World Climate
Négocier un accord global sur le climat avec le simulateur de politique climatique C-ROADS
Professeur John Sterman / MIT Sloan School of Management
CONFIDENTIEL
Briefing pour les prochaines négociations climatiques
A: Négociateurs des pays émergents à la conférence des Nations unies sur le changement climatique
OBJET: Objectifs des négociations
Vous représentez les pays dont les économies se développent rapidement (Chine, Inde, Afrique du Sud, Mexique, Brésil,
Indonésie) lors des prochaines négociations sur le changement climatique.
La science la plus sérieuse a montré les réels et très sérieux risques que pose le changement climatique. Nos pays cherchent à
négocier un accord global pour limiter les émissions en gaz à effet de serre (GES) et les risques qui en découlent. Mais nous
cherchons aussi à obtenir le meilleur résultat pour nos économies et nos intérêts nationaux. En plus des bénéfices
environnementaux, arriver à un accord pour limiter le changement climatique aurait des avantages politiques pour nos pays, en
particulier lors des négociations sur le commerce avec les nations développées ainsi que pour obtenir des financements qui nous
aideraient à nous développer sans énergies fossiles. Nos économies connaissent une croissance rapide et nous émergeons comme de
nouvelles superpuissances. Cependant, notre niveau de vie est bien inférieur à ceux des Etats-Unis, de l'Union européenne et des
autres pays développés. Nos peuples, comme tous les peuples, veulent vivre dans environnement sain, mais veulent aussi
augmenter leur niveau de vie.
Comme nous l'avons appris lors des précédentes conférences sur le climat, les nations développées nous pousserons à réduire nos
émissions car nos populations sont nombreuses et augmentent rapidement, mais aussi car nos économies ainsi que nos émissions
croissent plus rapidement que les leurs. Cependant, le taux d'émission par personne dans les pays riches est bien plus élevé que le
nôtre (le taux d'émission par personne aux Etats-Unis est 12,5 fois plus important qu'en Inde!). Ainsi, tout accord qui ferait porter
sur nous le plus grand fardeau pour limiter le changement climatique n'est pas acceptable.
Les pays développés ressentent et craignent le rapide développement économique que nous apprécions finalement aujourd'hui. Ils
pensent qu'ils peuvent utiliser un accord sur le changement climatique pour ralentir notre croissance, limiter les marchés pour nos
produits et contenir notre influence diplomatique, militaire et économique.
Les pays développés ont initié la crise climatique et doivent assumer la responsabilité de leurs actions passées. Environ 75% du
CO2 relâché par combustion d'énergies fossiles, depuis le début de la révolution industrielle, provient des pays développés. Ces
pays ont utilisé cette énergie pour construire leurs économies et enrichir leurs populations, souvent en exploitant nos ressources
naturelles.
Nous sommes prêts à prendre notre part de responsabilité, mais les pays riches doivent s'accorder sur des actions significatives à la
hauteur de leurs contributions à ce problème. Ils doivent aussi fournir les financements et la technologie pour nous permettre de
développer et de décarboner nos économies. Nous ne pouvons et nous ne voulons pas payer le prix de leurs émissions passées.
Nous devons souligné le fait que le changement climatique va aussi heurter les pays développés et qu'il est aussi de leur intérêt de
faire plus. Les dernières études, dont le rapport bipartite « Risky Business », signé par des secrétaires au Trésor américain des deux
bords, montrent que les coûts de l'inaction sont élevés alors que la plupart des régions des Etats-Unis bénéficieraient d'une politique
de réductions des émissions. De son côté, le rapport du GIEC (AR5) souligne que le changement climatique frappe d'ores et déjà la
planète et que, sans réductions drastiques des émissions, les conséquences n'en seront que beaucoup plus graves.
Nous avons, aussi, l'opportunité de limiter nos émissions de GES à travers le programme REDD (Réduction des Emissions
résultant du Déboisement et de la Dégradation des forêts). Les pays en développement, dont les nôtres, possèdent les principales
forêts tropicales et, malheureusement la déforestation y est substantielle. Les programmes pour protéger les forêts peuvent réduire
notre contribution aux émissions en CO2. Nous devons être autorisé à compter nos efforts en reforestation (en plantant des arbres
dans des zones précédemment déforestées) en regard de nos objectifs d'émissions sur lesquels nous nous accordons dans les traités.
Sur le verso de cette page, vous trouverez des données qui peuvent vous être utiles dans vos négociations. Bonne chance !
Préparé par John Sterman, [email protected], dernière modification août 2014. www.climatinteractive.org/worldclimate
Traduction : Laurent Richard, [email protected] / www.albedoclimat.org
Le graphique ci-dessous montre les émissions de CO2, par personne, issues de l'utilisation énergétique
(principalement les énergies fossiles) dans le Monde et dans certains pays et régions. Les pourcentages précisés
indiquent l'évolution des émissions pour la période 1980-2010. Depuis 1980, les émissions en CO2 par personne, aux
Etats-Unis et en Europe, ont respectivement diminué de 14% et 18%, alors que celles de la Chine et de l'Inde ont
augmenté respectivement de 313% et 240%. Cette croissance des émissions, dans ces pays, s'est rapidement accélérée
lors de la dernière décennie. De plus, les populations des pays émergents et en voie de développement augmentent de
façon beaucoup plus rapide que celles des pays développés.
Emissions de CO2 par personne issues des énergies fossiles (en tonnes)
Le graphique ci-dessous montre les émissions cumulées de CO2, issues des énergies fossiles, de 1900 à 2010. La
grande majorité de tout le CO2 relâché dans l'atmosphère, pendant cette période, provient des nations développés de la
planète (environ 80%). Par conséquent, ces pays sont les premiers responsables du réchauffement observé jusqu'à
aujourd'hui. Selon le scénario « Business As Usual » (GIEC RCP8.5), la part des émissions cumulées de nos pays va
augmenter jusqu'à la fin de ce siècle. Cependant, les émissions cumulées des pays développés représenteront toujours
plus de la moitié du total en 2050, et à peu près 45% en 2100. Comme la durée de vie du CO2 dans l'atmosphère est
d'environ 100 ans, la plus grande partie du réchauffement, de l'élévation du niveau de la mer, ainsi que des autres
conséquences du changement climatique auxquelles nous aurons à faire face lors de ce siècle, seront dues aux
émissions des pays riches.
Emissions cumulées de CO2 liées à l'utilisation des énergies fossiles (GtCO2)
1 / 2 100%