir des outils
développés par la théorie des jeux évolutionnistes, étendre l’analyse des conventions à des situations où les effets
« réputationnels » sont importants. C’est le cas lorsqu’on considère ce qu’on a nommé des « conventions
légitimées ». D’autre part, réfléchir à l’autonomie des croyances collectives. Nous entendons par là des
configurations dans lesquelles la croyance collective se révèle déconnectée des croyances individuelles.
3. La monnaie
Cette troisième direction introduit à un nouvel objet de réflexion, la monnaie, qui pose avec une acuité
extrême la question des représentations collectives. En effet, à l’opposé des nombreuses conceptions qui
considèrent la monnaie comme étant un simple instrument facilitant les échanges, nous défendons l’idée que la
monnaie constitue, dans l’ordre marchand, le lien institutionnel primordial. Cette thèse est déjà au cœur de La
violence de la monnaie : la monnaie comme « expression de la société comme totalité » ou encore comme
« opérateur de totalisation ». On se propose d’approfondir cette approche à partir d’une étude de l’hyperinflation
allemande (1914-1923). L’intérêt pour cet épisode tient à son caractère exceptionnel : la destruction totale de la
monnaie d’un pays fortement développé en temps de paix. Un aspect de cet épisode historique retiendra plus
particulièrement notre attention, à savoir l’institutionnalisation réussie d’une nouvelle monnaie, le rentenmark, à
la date du 15 novembre 1923. L’observation d’un tel phénomène est rarissime. Son étude nous permettra de
tester directement nos hypothèses concernant le processus par lequel se construit l’unanimité de la communauté
marchande autour d’un même signe monétaire. Grâce aux outils développés dans le cadre de l’économie
cognitive, nous étudierons également la manière dont les indexations se propagent en Allemagne et l’effet de ce
processus sur la stabilité globale du système de prix. Enfin, l’hyperinflation allemande, en tant qu’elle a fait
l’objet de nombreux et importants travaux à la fois de la part des économistes et de celle des historiens, constitue
un terrain idéal pour comparer leurs approches. C’est tout particulièrement le rôle que joue l’opération de
décontextualisation dans la modélisation économique qui retiendra notre attention dans la perspective ouverte
par Jean-Claude Passeron.
L’articulation de ces trois directions de recherche trouve son dynamisme dans la tension interne qu’elle
construit entre, d’une part, des outils formels marqués fortement par la méthodologie individualiste qui a servi de
cadre à leur conception et, d’autre part, des réalités qui, par leur nature même, semblent échapper à ce cadre. En
effet, l’accent mis sur les représentations conventionnelles nous conduit à introduire conjointement les
dimensions cognitive, collective et normative au sein d’un appareil conceptuel qui privilégie d’ordinaire le
naturel, l’individuel et l’instrumental. En son extrême développement, cette perspective ne pouvait manquer de
rencontrer la question de la totalité envisagée, non pas comme une somme d’individus, mais en tant que porteuse
d’une identité spécifique, inscrite dans une hiérarchie de valeurs.
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !