Monsieur B vit avec sa femme dans un appartement, elle me dit alors qu’elle
s’occupe seule de lui et qu’elle a seulement une femme de ménage qui vient deux
heures par semaine.
Le bilan biologique et la radiographie thoracique confirmant mon hypothèse
(hyponatrémie, NT pro BNP à 20 000 et majoration de son insuffisance rénale à 220
micromoles), un traitement par Lasilix 80 mg en IV est alors débuté et le patient est
transféré à l’UHCD pour surveillance et poursuite du traitement.
Je suis alors allée informer sa femme qui finit par se confier à moi, elle est extenuée,
elle n’a pas d’aides, ses enfants vivent à l’étranger elle ne sait plus comment faire,
par moments, son mari lui fait peur, elle sait bien que cela est dû à la maladie mais
elle-même s’est fait opérer d’un cancer du sein et n’arrive pas à récupérer.
De plus, elle me raconte que son mari prend lui-même ses traitements, qu’il fait
n’importe quoi et que lorsqu’elle veut les lui donner il est violent.
Je lui explique que de toute façon, il sera hospitalisé pour sa pathologie cardiaque et
qu’il faudra mettre en place lors de cette hospitalisation des aides aussi bien pour le
bien du patient que pour le sien.
J’ai essayé d’apporter un peu de soutien à cette femme que je sentais à bout
nerveusement et physiquement mais malheureusement aux urgences, ce temps fut
probablement trop court à cause de l’afflux de patients.
Le lendemain, le patient s’était déjà amélioré cliniquement grâce aux traitements
diurétiques et il a été transféré dans l’unité gériatrique aiguë de l’hôpital Ambroise
Paré.
ANALYSE DES PROBLEMATIQUES POSEES PAR LA SITUATION :
Cette situation s’est avérée complexe non pas pour la prise en charge de la
pathologie aiguë mais dans la relation avec le patient ainsi qu’avec sa femme (sa
détresse me montrera à quel point j’étais inexpérimentée au sujet des différentes
aides possibles dans la maladie d’Alzheimer)
Pour finir, lors de cette garde du mois d’Août, j’ai également pu voir mes limites
physiques et probablement mentales. En effet, le manque de vacances (qui n’étaient
que fin septembre et l’enchainement des gardes aux urgences mais également
parfois le manque de reconnaissance du travail fourni me rendaient irritables et
beaucoup moins patiente. Pour la première fois en 2 ans d’internat, j’avais
l’impression qu’il était de plus en plus difficile pour moi d’aller travailler (l’envie d’aller
travailler..). Ce sentiment était également ressenti par la majorité de mes co-internes.