exemple autour de la prise en charge de la Ma-
ladie Thrombo-Embolique Veineuse (MTEV) chez
les patients cancéreux. Elle touche aujourd’hui
20 % des malades et reste la première cause
de mortalité des patients qui ne décèdent pas
de leur cancer », explique Michel Buors, Direc-
teur des relations institutionnelles et territoriales
de LEO Pharma France. Pourtant, des solutions
thérapeutiques existent comme l’a rappelé en
2008 l’INCa (Institut National du Cancer) en pu-
bliant des recommandations spécifiques. Mais
plusieurs travaux prouvent que ces recomman-
dations ne sont que partiellement respectées.
« En Poitou-Charentes, un groupe de travail com-
posé de toutes les parties prenantes régionales
a été constitué avec le soutien des administra-
tions régionales afin de définir et de mettre en
place des actions correctrices visant à améliorer
la prise en charge des patients. Parmi celles-ci
figurent la tenue de réunions pluridisciplinaires
territoriales, la réalisation de plaquettes d’infor-
mations patients et professionnels de santé ou
encore l’uniformisation d’un outil de liaison du
parcours de soin du patient ». « Cette action
a été très productive », souligne Jean-Philippe
Brégère, président de l’URPS Pharmaciens du
Poitou-Charentes. « La prise en charge de la
MTEV est une véritable problématique de santé
pour les patients atteints d’un cancer. Avec ce
projet, l’ARS, les URPS, le réseau régional de
cancérologie Onco Poitou-Charentes et l’OMEDIT
(Observatoire du Médicament, des Dispositifs
Médicaux et de l’Innovation Thérapeutique) ont
ouvert une collaboration interprofessionnelle et
entre la ville et l’hôpital autour d’un message
commun. Et c’est essentiel pour des patients
déjà fragilisés de voir les professionnels de
santé tenir le même discours et aller dans le
même sens ».
DONNER LA PAROLE AUX PATIENTS
Du côté des patients, Roberte Aubert, Présidente
de l’association France Psoriasis, insiste sur la
nécessaire « harmonie entre l’innovation théra-
peutique, qui est le cœur de métier des labo-
ratoires, et la vocation sociale des associations
de patients ». Selon elle, cette collaboration doit
débuter « dès le début des essais cliniques, afin
d’accompagner les patients inclus dans le proto-
cole, notamment lors de la restitution des résul-
tats. Leur expertise, dont va dépendre ensuite
l’observance au traitement, devrait également
être sollicitée lors de la mise en forme du médi-
cament (galénique), de sa notice d’utilisation,
de son packaging, etc. » Une exigence d’autant
plus importante pour une maladie comme le
psoriasis, que de nombreux patients sont déjà
sortis du système de soins. « Le psoriasis est
une maladie difficile à gérer sur le plan person-
nel. Nombre de patients en France consultent
un médecin, mais ne respectent pas ensuite
l’ordonnance qui leur est délivrée », confirme
Michel Buors.
Ce constat a motivé le projet “Paroles de pa-
tients en mairie” sur le thème du psoriasis.
« Nous avons mis sur pied une réunion avec les
patients, les professionnels de santé et les élus
locaux sous l’égide de l’ARS Bourgogne. L’ob-
jectif était de laisser les patients s’exprimer sur
le vécu de la maladie et sur leurs attentes en
matière de prise en charge ». Plusieurs actions
de santé publique locales ont ensuite été mises
en place avec l’objectif d’améliorer la prise en
charge et la qualité de vie des patients, comme
des formations dédiées aux médecins, aux phar-
maciens d’officine, aux pédicures-podologues,
aux infirmiers libéraux, aux kinésithérapeutes,
aux coiffeurs et aux esthéticiennes. Ainsi que la
création d’une journée d’information sous forme
d’ateliers à l’hôpital local. « Cette réunion et ces
actions permettent d’accéder aux patients qui
ne consultent pas, afin de les encourager à réin-
tégrer le système de soins et de leur apporter
une réponse thérapeutique concrète, qui existe
aujourd’hui ».
DÉCLOISONNER LES SYSTÈMES
Pour LEO Pharma, ces projets s’ancrent dans
les enjeux de chaque territoire, et permettent
au laboratoire d’enrichir ses connaissances sur
les besoins des patients, tout en aidant les
acteurs de santé locaux à mesurer les besoins
et à partager les solutions. Ils répondent éga-
lement à une exigence des autorités de santé
pour le bon usage du médicament à laquelle
l’industrie pharmaceutique est prête à souscrire.
Cette mission est également celle des OMEDIT.
Créées en 2006 auprès des Agences Régionales
de l’Hospitalisation (ARH), « elles ont un rôle
essentiel dans la mise en oeuvre et le suivi du
bon usage des produits de santé tout au long
du parcours des patients », explique Mary-
Christine Lanoue, pharmacien coordinateur à
l’OMEDIT de la région Centre. Avec l’objectif
de surveiller et de coordonner chaque étape
de la prise en charge, le comité stratégique
de l’OMEDIT est constitué des représentants
des ARS, des universités, mais également des
trois URPS : médecins, pharmaciens et infirmiers
libéraux. « Nous devons apprendre à travail-
ler ensemble dans ce nouveau cadre, afin de
faciliter les liens ville-hôpital et éviter lors
du transfert du patient le risque d’une perte
de suivi des prescriptions ». Une mission qui
impose également à l’OMEDIT d’anticiper les
évolutions des pratiques des produits de san-
té. « Le rôle de l’industrie pharmaceutique
est de nous informer sur ses études de phase
III, afin d’éclairer et de mieux appréhender,
dans une action de pédagogie, certaines pra-
tiques de prescription », souligne Mary-Chris-
tine Lanoue.
Certains défis demeurent, notamment lorsqu’il
s’agit de réunir tous les acteurs concernés à
la même table. « Nous devons trouver les
moyens et l’espace qui permettent à chacun
de partager ses informations, ses intentions
et ses moyens. En ce sens, cette rencontre,
assez inédite, est un endroit privilégié pour la
discussion, les débats et pour faire avancer les
choses. L’espace d’évolution est important et
les opportunités à créer sont nombreuses »,
souligne Norbert Nabet, Directeur général
adjoint de l’ARS PACA. n