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24>26 novembre 2016
LILLE GRAND PALAIS
PROGRAMME GÉNÉRAL CARDIOLOGIE
nécessite une « stratification » en catégorie de
patients, reposant non plus seulement sur la
classification clinique, mais sur la réalisation
d’examens complémentaires de plus en plus
complexes (radiographie, échocardiographie,
et peut être bientôt dosages hormonaux).
On dispose désormais de recommandations
précises, notamment pour la MVM, avec des
recommandations proposées par l’American
College of Veterinary Internal Medicine (2),
suivant le stade clinique des patients, en pre-
nant en compte la présence ou non de remo-
delage cardiaque. Ces recommandations s’ap-
puient sur les résultats d’études publiées, en
appliquant le principe de la médecine basée
sur des preuves, la qualité des études (étude
prospective ou rétrospective, monocentrique
ou multicentrique, avec ou sans mise en place
d’un aveugle) déterminant la force des recom-
mandations émises.
Cardiomyopathie dilatée :
des données fiables
L’intérêt d’un traitement de pimobendane afin
de prolonger la phase asymptomatique lors de
CMD décompensée a été démontré par deux
études prospectives avec randomisation et
administration en aveugle. Ces études ont été
réalisées chez deux races différentes (Dober-
man et irish Wolfhound) (3,4). Le niveau de
preuve scientifique en faveur de cette théra-
pie préventive peut donc sembler acceptable
pour parler d’un relatif consensus sur ce sujet
au moins pour les deux races citées. L’intérêt
de ce traitement n’est que fortement suppo-
sée pour les autres races, et n’a pas encore
été confirmée par des études de qualité. Une
étude a montré un effet bénéfique d’un IECA
(le benazepril) chez le doberman en phase
occulte de CMD mais il s’agit d’une étude
rétrospective (5). L’intérêt de l’administration
concomitante des deux molécules n’a pas en-
core fait l’objet d’étude publiée.
La prise en charge du chien cardiopathe a
évolué au cours de la courte histoire de la car-
diologie vétérinaire, en suivant notamment
l’évolution de la population canine. Ainsi au
départ, l’unique objectif du traitement était la
disparition des symptômes cliniques obser-
vés par le propriétaire, et reposait de ce fait
essentiellement sur l’emploi des diurétiques.
Mais le vieillissement de la population canine,
la progression d’une médecine basée sur des
preuves, ainsi que l’apparition de traitements
dédiés au marché qu’est devenu la cardiolo-
gie vétérinaire ont modifié la prise en charge
de la maladie. La maladie valvulaire mitrale
canine (MVM) et la cardiomyopathie dilatée
sont les principales affections acquises chez
le chien. Il s’agit également dans les deux cas
d’affections « chroniques » avec une évolution
progressive, avec une période asymptoma-
tique longue (de plusieurs années) à l’issue
de laquelle des « accidents » seront observés,
pouvant correspondre à l’apparition d’une
fatigabilité à l’effort, d’épisodes congestifs, de
mort subite. Cette évolution symptomatique
de la maladie n’est pas systématique (1), et
le clinicien doit donc apprendre à « recon-
naître » les patients présentant un risque de
développer une maladie symptomatique et de
proposer le traitement le plus adaptée pour
prolonger cette phase asymptomatique ou la
durée de vie globale du patient. L’échographie
reste pour cela un des outils les plus perti-
nents, mais d’autres biomarqueurs (notam-
ment le NT-proBNP) peuvent être envisagé
pour détecter les patients « à surveiller ». Le
traitement n’est pas nécessaire pour tout les
patients mais la réalisation d’examen de suivi
doit être proposée à tout les patients.
Pour l’aider dans le choix thérapeutique, le
praticien dispose aujourd’hui de nouvelles
classifications et schémas thérapeutiques,
validés par des études de plus en plus impor-
tantes et/ou par des comités d’experts inter-
nationaux. Cette médecine de “population”
Maladie valvulaire mitrale :
de la controverse au consensus
Selon les recommandations de l’ACVIM, un
patient en stade ACVIM B2 (stade ISACHC
1b) peut recevoir un traitement « préventif »
à base d’IECA, ce traitement étant le plus sou-
vent très bien toléré à tout les stades de la ma-
ladie (6-8). L’emploi des IECA pour prévenir
la progression de la MVM asymptomatique
a fait l’objet de plusieurs études prospectives
(6,7) et retrospectives (8) dont les résultats
ne sont pas unanimes. Un effet significatif et
net sur la survie n’a été retrouvé que dans une
étude retrospective (8). Une étude de grande
échelle (multicentrique avec randomisation et
double aveugle) a été entreprise depuis 2010
pour mettre en évidence l’intérêt chez des
patients atteints de MVM au stade ACVIM B2
(stade ISACHC 1b) d’un traitement de pimo-
bendane par rapport à un traitement de pla-
cébo pour retarder la survenue d’une décom-
pensation ou d’une mortalité cardiaque (9).
Elle démontre une capacité de ce traitement
à retarder la survenue des complications e la
maladie.
Bibliographie
1. Borgarelli M, Savarino P, Crosara S, Santilli A, Chia-
vegato D, Poggi M, Bellino C, La Rosa G, Zanatta R,
Haggstrom J, Tarducci A. Survival characteristics and
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attributable to myxomatous valve disease. J Vet Intern
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2. Atkins C, Bonagura J, Ettinger S, et col. Guidelines
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vular heart disease. J Vet Intern Med 2009;23:1142-
50.
3. Vollmar AC, Fox PR. Long-term Outcome of Irish
Wolfhound Dogs with Preclinical Cardiomyopathy,
Atrial Fibrillation, or Both Treated with Pimobendan,
Benazepril Hydrochloride, or Methyldigoxin Monothe-
rapy. J Vet Intern Med. 2016;30:553-9.
Thérapeutique cardiaque :
bilans et synthèse des dernières études cliniques
Le chien asymptomatique
F. SERRES
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