Réenchasser les marchés dans la sphère sociale: Quel rôle pour les entreprises coopératives?
Daniel-Alexandre Gagnon – Université Laval
Introduction
En déclarant 2012 l’Année internationale des coopératives, l’Organisation des Nations
unies (ONU) avait pour objectif de mettre en évidence les avantages liés au modèle coopératif
en matière de développement et stabilité économique, de création d’emplois, de lutte contre la
pauvreté ainsi que d’intégration sociale, et ce, dans un contexte post-crise financière (Accueil
2012 Année Internationale des coopératives, 2011). Le Sommet international des coopératives
tenu au cours de la même année fut l’occasion pour une multitude d’acteurs issus du milieu
coopératif, de chercheurs et de représentants d’institutions publiques de se rencontrer et
d’échanger sur les grandes orientations à prendre par un mouvement coopératif international
en perpétuelle construction. Le tout s’est par ailleurs conclu par la rédaction d’une déclaration
remise à l’ONU.
Bien que ce mouvement n’en était pas à une première et que de nombreux congrès de l’Alliance
coopérative internationale (ACI) eurent lieu dans le passé par exemple, il est possible d’observer
une certaine singularité dans la démarche actuelle. En effet, des initiatives comme le congrès
international de l’ACI en 2009 à Genève sur la question des changements climatiques, la
Conférence internationale de Lévis en 2010 sur le projet de société du mouvement coopératif et
la dernière Rencontre du Mont-blanc sur l’économie sociale et solidaire semblent représenter la
cristallisation d’une tentative de doter le mouvement coopératif – et le projet social plus large le
portant- d’une nouvelle voix pour réaffirmer la pertinence de celui-ci dans un contexte de
globalisation où une multitude d’enjeux problématiques se manifestent. À cet égard, il semble
juste de rappeler le constat fait par Louis Favreau voulant «qu’à l’échelle internationale, le
mouvement coopératif ait pris conscience de sa faible influence sociopolitique auprès des
pouvoirs publics et des institutions internationales, d’une influence qui ne correspond pas à son
poids économique et à sa volonté de faire avancer une économie qui ne soit pas au service de
l’appât du gain» (2012 : 662). Autrement dit, le mouvement coopératif tente de se présenter
comme une partie de la réponse aux ratés du système économique capitaliste actuel qui de
façon croissante, semble être confronté à des crises de nature financière, environnementale et
sociale.