En situation évaluant la mémoire rétrospective, le patient est amené à mémoriser
le nom et le prénom d’un personnage présenté sur photographie, à restituer une
histoire entendue avec le maximum de précision, à reproduire un trajet de cinq étapes,
réalisé dans le bureau, en respectant l’ordre de celles-ci. Il doit par ailleurs reconnaître
en différé dix images présentées parmi vingt distracteurs puis cinq visages parmi dix
distracteurs. Enfin, un questionnaire portant sur l’orientation temporelle et spatiale lui
est proposé.
En ce qui concerne la mémoire prospective, il lui est demandé de se souvenir de
poser une question précise au déclenchement d’une minuterie. Il doit également
réclamer, à l’énoncé d’une phrase clé, un objet personnel qui lui a été préalablement
emprunté. Enfin, il doit penser, au cours des trajets, à prendre puis à déposer, en un
lieu et à un moment précis, une enveloppe « message ».
Pour certains subtests, des indices de récupération sont proposés en cas d’échec et
deux systèmes de cotation sont disponibles : un système général où chaque subtest est
coté en 1 ou 0 point en fonction de la réussite ou de l’échec à la tâche et un système
plus détaillé qui permet une appréciation plus qualitative de la performance des
patients selon les diverses étapes des tâches et le degré d’assistance fourni au patient.
Le RBMT existe en quatre formes parallèles, A, B, C, D et a été validé initialement,
dans sa version anglaise, sur 176 patients cérébrolésés et 118 sujets de contrôle.
Cependant, il est très vite apparu que, dans cette forme initiale, il manquait de sensi-
bilité et ne permettait pas de détecter les déficits mnésiques plus légers. De Wall et al.
(9) ont donc proposé une version étendue du RBMT, le RBMT-E (10). Dans cette
dernière version, la quantité de matériel à mémoriser est doublée, combinant le maté-
riel des formes originales A et B ainsi que C et D. Une nouvelle version, adaptée aux
patients à mobilité réduite est désormais également à disposition des cliniciens (11).
Cependant, les auteurs (9) restent humbles et refusent d’assurer que les RBMT et
RBMT-E sont des mesures valides de la mémoire en vie quotidienne. Ils préfèrent les
considérer comme des batteries un peu plus écologiques que tous les outils à disposi-
tion jusque-là.
À l’heure actuelle, cette batterie et sa version modifiée restent malgré tout les plus
utilisées en pratique clinique grâce à leur simplicité (elles ne requièrent ni ordinateur
ni matériel spécifique) et les plus souvent citées dans la littérature (12, 13). Elles sont
exploitées pour repérer les patients présentant des difficultés mnésiques en vie quoti-
dienne. Makatura et al. (5), par exemple, utilisent le RBMT sur 119 patients cérébro-
lésés en parallèle avec des épreuves de mémoire classique et une échelle d’évaluation de
la mémoire remplie par les thérapeutes de ces patients. Il en conclut que le RBMT est
révélateur du fonctionnement mnésique en vie quotidienne, avec des résultats proches
de ceux obtenus à partir du questionnaire rempli par les soignants. Cependant, ces
batteries ne permettent pas d’isoler les facteurs responsables des échecs. Or, la compré-
hension des processus défectueux en jeu est indispensable pour cibler la rééducation et
proposer des techniques de compensation adaptées au patient (5, 1).
Comme le RBMT, la batterie informatisée mise au point par Crook est avant tout
à visée diagnostique. Il s’agit également de l’une des premières épreuves cherchant à
évaluer la mémoire de manière plus écologique.
Approche écologique de l’évaluation mnésique 29