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Docteur BOURICHE Riadh
Maître de conférences - HDR en sciences politiques
Adjoint au chef de département chargé de la post-graduation
Président du comité scientifique
Département des sciences politiques, université Mentouri de Constantine
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Titre de la communication :
La bonne gouvernance et la problématique des politiques
économiques et de développement : le cas de l’Algérie
Introduction
En tout cas, la gouvernance devient un concept de plus en plus utilisé dans le monde
politique et académique. Quoique ce mot a une dimension dans ce qui touche à la forme de
l’Etat notamment dans les pays en voie de démocratisation et de développement. En effet, les
programmes d’ajustements structurels et de développement appliqués dans les Etats en
développement parmi lesquels l’Algérie durant les deux dernières décennies, les actions de
construction et de renforcement de l’Etat de droit, plus fréquemment la littérature très
étendue réservée à la « bonne gouvernance » se basent précisément sur l’idée d’un lien global
associant la réforme politique et le développement en général (et surtout la gouvernance et le
développement économique).
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, la notion de gouvernance est au centre
des préoccupations des gouvernants, des gouvernés, ainsi que des organismes au service du
développement. L’Algérie, comme tous les Etats des pays en développement, est appelée à
promouvoir la bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques économiques et dans
les différentes politiques de développement
1
. Une relation positive est-elle reconnue entre la
« bonne gouvernance » et le développement global (économique, social, politique…) ? La
bonne gouvernance est-elle définie comme « luxe » venant consacrer la réussite du processus
de développement à travers différentes politiques? Ce dernier est-il perçu comme processus
prioritaire de transformation des moyens de production en reléguant ou non les réformes
politiques à l’état de promesse du futur ? Par ailleurs, la question pertinente consiste ici à
rechercher les conditions les plus aptes à promouvoir des politiques de développement.
Pour atteindre cette bonne gouvernance dans le cadre d’un développement global, il
est aussi question de se préoccuper des éléments suivants : le risque politique (cela suppose la
régulation permanente du paysage politique et l’amélioration de la gestion politique des
affaires économiques), le risque économique, l’environnement des affaires, la redistribution
équitable du revenu national et la recherche d’une certaine créativité…
Par ailleurs, confrontés aux échecs répétés de ces programmes économiques et de
développement, ces institutions dénoncent le cadre politico-institutionnel défaillant de ces
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Bouriche Riadh, La gouvernance économique en question, Le Quotidien d’Oran N° 4051, 10 Avril 2008, p 07.
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pays et recommandent d’agir sur leur manière de gouverner. Selon elles, ce sont ces
déficiences d’ordre politique qui sont à l’origine de la plupart des problèmes économiques
rencontrés en Afrique, en Amérique Latine ou encore dans les pays de l’Est.
Les institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale) ont en effet pris
conscience que des réformes économiques seules ne suffisaient pas sans le traitement des
questions politiques et sociales, c’est-à-dire qu’un projet économique ne pouvait aboutir sans
une légitimité politique et une efficacité minimum des institutions politiques. Cependant, les
institutions internationales se heurtent au fait qu’elles ne peuvent intervenir dans le champ
politique. C’est la raison pour laquelle elles ont fait appel à la notion de gouvernance pour
éviter de parler de réforme de l’Etat ou de changement social et politique en échappant ainsi
aux accusations d’ingérences dans les politiques intérieures des pays emprunteurs-ajustés.
C’est pour cela qu’on a commencé à parler de la bonne gouvernance en Algérie durant la
dernière décennie 1998-2008, notamment après la fin de l’application du programme
d’ajustement structurel 1994-1998 qui visait des réformes globales et un développement
économique. Enfin, on peut traiter ici une problématique qui tournerait autour de la bonne
gouvernance et la problématique des politiques de développement en Algérie.
I. Premières politiques de développement
Le bilan mené des politiques de développement des décennies 70 et 80 a montré que
l’économique d’Etat s’est développé dans le cadre d’un processus contradictoire :
inadéquation entre dynamique économique (industrielle) et dynamique sociale. Ce processus
est marqué par des stratégies de légitimation politique et sociale qui ont caractérisé l’Etat dans
le cours de sa constitution et de l’appropriation de ses appareils.
Face à la thèse officielle sur les dysfonctionnements du secteur d’Etat industriel, se
positionne celle fondée sur l’inadéquation des dynamiques de ce secteur et développée par
S.P. THIERY et B. HAMEL
2
. Cette thèse officielle situe les dysfonctionnements du secteur
industriel dans la non socialisation du travail comme puissance productive telle qu’exigée par
l’ordre productif objectivé dans l’appareil de production. Elle se résume dans la
reconnaissance que la création et l’élargissement du secteur d’Etat se sont accompagnés de
phénomènes économiques et sociaux contradictoires de 1962 jusqu’au milieu des années
quatre-vingt. Malgré que ce secteur a impul durant cette période une dynamique
économique fort importante, cette dernière s’est développée dans un rapport d’inadéquation
avec la dynamique sociale. Il y a le problème d’output de la politique publique de
développement du pays.
C’est précisément à propos de la question des institutions que S.P. THIERY
3
souligne
le caractère inachevé du redéploiement du secteur public, du fait qu’il s’est heurté à
l’opposition de certaines contraintes sociales. Selon lui, la crise du système productif est une
crise des formes institutionnelles et de régulation économique et sociale, au sens de non
adaptation de la dynamique de la production à celle de la demande sociale. Et il conclut que
dans les affrontements des forces sociales sur la nature des transformations nécessaires à
mettre en œuvre, le capital privé national a su profiter du secteur public.
2
HAMEL B, Economique de l’Etat et socialisation en Algérie, février 1989, p89.
3
Ibid.
3
B. HAMEL rejoint en grande partie la thèse de S.P. THIERY, sauf qu’il précise que
l’économique étatique ne s’est pas caractérisé par un défaut de régulation tant au plan de sa
constitution qu’au plan de son fonctionnement. Cependant, il note que les actions de l’Etat et
celles du mouvement social n’ont pas pu se réaliser pleinement dans une synthèse qui aurait
renforcé la socialisation marchande étatique, précisément parce que le système politique n’a
pas facilité l’émergence et la pratique d’une telle synthèse.
En effet, nous pensons que ces dysfonctionnements sont inhérents, en fin de compte,
au modèle d’industrialisation tant au plan du choix des technologies qu’à celui de réalisation
des projets industriels. C’est la non prise en compte de la dimension sociale de
l’industrialisation et des rapports sociaux à l’œuvre qui distingue l’inadéquation entre
dynamique économique et dynamique sociale, avec des manifestations du passage
contradictoire d’une société principalement paysanne à une société industrielle.
Par ailleurs, cette politique volontariste d’augmenter la demande par un taux
d’investissement appuyé sur une épargne budgétaire tirée d’une situation favorable du marché
pétrolier et un endettement extérieur, a permis de couvrir les dysfonctionnements de ce
modèle de développement. « Mais cette approche naïve de l’industrialisation qui consiste à
contourner les contraintes par le recours à l’extérieur commençait à donner des signes de
faiblesse à la fin de cette étape (...) La conséquence est que le stock de la dette extérieure est
passé de 1 milliard US$ en 1970 à 17 milliards US$ en 1980, soit une multiplication par 17 du
stock en une seule décennie ! »
4
.
Ces dysfonctionnements vont avoir des conséquences graves dans les années quatre-
vingt et les années quatre-vingt-dix parce qu’au lieu de créer les institutions politiques et
économiques capables d’entretenir une croissance économique et sociale soutenue, on a
essayé d’achever un système productif d’Etat et le recours à des services achetés à l’extérieur
par l’endettement.
Au moment ce système a commencé à montrer des signes de faiblesse, il y a eu la
situation favorable du marché pétrolier entre 1979 et 1981. Au lieu de s’attaquer à ces
dysfonctionnements et d’envisager des solutions acceptables dans le cadre d’une
problématique d’indépendance nationale et de révolution sociale, la politique instaurée au
début des années quatre-vingt a réorienté les investissements vers les secteurs non directement
productifs et a déstructuré les entreprises au nom de la restructuration économique. En effet,
elle est toute proche d’un risque réel de rendre encore plus vulnérable la reproduction
d’ensemble, et de faire évaluer l’économie algérienne d’une situation de dépendance vis-à-vis
du marché capitaliste à son intégration dans le système capitaliste. Or, la levée de ce risque
nous semble être liée à l’édification du système productif national et à une libération plus
grande de la dynamique sociale.
II L’ajustement structurel comme politique de développement
Le processus de développement algérien était donc caractérisé à partir du début de la
décennie quatre-vingt par une série de déséquilibres économiques. Cette dernière est relative à
la sous utilisation des capacités de production, à la faible productivité du travail, aux taux de
4
BENBITOUR Ahmed,. L’Algérie au Troisième Millénaire, Défis et potentialités, Editions Marinoor, Alger,
1998, pp23-24.
4
croissance négatifs, à l’inflation, au chômage, au déficit budgétaire, au déficit de la balance
des paiements et au problème de la dette et son service.
Cette crise structurelle et multidimensionnelle sans aucune imagination de politiques
publiques nationales de développement a constitl’obstacle majeur au développement et a
conditionné la stabilité économique, sociale et politique.
Cette impasse, qui s’annonçait durable, n’a pas suscité les réactions adéquates des
pouvoirs publics qui auraient consisen la réarticulation des variables macro-économiques
en conformité avec le nouveau contexte. Cette fuite en avant s’est substituée à la mise en
œuvre des mesures d’ajustement, qui sans doute, laissaient encore à ce moment des marges de
manœuvre assez grandes. L’aggravation de la crise a eu pour conséquences sur le plan
externe, un durcissement des conditions d’emprunt et sur le plan interne, un rétrécissement
des possibilités d’accumulation et des conditions de vie de la population.
Cela a permis de distinguer plusieurs étapes dans la tentative de résolution de cette
crise. L’objectif fondamental ici est d’adapter les structures de l’économie nationale aux
réalités du marché mondial, c’est-à-dire assurer la transition de l’économie administrée vers
l’économie de marché. Il y a donc renoncement aux anciennes structures et légitimation de
nouvelles par la démarche de l’ajustement structurel. C’est pourquoi, les politiciens et les
économistes parlent alors des programmes d’ajustement structurel.
Le programme d’ajustement structurel qui signifie l’ensemble des mesures visant à
transformer les structures de l’économie algérienne a connu un début de mise en application
en 1987. Ces mesures s’articulent dans une démarche qui a sa propre cohérence sur le plan
global. Le saut qualitatif impliqué par ce projet a accru l’étendue de la réflexion et a conduit à
la nécessité de mettre en œuvre des initiatives dans tous les domaines (une doctrine qui
propose des changements structurels et institutionnels fondamentaux). Il a abouti à un large
mouvement de réformes ayant pour enjeu la mutation raisonnée de la société algérienne.
Officiellement, le programme d’ajustement n’est rentré en vigueur qu’en 1994 et a été dicté
par la contrainte du rééchelonnement et par les difficultés croissantes de mobilisation de
nouveaux capitaux. La crise de l’endettement fait émerger alors le FMI comme une institution
incontournable pour assainir la macro-économie.
En réalité, l’ajustement structurel dès lors qu’il s’agit de transformer les structures
d’une économie nationale en l’orientant vers un développement de type orthodoxe, peut
bénéficier d’un appui des institutions financières internationales. L’objectif ici est de tenter de
décrire les principales étapes du PAS en Algérie en clarifiant les caractéristiques de chacune
d’entre elles. Nous en distinguons quatre :
L’étape des tentatives de réformes ou étape des formes nationales 1982/1988 :
structuration organique et financière des entreprises, réduction de l’investissement dans le
secteur public, compression de l’importation…
L’étape des tentatives de réformes ou étape de l’ajustement structurel dans l’évolution
démocratique (1988-1991) : institution, en 1988, de l’autonomie des entreprises publiques
qui devaient être gies par des règles de commercialité, glissement faible et riodique
du taux de change du dinar, compression des importations… Signature avec le FMI d’un
premier accord stand-by le 30 mai 1989 et d’un deuxième accord stand-by le 3 juin 1991
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qui ont insisté sur la nécessité de la participation du secteur privé à l’œuvre du
développement et la suppression du déficit budgétaire…
L’étape d’interruption des réformes et de tentation d’ajustement hétérodoxe ou étape de
l’ajustement sous l’Etat d’urgence (1992-1993) : une tentation éphémère d’ajustement
hétérodoxe surgit avec le gouvernement de Belaid ABDESLAM qui revendique
l’économie de « guerre » ou l’économie dite « roumaine » comme outil de
développement, avant que la politique économique ne verse dans un structuralisme
orthodoxe… L’idée qui semble sous tendre l’interruption des réformes entamées en 1988-
1991, est que l’Algérie peut selon les auteurs de cette décision, faire face à la charge
écrasante de la dette extérieure en inscrivant sa stratégie de développement dans un axe
essentiel, à savoir l’utilisation maximale des capacités nationales pour exporter plus et
importer moins. Dans cette perspective, le programme du gouvernement a été
principalement axé sur la priorité à l’investissement dans le secteur des hydrocarbures et
le contrôle de la masse monétaire…
L’étape de la reprise des réformes de stabilisation ou étape du commencement de
l’ajustement structurel conditionnel (1994-1995/98) : l’accord de stand-by de 1994/95 est
donc considéré comme le premier accord de rééchelonnement de la dette publique
algérienne. En effet, le rééchelonnement est justifié : l’Algérie a été d’une part un pays
débiteur présentant l’imminence d’un défaut de paiement (une balance des comptes
courants déficitaire à plusieurs reprises) et a accepté d’autre part l’adoption d’un
programme d’ajustement économique sous l’égide du FMI. Enfin ayant exécuté avec
rigueur ce programme économique, l’Algérie obtient un nouvel appui du FMI par le biais
d’un programme dit « facilité élargie » de trois ans 95/98. Ce programme, qui requiert des
mesures de libéralisation et de réformes économiques prolongées, va permettre à ce pays
de placer ses efforts de développement dans un contexte de long terme.
Dans le cadre du développement économique global, le programme d’ajustement
structurel et de stabilisation macro-économique appliqué entre 1994 et 1998 sous l’égide des
conditionnalités du FMI, tournait autour des réformes de la politique budgétaire, de la
politique monétaire, de l’ajustement du taux de change à travers la dévaluation, de la politique
des prix, de la diminution de l’inflation et de la limitation de la récession, de la balance des
paiements et de la gestion du service de la dette, de la privatistion et de l’élimination
progressive des entreprises publiques, de la libéralisation du commerce extérieur, de
l’attraction de l’investissement étranger, de la révision du système de protection sociale et du
désengagement de l’Etat de l’économique…
Au terme de ces quatre années de mise en œuvre d’un programme de stabilisation et
d’ajustement, il n’est pas sans intérêt d’évoquer les résultats macro-économiques atteints par
l’économie algérienne et de s’interroger sur leurs effets en ce qui concerne le développement
des secteurs économiques et des services publics. C’est ce qui nous amène à dire qu’il y a eu
un rétablissement des équilibres macro-financiers : ces politiques de rigueur monétaire et
budgétaire ont conduit à comprimer l’inflation (30 % à moins de 3% entre 1994 et 1999), à
réduire notablement le déséquilibre de la balance des paiements et atténuer fortement le
déficit budgétaire et à reconstituer des réserves de change à un niveau jamais égalé
auparavant… Tout cela a pu être obtenu au prix d’une réduction drastique de la demande
interne et de facteurs exogènes ponctuellement favorables (hausse des prix des hydrocarbures
sur le marché mondial, appréciation du dollar américain).
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