I. L`Europe c`est d`abord une mosaïque d`Etats

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Chap. 2 : de l’Europe des Etats vers une Union Européenne ?
L'Europe, c'est 200 groupes ethniques différents, donc une mosaïque humaine mais
aussi politique : des micro-États comme le Vatican, Monaco ou des géants européens
comme l’Allemagne ou la France ; des régimes républicains ou monarchiques ; des
Etats aux importantes façades maritimes ou complètement enclavés comme la
Hongrie ou la Suisse…
Comment expliquer le morcellement politique de l’Europe ?
Existe-t–il de grands ensembles géopolitiques européens ?
I. L'Europe c'est d'abord une mosaïque d'Etats
1.
Un continent morcelé en 47 états souverains
(carte à compléter)
- 23 états en 1914 Ł 50 en 2009 ! C’est un Héritage de l'Histoire.
- le continent européen s'est fragmenté au cours du XXème siècle, à l'image de
l'Empire austro-hongrois qui est aujourd'hui partagé entre 12 états. (livre et
questions p 34 –35)
- On s'est acheminé vers une concordance entre groupes nationaux et états :
c'est la naissance des Etats Nation*.
- Cependant aucun état européen ne présente une véritable homogénéité de ses
peuples, il existe partout des minorités qui ont des revendications (avec plus ou
moins de violence) nationales et qui réclament plus de droits ou une entité
territoriale (les basques…).
Trois grands ensembles culturels européens se distinguent :
- Si au Nord et à l'Ouest, on trouve des Etats nations de taille moyenne constitués
depuis longtemps, Etats aux frontières stabilisées de longue date.
- L'Europe centrale, (orientale et balkanique, les PECO) s'est donc construite plus
récemment et reste marquée par l'instabilité de ses frontières au cours des siècles
suite aux différentes dominations (autrichienne, allemande, soviétique...). Ces états
restent aussi fragiles de par les mosaïques ethniques qu'ils constituent encore, ex:
la Croatie (voir livre p 36) et le problème des minorités nationales.
- A l'Est, la Russie continue de dominer la région et étend son influence
essentiellement au pays de la CEI (ces peuples ont le même passé et ont une culture
très proche, ils sont aussi dépendants énergétiquement).
2. 1989 : un tournant géopolitique pour l'Europe
(carte à compléter)
Ł Depuis 1945, l'Europe est en paix mais elle entre dans un monde bipolaire, l'Europe se
retrouve divisée en deux camps autour desquels les états européens s'unissent :
- L'Europe de l'Ouest qui suit le modèle américain et adopte des régimes
libéraux capitalistes et forment l'OTAN (organisation du Traité de
l'atlantique nord : coopération militaire)
- L'Europe de l'Est qui doit suivre le modèle de l'URSS adopte des démocraties
populaires et entrent dans le pacte de Varsovie.
- Entre les 2 : le rideau de fer sépare les 2 Europe
- états neutres
Ł 1989 : la chute du mur du Berlin relance le morcellement de l'Europe, avec la chute
du système communiste et l'éclatement de l'URSS, puis c'est le tour de la Yougoslavie
et la dislocation de la Tchécoslovaquie en 1993.
- Apparition de nouveaux Etats indépendants et de nouvelles frontières se
dessinent.
Tandis qu'à l'Ouest, l'Union Européenne toujours + grande poursuit son agrandissement et
attire de plus en plus ces nouveaux états indépendants.
II. L'Union Européenne : vers une Europe Continent ?
1. Les grandes étapes vers l'UE, sa construction : p 48 et 49
a. Les origines :
Victor Hugo est le 1er a lancé l'idée des Etats Unis d'Europe, mais il faudra
attendre 2 guerres mondiales pour qu'elle aboutisse vraiment.
Elle est née, après la 2nde GM, de la volonté de quelques hommes : J. Monnet, R.
Schumann et C. Adenauer qui veulent construire une paix durable en Europe par
l'union, mais ils souhaitent aussi sortir de la dépendance Américaine ou Soviétique.
1ère étape : 1951, le traité de Paris crée la CECA (communauté économique du
charbon et de l’acier) entre la France, la RFA, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas
et l’Italie. Naissance de l'axe Franco-allemand et d'une union économique.
2ème étape : 1957, le traité de Rome donne naissance à la CEE formée autour des
mêmes 6 états. Union qui s'élargira ensuite régulièrement.
b. Les différents élargissements : (voir fiche)
1957 : date d'adhésion sur la carte
1973 : entrée du RU, Irlande, Danemark dans la CEE
1981 : Grèce
1986 : Espagne et Portugal
1990 : entrée de l'Allemagne de l'Est grâce à la réunification
1995 : Autriche, Finlande, Suède : c’est l’Europe des 15
2004 : 10 nouveaux membres : Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Tchéquie,
Slovaquie, Hongrie, Slovénie, Malte et Chypre.
2007 : Roumanie et Bulgarie
En attente d'adhésion : Turquie, Croatie, Islande…
Pays ayant refusé l'adhésion : Suisse, Norvège
2. Quels buts pour cette nouvelle Europe ?
Quelques grands textes en fixent les modalités :
1957 : la signature du traité de Rome affirme la création de la CEE et d’
Euratom (Europe de l’énergie atomique). L'objectif était d'établir la libre circulation
des marchandises, des services, des capitaux et des personnes et de créer un
marché commun.
Il faudra attendre 1986 et l'Acte Unique adopté par l'Europe des 12, pour
relancer l'idée d'un marché commun qui supprimerait les frontières, il doit entrer en
vigueur en 1993 et donne naissance à un espace communautaire où personnes,
marchandises… peuvent circuler librement.
L'espace Schengen constituant un 1er pas en 1985.
fév.1992 : le traité de Maastricht crée l'UE et il élargit le champ d'action de
l'Europe (hors du domaine économique). Il prévoit ainsi la création :
€
- d'une monnaie unique européenne : l'€uro (Euroland : 16 pays au 01 01 2009)
d'une banque centrale européenne : Francfort (« Mainhattan » ou « Bankfort »)
d'une citoyenneté européenne (même passeport dans toute l'UE)
d'une défense commune : l'Eurocorps
mise en place d'une union politique, d'une politique étrangère et de sécurité
commune (PESC)
mise en place d'une équivalence des diplômes (programmes Comenius et Erasmus
d'échanges d'étudiants)
fév. 2001, le traité de Nice adapte les institutions européennes à
l'élargissement de l'Union à 25 puis 27 en 2007.
oct. 2004, échec de la Constitution européenne (suite au Non français et
néerlandais)
oct. 2007 Traité de Lisbonne, relance mise d’abord en échec par le Non Irlandais puis
relancée effective avec le OUI d’octobre 2009.
Les différents élargissements de l'Union Européenne
Les Institutions de l’Union Européenne
Quel scénario pour l’Union Européenne de demain ?
3. Quel fonctionnement pour cette Union ?
Les principales Institutions (voir schéma) :
•
Le Conseil européen réunit tous les 6 mois les chefs d’Etat et de gouvernements
qui fixent ensemble les grandes orientations de la politique européenne.
•
En fonction de ces orientations, la Commission européenne, à Bruxelles, prépare et
propose des projets ainsi qu’un budget.
•
Ces propositions sont étudiées et modifiées par le Parlement européen de
Strasbourg qui donne son avis. On y trouve des députés élus au SU direct pour 5
ans ; le nombre de représentants par Etat est proportionnel au poids
démographique et économique de chaque pays membre : 32 sièges actuellement.
•
Mais c’est le Conseil de l’Union (ou conseil des ministres) qui, généralement,
adopte les textes tandis que la Commission veille à leur exécution.
•
La cour de justice européenne qui siège à Luxembourg est chargée de faire
respecter le droit communautaire.
•
La BCE, Banque Centrale Européenne de Francfort
Ces deux articles de presse doivent vous aider à trouver des arguments pour et contre l’adhésion de la Turquie dans l’Union Européenne.
- 1) Le 16 décembre 2004, le quotidien français Le Figaro analyse les arguments favorables et défavorables d’une éventuelle adhésion de la Turquie
à l’Union européenne.
POUR OU CONTRE L’ADHÉSION : CINQ QUESTIONS EN DÉBAT
Si la Turquie devient, dans dix ou quinze ans, membre de l’Union européenne, l’Europe ne sera plus la même. Voici l’un des rares points de consensus
entre les pro et les anti-Ankara. Le choc d’une telle adhésion devrait être culturel, économique, institutionnel et politique. Si certains se félicitent à
l’avance d’un possible « big bang », d’autres le redoutent. Le débat entre partisans et adversaires de l’adhésion turque porte sur cinq arguments
principaux.
- La Turquie est-elle un pays européen ?
Seuls les historiens, en remontant au plus tôt à Byzance où à l’apogée de l’Empire ottoman, peuvent affirmer que la Turquie est européenne. Les autres
ne cherchent pas vraiment à soutenir cette assertion. Le premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, fervent partisan d’une adhésion d’Ankara,
confesse lui même que « l’héritage culturel » du pays - majoritairement musulman bien que laïque - est « différent ». C’est là précisément que se noue le
conflit entre les anti et les pro-Turcs. « L’adhésion représenterait un formidable accélérateur pour une islamisation de l’Europe, qui perdrait alors sa
nature, ses racines et sa culture », estime l’eurodéputé du FN, Jean Marie Le Pen, qui reproche également à la Turquie de ne pas respecter les critères
politiques de Copenhague. Certains pointent notamment du doigt le risque d’une importation, dans l’UE actuelle, du terrorisme islamiste. Cette vision
« passéiste » de l’Europe est critiquée par les partisans de l’adhésion, estimant que l’Union n’a pas vocation à être un « club chrétien ». L’adhésion turque
est alors vécue comme une possibilité d’enrichissement. « Nous avons là une formidable opportunité de montrer que la lutte contre le terrorisme n’est pas
une lutte contre l’islam », juge le vice-président du groupe des Verts, Dany Cohn-Bendit.
- L’adhésion turque est-elle un facteur de stabilité ou d’instabilité dans la région ?
Après l’adhésion, l’Union européenne aurait comme nouveaux voisins, l’Arménie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, la Syrie, l’Irak et l’Iran. Cette simple
perspective déclenche des sueurs froides chez ceux qui sont hostiles au processus ; elle est vécue comme une opportunité politique chez les partisans. Les
premiers craignent que les relations difficiles qu’entretient Ankara avec certains de ses voisins soient une source d’instabilité. C’est le cas notamment
avec la Syrie et l’Arménie, avec qui elle a fermé sa frontière terrestre. Par ailleurs, la Turquie continue à s’opposer à nombre de déclarations européennes
formulées dans le cadre de la politique extérieure et de sécurité commune (PESC). Une fois membre de l’UE, elle pourrait être amenée à bloquer des
initiatives européennes de politique étrangère (décidés à l’unanimité), qu’elle estimerait contraire à ses intérêts. À l’inverse, les pro-adhésion estiment
qu’une Turquie démocratique et pleinement laïque permettra de contenir les extrémismes et d’exporter les valeurs de l’Union. « Si l’on compare la
Turquie à l’Iran d’aujourd’hui, mieux vaut l’avoir dans l’UE qu’en dehors », résume le vice-président socialiste du Parlement européen, Pierre
Moscovici. Entre angéliques et catastrophistes, la Commission européenne adopte une analyse médiane : « L’adhésion de la Turquie pourrait contribuer
à stabiliser la zone de conflits qu’est le Moyen-Orient, mais elle ferait entrer l’UE en contact plus direct avec les difficiles problèmes politiques et de
sécurité de la région »...
- La Turquie fera-t-elle la loi dans l’Union européenne ?
Avec ses quelque 86 millions d’habitants en 2020, selon les projections de l’ONU, la Turquie deviendrait, au moment de son adhésion, le pays le plus
peuplé de l’Union européenne. Ce choc démographique devrait se traduire par « un équilibre politique dominé de façon marquée par Ankara », écrivent
des experts du ministère français des finances. Aux yeux des anti-adhésion, cette influence serait disproportionnée, au risque de la paralysie. Ils craignent
ainsi une dilution du pouvoir de l’Union. A l’inverse, les pro-adhésion relativisent le phénomène. Le fondement de la querelle réside dans la nouvelle
Constitution européenne qui confère plus d’influence aux pays fortement peuplés. Si la Turquie a un nombre de commissaires européens équivalent à
celui des autres pays, elle enverra, en revanche, le plus grand nombre de députés à Strasbourg (environ 80) et disposera d’une majorité relative de voix au
Conseil. « Elle serait en mesure de bloquer 76,5% des décisions, contre seulement 55,7% pour la France », écrit Frédéric Bobay, du ministère des
Finances. Ainsi, Ankara deviendrait le pivot essentiel de toute coalition. « À eux seuls, ils ne pourront faire la musique », tempère néanmoins le président
de l’Institut universitaire européen, Yves Mény. En guise de soupape de sécurité, la Constitution prévoit, en effet, que toute minorité de blocage doit
réunir au moins quatre Etats membres.
- Faut-il craindre une immigration massive ?
Plusieurs partis agitent l’épouvantail de l’immigration. L’adhésion turque, disent-ils, conduira à un flux important de travailleurs turcs sur les marchés du
travail de l’Union, provoquant un dumping social. Les pays les premiers visés seraient l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et l’Autriche. Mais les
experts restent divisés. Un groupe de travail indépendant conduit par l’ancien président finlandais, Martti Ahtissari, évoque le chiffre de 2,7 millions
d’immigrants sur le long terme, soit 0,5% de la population de l’Union. D’autres études oscillent dans une fourchette de 0,5 à 4 millions d’immigrants
d’ici 2025-2030. Avant l’adhésion espagnole et portugaise, des craintes similaires avaient été soulevées. Elles s’étaient finalement révélées infondées. La
Grande-Bretagne, la Finlande ou la Suède considèrent même que la pression migratoire résultant d’une adhésion représente une opportunité, alors même
que les pays européens souffriront bientôt de vieillissement démographique. Ces Etats membres s’opposent d’ailleurs à l’instauration d’une clause de
sauvegarde qui permettrait à tout pays de l’Union de fermer de manière permanente son marché du travail aux travailleurs turcs.
- L’adhésion turque coûtera-t-elle trop cher aux contribuables européens ?
Un pays de 80 millions d’habitants, dont la richesse représente moins de 30% de celle de l’Union à vingt-cinq aura forcément besoin de beaucoup
d’argent, pour se mettre à niveau. Trop d’argent, estime l’ancien commissaire à l’Agriculture, Franz Fischler, alors que de nombreux pays veulent faire
des économies : 11,3 milliards d’euros rien que pour l’agriculture, soit autant que le coût d’accession des Dix. « La Turquie aurait des grandes difficultés
à mettre en place la politique agricole commune sans l’affaiblir », affirme l’ancien responsable autrichien. Il faut ajouter à cette somme les fonds de la
politique de cohésion, qui devront être mis à contribution, à hauteur probablement de 10 milliards d’euros par an. De quoi bouleverser la politique
budgétaire de l’UE. Mais là encore, d’autres experts démentent ces cassandres. Selon le Centre d’études politiques européennes, la somme à débourser
pour la Turquie à partir de 2020, représentera 0,2% seulement du PIB communautaire, soit l’équivalent de 4 euros par mois pour chaque citoyen
européen. « Une somme tout à fait gérable pour le budget de l’Union », estime le Centre. Mais beaucoup de ces prévisions relèvent de la politiquefiction. Le coût de l’adhésion turque ne pourra être véritablement chiffré qu’à l’occasion de la négociation des perspectives financières 2014-2021.
Aujourd’hui, les Vingt-Cinq se contentent - péniblement- de discuter de la période 2007-2013...
AVRIL, Pierre, Pour ou contre l’adhésion : cinq questions en débat, dans Le Figaro. 16.12.2004, p. 4.
- 2) Dans un entretien au Monde, le 22 octobre 2004, le premier ministre turc défend pied à pied la candidature d’Ankara à l’Union et s’inquiète des
termes du débat en France. « Si l’Europe est un ensemble de valeurs politiques, alors la Turquie doit en faire partie ».
M. ERDOGAN : « CE QUE LA TURQUIE APPORTE À LA FAMILLE EUROPÉENNE »
- Qu’attendez-vous de votre visite en France ? Etes-vous venu à Paris pour tenter de convaincre une population française majoritairement
hostile à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne ?
Nous avons, en effet, un peu de mal à comprendre le pourquoi de tous ces débats en cours en France sur le thème de la candidature turque à l’Union. De
notre côté, nous sommes sereins. Pour nous, notre avenir européen n’est pas un sprint, mais plutôt une course de fond. Quand j’entends tout cela, je
m’interroge. Aurait-on tout oublié ? Y compris le fait que nous partageons beaucoup de points communs et de liens avec la France, tant au niveau
politique, culturel qu’économique ou commercial, voire militaire. La France n’est-elle pas l’un de nos principaux investisseurs ? Le processus que nous
menons avec elle en vue de notre adhésion ne date pas d’hier. Tout au long de celui-ci, ce pays a toujours été là, nous apportant son soutien. Il ne faut pas
perdre de vue que la Turquie est un Etat de droit, social, démocratique et laïque, vivant en harmonie avec l’Europe tout en faisant partie du monde
musulman. N’est-elle pas le meilleur atout de l’Europe pour qu’une forme de conciliation puisse se réaliser ? Si l’Union européenne n’est pas un club
chrétien, si elle n’est pas une simple entité économique mais un ensemble de valeurs politiques, alors la Turquie doit en faire partie.
- Comment expliquez-vous ce hiatus entre l’opinion française et ses gouvernants ? Y a-t-il eu un manque de pédagogie ?
Le 17 décembre, ce n’est pas l’adhésion de la Turquie qui sera sur la table mais la question du début du processus de négociations. Durant ce processus,
la Turquie devra accomplir les tâches qui lui incombent, remplir les critères de Copenhague et aussi ceux de Maastricht. Ça n’est qu’après tout cela que
l’adhésion sera vraiment à l’ordre du jour. Jusqu’à présent, nous avons fait des pas résolus pour voter toutes les lois d’harmonisation, nous entendons
poursuivre dans cette voie. Je vous assure que nous allons garder la même détermination, le même sérieux, pour ce qui est de leur mise en application. La
Turquie a rempli les critères de Copenhague, dans le cadre des promesses écrites et des engagements écrits pris à son égard. Or, dans les relations entre
États, le respect des engagements pris n’est pas une mince affaire. De notre côté, nous avons fait ce qui nous avait été demandé de faire, et même au-delà,
puisque nous avons rempli une série de conditions que des pays, d’ores et déjà membres à part entière, n’ont pas remplies. Nous avons fait notre devoir.
Maintenant c’est au tour des pays membres de faire le leur. Le 17 décembre sera un test pour l’Union européenne. Elle peut le réussir, ou non. Dans la
seconde hypothèse, nous changerons le nom des critères de Copenhague pour les rebaptiser "critères d’Ankara" et nous poursuivrons notre chemin. Ce
que nous visons avant tout, c’est de construire un monde où c’est la paix qui sera globalisée. Nous devons le faire tous ensemble, entre gens de
différentes croyances, convictions, et de divers horizons. Oui, j’ai du mal à comprendre pourquoi le peuple français a peur de la Turquie. Le monde
d’aujourd’hui ne connaît pratiquement plus de murs. Plus les murs s’écroulent, plus une chose devient évidente : il est impossible de concilier démocratie
et repli sur soi.
- Les critères de Copenhague ont fait l’objet de nombreuses lois mais toutes ne sont pas appliquées.
Appliquer les lois d’harmonisation du jour au lendemain n’a jamais été fait par aucun pays. Pour les mettre en œuvre, c’est certain, il faudra un
changement des mentalités. Cela prendra du temps mais c’est ce que prévoit le processus de négociations. Vous souvenez-vous du processus
d’intégration de la Grande-Bretagne ? Il a duré onze ans et demi ! De plus, ce pays a essuyé par deux fois un veto. Prenez l’Espagne ! Combien de
temps ? Sept ans et demi. Et le Portugal ? Huit ans et demi ! Nous savons bien que, pour nous non plus, le processus ne sera pas rapide ! Je vous rassure,
nous avons tout de même commencé à mettre en œuvre ces réformes, nous continuerons à le faire. La Turquie est désormais tout à fait prête à passer le
cap. L’ensemble de la classe politique, tant la majorité que l’opposition, est pour. Notre approche est sincère, mais nous devons pouvoir trouver la même
sincérité chez nos interlocuteurs européens.
- L’OCDE cite trois lacunes qui risquent de peser sur l’avenir économique du pays : le manque de confiance en la stabilité politique et
économique du pays, la corruption et le poids du secteur informel dans l’économie. Partagez-vous cette analyse ?
Je ne suis pas tout à fait d’accord, surtout à propos du manque de confiance envers la stabilité. Le pouvoir en place en Turquie est extrêmement solide.
Cela favorise la confiance et la stabilité sur la scène intérieure et extérieure. La hausse des investissements étrangers et intérieurs - 20 milliards de dollars
ces derniers six mois, un record dans l’histoire de la République ! - en est la preuve. Et la maîtrise de l’inflation, descendue en dessous des 10 %
aujourd’hui contre 34 % avant le 3 avril 2002 ? Et notre taux de croissance ? Nous prévoyons 10 % pour 2004, ce qui nous place en tête des pays
membres de l’OCDE. La corruption ? Nous sommes précisément en train de mener une lutte formidable contre ce phénomène. Tous ces réseaux sont en
voie d’effondrement. Toutes les institutions mêlées à ce genre de pratique par le passé sont en ce moment passées au crible. Et cela est possible
uniquement parce que nous avons adopté des lois pour cela.
- Dans sa recommandation du 6 octobre, la Commission européenne prévient que le processus de négociations ne débouchera pas forcément
sur l’adhésion et précise qu’il peut être interrompu à tout moment. Que pensez-vous de ces réserves ?
Jusqu’à maintenant, aucun pays ne s’est vu octroyer un processus de négociations dont l’objectif reste dans le vague. Si les négociations peuvent durer
longtemps, elles ont forcément une date d’aboutissement. Pourquoi négocierions-nous sinon ? Cette assurance a déjà été donnée à la Turquie. Nul n’a le
droit de transformer cela en une sorte de sac à malice dont on peut sortir n’importe quoi. Nous ne demandons aucun privilège. Nous avons simplement à
l’esprit tout ce que la Turquie est à même d’apporter à la famille européenne. Il s’agit d’une rencontre des civilisations. Nous en avons tous besoin. Nul
n’a intérêt à ce que l’humanité devienne la victime ou l’otage du terrorisme. Or cette lutte, nous devons la mener ensemble. C’est à ce prix que nous
réussirons.
M. Erdogan, Le Monde, 22 octobre 2004, n° 18 581 p.2
4. Quel avenir pour l’UE ? Elargir ou approfondir ?
doc 5/7 p 52
Il reste de nombreux défis à relever :
Réussir l'élargissement à l’Est doc 10/11 p 53
- Même si pour intégrer l'Union, les dix pays candidats retenus pour 2004 ont dû remplir des
conditions d'équilibre économique et de démocratie très strictes, des inquiétudes
apparaissent :
L’intégration des pays de l’Est ne sera-t-elle pas trop coûteuse pour les 27 ? Craintes
que l'élargissement vers l'Europe centrale et orientale absorbe l'essentiel des aides
communautaires.
La concurrence de la main-d’œuvre d'Europe centrale ne fera-t-elle pas croître le
chômage ? Ex : du plombier polonais.
- Pour d'autres, l'élargissement est un devoir envers ces pays si longtemps isolés au-delà du «
rideau de fer », et une source de croissance économique pour tous. Il va falloir en effet
mieux loger, mieux transporter, mieux équiper ces populations encore éloignées des standards
européens.
Réaliser l'unité politique doc 12 p 59, 5 p 25
- Fédéralisme ou coopération ? Zone de libre échange ou entité
politique ?
L’Union n'est ni un État, ni même une fédération d'États et le
débat reste ouvert sur son avenir, entre les partisans d'une
Europe fédérale et ceux qui n'envisagent qu'une association
"d'États-nations".
C'est le travail de la Convention sur l'avenir de l'Europe que de
proposer une constitution européenne qui affirme les valeurs
fondamentales de liberté et de démocratie, et définisse
clairement le rôle des États et celui des organes communautaires.
- D'autre part, l'Europe ne constitue toujours pas une grande
puissance diplomatique, sa Politique étrangère et de sécurité
commune (PESC) se heurte souvent aux intérêts divergents des
États. (ex: la guerre en Irak)
L'Eurocorps n'est qu'un embryon d'armée. C'est l'OTAN, sous la
direction des États-Unis, qui continue de jouer un rôle essentiel
dans la défense du territoire européen. (ex : la guerre en
Yougoslavie au Kosovo)
Approfondir l'union économique et sociale doc 2 p 50
- Aucun SMIC européen n'existe, les taxes sur les
hydrocarbures diffèrent en France et en Belgique, la protection
sociale est bien meilleure en Suède qu'au Royaume-Uni, l'impôt sur
le revenu varie d'un pays à l'autre. L'unification des législations
est donc encore largement à faire.
- Les travailleurs européens et les jeunes commencent à s'organiser par-delà les frontières
mais, malgré la «Charte sociale » de 1989, l'Europe sociale est encore balbutiante. Définir un
«contrat social» pour l'Europe est aussi une des tâches de la Convention.
- Les populations d'Europe occidentale vieillissent et le recours à l'immigration est envisagé
pour combler le manque de main d'oeuvre. Pourtant l'Union européenne n'a pas encore adopté
de dispositions communes pour l'accueil des étrangers, ni de politique commune d’immigration.
Conclusion :
Forte de ses 27 États membres, l'Union européenne a des dimensions de plus en plus
continentales. Son territoire couvre près de 4.3 millions de km2 et s'étend d'Ouest en Est,
jusqu'aux frontières de l'Ukraine et de la Russie. Un territoire, densément peuplé, qui compte
près d'un demi-milliard d'habitants (493 millions). L'Europe compte aussi par son poids
démographique.
Mais le passage de 15 à 27, a accru les différences à l'intérieur de l'Union européenne : si les
nouveaux États représentent plus d'un tiers de la population actuelle de l'UE, leur richesse ne
correspond qu'à 4 % du PIB.
L'approfondissement politique, le développement d'une Europe sociale, l'élargissement
équitable, sont donc les grands chantiers de l'Europe de demain mais ils apparaissent aussi
comme de véritables défis. Le Non (provisoire, puisqu’annulé en oct. 2009) des Irlandais a
montré les limites de l’entente à 27.
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