SUR QUELQUES GRANITES DE PORTUGAL
PAR
E.
JEREMINE
DOCTEUR
ES-SCIENCES
N!.
Birot, professeur_de Géographie àla Faculté des lettres
de Dijon, a étudié
une/
partie d'un important massif granitíque
s'étendant depuis la Irontiere espagnole
sur
80 km de
Iongueursur
les deux bords de la vallée du Mondego. M. Birot s'intéressait
particulierement aux formes de relief et cherchait àexpliquerles
causes physiques, chimiques, minéralogiques ou géologiques des
aires de dépression ou de surélevation
(en
«saíllies») du terrain
observé dans un même massif éruptif,. homogene en apparence.
11
m'a demandé d'examiner au microscope les échantillons
recueillis
par
lui.
Les granites de ce massif ont été déjà étudiés par le
prof. Amilcar de
Jesusdans
la région de Mangualde e)
(entre
le
Mondego et son affluent le Dão, SE. de Vízeu), par Cotelo Neiva
àQueiriga, pres de Vizeu
e)
et par le prof. Duparc pres de Vizeu
(5).
Ces auteurs ont décrit des granites à2 micas, porphyroídes ou
uniformes, àgrain moyen ou àgrain
fino
Fort heureusement
leur
étude comprend des analyses chimiques.
Les échantillons recueillis par le prof. Birot proviennent sur-
tout de la région orientale du massií, àl'endroit ou le Mondego fait
(1) Pegmaiiies mangano-litinlferas da região de Mangualde.
Com.
dos Serv.•Geol. de Portugal, t. XIX, Lisboa, 1933,p. 65 à210.
(2) Jazigos Portugueses de cassiterite et de volframite, Thêse. Porto,
1944,
p. 1à251.
(3) Uber die Wolfram-und Uran-lagerstãiten des atlantischen Rand-
gebirges âes Iber. Halbinsel, Tscherm: Min. u. Petr, Mitt. B. 38,
1925.
196
une boucle de
I'Est
àl'Ouest. Le granite se trouve, en bien
des
points, en eontact avec les terrains siluriens et carboniíêres, les mé-
tamorphise et subit lui-même
des
transformations endomorphiques.
Le granite du
Haut
Mondego
est
généralement porphyroíde,
exceptionnellement àgrain hornogêne, moyen ou
fino
Sa compo-
sition varie
três
peu, Les grands cristaux de microcline (atteignant
jusqu'à 4
cm)
sont accompagnés de plagioclases, albite comprise, de
biotite et de muscovite. Ainsi
ii
est plus intéressant de les grou-
per suivant la structure,
Oranites porphyroi'des
Les granites porphyroídes (Esperança, Lageosa, Guarda,
abrupt de Freixedes, pied de
Jarmelo)
sont blancs àl'état frais,
avec de grands cristaux de microcline laiteux, du quartz vitreux
grisâtre et
des
lames noires et argentées de micas
disséminées
;
ces
roches
ue
portent
pas
d'autres traces d'action mécanique
que
le broyage du quartz
(visible
au microscope seulement),
Les granites
formant
la croüte superficielle d'altération ont
une teinte jaune et paraissent
être
plus riche en muscovite
que
la
roche intacte.
L'étude au microseope montre
des
grands cristaux de micro-
eline àquadrillage de macles caractéristique
sur
la face p, parfois
extrêrnement fines et devenant nettes par places seulement. Le
mícrocline
est
pénétré
par
la microperthite en bandes plus ou moins
larges ou en taches distinctes ou enfin en cristaux réguliers d'albite
àmacles polysynthétiques. Ces grands cristaux englobent en
outre
des
lames de biotite
(PI.
I. Fig. 1.) et de muscovite et de
petits cristaux de plagioclase
(Esperança),
que 1'0n distingue
facilement de l'albite perthitique
par
leur
structure zonée, Ils sont
done antérieurs au feldspath alcalino
Les
plagioclases, ycompris
albite, sont en quantité àpeu prês égale au mícrocline; le centre
de
leurs
cristaux plus caLcique que les bords,
est
séricitisé.
AJarmelo, le plagioclase
est
représenté
uniquement par
des
grou-
pements
~lomeroporphyriques
d'albite qui n'est
pas
séricitisée,
mais renferme, disséminées,
des
lames de muscovite. Cette albite
197
s'est
formée partiellement
par
substitution; en effet, elle entoure
parfois des petites taches de microcline àcontours flous dont
l'orientation optique unique montre qu'elles appartiennent àun
seul
cristaL Le quartz
est
granulitique ou tend à
cette
struc-
ture
(PL
I, fig. 1,
Freixedes),
quand le micrçcline et les pla- .
gioclases l'englobent partiellement. II
est
souvent broyé mais
ne montre pas de déplacement, ni de recristallisation ou d'orienta-
tion;
ii
contient des inclusions, le plus souvent liquides, avec une
bulle gazeuse mobile ou immobile (Jarmelo, Guarda, Lageosa).
Plus
rarement
on y aperçoit des aiguilles de rutile (Lageosa),
Ces granites contiennent régulierement les 2 mícas, La biotite,
d'un brun-sombre, donnant
sur
le rouge suivant ng, forme de belles
lames
(uniaxes),
três
riches en auréoles polychroiques (PI. III, fig. 1)
développées autour de niinuscules inclusions de zircon
(intenses),
parfois d'apatite
(faibles).
La biotite
est
généralement intacte,
parfois pourtant
elle
est
en voie de transformation en chlorite
verte, optiquement négative
(pennine)
qui conserve
les
auréoles
polychroiques et renferme quelquefois des aiguilles de rutile
secondaire
(Guarda,
Freixedes
), Cette chloritisation débute
par
un verdissement de la biotite
(Iumiere
naturelle)
et
une
diminution
de sa biréfringence.
Parmi
les deux micas la biotite prédomine
presque
toujours, la muscovite se rencontre
rarement
en lames
isolées :plus fréquemment elle
est
accrochée en
petites
lamelles
au mica
noir
(PI.
IV, fig.
2)
ou, enfin, les deux minéraux sont
associés àaxes paralleles
(PI.
III,
"fig.
1). La muscovite
d'Espe-
rança
dês
qu'elle
est
incluse
entierement
ou partiellement dans le
plagioclase montre une élégante
structure
micropegmatique avec
le plagioclase en fines dentelles
(PI.
IV, fig.
1),
Dans
le granite
albitique de Jarmelo,
plus
alcalin
que
les autres, la muscovite
est
plus abondante
que
la biotite et les deux micas sont souvent
isotaxiques. Le fait curieux
est
que la muscovite de Jarmelo
contient
des
auréoles polychroiques nettes et réguliêres, avec, au
centre, un
tres
petit
grain
d'un
minéral àfort relief
(probablement
de zírcon)
(PI.
III, fig.
2).
Les
minéraux accessoires de ces gra-
nites porphyroídes sont principalement l'apatite (parfois en
cristaux
atteignant 1,5
mm)
et le zircon, Dans le granite de Jarmelo,
comme
dans
celuí
d'Esperança
les
feldspaths englobent de petits
grains írréguliers et incolores de fluorine.
198
Granites
à
structure
homogene, àgrain moyen
Dans
la vallée de Vascoveiros, au NE de Jarmelo, le granite
devient assez homogene et ne contient
que
que1ques
rares
cristaux
de feldspath un
peu
plus volumineux que les grains du fond de
la roche.
On reconnait au microscope qu'il
est
assez riche en micro-
eline de
deux
générations de taille différente, les
plus
petits
étant
toujóurs inc1us dans les
plus
grands. Le quartz àcontours géomé-
triques,
est
en grands
cristaux
fissurés. Le plagioclase, séricitisé,
est
à30 %d'anorthite au centre, à10 %suivant
les
bords,
Les
deux
micas se grollpent souvent ensemble. La biotite, riche en
auréoles polychroiques,
est
rare;
elle englobe de nombreux cris-
taux d'apatite.
Granites
à
structure
homogene,
àgrain fin
Pres
de Lageosa, le granite porphyroíde
est
coupé
par
des
filons. Le Mondego en
les
traversant s'encaisse, mais
il
s'évase
en aval et en
amont;
l'encaissement
est
probablement àla
structure
compacte, àgrain fin qui donne à la roche l'aspect
presque
aplitique,
bien
qu'assombrie
par
d'abondantes lames de
biotite. On aperçoit dans ce granite quelques grands cristaux
(1,5
cm)
de microc1ine d'un blanc laiteux.
En
plaque
mince la
structure
se révele nettement granuli-
tique.
Des
cristaux
assez nombreux de microc1ine, pauvres en
microperthíte, sont accompagnés de plagioclase à25-30 %d'anor-
thite, souvent bordé d'albite
séricitisée,
La biotite avec
les
auréoles
polychroiques
est
en voie de chloritisation. La muscovite
est
disséminée
en
lames
isolées.
Un
échantilIon pris pres de la
surface,
dans
la croüte d'altération
est
plus jaune d'aspect,
il
con-
tient la biotite parfaitement fraiche, mais le plagioclase
est
plus
trouble
que
celui
d'une
roche plus profonde; une grande quantité
de
séricite
et
d'une
poussiere opaque indéterminable l'obscurcit,
Le feldspath et le quartz sont en outre plus fissurés, ce qui
rend
la roche plus susceptible àIa désagrégation et sa surface plus
rugueuse,
199
Granites pres du contact avec le terrain sédimentaire
L'abrupt de Moimentinha,· se trouve dans une zone ou prédo-
minent les alignements dirigés E-W, caractérisée .par l'abondance
des enc1aves de roches sédimentaires. Le granite change d'appa-
rence; àgrain grossier et uniforme,
il
est souvent três riche en
muscovite. On retrouve les constituants habituels: microcline,
plagioclase
(de
15 à 20 %d'anorthíte), biotite, muscovite. Le mica
blanc
est
nettement plus abondant que dans les gisements précé-
demment décrits, Son origine est certainement métamorphique:
j'ai observé un exemple ou ses lames s'accumulent à la proximité
d'un long (5
mm)
cristal- d'andalousite, faiblement rosé suivant
np, incolore suivant ng; divisé en plusieurs íragments ce cristal
d'andalousite est comme noyé (PI. II, fig.
1)
dans la muscovite,
Par
endroits la muscovite
est
groupée en agrégats ou les lames
sont disposées à axes perpendiculaires, rappelant ainsi la transíor-
mation typique de la cordiérite. Un peu plus loin
du
contact,
legranite,
assez altéré, de couleur jaune-rosée avec des plagio-
c1ases troubles, contient un peu de biotite et beaucoup de muscovite,
en belles lames Iégerement tordues.
11
se trouve au même endroit, probablement dans la zone
bordiere, une roche granitique à grains faiblement orientés, avec
de rares cristaux porphyroídes de. feldspath
(4
mm).
L'étude en
plaque mince montre le microc1ine, pauvre en microperthite, englo-
bant des plagioclases à 30 %d'anorthite, qui se rencontrent aussi
en cristaux isolés et contiennent parfois au contact du microc1ine
des boutonniêres de myrmékite.· Ces cristaux de consolidation
profonde sont entourés de grains beaucoup plus petits et assez
nettement orientés, L'opposition est tellement marquante qu'on
peut traiter cette roche indifféremment comme un microgranite à
gros grain ou comme un granite
àgrain
três
fino
Les grandes
lames de biotite son riches en auréoles polychroiques
..
La musco-
vite produit l'impression d'avoir cristallisé en 2 Iois, d'abord en
belles lafnes bien limítées, ensuite en se développant latéralement
elle s'insinue dans ce cas entre les autres minéraux en bandes ou
en fines dentelles micropegmatiques avec le feldspath. Ce phéno-
mene est probablement d'origíne pneumatolytique. D'autre part
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